La flore[N 1] du Massif central est riche et diverse. Cette diversité s'explique par la grande superficie de ce massif, sa position de carrefour entre différentes zones climatiques et sa variété géologique. Les plantes que l'on peut croiser dans la partie occidentale, très humide, ne sont pas les mêmes que celles que l'on trouve dans la partie orientale, plus sèche, et la différence est encore plus grande avec les espèces que l'on peut trouver dans la partie sud (Causses, Cévennes), soumises à des influences méditerranéennes marquées. Cette composante spatiale n'est pas la seule à intervenir car l'exposition, l'altitude ou la nature du substrat sont aussi des facteurs déterminants. En effet, on peut souligner à ce propos l'opposition classique entre les versants exposés au sud et ceux exposés au nord (adret et ubac) ou encore les différences qui existent dans la végétation entre, d'une part, les sols acides (granite) et d'autre part, les sols basiques (calcaire ou basalte). Bien que l'altitude du Massif central soit faible par rapport à d'autres massifs montagneux comme les Alpes ou les Pyrénées, on observe un étagement de la végétation très net qui peut aller de la végétation méditerranéenne à la pelouse subalpine (cas des Cévennes). D'une façon générale, dans la majeure partie du Massif central, on peut distinguer quatre étages de végétation :
un étage de plaine jusqu'à 500 m d'altitude (bien représenté dans la Limagne) ;
un étage collinéen (jusqu'à 900 m d'altitude sur la majeure partie du massif sauf au nord-ouest où cette limite est plus basse) ;
Dans les Cévennes, l'étage de plaine peut être qualifié d'« étage méditerranéen ». Ces limites peuvent évidemment varier suivant l'exposition (plus basses en versant nord).
Étage de plaine
C'est un niveau relativement peu présent dans le Massif central qui est avant tout un pays de hauts plateaux. Il est néanmoins bien représenté dans la plaine de Limagne ainsi que dans les bassins de Roanne et de Montbrison. Ce sont des espaces intensément cultivés qui laissent peu de place à la nature. Ce sont également des zones peu arrosées (la Limagne d'Issoire est ainsi l'un des lieux les plus secs de France avec à peine plus de 500 mm de précipitations par an[1]) et soumises à un climat semi-continental (plus exactement semi-océanique « intramontagnard » ou semi-océanique d'abri, dans climat de la France) assez marqué avec des étés chauds et des hivers froids (en raison des fréquentes inversions de température). Parmi les plantes caractéristiques de ce milieu figurent le Chêne pubescent (Quercus pubescens), le Chèvrefeuille étrusque (Lonicera etrusca), le sainfoin (Onobrychis viciifolia), la Sauge des prés (Salvia pratensis), le Coquelicot, le Trèfle des prés, la Pensée sauvage, le Polygale commun, l'Achillée millefeuille, la Véronique de Perse et beaucoup d'autres qui ne sont pas du tout spécifiques de la flore d'Auvergne.
En fait, seuls les quelques petits sommets volcaniques qui parsèment ici et là la Limagne revêtent un intérêt écologique surtout sur leurs versants sud où se développe une flore à affinité méditerranéenne. On a pu ainsi y relever[2] la présence de plusieurs plantes intéressantes d'origine clairement méridionale comme la Luzerne de Montpellier (Trigonella monspeliaca), le Liseron rayé (Convolvulus lineatus) ou l'Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus).
Dans les Cévennes, l'étage de plaine est l'étage méditerranéen : c'est la garrigue languedocienne où domine le Chêne vert.
Étage collinéen
Ce niveau est plus souvent forestier que l'étage inférieur. Les arbres caractéristiques à cette altitude sont le Chêne sessile et le Chêne pédonculé surtout dans l'Ouest du massif. À l'Est, apparaît le pin sylvestre[3]. La flore qui accompagne ces espèces ligneuses n'est pas particulièrement remarquable : on retrouve là les fleurs des bois classiques comme le Muguet, l'Anémone sylvie, le Mélampyre des prés ou le Sceau de Salomon. Parmi les plantes un peu moins fréquentes, on pourra croiser l'Hellébore fétide ou Pied-de-Griffon, plante facile à reconnaître et caractéristique des sols basiques (calcaire surtout). D'une façon générale, cet étage a fait l'objet aux XIXe et XXe siècles de reboisements massifs comme dans le Limousin (plantation de résineux) mais aussi dans le sud sur certaines pentes fortes qui avaient tendance à s'éroder (un bon exemple est fourni par les forêts de Pins noirs sur tout le pourtour des causses et en particulier dans la haute vallée du Lot autour de Mende).
