Fils d'un soldat G.I. américain et d'une mère allemande, il débute en championnat régional dans sa ville d'origine, au SC Preussen Münster, puis joue en 1967 en première division, la Bundesliga, au MSV Duisbourg.
Il émigre en Belgique de 1968 à 1971, au Standard de Liège, où il gagne le championnat de Belgique trois fois d'affilée et est sacré meilleur buteur du championnat de Belgique en 1971 avec 26 buts.
Puis il évolue au Kickers Offenbach, avec lequel il détient jusqu'à aujourd'hui le record de tirs cadrés en Bundesliga. Il est l'auteur du but de l'année 1974 en Allemagne, une reprise de volée d'égalisation 3-3 contre le Borussia Mönchengladbach diffusé par ARD-Sport le 18 octobre 1974[1]. C'est alors sa période la plus prolifique, qui lui permet d'être sélectionné au sein de la Mannschaft.
Il rejoint le 16 juillet 1979 le Stade lavallois, conseillé à Henri Bisson et Michel Le Milinaire par Georg Tripp, ancien buteur en série allemand des Tango[2]. Le pari des dirigeants lavallois semble fou puisque Kostedde vient d'arrêter sa carrière pour la deuxième fois[3], avant d'accepter la proposition mayennaise[4].
Il connaît des débuts difficiles avec le Stade lavallois[5].
Il ne parle pas français, et durant toute la saison, l’avant-centre fera alors des allers-retours en avion après chaque match joué pour rejoindre sa famille à Herford en Allemagne, où il s'entraîne avec l'équipe de Championnat d'Allemagne de football de deuxième division du SC Herford[6]. Il arrive la veille des matches pour un ultime entraînement avec l’équipe[7]. Sur le terrain, il n'a inscrit qu'un but en sept journées. Laval se retrouve alors 19e de D1. À Lens, Michel Le Millinaire décide de sortir son joueur pour le piquer au vif[8]. Entre la 8e et la 13e journée, il marque huit fois en cinq rencontres et envoie Laval à la 8e place du classement. Il ne s'entraîne donc jamais avec ses coéquipiers, tout en étant systématiquement titulaire[9] et efficace.
Il entre alors dans le cœur des supporters. Il se révèle comme un véritable renard des surfaces, excellent[10] dans le jeu dos au but et de la tête[11]. Il est ainsi co-meilleur buteur du championnat de France de D1 en 1979-1980 avec 21 buts, dont un triplé face à l'Olympique de Marseille pour son dernier match[12]. En 2002, les supporters lavallois l'éliront dans les 22 joueurs du siècle du club mayennais[13].
Il termine sa carrière à Laval de la plus belle des manières[8] en effectuant un triplé face à l'Olympique de Marseille[14] le 6 mai 1980. Claude Le Roy indiquera qu' Erwin s’est peut-être senti à Laval comme jamais, dans un environnement où on l’adorait et où il n’était pas jugé. À chaque fois, on sentait tout le bonheur qu’il avait à nous rejoindre dans ce club génial[8].
En 2022, le magazine So Foot le classe dans le top 1000 des meilleurs joueurs du championnat de France, à la 854e place[15].
Kostedde est sélectionné à trois reprises en équipe d'Allemagne de football entre 1974 et 1975. Il est le premier footballeur de couleur en équipe nationale, avant Jimmy Hartwig en 1979 et Gerald Asamoah en 2001. Il fait ses débuts avec la Mannschaft contre Malte à Gzira le 22 décembre 1974, rencontre remportée un à zéro[16]. À plusieurs reprises pendant sa courte carrière en équipe nationale, il est confronté au racisme[17].
Après-carrière
À la fin de sa carrière, Kostedde perd ses biens à la suite des conseils d'un investisseur douteux. Il n'arrive pas à obtenir gain de cause et est incarcéré en 1990, soupçonné d'un cambriolage dans un gymnase à Coesfeld qui lui est attribué. Il sera totalement disculpé[18]. Kostedde vit ensuite à Münster sans ressources.
En 1994-1995, il est recruté par le Sportfreunde Oesede comme entraîneur. Le magazine des fans du Kickers Offenbach, fondé en 1994, est nommé Erwin en son honneur[19].
En 2021, il apparait dans le documentaire Schwarze Adler(de) de la plateforme de streaming Prime Video, qui traite du racisme vécu par les joueurs de l'équipe nationale allemande[20]. La biographie d'Erwin Kostedde est publiée en mai 2021[21],[22].
↑On le dit en pré-retraite, il arrive avec quelques kilos en trop, il aime beaucoup la bière, mais le natif Munster va rapidement faire vibrer Le Basser.. Cyprien Legeay, « RETRO (5/45). Stade lavallois : Kostedde, un Allemand dans la légende tango », Ouest-France, (lire en ligne)
↑Jean-François Guenet, « L'au revoir de Michel Le Milinaire », Ouest-France, édition de la Mayenne, (lire en ligne)
↑D'abord parce que sa femme, en pleine déprime, ne se plaît pas à Laval et souhaite retourner en Allemagne. Aussi parce que sur le terrain tout n’est pas rose. Michel Le Millinaire réunit l’équipe et leur propose deux solutions : soit Kostedde s’en va et ne revient plus, soit il part avec sa femme et revient pour les matches.. Cyprien Legeay, « RETRO (5/45). Stade lavallois : Kostedde, un Allemand dans la légende tango », Ouest-France, (lire en ligne)
↑C’était loufoque. Pour les matches à l’extérieur, on le retrouvait dans les aéroports ou à l’hôtel pour Sochaux, Metz, Strasbourg.Jacques Pérais, L’Équipe.
↑ ab et cCyprien Legeay, « RETRO (5/45). Stade lavallois : Kostedde, un Allemand dans la légende tango », Ouest-France, (lire en ligne)
↑J’ai rarement vu un joueur de cette classe, avec une technique arrêtée hors pair, ses prises de balle dos au but, le ballon qui lui collait aux pieds, les feintes de frappe, les petits dribblesJean-Marc Miton, L’Équipe.
↑Son intelligence de jeu lui permet de trouver les bons espaces, de trouver le bon appel à faire.Cyprien Legeay, « RETRO (5/45). Stade lavallois : Kostedde, un Allemand dans la légende tango », Ouest-France, (lire en ligne)
↑(de) Andreas Austilat et Marius Buhl, « Erster Schwarzer Nationalspieler: „Ich habe mich mit Kernseife geschrubbt“ », Der Tagesspiegel, (lire en ligne, consulté le )
↑(de) Hans-Joachim Leyenberg, « Erwin Kostedde wird 75: „Das Volk hat ihn fertiggemacht“ », Frankfurter Allgemeine Zeitung, (lire en ligne, consulté le )