Ne pas confondre avec un autre fermier général Jean-Joseph de Laborde également guillotiné en 1794
Pour les articles homonymes, voir de Laborde.
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
Jean-Benjamin de La Borde (ou de Laborde) est un compositeur, historien, mécène et fermier général français, né à Paris le 5 septembre 1734 et mort guillotiné dans la même ville le 22 juillet 1794 (4 thermidor an II).
Fils du banquier et fermier général Jean-François de La Borde, baron de La Brosse, et de son épouse, Elisabeth Françoise Le Vasseur, Jean-Benjamin de La Borde est officier de la Fauconnerie du Roi, receveur général des finances, fermier-général et premier valet de chambre du Roi Louis XV de 1762 à 1774.
Il étudie le violon avec Antoine Dauvergne et la composition avec Jean-Philippe Rameau[1], met en scène plusieurs opéras et fait imprimer somptueusement plusieurs ouvrages, en faisant appel à de nombreux graveurs.
Éditeur de chansons et historien de la musique à ses débuts, La Borde officie vers 1780 comme polygraphe en éditant notamment les Tableaux topographiques, pittoresques, physiques, historiques, moraux, politiques, littéraires, de la Suisse de Béat Fidèle Antoine Dominique Zurlauben (1780-1786).
Dans ses Lettres sur la Suisse, adressées à Madame de M*** (1783), relation épistolaire sur son tour de Suisse de l'été 1781, il ne trahit aucune complaisance à l'égard de Jean-Jacques Rousseau[2]. Voici ce qu'il dit, de Vevey le 25 juillet 1783 :
« Le pays s'appelle Lavaux, et produit principalement du vin, que j'ai trouvé le meilleur de la Suisse. Il est blanc, doux, léger, agréable; c'est un bon vin d'ordinaire, et fort fin quand il est naturel, c'est-à-dire lorsque les marchands ou les voituriers ne se sont pas amusés à nos dépens. On traverse les villages de Lutry, Cully, Saint-Saphorin, Corsier, et la tour de Glérolles, bâtie, dit-on, par les Romains. La seule curiosité de tout ce pays est une colonne milliaire qui prouve que d'Avenches à Saint-Saphorin il y a 37 000 pas ; ce qui ne laisse pas d'être agréable à savoir. […] Me voici à Vevey. Je ne saurais vous exprimer, madame, combien je désirais de voir cette ville et ses environs si vantés par Rousseau, et devenus si célèbres par son roman d'Héloïse. Je me disais souvent, si le fonds de toute cette histoire n'est qu'un conte, au moins les descriptions qu'il fait des sites, des mœurs, etc. doivent être des vérités. Mais, madame, mon attente a été entièrement trompée. J'ai trouvé, il est vrai, la situation de Vevey charmante, et ses habitants de bonnes gens ; mais les divins bosquets de Clarens, l'Élysée, les charmes que l'on goûte en habitant des chalets, tout cela n'a jamais existé que dans le cerveau bouillant de Rousseau. »
En 1766, rendant visite à Voltaire, à Ferney, pour lui présenter son opéra Pandore, il en obtient la collaboration, et celle de Michel-Paul-Guy de Chabanon, pour l'écriture du livret[3]. Les deux hommes resteront amis d'où la gravure ci-contre de Vivant Denon les représentant en conversation, en présence du père Adam, de Mme Denis et d'une servante. Voltaire aurait dit en voyant cette gravure où il ne figure pas à son avantage : C'est Lazare au dîner du mauvais Riche !
Amant en titre de la danseuse Marie-Madeleine Guimard, il participe aux représentations qu'elle donne dans son théâtre de Pantin, puis à celui de la Chaussée-d'Antin. Il demeurait à Paris, rue et porte Montmartre.
Premier valet de chambre du Roi Louis XV de 1762 à 1774, il est fait fermier général, ce qui lui vaut d'être visé par les Révolutionnaires de 1793. On va l'arrêter à la campagne où il s'était retiré, n'ayant pas voulu émigrer. Il est condamné sous de faux prétextes, et guillotiné le 22 juillet 1794 (4 thermidor an II)[4], cinq jours seulement avant la chute de Robespierre. Il est enterré dans une des fosses du cimetière de Picpus à Paris. Sa sépulture est au Père-Lachaise[5].
De la liaison avec la Guimard, est issue une fille naturelle, reconnue en 1770, nommée comme sa mère Marie-Madeleine Guimard (1763-1779) [6], mariée à Paris en 1778 avec Robert Claude Arnould Drais.
Il épouse en 1774 Adélaïde Suzanne de Vismes (Paris, 10 novembre 1753 - Paris, 18 juillet 1832)[7],[8], fille de Pierre Martin de Vismes (1711-1777), écuyer, secrétaire du Roi 1757-1777, fermier général, et de Marie-Louise Legendre. Elle était poétesse[9], lectrice et dame de lit de la reine Marie-Antoinette[10]. De ce mariage, est issu un fils, Auguste Benjamin de Laborde (Paris, 13 septembre 1775 - Nantes, 17 juillet 1845), marié avec Louise Carcenac, dont postérité.
Sa veuve se remariera en l'an VI avec Louis Antoine de Rohan-Chabot, sixième duc de Rohan.
Sources[12].
Dans le film Jeanne du Barry (2023) de Maïwenn, son rôle est interprété par Benjamin Lavernhe[13].
Sur les autres projets Wikimedia :
(Compte-rendu de ce livre, par Reynald Abad dans Persée)