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Henri-Louis Caïn, dit Lekain, est un tragédienfrançais né le à Paris et mort dans la même ville le .
Biographie
Lekain commença, au sortir du collège Mazarin, à jouer la comédie, en société avec quelques jeunes gens. Voltaire, qui l’entendit, devina son talent, lui donna des conseils, le fit paraître sur le théâtre de la duchesse du Maine à Sceaux, et lui obtint, en , un ordre de début au Théâtre-Français. En butte à l’opposition des comédiens à cause de sa petite taille, de sa démarche pesante, de ses traits vulgaires et sa voix sourde, Lekain ne fut admis que le , après dix-sept mois d’attente et sur une décision expresse du roi.
Un travail opiniâtre triompha de ses défauts naturels : il assouplit sa voix, parvint à lui donner tour à tour des accents pathétiques et des éclats terribles ; il ennoblit ses gestes et rendit sa physionomie si expressive que, dans les moments de passion, elle produisait une illusion de beauté[1]. Il fut un des premiers modèles de la manière dont un acteur doit écouter et suivre par la pantomime les paroles de son interlocuteur ; il plia sa diction aux nuances variées de la pensée et du vers ; il soigna le costume et s’unit avec la Clairon pour le modifier, autant que le permettaient les préjugés de son époque. Il atteignit enfin souvent le sublime de son art et fit oublier les Baron et les Dufresne.
Considéré comme l’un des plus grands tragédiens du XVIIIe siècle, il excella surtout dans Orosmane[2] ; mais il ne se montra inférieur à lui-même dans aucun de ses rôles, et Tancrède, Mahomet, Gengis Khan, Zamore, Rhadamiste, Nicomède, Oreste, Néron, Manlius, Vendôme, furent pour lui autant de triomphes.
Il fut représenté dans le costume de scène du rôle d'Orosmane par Simon-Bernard Lenoir (pastel et gouache, 1767) au Musée du Louvre depuis 2013 (reprod. coul. dans "Grande galerie - le Journal du Louvre" n°44/été 2018, p. 56) puis par Jean-Baptiste Weyler (1747-17891), peintre de portraits miniatures renommé, dans un tableau ovale passé en vente publique à l'Hôtel Drouot à Paris le 23/06/1998 (reproduit dans L'Objet d'Art n°232/, p. 85); cette œuvre a été reproduite par le peintre et lithographe Pierre Sudré (1783-1866) et l'imprimeur-lithographe Langlumé (coll. pers.). Il est aussi représenté dans le costume du rôle de Mahomet dessiné en 1766 et d'après nature en 1778 (en contrepartie) avec le titre "Aux Manes de Le Kain", gravures au lavis de Jean-François JANINET probablement d'après Louis Brion de la Tour (Inventaire du Fonds Français no 73).
Lekain a laissé des Mémoires (Paris, 1801, in-8°) où il s’étend principalement sur ses débuts dans la carrière théâtrale et sur ses premières relations avec Voltaire, qui ont été réimprimés, avec des Réflexions par Talma (Paris, 1825, in-8° ; nouv. édit., 1874, petit in-12). Il est cité par Balzac dans La Maison du chat-qui-pelote par le drapier M. Guillaume[3].
F. Talma, Mémoires de Lekain, précédés de réflexions sur cet auteur et sur l'art théâtral (1825 ? réédition Genève, 1968);
« Les premiers rapports de Voltaire et de Lekain racontés par lui-même » (Le Monde dramatique, 1838);
« Lettres de Lekain à ses fils (1772-1777) » (Nouvelle Revue Rétrospective, );
Mémoire qui tend à prouver la nécessité de supprimer les banquettes de dessus le théâtre de la Comédie-Française, en séparant ainsi les acteurs des spectateurs(1759) dans Ecrits sur l'art théâtral, Spectateurs, Sabine Chaouche (éd.) (Paris, Honoré Champion, 2005).