Plusieurs rivières coulent sur le territoire de la commune de Lanslebourg-Mont-Cenis. Le centre du village est traversé par l'Arc, un affluent de l'Isère qui prend sa source plus haut dans la vallée de la Maurienne. Différents ruisseaux, affluents de l'Arc, coulent à Lanslebourg-Mont-Cenis. Depuis le col du Mont-Cenis, coule vers le nord le ruisseau du Chardoux qui rejoint l'Arc juste en aval du village. Sur l'autre versant du col, se trouve le lac artificiel du Mont-Cenis duquel coule la Cenise, dans le bassin versant du Pô. Ainsi la ligne de partage des eaux entre la mer Adriatique et la mer Méditerranée passe dans la commune.
Toponymie
Le nom de la commune est composé du nom de la paroisse de Lanslebourg et du toponyme Mont-Cenis. Si la commune porte le nom de « Lans-le-Bourg » puis « Lanslebourg » au XIXe siècle, elle prend la forme de « Lanslebourg-Mont-Cenis » en 1951[1].
Le nom de la paroisse trouverait son origine dans le patronyme Lanzo, Lanz, Lans d'après le chanoine Adolphe Gros[2],[3],[4]. Il semble que l'association du titre bourg à celui de Lans ait été réalisée afin de le distinguer de la paroisse de Lanslevillard[2]. Ces deux paroisses n'en formait qu'une seule vers le XIIe siècle[2].
La première mention de la paroisse date de 1025 avec « Lanzo » dans un acte de donation de toutes les possessions d'un homme nommé Eurerius à l'abbaye de la Novalaise, fait à Turin[2],[5]. On trouve plus tard « Lanzlobor » vers le XIIe siècle, puis « Ecclesia de Lanzo burgo » (1129), « Ecclesia de Lance » (1153)[2],[5],[4]. Plus tard, les termes « Apud Lanceumburgum » sont lisibles (1314), « Lanceum Burgum » (XIIe siècle), « Lainebourg » (1518), « Laignebourg » (1533)[2],[5],[4]. Aux mêmes époques, on trouve aussi les formes « Lanebourg » et « Lans-le-Bourg »[5],[4].
Le toponyme Mont-Cenis désignerait le « mont des cendres ». Il est ainsi composé des termes mont, une grande élévation naturelle (latin Montem), et de Cenis, un lieu de « la couleur de la cendre, cendré, gris » (latin Cinicius)[6],[7].
Selon la tradition, à la suite d'un incendie de forêt, une grande quantité de cendres se serait accumulée sur le sol, d'où le nom. Le sentier de cendres a été retrouvé lors des travaux de construction de la route[8].
Le mont Cenis est ainsi mentionné en 739 par « Alpes in Cisinio »[6], « Monte Ciniso » en 756[6]. Le Frédégaire (compilation historiographique de 768) l'indique sous le toponyme « Mons Cinisius »[3]. Il est par la suite désigné par les toponymes « Montem Cinisium » ou « clusas Montis Cenisii » au IXe siècle, « Mont Cinis » en 1275, « Mons Sinisius » au XIIIe siècle, « Mont de Senis » 1518[6].
De passage à Lans-le-Bourg au milieu de l'hiver 1643, le secrétaire de l'évêque de Florence atteste l'existence d'un service de descente du col du Mont-Cenis par ramasses (luges) sur 4 miles jusqu'à Lans-le-Bourg. Il atteste aussi de l'existence d'un « établissement d'instruction fréquenté par une centaine d'écoliers venus de toute la Savoie et même de Turin, le lieu étant propice au travail à cause de l'absence de divertissement »[10].
Lors de l'annexion du duché de Savoie par les troupes révolutionnaires françaises en 1792, la vallée de la Maurienne appartient au département du Mont-Blanc[11]. La commune de Lanslebourg est rattachée administrativement au canton de Lanslebourg, dont elle est le chef-lieu, au sein du district de Saint-Jean-de-Maurienne[11]. Lors de la réforme administrative de 1798 et la création du nouveau département du Léman, la situation de rattachement administrative de Lanslebourg ne change pas[12].
Lors de la construction de la ligne Paris—Milan du télégraphe Chappe de 1805 à 1807, deux relais sont construits à la Buffaz et au col du Paradis[13].
L'Empereur érige une nouvelle commune, éphémère, Mont-Cenis, en 1807, à partir des villages de l'Hospice (également paroisse), Grand Croix et la Ramasse (qu'il fallut créer), réduisant par la même de deux tiers la commune de Lanslebourg[14]. L'année suivante, on relève que « deux foyers vivent à La Ramasse, trois à La Poste et trois à Grand-Croix »[15].