Certaines zones présentent toutefois un intérêt écologique certain comme la planèze de Saint-Flour où se trouvent rassemblées en un même lieu des fleurs relativement rares d'origine continentale (Veronica spicata) et d'origine atlantique (Ranunculus nodiflorus)[2]. Il en est de même pour le bassin du Puy-en-Velay où l'on peut trouver des espèces messicoles (c'est-à-dire liées aux champs de céréales) d'origine orientale (Conringia orientalis, Neslia apiculata, etc.)[2]. La région caussenarde présente également une flore d'un très grand intérêt du fait de sa géologie particulière et de sa situation qui se caractérise par une forte pénétration de la flore méditerranéenne ainsi que par la présence de plantes issues de milieux steppiques et de montagnes calcaires (voir plus loin).
Il faut également signaler la présence à cet étage d'un œillet endémique du Massif central : l'Œillet du granite (Dianthus graniticus) poussant, comme son nom l'indique, sur sol siliceux, dans les Cévennes et le Vivarais jusqu'à une altitude d'environ 1 000 m.
Toutes ces plantes se retrouvent dans la zone du Hêtre (surtout en lisière de bois ou dans les clairières car les bois de hêtres sont très sombres, ce qui empêche la croissance de la majorité des plantes) ou dans les taillis de noisetiers, mais quelques-unes d'entre elles se retrouvent aussi dans la zone du Pin sylvestre. Par ailleurs, les forêts de pins étant plus claires, celles-ci abritent plus d'espèces végétales, en particulier des arbustes tels que le Genévrier commun et des mousses.
Enfin, dans les coupes de bois, on rencontre très fréquemment la digitale pourpre et l'Épilobe en épi, espèce pionnière qui colonise parfois de grandes surfaces, souvent accompagnés[N 2] d'arbres ou d'arbustes comme le Bouleau, le Sureau noir (altitude < 1 200 m), le Sureau rouge[7] (rare en dessous de 1 000 m d'altitude) ou, plus banalement, le Genêt à balais.
Espaces ouverts
Dans le Massif central, les espaces ouverts à l'étage montagnard sont tous d'origine anthropique. Il convient d'en distinguer trois types : les pâturages des montagnes volcaniques[N 3], très riches à la fois sur le plan écologique et agronomique, les landes ou les pelouses des sols granitique ou schisteux, moins intéressantes sur le plan agronomique mais très riches en espèces et enfin les prés de fauche. Dans les landes, plusieurs sous-catégories peuvent être distinguées[8] : landes à Fougère, à Genêt purgatif[N 4], à Callune ou à Myrtille commune[N 5] (ces deux dernières se retrouvant en général sur sol granitique peu épais). Par ailleurs, les landes étant des espaces de transition entre pâturage et forêt, celles-ci abritent souvent des espèces pionnières d'arbres ou d'arbustes aussi diverses que le bouleau, l'Églantier, le Noisetier, l'Aubépine, le Sorbier des oiseleurs ou l'Alisier blanc[8].
Les bordures de propriété ou les haies[9] (quand elles existent, car les paysages de bocage sont assez rares dans le Massif central) comptent aussi quelques espèces ligneuses intéressantes comme le Frêne commun (qui est souvent sévèrement taillé car ses feuilles sont utilisées pour l'alimentation du bétail), l'Érable plane, l'Érable sycomore, le Prunellier, le Framboisier ou le Merisier à grappes, arbuste aux fleurs blanches qui ne pousse qu'à partir d'une certaine altitude.
Au niveau de la strate herbacée, les Graminées[N 6] constituent l'essentiel du couvert végétal avec un grand nombre d'espèces représentées. Les plus fréquentes, en particulier dans les pelouses ou les landes acidiclines, sont le Dactyle aggloméré, le Fromental élevé, la Fétuque rouge, l'Agrostide commune et le Nard raide (les pelouses où cette dernière espèce domine sont appelées nardaies). Il faut également signaler la présence de quelques espèces plus caractéristiques des pâturages ou landes d'altitude comme la Flouve odorante, la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), le Pâturin des Sudètes ou la Fétuque d'Auvergne (Festuca arvernensis), cette dernière étant endémique du Massif central[2] et présente dans les landes à genêts purgatifs.
