Le cabinet est constitué et soutenu par une coalition centriste, formée par les alliances Coalition civique (KO), Troisième voie (TD) et La Gauche (Lewica). Ensemble, ces formations disposent de 248 députés sur 460, soit 53,9 % des sièges de la Diète, et 65 sénateurs sur 100.
Contexte
Lors des élections parlementaires de 2023, la coalition conservatrice sortante, Droite unie, arrive en tête mais perd la majorité absolue et n'est pas en mesure de la retrouver même en cas d'alliance avec la Confédération (extrême droite). Le scrutin voit donc la victoire de l'opposition, partagée entre la Coalition civique (KO), Troisième voie et La Gauche (Lewica)[1].
Selon la Constitution polonaise, il revient au président de la République de proposer en premier un candidat à la présidence du Conseil des ministres, celui-ci devant obligatoirement obtenir ensuite la confiance de la Diète. Bien que Droit et justice (PiS), principale formation de la Droite unie, soit minoritaire, les analystes jugent probable que ce mandat présidentiel soit confié à une personnalité de ce parti, dans la mesure où le président Andrzej Duda en est issu. L'échec d'un tel candidat ouvrira cependant la voie à la Diète pour qu'elle choisisse elle-même son propre candidat, dans les rangs de l'opposition sortante[2].
Le chef de l'État engage les et ses consultations avec les différents partis représentés au sein de la Diète. Bénéficiant du soutien de la KO, de TD et de Lewica, Donald Tusk indique, lors de son entretien avec Andrzej Duda, qu'il est prêt à gouverner de nouveau. De son côté, ce dernier avait déjà publiquement annoncé son intention de désigner comme mandataire présidentiel une personnalité issue du parti ayant remporté les élections parlementaires[3]. Le , le président Duda fait savoir qu'il a effectivement confié la mission de former le prochain exécutif polonais au président du Conseil des ministres sortant[4]. Se justifiant par l'existence d'une tradition voulant que le chef de l'État confie le mandat à un représentant du parti arrivé en tête, Andrzej Duda souligne qu'en cas d'échec de Mateusz Morawiecki, il nommera immédiatement la personnalité choisie par la Diète[5]. Le journal Rzeczpospolita ou le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski (PO), accusent le président polonais de jouer la montre en retardant l'alternance[5]. Le troisième gouvernement Morawiecki est ainsi surnommé le « gouvernement des Deux-Semaines »[6],[7] ou le « gouvernement zombie »[8]. Le gouvernement minoritaire[9] est formé[10] et assermenté le 27 novembre[11].
Formation
Les trois forces de l'opposition signent, le 10 novembre 2023, leur accord de coalition, confirmant la mise en minorité de la Droite unie[12].
La composition fuite le 24 novembre dans les médias[13] puis Tusk le 8 décembre annonce les noms des ministres des Affaires étrangères, des Affaires européennes, de l'Éducation, de la Science, de l'Agriculture, de l'Industrie, de la Justice, des Finances et celui de l'Environnement, tandis que Władysław Kosiniak-Kamysz, président du Parti paysan polonais sera vice-président du Conseil et ministre de la Défense, et le chef du groupe parlementaire La Gauche, Krzysztof Gawkowski, sera vice-président du Conseil et ministre de la Numérisation[14],[15].
Comme prévu, le gouvernement Morawiecki III n'obtient pas la confiance le 11 décembre, avec seulement 190 voix favorables contre 266 voix contre[16]. Quelques heures plus tard, la candidature de Tusk est approuvée par la Diète[17] avec 248 voix pour et 201 contre[18]. Le nouvel exécutif obtient la confiance le 12 décembre avec le même nombre de voix que la veille[19] puis est assermenté le lendemain[20],[21].
↑AFP, « Elections en Pologne : après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, la victoire de l’opposition pro-européenne confirmée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Jakub Jaraczewski, Sylwia Chutnik et Wojciech Orliński, « Poland election: the opposition has won – what happens next? », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Pologne: rencontre entre Andrzej Duda et Donald Tusk sur la formation du prochain gouvernement », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
↑Guillaume de Calignon, « Le président polonais choisit un Premier ministre conservateur », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bAleksandra Krzysztoszek, « Accusé de jouer la montre, le président polonais nomme Mateusz Morawiecki Premier ministre », Euractiv, (lire en ligne, consulté le ).