Marin à treize ans, François Paul Brueys d’Aigalliers embarque comme volontaire sur le vaisseau le Protecteur en 1766 et effectue plusieurs campagnes au Levant, protégeant les navires commerciaux français des pirates ottomans. Garde de la marine en 1768, il participe à l’expédition de Tunis sur la frégate l'Atalante, qui capture un navire ottoman et des chebecsbarbaresques. Il fait ensuite campagne à Saint-Domingue sur le vaisseau l'Actionnaire qu'il doit quitter pour raison de santé. De retour en France, il sert sur différents bâtiments essentiellement en Méditerranée.
Le , il épouse, à Fort-Royal de la Martinique, Marie Anne Aubin de Bellevue, fille de François-Louis Aubin de Bellevue, dit Jean-François, capitaine de cavalerie, et de Marie Anne Charlotte Banchereau-Latouche (habitation Anse Latouche), dont il eut trois enfants.
Fait chevalier de Saint-Louis à la fin de la guerre, il commande, à la paix, un aviso, le Chien de Chasse et parcourt pendant quatre ans les Antilles et la côte américaine. En 1787, il commande un autre aviso, le Coureur qui croise au long des côtes d’Amérique latine. Il rentre ensuite en France au commandement de la flûte le Barbeau et prend un congé d'un an (1788-1789).
Quoique noble, il n'émigre pas, et la Révolution le promeut capitaine de vaisseau au . Il reçoit alors à Toulon le commandement du vaisseau le Lys qui devient le Tricolore à la chute de la monarchie. Il participe aux campagnes de l’escadre conduite par l'amiral Truguet : bombardement d’Oneglia, à l’opération de Naples menée par Latouche-Tréville, puis à l’attaque de Cagliari (en Sardaigne).
Lors de l'affaire de Toulon, il est détenu par les autorités de la ville puis destitué comme noble en par décret de la Convention.
Bonaparte le remarque et le fait désigner comme commandant en chef de la flotte destinée à transporter l'expédition d’Égypte avec le grade de vice-amiral et pavillon sur le vaisseau l'Orient. Il réussit à tromper les Britanniques qui voulaient lui disputer le passage, il réussit à atteindre Malte sans encombre puis Alexandrie, le .
Aussitôt après le débarquement des troupes, il aurait dû ou entrer dans le port d'Alexandrie, ou retourner sans perdre de temps en France, à Malte ou à Corfou. Il n’en fait rien et s’embosse en rade d'Aboukir pour attendre les Britanniques. Conscient de la mauvaise qualité de ses vaisseaux et surtout de ses équipages, il préfère garder une position défensive et refuse de lever l’ancre lorsque l'amiral Nelson l’attaque, le . Le , apprenant que la flotte française est restée dans la baie d'Aboukir, Bonaparte lui avait envoyé son aide de camp Jullien, escorté par une quinzaine d’hommes de la 75e demi-brigade, pour lui ordonner « de mouiller immédiatement dans le Port-Vieux ou de se réfugier à Corfou ». Mais, il est massacré avec son escorte par les habitants du village d’Alqam le . Même s’il avait pu parvenir à Aboukir, il serait arrivé trop tard, la bataille s’étant déroulée la veille[1].
Le combat est terrible, l'Orient combat le Bellerophon, auquel il cause des dégâts importants mais est peu soutenu notamment par l'arrière-garde commandée par Denis Decrès et l'amiral de Villeneuve. Brueys blessé déjà deux fois pendant la journée est tué sur son banc de quart par un boulet vers le soir, peu avant que l'Orient, en feu, n’explose.
Napoléon Bonaparte disait à ceux qui faisaient valoir la faute qu'il avait commise en restant à l’ancre au moment de l’attaque britannique : « Si, dans ce funeste évènement, il a commis des fautes, il les a expiées par sa fin glorieuse. » Son nom figure sur l’arc de triomphe de l'Étoile, à Paris.
↑Laurent Jullien, Campagne d'Égypte de Bonaparte - L' affaire Alqam, ou l’assassinat de Thomas Prosper Jullien, aide de camp de Bonaparte en Égypte, Editions Universitaires Européennes, 2016
Pour approfondir
Bibliographie
Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN978-2-35743-077-8)
Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française, Rennes, éditions Ouest-France,