La Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF), en anglais Women's international democratic federation (WIDF), est une organisation internationale féminine créée en 1945 et proche du mouvement communiste.
Il s'agit de l'une des plus importantes et influentes organisations internationales de femmes de l'après Seconde Guerre mondiale[5]. Eugénie Cotton fait le souhait suivant : « L'action massive des femmes dans la vie publique peut et doit être d'une grande importance »[3]. À plusieurs moments de son histoire, la FDIF possède un statut consultatif auprès de l'ECOSOC. C'est à l'initiative de représentantes de la FDIF à la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme que l'ONU déclare 1975 Année internationale de la femme[6].
À sa création, les principaux sujets de préoccupation de la FDIF sont l'antifascisme, la paix mondiale (passant notamment par une opposition à la bombe atomique), le bien-être de l'enfant et l'amélioration du statut des femmes[7] et ce afin de s'assurer que vont perdurer les valeurs de la résistance forgées dans la lutte contre le régime nazi et de faire peser ces idées dans les pays occidentaux d'après-guerre. Il s'agit de créer un « mouvement féminin antifasciste transnational », selon les mots de l'historienne Mercedes Yusta. Au même moment, d'autres organisations de masse antifascistes sont créées pour regrouper d'autres pans de la société, comme la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique pour les jeunes[3].
Pendant la guerre froide, l'organisation est communiste[8] et pro-URSS[9],[10],[11]. Avec l'évolution de la situation internationale, les tensions qui font craindre un retour de la guerre et la progressive polarisation en deux blocs en 1946-1947, la FDIF évolue rapidement et se fait le relai de la propagande soviétique, notamment contre la menace d'une « guerre impérialiste » venue des États-Unis. Une autre organisation, le Conseil mondial de la paix, fut ensuite créé pour répondre plus particulièrement à cette question ; elle aboutira en 1950 à l'appel de Stockholm. Alors que chaque bloc met en place une propagande manichéenne, l'URSS développe une rhétorique qui assimile Washington au fascisme. Celle-ci est reprise par les organisations sous son contrôle, notamment par la FDIF qui adopte une ligne de plus en plus « agressive » et alignée sur la politique soviétique note Mercedes Yusta. Cependant, elle est crédibilisée par son aura pacifiste-féministe. Dès 1946, les documents qu'elle produit sont imprégnés par la défense de l'URSS, patrie de la paix, et la critique des puissances occidentales, forces « réactionnaires ». Il s'agit d'un retour de la dialectique fasciste / antifasciste expérimentée dans les années 1930 mais désormais liée à de nouveaux enjeux, notamment anticoloniaux[3].
Plusieurs historiens notent que la FDIF a soutenu les droits des femmes ainsi que les luttes anticoloniales en Asie, en Afrique et en Amérique latine[13]. La Journée internationale de la protection de l'enfance qui se tient dans de nombreux pays sous le nom de Journée de l'enfance à partir du 1er juin 1950 aurait été initiée par la FIDF lors de son congrès de novembre 1949 à Moscou.
Les idéaux féministes, puissants aux débuts de la FDIF, permettaient que « des femmes d'horizons politiques divers pouvaient se reconnaître dans le discours et les revendications de la Fédération » souligne Mercedes Yusta. Malgré les diverses opinions de ces femmes et leur appartenance à d'autres organisations, la FDIF souhaitait les fédérer autour de la cause rassembleuse de la paix. Cette ambition est une réussite à l'issue du congrès fondateur (on retrouve ainsi des militantes de la LIFPL, de l'Alliance internationale des femmes – AIF – et de l'Union française pour le suffrage des femmes), même si les communistes dominent l'organisation. La mémoire de la résistance et la peur d'une résurgence du fascisme participent de l'indulgence initiale de ces femmes non communistes vis-à-vis de la FDIF, très liée à Moscou. Cependant, cette tolérance ne dure pas[3].