Le , la France signe l'Armistice de la Villa Incisa avec le gouvernement fasciste, après seulement quelques jours de bataille dans les Alpes, et de précaires victoires pour l'armée italienne. Lanslebourg, comme huit autres villages de Haute-Maurienne (Termignon, Lanslevillard, Bessans, Bramans, Sollière-Sardière, Bonneval-sur-Arc, Aussois, Avrieux) et trois de Haute-Tarentaise (Séez, Montvalezan, Ste-Foy), se trouve maintenant sous le joug italien et de leurs « commissaires civils », nommés par le commandement italien. Le « Bando del Duce » du fait en effet passer les huit villages occupés sous un régime d'annexion. La souveraineté italienne concerne aussi bien la Mairie que l'école, ou la vie économique. Lanslebourg, comme les autres villages, est coupé du reste du département par une « ligne verte », contrôlée par les Italiens, qui délivrent également les laissez-passer. Comme à Séez et à Ste-Foy, les Italiens ouvrent à Lanslebourg une coopérative « La Provida », où le paiement se fait en lires. Bénéficiant d'un double approvisionnement, à la fois français et italien, les habitants jouissent de conditions globalement un peu meilleures que dans le reste du département. À partir du , les Italiens occupent l'ensemble de la Savoie. Le , l'occupation italienne prend fin à Lanslebourg comme dans le reste du département, les Allemands remplaçant les Italiens.
Lors de leur retraite, ces derniers bombardent le village à l'artillerie le avant d'incendier méthodiquement les maisons dont les habitants ont été préalablement repoussés hors du bourg. Un total de 105 constructions sont anéanties[16].
Ses habitants sont appelés les Languérines et les Languérins[18]. Selon l'écrivain Joseph Dessaix, dans son ouvrage Nice et Savoie (1864)[19], les habitants étaient surnommés, à cette époque, les Bavards[20].
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[21]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[22].
En 2014, la commune comptait 645 habitants[Note 1], en évolution de +5,91 % par rapport à 2008 (Savoie : +3,33 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La commune est couverte par des antennes locales de radios dont France Bleu Pays de Savoie… Enfin, la chaîne de télévision locale TV8 Mont-Blanc diffuse des émissions sur les pays de Savoie. Régulièrement, l'émission La Place du village expose la vie locale. France 3 et sa station régionale France 3 Alpes peuvent parfois relater les faits de vie de la commune.
L'église de l'Assomption-de-la-Vierge, devenu Espace baroque est un lieu d'exposition permanente créé dans une ancienne église inscrite au titre des monuments historiques[26]. Il est conçu pour donner les clés de lecture de l'Art baroque savoyard. Il présente aussi des expositions temporaires sur l'histoire et le patrimoine de la vallée.
De gueules à la croix d'argent chargée en abîme d'un château masuré, en chef et en flancs de trois étoiles, le tout de gueules et en pointe d'une Vierge d'argent vêtue de gueules mouvant de la pointe, cantonnée au premier d'une colombe fondante et tenant un rameau d'olivier d'argent, au deuxième d'une Croix de guerre 1939-1945 au naturel appendant du chef, au troisième d'un sapin d'argent et au quatrième d'un edelweiss posé en barre, tigé et feuillé du même.
Détails
statut officiel, présent sur le site internet de la commune[29].
Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN978-2-7171-0289-5), p. 158-166. ([PDF] lire en ligne).
Jules-Joseph Vernier, Étude historique et géographique sur la Savoie, Paris, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (réimpr. 1993) (1re éd. 1896), 185 p. (ISBN978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, ISSN0993-7129).
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2017, millésimée 2014, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2016, date de référence statistique : 1er janvier 2014.
↑Le palmares des Villes Internet (1999 à aujourd'hui) sur le site officiel de l’association « Ville Internet » indique pour Lanslebourg [24] :
2006 « @ » ;
2007, 2008, 2011, 2012 « @@ » ;
2010 « @@@ ».
↑La structure Savoie Mont Blanc, pour ces données statistiques de capacité d'accueil en termes de lits touristiques d'une station ou d'une commune, additionne les établissements marchands, qui appartiennent au secteur de l'hôtellerie, et les hébergements non marchands, qui n'impliquent donc pas de transaction commerciale comme les résidences secondaires[25].
↑ abc et d« Article « Lanslebourg » », sur le site Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs, site personnel de henrysuter.ch (consulté en ).
↑ abc et dErnest Nègre, Toponymie générale de la France. Formations préceltiques, celtiques, romanes, vol. 1 : Formations dialectales (suite) et françaises : étymologie de 35000 noms de lieux, Genève, Librairie Droz, , 708 p., p. 658.
↑ abc et dErnest Nègre, Toponymie générale de la France. Formations préceltiques, celtiques, romanes, vol. 1 : Formations dialectales (suite) et françaises : étymologie de 35000 noms de lieux, Genève, Librairie Droz, , 708 p., p. 320.
↑Gianni Bisio, article du quotidien la Stampa du 18 avril 2001, p. 51 chronique de Turin.
↑Lexique Français : Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 p. (ISBN978-2-7466-3902-7, lire en ligne), p. 18
↑Joseph Dessaix, Nice et Savoie : sites pittoresques, monuments, description et histoire des départements de la Savoie, Haute-Savoie et des Alpes-Maritimes réunis à la France en 1860, 1864, p. 60.
↑François Miquet, Sobriquets patois et dictons des communes et hameaux de l'ancien genevois et des localités limitrophes, Annecy, , 27 p. (lire en ligne), p. 7.
↑ a et b« La capacité d'accueil touristique en Savoie-Mont-Blanc », Observatoire, sur le site Savoie-Mont-Blanc - pro.savoie-mont-blanc.com, (consulté en ) : « Les données détaillées par commune, et par station : nombre de structures, nombre de lits par type d'hébergements (fichier : Détail des capacités 2014, .xlsx) ».