Le Massif central compte aussi quelques stations de plantes de tourbières relictuelles de la dernière ère glaciaire et rarissimes en France comme l'impressionnant Ligulaire de Sibérie (Cézallier, Aubrac), la Scheuchzérie des marais, le Bouleau nain ou le Saule des lapons (ces deux arbustes sont présents dans les tourbières de la Margeride ainsi que dans les monts Dore pour le dernier). On dénombre également quelques stations de la très rare orchidée épiphyteHammarbya paludosa (le Malaxis des marais) dans certaines tourbières de la Lozère (Aubrac, Margeride) et du Limousin.
Enfin, il faut signaler quelques intéressants représentants de la flore lacustre dont les Isoetes (Isoetes lacustris et Isoetes echinospora), plantes aquatiques boréales très exigeantes sur la qualité de l'eau et très rares en France qu'on trouve dans quelques lacs du Cézallier et de l'Aubrac (ainsi que dans quelques lacs des Pyrénées), le Flûteau nageant (Luronium natans) qu'on peut rencontrer au bord de certaines étendues d'eau et qui est protégé au niveau européen, et le Nénuphar nain (Nuphar pumila), espèce boréale rare en France, qui fréquente quelques lacs aux eaux froides en Auvergne.
Cas particulier du sud du massif
Dans le sud du massif (Causses et Cévennes), les spécificités quant à la nature du sol et du climat induisent une flore particulière avec un taux d'endémisme plus élevé que dans le reste du Massif central[12],[N 9]. La hêtraie est toujours présente, en particulier dans les Cévennes, même sur les versants sud car ceux-ci sont exposés aux pluies venant de Méditerranée (mont Aigoual en particulier). Dans les Causses, elle ne se maintient que sur les versants exposés au nord, les versants sud et les plateaux étant surtout occupés par de maigres pâturages, favorables à de petits arbustes délaissés par les ovins comme le Buis (Buxus sempervirens) ou le Genévrier cade (Juniperus oxycedrus), parfois ponctués de bois de chênes et de pins[12]. Ces pâturages ne sont pas homogènes et sont dominés tantôt par des Poacées (Brome dressé, Fétuque glauque, Seslérie bleue, Fétuque rouge ou la très emblématique Stipe pennée), tantôt par d'autres plantes comme le Serpolet, le Carex humble ou le Brachypode penné.
En raison du substrat calcaire, la flore des Causses diffère sensiblement de celle du reste du Massif central. On y croise des plantes originaires des milieux steppiques comme la Stipe pennée (Stipa pennata) ou la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus subsp. asphodeloides) et plus généralement des plantes de pelouse sèche et(ou) de rocailles calcaires comme le Panicaut champêtre (Eryngium campestre), le « Chardon-baromètre » (Carlina acanthifolia), le Lin campanule (Linum campanulatum), le Polygale du calcaire (Polygala calcarea), etc.
On y trouve également des plantes plus spécifiquement méditerranéennes (présentes à l'étage collinéen mais pouvant déborder sur l'étage montagnard) comme la vulnéraire à fleurs rouges (Anthyllis vulneraria subsp. rubriflora), le Lin à feuilles de Salsola (Linum suffruticosum subsp. salsoloides), l'Œillet giroflée (Dianthus caryophyllus), l'Orcanette (Onosma tricerosperma subsp. fastigiata), l'Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), la Lavande officinale (Lavandula angustifolia), etc.
