Les Jeux olympiques d'été de 1960, officiellement connus comme les Jeux de la XVIIe olympiade de l'ère moderne, ont lieu à Rome en Italie, du 25 août au .
La ville de Rome avait dû renoncer aux Jeux olympiques de 1908, qu'elle avait obtenus, car elle était incapable de faire face aux exigences financières. En effet, les fonds destinés aux Jeux furent utilisés pour réparer les dégâts de l'éruption du Vésuve de 1906.
Pour ces premiers Jeux d'été en terre italienne, l'organisation, la couverture télévisée (RAI) et les installations furent à la hauteur de l'événement. Le seul point négatif a été la canicule, qui fit souffrir de nombreux athlètes. C'est à Rome que, pour la première fois, les médailles sont passées autour du cou du vainqueur[1].
Le comité d'organisation est présidé par l'alors ministre italien de la Défense, Giulio Andreotti.
Emblèmes
Le logo des Jeux olympiques de Rome représente la louve romaine, allaitant Romulus et Rémus, les frères jumeaux fondateurs de la ville de Rome selon la légende. En dessous, est indiqué la date de 1960 en chiffres romains surmontant les anneaux olympiques.
La torche s'inspire de celles des anciens monuments de Rome. Elle porte l'inscription Giochi della XVII Olimpiade (Jeux de la 17e olympiade).
Sites olympiques
Le comité d'organisation investit 60 milliards de lires pour la construction des sites olympiques mais utilisa également certaines infrastructures construite sous Mussolini tel que le Stadio dei Marmi où se tint la compétition de hockey sur gazon. Le village fut situé au nord de Rome, dans une boucle du Tibre, à 10 min seulement en voiture du Colisée. L'aéroport international de Fiumicino fut spécialement édifié pour l'événement.
Cent mille spectateurs assistent à la cérémonie d'ouverture le . La délégation chilienne défile avec un bandeau noir en raison du récent tremblement de terre ayant touché son pays. Pour la première fois, le porte-drapeau de la délégation américaine est un athlète de couleur, Rafer Johnson.
Le président de la République italienne Giovanni Gronchi arrive à la cérémonie d'ouverture avec six minutes de retard à cause des inévitables embouteillages dans la capitale romaine. Adolfo Consolini prononce le serment olympique. L'athlète italien Giancarlo Peris, dernier porteur de la flamme, allume la vasque olympique.
Après les discours protocolaires, la cérémonie se conclut par des coups de canon, par le son des cloches vaticanes et par l'envolée de milliers de pigeons du stade olympique.
Nations participantes
Les Jeux olympiques de Rome rassemblèrent un nombre-record de participants avec plus de 5 000 athlètes venus de 83 pays. Ce chiffre s'explique notamment par le nombre de nouveaux pays africains ayant acquis leur indépendance à la fin des années 1950. C'est ainsi que le Maroc, le Soudan, la Tunisie, Saint-Marin, Taïwan (Formose[2]) et la République arabe unie (union politique de l'Égypte et de la Syrie) participent à leurs premiers Jeux.
Les athlètes de la Barbade, de la Jamaïque et de Trinité-et-Tobago forment une équipe commune des Indes occidentales. La Rhodésie réunit la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland. Le Suriname, 84e pays, déclara forfait pour la compétition[3]. La Chine communiste, qui est sortie du CIO le , est absente à Rome à la suite de son différend avec Taïwan qui participe aux Jeux sous le nom de Formose. Par ailleurs, comme en 1956, les deux Allemagne sont contraintes par le CIO de former une seule équipe, l'équipe unifiée d'Allemagne. Dans l'équipe sud-africaine, l'absence de tout athlète noir suscite la polémique : le CIO et Avery Brundage, dûment informés, notamment par l'Association sportive sud-africaine, des discriminations exercées à leur encontre, laissèrent faire[4] et cooptèrent pour faire bonne mesure, comme membre Kényan du CIO, un Blanc[5].
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Une particularité concerne le chronométrage qui ne fut pas effectué par des marques de chronomètres, sponsors traditionnels, mais par la Fédération italienne des chronométreurs avec la présence de 82 chronométreurs venus de toute l'Italie et qui ont relevé et certifié les résultats en athlétisme, natation, cyclisme, aviron, boxe et sports équestres.
Pour la première fois, la télévision couvrit l'ensemble des compétitions : la RAI[6] produisit 106 heures d'émissions, diffusées dans toute l'Europe, en direct intégral et en Eurovision ce qui constituait une première mondiale, une quantité démesurée, étant donné l'existence d'une seule chaîne.