Ayant des volontés hégémoniques, la Fédération se trouve en compétition avec d'autres organisations féminines internationales progressistes plus anciennes, elles non-communistes (Conseil international des femmes – CIF –, AIF, LIFPL). Sur ordre du Kremlin, la FDIF abandonne vite la bienveillance de ses débuts et se met à employer une rhétorique binaire pour les discréditer, présentant par exemple l'AIF comme « suffragiste et en dehors de la vie » et la LIFPL comme « fasciste » et « antidémocratique ». Mercedes Yusta note : « à ce moment-là, il est évident que la FDIF a tourné la page du féminisme », considéré comme bourgeois et déconnecté des masses populaires. La vice-présidente de la FDIF Dolores Ibárruri déclare d'ailleurs à son comité exécutif : « Nous ne sommes pas des femmes féministes. Nous sommes des femmes qui se battent pour la liberté et la démocratie ». Se démarquant du « combat attardé du suffragisme », la FDIF concentre ainsi son action sur la paix (donc contre les puissances occidentales, considérées comme des fauteurs de guerre, alors que l'URSS et les démocraties populaires sont présentées comme des modèles à suivre), mettant en avant une sensibilité féminine particulière pour justifier ce combat et attirer à elle les masses féminines. Et Mercedes Yusta de conclure : « D'une organisation de femmes, la FDIF devenait ainsi de plus en plus une organisation de mères »[3].
Publication et siège
La FDIF publiait un magazine mensuel, Women of the Whole World (WOWW), en anglais, français, espagnol, allemand et russe, avec des numéros occasionnels en arabe[14].
Entre 1951 et 1992, le siège de la FDIF se trouve à Berlin-Est, 13 Unter den Linden. Actuellement, son secrétariat est à São Paulo, au Brésil.
Liza Maza est la coordinatrice régionale de la FDIF en Asie[15].
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Notes et références
Notes
Références
↑(en) Peter Duignan et Lewis H. Gann, The rebirth of the West : the Americanization of the democratic world, 1945-1958, Rowman & Littlefield, , 733 p. (ISBN978-0-8476-8198-3, lire en ligne), p. 306.
↑(en) Kate Weigand, Red Feminism: American Communism and the Making of Women's Liberation, JHU Press, , 220 p. (ISBN978-0-8018-7111-5, lire en ligne), p. 204.
↑(en) Peter Duignan et Lewis H. Gann, Communism in Sub-Saharan Africa : a Reappraisal, Hoover Press, (ISBN978-0-8179-3712-6, lire en ligne), p. 22.
↑(en) Gerald J. Bender, James S. Coleman et Richard L. Sklar, African Crisis Areas and U.S. Foreign Policy, University of California Press, , 373 p. (ISBN978-0-520-05628-2, lire en ligne), p. 294.
↑(en) Robyn Rowland, Women who do and women who don't join the women's movement, Routledge & Kegan Paul, , 242 p. (ISBN978-0-7102-0296-3, lire en ligne), p. 51
↑Elisabeth Armstrong, “Before Bandung: The Anti-Imperialist Women's Movement in Asia and the Women's International Democratic Federation.” Signs: Journal of Women in Culture & Society. Hiver 2016, vol. 41 Issue 22: 305-331.
Elisabeth Armstrong, « Before Bandung: The Anti-Imperialist Women's Movement in Asia and the Women's International Democratic Federation », Signs : Journal of Women in Culture & Society, hiver 2016, vol. 41, issue 2, pp. 305-331.
Katherine McGregor, « Indonesian Women, The Women's International Democratic Federation and the Struggle for ‘Women's Rights’, 1946–1965 », Indonesia & the Malay World, juillet 2012, vol. 40, issue 117, pp. 193-208.
Celia Donert, « Women's Rights in Cold War Europe: Disentangling Feminist Histories », Past & Present, mai 2013, supplément, pp. 178-202.
Francisca de Haan, « A Brief Survey of Women's Rights from 1945 to 2009 », UN Chronicle, 2010, vol. 47, issue 1, pp. 56-59.
Francisca de Haan, « Hoffnungen auf eine bessere Welt. Die frühen Jahre der Internationalen Demokratischen Frauenföderation (IDFF/WIDF) 1945-1950 », in : Feministische Studien, Heft 2/2009, p. 241–258.
Rapport du HUAC sur le Congrès des femmes américaines, incluant des informations sur la fondation de la FDIF.