Quant aux plantes strictement endémiques des Causses et des Cévennes, on peut citer la Germandrée de Rouy (Teucrium rouyanum), l'Anémone pulsatille de Coste (Pulsatilla vulgaris var. costeana, sur pelouses calcaires[13]), la Potentille des Cévennes (Potentilla caulescens subsp. cebennensis), la Gentiane de Coste (Gentiana clusii subsp. costei), une sous-espèce de l'Aster des Alpes poussant en altitude (Aster alpinus subsp. cebennensis), une Orchidée, l'Ophrys mouche des Causses (Ophrys insectifera subsp. aymoninii), l'Arabette des Cévennes (Arabidopsis cebennensis, également présente dans l'Aubrac et le Cantal mais pas plus au nord), la Saxifrage de Prost (Saxifraga prostii, rochers siliceux), la Saxifrage des Cévennes (Saxifraga cebennensis, rochers calcaires), la Grassette des Causses (Pinguicula caussensis, rochers calcaires suintants), la Sabline de Lozère (Arenaria ligericina, rochers calcaires), l'Ancolie visqueuse des Causses (Aquilegia viscosa), le Thym luisant (Thymus nitens, sols siliceux en altitude), etc. Certaines autres espèces sont presque endémiques de la région (c'est-à-dire présentes dans les Causses, les Cévennes et dans un nombre limité de régions proches) comme la Sabline hérissée (Arenaria hispida, présente aussi en Catalogne), le Centaurée pectinée (Centaurea pectinata, présent aussi en Provence et dans le nord de l'Espagne) ou l'Asarine couchée (Asarina procumbens), plante particulière et facile à reconnaître, poussant sur sol siliceux, strictement localisée à l'étage montagnard des Cévennes et des Pyrénées orientales.
Les Causses comptent en outre quelques stations de la célèbre orchidée Sabot-de-Vénus (Cypripedium calceolus) et rassemblent les seules stations françaises de l'Adonis de printemps (Adonis vernalis).
Étage subalpin
Si cet étage n'occupe que peu d'espace dans le Massif central, il a néanmoins un intérêt écologique de premier ordre pour les espèces que l'on y trouve. C'est le domaine des landes ou des pelouses subalpines[N 10] avec quelques rares arbres rabougris (hêtre ou résineux) du fait des conditions climatiques, en particulier des températures froides et des vents violents, voire très violents (le vent a déjà soufflé à plus de 300 km/h au sommet du mont Aigoual). Les pelouses les plus importantes en superficie se retrouvent sans surprise dans les deux massifs les plus élevés : monts Dore et monts du Cantal. Mais on peut aussi rencontrer des pelouses subalpines sur les crêtes du Forez, au mont Mézenc[N 11], au mont Lozère et au mont Aigoual.
Plus localement, on pourra également observer dans les pelouses ou sur les rochers des plantes comme l'Anémone printanière (Pulsatilla vernalis) qui pousse sur le plomb du Cantal, au Mézenc et au mont Lozère, l'Anémone alpine (Pulsatilla alpina) dans les monts Dore (prédominance de la variété blanche, subsp. alpina, dans ce massif) et les monts du Cantal (prédominance ici de la variété jaune dite « soufrée », subsp. apiifolia, très abondante localement), la Benoîte des montagnes (Geum montanum — Dore et Cantal), la Gentiane printanière (Gentiana verna — Cantal, monts Dore), la Bartsie des Alpes (Bartsia alpina — uniquement Cantal), le Gnaphale de Norvège (Omalotheca norvegica - Cantal, monts Dore), l'Androsace de Haller (Androsace halleri — Plante d'éboulis des monts Dore et du Cantal), l'Erigéron des Alpes (Erigeron alpinus), etc.
Il existe également certaines espèces à cet étage dont la présence dans le Massif central est anecdotique mais qui méritent d'être signalées. Parmi elles, on peut citer[2] le Lis de St Bruno (Paradisea liliastrum), grand lis aux belles fleurs blanches, dont on connaît une station au mont Aigoual et au mont Mézenc, le Séneçon leucophylle (Senecio leucophyllus), dont l'unique station dans le Massif central est aussi au mont Mézenc (plante des Pyrénées orientales poussant sur les éboulis), la Saxifrage à feuilles d'épervière (Saxifraga hieraciifolia) dont la seule station en France se trouve dans les monts du Cantal et qui pousse habituellement dans les régions arctiques (Norvège, Sibérie, Canada) ainsi que dans les Alpes orientales et les Carpates, l'Homogyne des Alpes, uniquement signalé dans les monts du Forez (secteur de Pierre-sur-Haute[14]), la Soldanelle des Alpes (Soldanella alpina — uniquement dans les monts Dore), la Dryade à huit pétales (Dryas octopetala) sur les versants septentrionaux du Cantal et des monts Dore, etc. Toutes ces plantes sont fragiles et strictement protégées, certaines étant très menacées (comme Dryas octopetala).