Athlétisme
Résultats détaillés
L'Éthiopien Abebe Bikila[7] devient le héros de toute l'Afrique en remportant l'épreuve du marathon les pieds nus. Bikila, soldat de la garde personnelle de l'Empereur Hailé Sélassié Ier, entraîné par un Suédois d'origine finlandaise, établit à l'occasion un nouveau record mondial en 2 h 15 min 16 s. À 28 ans, il triomphe sous l'arc de Constantin, à l'endroit même d'où, 25 ans avant, le dictateur italien Mussolini avait envoyé ses troupes conquérir l'Abyssinie. Véritable légende dans tout le continent africain, il ouvrit la voie à tous les coureurs de fond de ce continent qui finissent par dominer les olympiades suivantes.
L'athlète noire-américaine Wilma Rudolph[8] retient toutes les attentions en remportant trois médailles d'or en sprint sur le 100 m, le 200 m et le relais 4 × 100 m. Pour la première fois depuis 1928, le programme féminin inclut des distances supérieures au tour de piste. Devant un public en délire, le sprinteur italien Livio Berruti devient le premier non-Américain à remporter le 200 mètres. À 37 ans et 348 jours, la Tchèque Dana Zátopková, épouse du légendaire Emil Zátopek, devient la doyenne des médaillées olympiques en remportant l'argent du javelot. Au saut en longueur, l'Américain Ralph Boston bat le record olympique de Jesse Owens avec un bond de 8,12 m.
C'est la première année où le saut à la perche est effectué avec des perches en fibre de verre[9].
Résultats détaillés
L'Américain Cassius Clay[10] s'impose chez les mi-lourds en remportant ses quatre combats sans difficulté. C'est la première étape d'une carrière légendaire sous le nom de Mohamed Ali.
Canoë-kayak Résultats détaillés
Le Suédois Gert Fredriksson remporte sa sixième médaille d'or devenant du même coup le kayakiste le plus médaillé de l'histoire olympique.
Cyclisme Résultats détaillés
Les Jeux de Rome sont le théâtre d'un drame : la mort du cycliste danois Knud Enemark Jensen, pendant le 100 km contre-la-montre par équipes. Prétendu victime d'une insolation, l'autopsie révèle une surconsommation d'amphétamines.
Escrime Résultats détaillés
Le sabreur hongrois Aladar Gerevich remporte la dixième médaille olympique de sa carrière à l'âge de 50 ans, il s'agit aussi de sa sixième médaille d'or consécutive dans l'épreuve de sabre par équipe.
Football Résultats détaillés
La Yougoslavie, qui se qualifia pour la finale du tournoi olympique par tirage au sort, remporte l'épreuve en battant le Danemark.
Natation Résultats détaillés
L'Américaine Christine Von Saltza remporte quatre médailles, dont trois titres olympiques. Sur le 100 m nage libre hommes, son compatriote Lance Larson est désigné vainqueur pour un centième par les juges et le chronomètre électronique officieux, mais le responsable du jury déclare, en dépit du bon sens, l'Australien John Devitt vainqueur. Les États-Unis n'eurent jamais gain de cause de leur contestation.
Pour la première fois, les Jeux olympiques sont retransmis en direct à travers le monde, et notamment par 17 pays membres de l'Eurovision. Le Stade olympique possède une tribune de presse de 1 126 places. 2 194 journalistes et 143 commentateurs sont accrédités.
Ces Jeux de 1960 marquent la véritable entrée de l'argent généré par la télévision dans les Jeux olympiques et surtout dans les finances du Comité international olympique. Les contrats de télévision rapportent 1 178 257 dollars au Comité d'organisation. La chaîne ABC paie à elle seule 394 000 dollars[12] pour obtenir les droits de retransmission aux États-Unis.
Notes et références
↑À cette occasion, une chaîne tressée de feuilles de laurier a été conçue. Lors des éditions qui suivent, c'est davantage un ruban de couleur qui sera utilisé.
↑Après une longue polémique, réglée par le CIO juste avant ces Jeux qui avait commencé au moins deux ans auparavant sur la dénomination exacte de la République de Chine : la Chine populaire boycottant ces Jeux et le mouvement olympique depuis 1958.
↑Son seul athlète, Siegfried Esajas était pourtant inscrit sur 800 m et présent au Village olympique mais ne se réveilla pas pour les qualifications. Source David Maranisss, Roma 1960, Rizzoli, p. 58.
↑Le 24 août, Otto Mayer, le chancelier du CIO, rédige : « C'est la conviction du CIO que le Comité olympique sud-africain ait fait chaque effort raisonnable… pour garantir la participation de tous les athlètes en état d'avoir le niveau nécessaire et qu'aucun athlète n'a été écarté de l'équipe sud-africaine ». Source : Rome 1960.
Une des présentations les plus exhaustives de ces Jeux, dans ses aspects sportifs et politiques, est sans doute celle de David Maraniss(en), dans Rome 1960 (2008) traduit en italien (Roma 1960, Rizzoli, 2010)