Selon la tradition décrite dans le Kojiki (Récit des faits anciens, ouvrage considéré comme le tout premier écrit du Japon) et le Nihon shoki, Jinmu est né le , meurt le et fonde l'empire du Japon le [1]. Comme les autres premiers empereurs du Japon, son existence historique n'est pas attestée et sa vie relève surtout de la mythologie. Jinmu, qui signifie « puissance divine », est un nom posthume, de forme chinoise et d'inspiration bouddhiste, attribué au VIIIe siècle à Kamu Yamato Iware Hiko no Mikoto lors de la compilation des légendes Yamato dans le Kojiki. D'autres appellations existent, notamment : Kamu Yamato Iware Hiko no Sumera-Mikoto (Nihongi) et Kamu Yamato Iware Hiko Ho Ho Demi Tennō (Nihon ōdai ichiran).
Ascendance
Selon la croyance shinto, Jinmu est considéré comme un arrière-arrière-arrière-petit-fils de la déesse du soleil Amaterasu. Celle-ci avait un fils nommé Ame-no-oshihomimi et à travers lui un petit-fils, Ninigi-no-Mikoto. Elle envoie son petit-fils dans l'archipel japonais où il épouse la princesse Konohana-no-Sakuya. L'un de leurs trois enfants est Hikohohodemi no Mikoto, aussi appelé Yamasachihiko, qui épouse la princesse Toyo-tama, fille d'Owatatsumi, dieu de la mer et frère d'Amaterasu. Ils ont un fils nommé Hikonagisa Takeugaya Fukiaezu no Mikoto. L'enfant, abandonné par ses parents à la naissance, est élevé par la princesse Tamayori, la jeune sœur de sa mère Tamayori-bime. Ils finissent par se marier et ont quatre enfants, dont le dernier devient l'empereur Jinmu.
Migration
Toujours selon le Kojiki et le Nihon shoki (dont les récits diffèrent cependant en de nombreux points), les frères de Jinmu, nés à Takachiho (au sud de Kyūshū, dans l'actuelle préfecture de Miyazaki), émigrent dans l'est pour trouver un meilleur endroit où s'implanter afin de régner sur la région. Itsuse no Mikoto, frère aîné de Jinmu, est le dirigeant initial de la migration, et ils traversent la mer intérieure de Seto avec l'aide du chef tribal local Sao Netsuhiko. Alors qu'ils atteignent Naniwa (l'actuelle Osaka), ils rencontrent une farouche résistance de la part d'un autre chef local, Nagasunehiko (« Homme aux longues jambes ») et Itsuse est tué dans la bataille. Jinmu, considérant qu'ils avaient perdu car ils avaient combattu vers l'est, contre le soleil, décide par conséquent de débarquer à l'est de la péninsule de Kii et de combattre tourné vers l'ouest. Ils atteignent Kumano, et guidés par Yatagarasu(八咫烏?, « corbeau aux huit envergures »), se rendent à Yamato, où ils affrontent à nouveau Nagasunehiko et, cette fois, remportent la victoire.
Selon une autre légende, un milan d'or se pose sur l'arc de Jinmu, et dardant des rayons de lumière éblouissante sur les ennemis des Amatsukami, perce le brouillard qui s'était appesanti sur le champ de bataille. Jinmu saisit l'occasion pour remporter la victoire. Cette bataille décisive aurait eu lieu le 4e jour du 12e mois du calendrier japonais traditionnel, sur le site d'un village nommé Tobi-no-Mura en l'honneur du milan d'or. Cette victoire miraculeuse est représentée dans nombre d'œuvres d'art, notamment des peintures de l'ère Shōwa et des statues de parade de Jinmu. Elle est aussi commémorée par l'Ordre du Milan d'or, qui sous l'Empire récompensait les faits d'armes.