Certains secteurs se distinguent tout particulièrement comme le puy Mary et ses abords qui concentre un certain nombre d'espèces alpines qu'on ne retrouve pas ailleurs dans le Massif central comme la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), la Saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia), la Saxifrage androsace (Saxifraga androsacea) ou le Pédiculaire verticillée (Pedicularis verticillata).
Enfin, sur le plan des espèces endémiques[2], il existe dans le massif du Sancy (puy Ferrand, puy de la Perdrix) une jasione poussant uniquement sur sol trachytique au-dessus de 1 500 m : la Jasione naine (Jasione crispa subsp. arvernensis). Dans les monts Dore et le Cantal, existe également une saxifrage unique : la Saxifrage de Lamotte (Saxifraga lamottei) qui croît dans les fentes des rochers au-dessus de 1 400 m. Dans le même biotope (c'est-à-dire les rochers et les éboulis d'altitude du Cantal et des monts Dore), on pourra aussi croiser une plante endémique aux fleurs jaunes, la Biscutelle d'Auvergne (Biscutella arvernensis).
Menaces et protection
Le Massif central a vu diminuer légèrement sa biodiversité ces dernières années mais pas autant que certaines régions voisines. Seulement une trentaine d'espèces autrefois présentes n'ont plus été revues après 1990, ce qui représente une part minime de la flore totale[15]. Ce relatif appauvrissement est lié essentiellement à la destruction de certains milieux à haute valeur patrimoniale, en particulier les zones humides (drainage de prairies tourbeuses, recalibrage de cours d'eau…), à l'intensification de l'agriculture (disparition ou raréfaction de certaines espèces messicoles autrefois courantes en raison de l'usage d'herbicides) et à la place sans cesse plus grande des espaces urbanisés (bien que cette progression ne se fasse pas aussi vite dans le Massif central que dans d'autres régions françaises).
Il existe également des espèces envahissantes, souvent exotiques, qui peuvent localement poser des problèmes préoccupants en se développant au détriment des espèces indigènes (Jussie dans certains cours d'eau, Ambroisie, etc.). Ce phénomène peut aussi affecter les prairies de fauche trop amendées où l'on peut parfois observer le développement excessif d'espèces eutrophiles qui compromettent la qualité du fourrage (ex. : l'Anthrisque sauvage, qui n'est pas une espèce exotique mais qui se cantonne normalement dans les zones riches en nitrates)[16].
Quant aux conséquences du réchauffement climatique, celles-ci n'ont pas encore fait l'objet d'études approfondies. Il semblerait toutefois, d'après les premières observations[15], que l'impact de ce changement ne se fasse pas encore sentir de manière significative. Dans la majorité des cas, il n'a pas été constaté de remontée en altitude des espèces subalpines, qui sont pourtant à priori les plantes les plus sensibles à l'augmentation des températures. Il existe pourtant quelques espèces qui ont migré à des altitudes plus élevées mais dont le mouvement est difficile à mettre en relation avec le réchauffement climatique : c'est le cas par exemple de Pedicularis comosa (le Pédiculaire à toupet), autrefois trouvé à partir de 1 200 m d'altitude et qui n'apparaît plus aujourd'hui qu'à 1 500 m, ou encore de Hieracium aurantiacum (l'Épervière orangée), trouvée en abondance au XVIIIe siècle dans tout le massif et aujourd'hui cantonnée à des altitudes élevées dans le Cantal et les monts Dore[17].
Enfin, en ce qui concerne la protection de ce patrimoine naturel, le Massif central compte un grand nombre de parcs naturels régionaux (en particulier le parc des Volcans qui est un des plus grands parc français en superficie) et surtout le parc national des Cévennes retenu par l'UNESCO comme réserve de biosphère. Les espaces rentrant dans le réseau Natura 2000 couvrent également de vastes surfaces, en particulier dans le centre du massif (pays des Couzes, val d'Allier, planèze de St Flour). Par contre, le nombre de réserves naturelles (qu'elles soient nationales ou régionales) est faible comparé à d'autres régions françaises et ce malgré le grand intérêt écologique du massif (excepté la région des monts Dore et du Cézallier).
