Jeanne-Anaïs Castellan (Beaujeu, [1] - après ) est une soprano française. Après avoir étudié au Conservatoire de Paris, elle commence sa carrière en Italie, puis chante au Mexique, aux États-Unis, en Angleterre, en Russie et au Portugal. Meyerbeer la fait venir à Paris pour créer, à l’Opéra, le rôle de Berthe dans Le Prophète (1849), qui reste son principal titre de gloire.
Elle commence sa carrière en Italie (à Varèse dès 1837) et rencontre un certain succès sur les scènes de Turin, Bergame, Rome, Milan et Florence. C’est là qu’elle épouse en 1840 le ténor italien Emilio Giampietro. Elle part ensuite pour Vienne, puis, à l’hiver 1843-1844, pour Cuba, le Mexique et les États-Unis (La Nouvelle-Orléans, New York et Boston)[2]. Elle chante pour la première fois en Angleterre le à un concert philharmonique. Son succès est tel qu’elle est aussitôt réengagée pour un concert qui a lieu le suivant. Durant l’hiver 1844-1845, elle se rend en Russie à l’invitation du tsar Nicolas Ier qui l’a entendue à Londres[3] et se produit à l’Opéra italien de Saint-Pétersbourg.
Elle fait partie des solistes à qui l'on fait appel pour interpréter le Requiem de Mozart lors des funérailles de Frédéric Chopin en l'église de la Madeleine le , aux côtés de Pauline Viardot, Alexis Dupont et Luigi Lablache. Mais les deux cantatrices ont dû se dissimuler derrière un rideau noir, près de l'autel, car à cette époque les femmes n’étaient pas autorisées à chanter dans les églises[4],[5].
Il semblerait que Jeanne-Anaïs Castellan ne se soit plus produite sur scène après 1858. C. Lefeuve[6] indique qu'elle s'est retirée à cette époque dans un cottage au milieu des bois de Beauchamps sur le territoire de Pierrelaye.
Son époux Emile Giampietro meurt dans leur maison de campagne de Cormeilles-en-Parisis le 6 octobre 1890. Elle est toujours en vie à cette date[7].
P. Robinson[8] rapporte que selon les critiques de l’époque, Castellan avait une voix particulièrement étendue et agile, homogène sur l’ensemble de la tessiture. Néanmoins, on lui a parfois reproché d’être en délicatesse avec l’intonation et d’oser des ornementations à la fois trop ambitieuses pour ses moyens et inappropriées sur le plan dramatique.
↑Vera Brodsky Lawrence, Strong on Music : The New York Scene in the Days of George Templeton Strong, Volume I: Resonances 1836-1849, Chicago: The University of Chicago Press, 1995, 742 p. (ISBN0-226-47009-1)
↑Francesco Regli, « Anaide Castellan » dans Dizionario biografico dei più celebri poèti ed artisti melodrammatici, tragici e comici, maestri, concertisti, coreografi, mimi, ballerini, scenografi, giornalisti, impresarii, ecc. ecc. che fiorirono in Italia dal 1800 al 1860, Turin, 1860, p. 117-118
↑Pour interpréter le Requiem, Jeanne-Anaïs Castellan et Pauline Viardot durent se dissimuler derrière un rideau, car au XIXe siècle, le clergé n’autorisait pas les voix féminines durant les offices religieux. Mais compte tenu de la célébrité du défunt, une dérogation spéciale a été accordée par l’archevêque de Paris, à la condition que les deux interprètes ne soient pas visibles. Source : (en) Benita Eisler(en), « Chopin’s Funeral », The New York Times, (lire en ligne). Le passage mentionnant que Pauline Viardot dut se cacher derrière un rideau figure dans le 8eparagraphe. Texte en anglais : «Unknown to the dying man, women were not permitted to sing in the city's parish churches; it had taken days of pleading on the part of Chopin's most powerful friends before a special dispensation was issued by the Archbishop of Paris. The decree allowed female participation provided it remained invisible; thus the women singers, including Chopin's friend Pauline Viardot among the featured soloists, were hidden from view behind a black velvet curtain. ». Consulté le .
↑Charles Lefeuve, Le tour de la vallée. Tome 2 : Histoire et description de Béthemont, Frépillon, Bessancourt, Taverny, Napoléon-Saint-Leu, Saint-Prix, Montlignon, Andilly, Soisy, Eaubonne, Margency, Plessis-Bouchard, Pierrelaye, Erblay, Franconville, Sanois, Ermont, Saint-Gratien et Enghien-les-bains, Montmorency, 1867, p. 180
↑Philip Robinson, « Jeanne-Anaïs Castellan » dans The Grove Book of Opera Singers, dirigé par Laura Macy, New York : Oxford University Press, 2008, p. 80-81 (ISBN0-195-33765-4)
Sources
(en) Vera Brodsky Lawrence, Strong on Music : The New York Scene in the Days of George Templeton Strong, Volume I: Resonances 1836-1849, Chicago: The University of Chicago Press, 1995, 742 p. (ISBN0-226-47009-1)
(it) Francesco Regli, « Anaide Castellan » dans Dizionario biografico dei più celebri poèti ed artisti melodrammatici, tragici e comici, maestri, concertisti, coreografi, mimi, ballerini, scenografi, giornalisti, impresarii, ecc. ecc. che fiorirono in Italia dal 1800 al 1860, Turin, 1860, p. 117-118
(en) Philip Robinson, « Jeanne-Anaïs Castellan » dans The Grove Book of Opera Singers, dirigé par Laura Macy, New York : Oxford University Press, 2008, p. 80-81 (ISBN0-195-33765-4)
(fr) Harold Rosenthal et John Warrack, Guide de l’Opéra, édition française réalisée par Roland Mancini et Jean-Jacques Rouveroux, Paris : Fayard, Collection Les Indispensables de la Musique, 1995, (ISBN2-213-59567-4)
(es) José Octavio Sosa, « La ópera en México, 1841-1843 », Pro ópera, novembre-, année XIX, numéro 6, p. 42-44