Josée Laval est la fille unique de Pierre Laval (1883-1945) et Jeanne Claussat (1888-1959), fille du maire radical-socialiste de Châteldon et sœur du député Joseph Claussat (1874-1925)[1].
Durant son enfance, elle développe une grande admiration envers son père[3], avocat, député puis ministre, membre de la SFIO jusqu'en 1922, avant de s'éloigner de la gauche.
En 1931, son père est nommé président du Conseil. Elle l'accompagne lors de son voyage officiel aux États-Unis, suscitant l'intérêt de la presse américaine[5].
Elle quitte ses études de droit et suit des cours à l'École du Louvre, menant en parallèle une vie mondaine[6].
En 1934, alors que Pierre Laval redevient ministre des Affaires étrangères, elle réemménage avec lui au Quai d'Orsay. La même année, elle l'accompagne lors de sa visite en Italie où il négocie avec Benito Mussolini[7] puis à Moscou, où il discute d'un traité d'alliance avec Staline[8].
Durant la guerre et l'occupation allemande, Josée Laval profite de la place importante tenue par son père pour mener une existence mondaine et dépensière, entre réceptions chez elle ou dans les ambassades, champs de courses et grands couturiers[11]. Elle partage alors sa vie entre Paris et le château familial de Châteldon, situé à proximité de Vichy, où siège le régime homonyme[12].
À la Libération, elle se cache dans les environs de Paris avec son mari[15]. Par la suite, elle tente vainement d'innocenter Pierre Laval dont elle souhaite une libération rapide[3] ; elle ne peut cependant empêcher son exécution le à la prison de Fresnes[16].
Après la Libération
Après la libération, Josée de Chambrun, aidée par son mari, milite pour la réhabilitation de son père, dont l'exécution est pour elle un assassinat. Elle réunit chaque année, le , les anciens collaborateurs de son père, et conserve un lien étroit avec les acteurs français et allemands de la collaboration : la femme d'Otto Abetz (elle envoie des colis à son mari emprisonné), René Bousquet, Jean Jardin, Paul Morand, etc. Elle reprend progressivement sa vie mondaine[11].
Dans les années 1950, les héritiers d'Adolphe Schloss découvrent chez les Chambrun un des 333 tableaux de maître des écoles du Nord ayant fait partie de la collection paternelle, cachée par eux en 1939 au château de Chambon (19) puis confisquée le par quatre membres de la Gestapo française de la rue Lauriston accompagnés du lieutenant de police allemand Hess. En dépit d'une intervention du gouvernement de Vichy en vue d'une vente, cette collection fut finalement livrée aux Allemands le par décision d'Abel Bonnard. Le à l'hôtel des ventes de Versailles, un tableau signé Braque, Le Guéridon au paquet de tabac (1930), mis en vente par Josée de Chambrun, est saisi en sa présence par Paul Rosenberg, venu exprès de New York, dont de nombreux tableaux avaient été pareillement confisqués à Floirac en . Si l'origine de propriété de ces deux œuvres de valeur par les Chambrun n'est pas connue, elle n'est peut-être pas sans rapport avec les relations entre Pierre Laval et Otto Abetz, qui organisa dès des spoliations des collectionneurs juifs ou des administrations françaises[17].
En 1955, Josée Laval entreprend avec son époux la rénovation du château de La Grange-Bléneau, dernière résidence du marquis de La Fayette, qui lui avait été donné par son père. Au cours des travaux, les nombreuses archives mises au jour entraînent la création de la Fondation Josée-et-René-de-Chambrun, reconnue d'utilité publique le . Outre la conservation du château de La Grange-Bléneau et du château de Châteldon, la fondation, dont le siège social est au 6 bis place du palais Bourbon, sous l'appartement des époux Chambrun, milite jusqu'à la mort de René de Chambrun pour la réhabilitation de Pierre Laval, en éditant des livres à sa gloire ou des recueils de ses discours[18]. Après la mort de René de Chambrun, la fondation, qui se présente désormais comme « Fondation Chambrun Lafayette »[19], ne fait plus mention de la mémoire de Pierre Laval, et se consacre exclusivement à la conservation et la valorisation du patrimoine et des archives de Lafayette. En 2017, la fondation prête des œuvres et des souvenirs de La Fayette à l'exposition La Fayette La traversée d'une vie au musée Hèbre de Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime).
Josée Laval, comtesse de Chambrun, meurt en à Neuilly-sur-Seine[20], à l'âge de 80 ans. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse à Paris dans le tombeau familial De Chambrun dans lequel elle avait fait transporter la dépouille de son père Pierre Laval après son exécution. Sa mère et son époux René de Chambrun y sont également inhumés[21].
Postérité
La vie de Josée Laval a été décrite par l'universitaire Yves Pourcher dans une étude d'ethno-histoire[11] et deux romans. Un documentaire de télévision inspiré de ses travaux et de la biographie de Fred Kupferman intitulé Les Carnets de Josée Laval[22] a été diffusé à la télévision française sur France 3 en 2016 ; il décrit notamment sa vie sous l'Occupation. La critique du journal Le Monde écrit à ce propos : « À chaque lecture [d'un extrait de ses Carnets], un immense sentiment de honte nous envahit tant le déni des horreurs nazies agite ce passé qui ne passe pas[23]. »
Alexandre Jardin (né en 1965), qui la connut lorsqu'il était enfant, l'évoque également dans Des gens très bien (2011), où apparaît aussi Paul Morand.