En , elle épouse Paul Auriol (1918-1992), fils de Vincent Auriol, élu président de la IVe République en 1947[2]. En 1947, elle s'occupe de la décoration de certaines pièces du palais de l'Élysée après l'élection de son beau-père. Ancien diplômé de l'École libre des sciences politiques, cadre dans l'électricité, Paul Auriol travaille auprès de son père pendant son mandat présidentiel comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République (1947-1954). Il continue sa carrière comme contrôleur général à EDF et à partir de 1962 secrétaire général du comité national français de la Conférence mondiale de l'énergie.
Jacqueline Auriol apprend à piloter sur un biplanStampe et obtient ses brevets, premier et second degrés, en 1948. L'aviation devient alors une passion et elle passe à la voltige aérienne pour se perfectionner.
Le , elle est victime d'un accident sur la Seine entre Meulan-en-Yvelines et Les Mureaux, alors qu'elle est copilote d'un prototype d'hydravion, un SCAN 30, construit par la Société de construction aéronavale. Lors de ce vol d'essai, l'appareil vole trop bas, et sa coque touche l'eau brutalement. L'amphibie bascule, happé par l'eau, puis se retourne en ne laissant pas le temps à Paul Mingam, le pilote de la SCAN, de réagir. Des trois passagers présents à bord (outre Mingam, se trouve aussi le PDG de SCAN, M. Guédon), Jacqueline Auriol est la plus grièvement blessée : elle a plusieurs fractures du crâne et est défigurée. Elle subit en deux ans une vingtaine d'interventions chirurgicales effectuées aux États-Unis[3]. Avec beaucoup d'obstination, elle se remet à piloter, passera ses brevets militaires, de vol à voile et d'hélicoptère.
Jacqueline Cochran, alors vice-présidente de la Fédération aéronautique internationale (FAI), fait tout pour conserver son titre de « femme la plus rapide du monde », et annonce en que les records féminins seraient abolis le 1er juin de la même année. Mais Jacqueline Auriol, très déterminée, reprend le record de vitesse avec 1 151 km/h sur Dassault Mystère IV le , contraignant sa concurrente à revenir sur sa décision[7].
Le , aux commandes du T-38A-30-NO Talon (serial number 60-0551) l'Américaine porte le record à 1 262 km/h.
Le , Jacqueline Auriol porte le record (féminin) du 100 km en circuit fermé à 1 849 km/h sur Mirage III C puis le à 2 038 km/h sur Mirage III R[2]. La société Dassault lui demande ensuite de réaliser des records sur l'avion d'affaires Mystère 20[8].
Une ultime fois, le , l'Américaine portera ce record encore plus haut avec 2 097 km/h sur F-104G[9].
Elle préside l'association des amis de Maryse Bastié jusqu'à son décès.
Jacqueline Auriol a reçu quatre fois le Harmon Trophy, l'une des plus prestigieuses récompenses aéronautiques, en 1951, en 1952, en 1955 et en 1956, a été lauréate du prix Roland Peugeot de l'Académie des sports du plus bel exploit mécanique français de l'année en 1963[10], déjà lauréate du prix Henri-Deutsch de la Meurthe de l'Académie des sports en 1951, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un « progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité. »
En 1966, Jacqueline Auriol bat un nouveau record entre la France et la Côte d'Ivoire. Une grande réception lui est réservée par le président Félix Houphouët-Boigny.
Jacques Chirac, président de la République française, a rendu hommage à Jacqueline Auriol en février 2000 en déclarant : « Cette grande dame a incarné pour les Français, pendant des décennies, le courage et la modernité […] son nom restera à jamais associé à l'histoire héroïque de l'aviation et de la recherche aéronautique. »
Jean-Yves Le Naour et Jacques Malaterre, Les Oubliés de l'Histoire, Flammarion, 2017, 346 p. (ISBN978-2-0813-6523-0).
Documentaires
Jacqueline Auriol, une femme à réaction(s) film de Jean-Luc Desbonnet coproduit par MC4 et France télévisions, France 3 Pays de la Loire et Histoire ; avec la voix de Claudine Haigneré. 2016, 52 minutes.
Jacqueline Auriol, vivre et voler[3], documentaire de Jacques Malaterre, série Les oubliés de l'histoire, coproduction : ARTE France, Les Films du Tambour de soie, Sara M, 2017, 26 minutes.