En 1915, Julio Rey Pastor devient une figure importante des mathématiques en Espagne et plus tard en Argentine. Cette année-là, la Junta crée pour lui le premier institut de recherches en mathématique d'Espagne, situé à l'extérieur d'une université madrilène. Il y commence un séminaire de recherche et contribue à l'avancée et à la modernisation de la recherche et de l'enseignement des mathématiques. Il est aussi l'auteur d'une série de livres scolaires de mathématiques avancées qui ont eu une influence considérable sur le monde ibérique[1].
Vers le milieu des années 1930, il dirige un groupe important d'étudiants en recherche à Buenos Aires[1].
Il garde pourtant d'étroits liens avec le monde mathématique espagnol, en particulier avec José del Corral Herrero(es), qu'il essaie de persuader de l'accompagner en Argentine à cause du manque d'opportunités données à l'époque en Espagne aux scientifiques et intellectuels[2], et revient régulièrement en Espagne. Il crée ainsi deux écoles, une en Espagne et une en Argentine, destinées à travailler dans les mêmes champs de recherche[1].
Il est nommé professeur émérite par l'Université de Buenos Aires en 1959. Cette même année, il reçoit la Grand-croix de l'ordre d'Alphonse X le Sage[3].
Ses travaux
Les travaux publiés par Julio Rey Pastor se divisent en deux catégories : les livres élaborés pour les étudiants et ceux consacrés à la divulgation scientifique.
Après sa thèse en 1909, Rey Pastor fait des recherches dans le domaine de la géométrie algébrique synthétique et la géométrie projective supérieure. Dans les mémoires qu'il élabore à la suite de ses études en Allemagne, il étudie la synthétique des courbes en incorporant des groupes de transformations et des axiomatiques. Avec la création en 1915 du Laboratoire et Séminaire Mathématique, il travaille sur l'histoire des mathématiques, la géométrie synthétique réelle et complexe, la représentation conforme, la Théorie de Galois et les méthodes numériques.
Après son départ en Argentine, il développe son travail sur la somme des séries divergentes.
Il est pendant longtemps l'auteur des manuels de mathématique les plus utilisés par le monde scientifique hispanophone.
L'importance de Rey Pastor
Contexte historique
L'un des plus importants souhaits de Rey Pastor est d'implanter la science en Espagne. Bien que l'Espagne n'ait jamais été à la hauteur des pays européens les plus importants dans le domaine des mathématiques, Rey Pastor fait partie de l'élite mathématicienne européenne. Il est par ailleurs l'un des premiers mathématiciens espagnols à avoir pu faire des recherches dans de bonnes conditions, ce pour quoi il est si assidu dans la publication spécialisée de l'époque, et devient un scientifique reconnu par ses pairs.
Reconnaissance
La Bibliothèque du département de mathématiques de la faculté de Sciences exactes de l'Université de Buenos Aires, le prix national de Recherche mathématique, une rue et un collège de Logroño, l'I. E. S. Rey Pastor à Madrid, l'Institut I. E. S. Julio Rey Pastor à Albacete — qui s'appelle désormais I. E. S. Bernardino del Campo — et la bibliothèque de l'école polytechnique supérieure de l'université Charles III à Leganés, portent son nom.
Rey Pastor est considéré comme l'un des grands rénovateurs des mathématiques dans le monde hispanophone, et est l'instigateur d'une nouvelle science : la « préologie »[6].
Conservation
Le fonds d'Archives Julio Rey Pastor, actuellement conservé dans les collections de la bibliothèque Jorge Juan du CSIC, contient un ensemble de documents provenant de l'ancien Laboratoire et Séminaire mathématique et de l'Institut Jorge Juan de Mathématiques du CSIC. La documentation la plus abondante concerne les travaux du mathématicien dans son étape la plus jeune. On y trouve ainsi le manuscrit de sa thèse, ainsi que plusieurs de ses œuvres les plus reconnues. En bon état de conservation, ces archives se trouvent cependant dans un dépôt spécial pour une meilleure préservation.
Le détail des documents de ce fonds est listé dans le catalogue des archives du Réseau de bibliothèques et archives du CSIC, et on peut visualiser certains d'entre eux en haute résolution grâce au projet SIMURG[7].
Œuvre
1910 — Correspondencia de figuras elementales (thèse)
1918 — Teoría de funciones reales (Madrid, Imprenta Ramona Velasco)
Resumen de la teoría de las funciones analíticas y sus aplicaciones físicas
1922 — Resumen del curso de cálculo infinitesimal dictado en la Facultad de Ingeniería de Buenos Aires (Centro de Estudiantes de Ingeniería, Université de Buenos Aires)
↑ ab et c(es) E. L. Ortiz, « Spain, Portugal and Ibero-America, 1780 — 1930 », dans Companion Encyclopedia of the History and Philosophy of the Mathematical Sciences, vol. 2, Routledge, Ivor Grattan-Guinness, (ISBN0-415-09239-6), p. 1509.
↑(es) Jesús Mateo Pinilla, « Mi última lección de matemáticas » dans Mi Palencia íntima, Amalio García Sieteiglesias.
↑(es) « Decreto 471/1959, de 1 de abril », Boletín Oficial del Estado, no 79, , p. 4990 (lire en ligne).
↑(en) Ewen A. Whitaker, « Wilkins's new names », dans Mapping and Naming the Moon: A History of Lunar Cartography and Nomenclature, Cambridge University Press, , 264 p. (lire en ligne), p. 230.
↑(es) « La preología, una ciencia que nace en España », ABC, , p. 43 (lire en ligne)
(es) Sixto Ríos, Julio Rey Pastor, matemático, Instituto de España, , 328 p. (ISBN978-84-85559-02-2)
Le prologue de cet ouvrage, écrit par Pedro Laín Entralgo(es), est à nouveau publié dans : (es) Pedro Laín Entralgo, « Julio Rey Pastor. Sabio en dos mundos », dans Españoles de tres generaciones, Real Academia de la Historia, , 378 p. (ISBN9788489512108, lire en ligne), p. 333-342.
(es) Jose Babini, « Eloge: Julio Rey Pastor 1888–1962 » dans Isis, 1963, vol. 54, no 2.
(es) Eduardo L. Ortiz, Antoni Roca I Rosell, Jose M. Sachez Ron, « Ciencia y téchnica en Argentina y España (1941 – 1949) a través de la correspondencia de Julio Rey Pastor y Esteban Terradas » dans Llull: revista de la Sociedad Espanola de Historia de las Ciencias y de las Tecnicas, 1989, vol. 12, no 22, p. 33–150.
(en) E. L. Ortiz (éd.), The Works of Julio Rey Pastor, Londres, The Humboldt Library, 8 vol.,
(es) Edwardo L. Ortiz, « Rey Pastor su posición en la escula matemática argentina », Revista de la Union Matemática Argentina, 2011, vol. 52, no 1, p. 149-194 (lire en ligne)
(es) Luis Santaló(en), « La Obra de Rey Pastor en Geometria y Topologia », Revista de la Union Matemática Argentina, 1990, 35: 3–12.