Au Yamato, Nigihayahi no Mikoto, qui clame aussi être un descendant des dieux de Takama-ga-hara, est le protégé de Nagasunehiko, et utilise un arc et des flèches pour démontrer sa légitimité. Cependant, quand Nigihayahi rencontre Jinmu, il accepte sa légitimité, et Jinmu est couronné empereur au palais de Kashihara. Nagasunehiko est quant à lui exécuté sur décret impérial, parce qu'il complote une reprise des hostilités en dépit du fait d'avoir accepté la supériorité des reliques de Jinmu (Sanshu no Jingi, Futsunushi no Tsurugi, l'arc et les flèches de Jinmu...) prouvant sa légitimité de monarque de droit divin, sur celles de Nigihayahi (un arc et des flèches, ainsi que les témoignages oculaires d'êtres descendus sur terre sur Ame no Iwa Bune, une barque voguant dans les airs). Les descendants de Nigihayahi acceptent de servir loyalement, et auraient formés le clan Mononobe, prestigieux dans le Japon archaïque, et qui a plus ou moins subsisté jusqu'à l'époque moderne malgré des revers de fortune.
Le jour de l'an du calendrier luni-solaire japonais est traditionnellement célébré comme le début du règne de l'empereur Jinmu. En 1872, le gouvernement de Meiji proclame que le jour de la fondation du Japon est le du calendrier grégorien. Cette date mythique est commémorée par le jour férié Kigensetsu (« jour de l'ère ») de 1872 à 1948, puis sous celui de Kenkoku kinen no hi (« jour de la fondation nationale ») depuis 1966.
Dès 1928, l'empereur Shōwa devint associé au renouveau du principe du Hakkō ichi'u, les huit coins du monde sous un seul toit. Cette expression avait été employée selon le Nihon shoki par Jinmu pour décrire son destin « d'unifier le monde sous sa gouverne bienveillante[2] » et devint le fondement de l'expansionnisme du Japon Shōwa[3].
En 1940, le Japon célébra en grande pompe le Kigensetsu, coïncidant avec le 2600e anniversaire de la fondation mythique de la nation[4].
Sujin
Le dixième empereur, Sujin, est comme Jinmu désigné sous le nom de Hatsu Kuni Shirasu no Mikoto, « premier souverain gouvernant le pays », et les deux peuvent donc être identifiés l'un à l'autre, ce qui placerait sa vie au IIIe siècle[réf. nécessaire].
↑Il existe deux manières de transcrire ce nom : « Ika-gashiko-me » est utilisé par Tsutomu Ujiya, tandis que « Ika-shiko-me » est utilisé par William George Aston..[35]
↑(en) Donald L. Philippi, Kojiki, Princeton University Press, , 104–112 p.
↑Kadoya Atsushi et Yumiyama Tatsuya, « Ōkuninushi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
↑(en) J. Herbert, Shinto: At the Fountainhead of Japan, Taylor & Francis, coll. « Routledge Library Editions: Japan », (ISBN978-1-136-90376-2, lire en ligne), p. 402
↑Kadoya Atsushi, « Ōnamuchi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
↑ a et bThe Emperor's Clans: The Way of the Descendants, Aogaki Publishing, 2018.
↑ ab et c(en) Brown, Delmer M.(en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN9780520034600, lire en ligne), p. 251
↑(en) Allan G. Grapard, The Protocol of the Gods: A Study of the Kasuga Cult in Japanese History, University of California Press, (ISBN978-0-520-91036-2, lire en ligne)
↑(en) Tenri Journal of Religion, Tenri University Press, (lire en ligne)
↑(en) Tomoaki Takano et Hiroaki Uchimura, History and Festivals of the Aso Shrine, Aso Shrine, Ichinomiya, Aso City., Aso Shrine,
↑(en) Brown, Delmer M.(en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN9780520034600, lire en ligne), p. 248 & 253
↑(en) Brown, Delmer M.(en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN9780520034600, lire en ligne), p. 248 & 253–254
↑(en) Kidder, Jonathan E., Himiko and Japan's Elusive Chiefdom of Yamatai: Archaeology, History, and Mythology, University of Hawaii Press, (ISBN9780824830359, lire en ligne), p. 344
↑ ab et c(en) Packard, Jerrold M., Sons of Heaven: A Portrait of the Japanese Monarchy, FireWord Publishing, Incorporated, (ISBN9781930782013, lire en ligne), p. 45