Liste de plantes
La liste suivante répertorie quelques plantes caractéristiques et facilement observables des étages montagnards et subalpins du Massif central. Les espèces banales qu'on retrouve un peu partout et à toutes les altitudes ont volontairement été omises tout comme les plantes trop rares et de ce fait difficiles à observer et non représentatives. Même avec ces exceptions, la liste est loin d'être exhaustive.
Liste des plantes caractéristiques des étages montagnards et subalpins du Massif central
↑Ne seront évoquées ici que les plantes vasculaires à l'exception des fougères. On n'abordera pas les plantes non vasculaires (bryophytes), groupe difficile dont l'étude est réservée à des spécialistes, ainsi que les lichens et les champignons. Un point de vue chorologique et phytosociologique a été privilégié pour rendre l'article plus agréable à lire.
↑Pâturages caractérisés par l'association Diantho sylvatici-Meum athamantici (Œillet des bois, Fenouil des Alpes) dont les phytosociologues distinguent 2 variantes : une semi-héliophile à Euphorbia hyberna (espèce relictuelle de la hêtraie) et une autre plus hygrophile à Serratula tinctoria. Source : Pelouses acidiclines montagnardes du Massif central, Natura 2000
↑Dans la littérature, cette lande est dénommée « formation montagnarde à Cytisus purgans ». Elle est très courante dans le sud et le centre du massif (Margeride, Aubrac, Cévennes). Toutefois, sur sol profond, le genêt purgatif est fortement concurrencé par le genêt à balai (Cytisus scoparius) avec lequel il forme des landes mixtes. Sources : Landes à Genêt purgatif du Massif central, Natura 2000.
↑La myrtille participe à plusieurs associations végétales, déterminant ainsi plusieurs sous-types de landes : lande à Gentiane jaune et Myrtille, lande à Gaillet des rochers et Myrtille, lande à Myrtille et à Genêt poilu (chaumes du Forez). Sources : Landes acidiphiles montagnardes du Massif central, Natura 2000.
↑Les Graminées ne présentent pas de fleurs remarquables et sont souvent difficiles à identifier. C'est pourquoi elles sont rapidement évoquées ici et ne sont citées que les espèces les plus caractéristiques et (ou) qui ont une affinité montagnarde marquée.
↑À côté de l'espèce de base, on peut trouver aussi dans ces zones humides et tourbeuses une sous-espèce, l'Achillée des Pyrénées (Achillea ptarmica subsp.pyrenaica).
↑La majeure partie des tourbières du Massif central, en particulier dans sa partie nord-est (Forez, Margeride), sont à classer dans les tourbières hautes actives médio-européennes, c'est-à-dire comportant une majorité d'espèces continentales ou boréales. Dans l'ouest du massif, les tourbières comptent un nombre accru d'espèces d'origine atlantique (ex. : la Narthécie des marais). Source : Végétation des tourbières hautes actives, Natura 2000
↑Cet endémisme est toutefois à relativiser car il ne concerne essentiellement que des sous-espèces.
↑Les phytosociologues distinguent plusieurs types de lande ou de pelouse subalpine dans le Massif central : lande à Pulsatille du printemps et Genêt poilu (monts du Cantal, monts Dore, Mézenc, à partir de 1 650 m), lande à Gentiane jaune et Airelle à petites feuilles (monts du Cantal, monts Dore, entre 1 600 et 1 800 m), lande à Alchémille des rochers et Airelle des marais (Forez, Margeride, entre 1 480 et 1 650 m), lande à Ail de la victoire et Myrtille (Forez, Pilat, Margeride, Aubrac granitique et sous une forme appauvrie dans les massifs volcaniques d’Auvergne) et dans les zones pâturées (Cantal, monts Dore), pelouse à nard raide, fétuque rouge et laîche à pilules. Source : Landes acidiphiles subalpines du Massif central et Pelouses subalpines, Natura 2000
↑Cette apiacée des régions froides de l'Europe et de l'Asie n'existe en France que dans le Massif central.
↑La Brunelle à grandes fleurs peut coexister avec la Brunelle des Pyrénées, qui lui ressemble beaucoup et avec laquelle elle peut s'hybrider.
↑Il existe deux espèces arctico-alpines de canneberge dans le Massif central : Vaccinium oxycoccos et Vaccinium microcarpum (canneberge à petits fruits, plus rare)
↑Il existe plusieurs sous-espèces de Chaerophyllum hirsutum dont certaines sont aussi présentes dans le massif.
↑Le genêt d'Angleterre est responsable du caractère souvent un peu épineux de nombreuses landes acides du Massif central
↑Knautia est un genre complexe, à la taxonomie confuse, où cohabitent plusieurs espèces souvent proches qui s'hybrident facilement. C'est le cas en particulier pour la knautie d'Auvergne qui ne se distingue de la knautie à feuilles de cardère que par le caractère monopodial de son développement. Celle-ci est presque exclusivement présente dans le Massif central (on la trouve ailleurs uniquement dans les Pyrénées mais bien plus rarement). Il existe en outre dans le Massif central une espèce plus rigoureusement endémique, proche de la précédente, qui est la Knautie du basalte (Knautia basaltica) ainsi que sa sous-espèce la Knautie du Forez (Knautia basaltica var. foreziensis).
↑Cette sous-espèce de la raiponce en épi est de couleur bleue. C'est la plus fréquente dans le Massif central et sa couleur est plus intense en altitude. Une autre sous-espèce, très semblable mais plus robuste, pousse plus haut en altitude : la raiponce alpestre (Phyteuma spicatum subsp. alpestre). Ces deux taxons ne doivent pas être confondus avec Phyteuma gallicum (la raiponce de France), endémique du Massif central, plus rare et plus petite.
↑Cette sous-espèce peut aussi être désignée sous le terme macrocephala (la serratule à gros capitules)
Références
↑G. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, Arbres et fleurs de nos montagnes, De Borée, 1991, p. 12
↑ abcdefg et hD'après les relevés effectués par le Conservatoire Botanique National du Massif central (CBNMC).
↑G. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, op. cit., p. 16
↑G. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, op. cit., p. 15
↑F.Nouyrigat, Fleurs et paysages d'Aubrac, éditions du Rouergue, 1998, p. 15
↑G. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, op. cit., p. 183
↑F. Nouyrigat, Fleurs et paysages d'Aubrac, Éditions du Rouergue, 1998, p. 108
↑ a et bG. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, op. cit., p. 122
↑G. Joberton, Y. Perret, T. Dalbavie, op. cit., p. 105
↑D'après les relevés effectués sur l'Aubrac lozérien par le Conservatoire botanique national de Porquerolles (sur diverses zones humides protégées dans le cadre du dispositif Natura 2000 ou classées en ZNIEFF et bien représentatives de toutes celles que l'on peut retrouver dans l'ensemble du massif).
↑ a et bJP. Favre, N. Graveline, F. Debaisieux, Fleurs familières et méconnues du Massif central, Debaisieux, 2000, p. 12
↑Les limites d'altitude sont tirées de la bibliographie ou à défaut des cartes de répartition du CBNMC.
↑ a et bLe genre Alchemilla est complexe et comprend de nombreuses espèces voisines qui s'hybrident facilement. Pour l'espèce "alpina", les botanistes ont recensé dans le Massif central plusieurs sous-espèces montagnardes dont la principale est Alchemilla alpina subsp. saxatilis (sur sol siliceux). Sur sol basaltique, on trouvera une autre espèce, adaptée aux substrats basiques, Alchemilla basaltica.
Gérard Joberton, Yves Perret, Thierry Dalbavie, Arbres et fleurs de nos montagnes, De Borée, (ISBN2908592088)
Francis Nouyrigat, Fleurs et paysages d'Aubrac, Éditions du Rouergue, (ISBN2841560848).
Noël Graveline, Jean-Paul Favre, Francis Debaisieux, Fleurs familières et méconnues du massif central, Debaisieux, (ISBN2913381057)
Philippe Antonetti, Éric Brugel, Francis Kessler, Maryse Tort, Jean-Pierre Barbe, Atlas de la flore d'Auvergne, Chavaniac-Lafayette : Conservatoire national du Massif central, (ISBN9782952472203)
Hervé Christophe, Fleurs des volcans, sommets du Cantal et d'Auvergne, Biome, 2007 et 2011 pour la seconde édition (ISBN9782952940917)
La version du 13 juillet 2010 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
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