Elle a aussi réalisé un projet sur une communauté de personnes handicapées mentales.
Biographie
Issue d’une famille de commerçants aisés juifs new-yorkaise d’origine russe, Diane Nemerov rencontre à 14 ans son futur mari Allan Arbus. Ils se marient en avril 1941[1]. Elle a 18 ans.
Allan Arbus a appris la photographie au cours de son service militaire. Ils ouvrent ensemble un studio de photo de mode après la Seconde Guerre mondiale. Allan prend les photos, Diane tient le rôle de styliste et démarche auprès des agences. Leur premier client est Russeks Fifth Avenue, un grand magasin de luxe, fondé par la famille Nemerov. Ils collaborent avec les magazines les plus célèbres, Seventeen, Vogue, Esquire[2]. En 1951, Diane quitte le studio, dont Allan continue seul de s’occuper.
Diane Arbus s’inscrit dans un courant photographique qu’a inauguré un autre grand photographe américain, Walker Evans, qui a imposé un style documentaire et urbain dans les années 1930. Mais c’est après 1962 qu’elle impose son style propre, quand elle abandonne le format rectangulaire du 24x36 pour le format carré du 6x6, avec un Mamiya bi-objectif grand angle[1] équipé d’une torche à lampes au magnésium de forte puissance, fixée à demeure et utilisée systématiquement, y compris en plein jour[2].
En 1963 et en 1966, elle obtient une bourse de la fondation Solomon R. Guggenheim[2] qui lui permet de réaliser un travail remarquable intitulé « American Rites, Manners and Customs » (les rites de la société américaine), vaste galerie de portraits d’Américains, pour la plupart inconnus, qui met en exergue les rites sociaux de cette société.
En mélangeant le familier avec le marginal, Diane Arbus brosse un portrait troublant de l’Amérique des années 1960. Elle s’attache pourtant à montrer que ces personnages étranges et atypiques, d’habitude considérés comme des « phénomènes de foire », sont avant tout des êtres réels, avec des habitudes et un train-train quotidien. Sa méthode de travail vise à créer une relation intime et de confiance avec ses modèles, ce qui l’amène aussi à les photographier à nouveau quelques années plus tard.
Par ses photos, Diane Arbus révèle combien l’étrange peut surgir de n’importe où. La très célèbre photographie Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967) met en scène deux fillettes habillées de la même manière (robe en velours à large col blanc), qui regardent le centre de l'objectif en souriant légèrement, mettant ainsi mal à l’aise le spectateur, car c’est le concept de l’identité, et plus précisément de l’unicité des êtres humains, qui est remis en question.
En 1967, elle participe à l’exposition « New Documents » qui se tient au Museum of Modern Art avec des portraits qui côtoient les vues urbaines de Lee Friedlander et Garry Winogrand[4]. Là encore, son travail apparaît comme un événement qui contribue à imposer la photographie documentaire comme un genre artistique propre, se distinguant du reportage.
Dépressive, Diane Arbus se donne la mort à 48 ans le à Greenwich Village en avalant une quantité importante de barbituriques puis en s’ouvrant les veines dans sa baignoire[2].
Famille
Diane Arbus est mariée avec Allan Arbus en 1941. Elle est la mère de la journaliste et écrivaine Doon Arbus (née en 1945) et de la photojournaliste Amy Arbus (née en 1954). Le couple s’est séparé en 1959 et a divorcé en 1969. En 1959, Diane Arbus commence une relation avec Marvin Israel[6].
A Jewish Giant at Home with His Parents in The Bronx, N.Y. 1970 (Un géant juif chez lui avec ses parents dans le Bronx)
Expositions
Liste non exhaustive.
En 2003, le MoMA de San Francisco accueille l’exposition « Diane Arbus Revelations » qui voyage à travers l’Europe (Essen, Londres et Barcelone) courant 2006. Avec plus de 200 photographies dont certaines jamais exposées, cette rétrospective est la plus complète qui ait jamais été consacrée à Diane Arbus. Le catalogue de l'exposition, extrêmement précis, est disponible en version américaine, édité sous la direction de Doon Arbus, fille aînée de la photographe[9]. L'ensemble des photographies y sont reproduites et commentées par Sandra S. Phillips.
Du 6 décembre 2008 au 7 février 2009, Pierre Leguillon propose une exposition intitulée « Diane Arbus: rétrospective imprimée, 1960-1971 » à la Kadist Art Foundation de Paris.
Du 22 juin au , le Martin-Gropius-Bau de Berlin propose une série de plus de 200 clichés, en collaboration avec le Jeu de Paume, Paris, et The Estate of Diane Arbus LLC, New York, ainsi que le Fotomuseum Winterthur and Foam Photography Museum, Amsterdam.
Du 12 juillet au 27 novembre 2016 : « Diane Arbus - In the beginning 1956–1962 », Metropolitan Museum of Art
(en) Doon Arbus, Diane Arbus: Revelations, Random House, 2003, 352 p. (ISBN978-0375506208)
Elisabeth Sussman, Doon Arbus, Diane Arbus. Une chronologie : 1923-1971, La Martinière, 2011
(en) Doon Arbus, Richard Avedon, Diane Arbus: Untitled, Aperture, 2011, 12 p. (ISBN978-1597111904)
(en) Diane Arbus - In the beginning, 1956-1962, New York, The Metropolitan Museum of Art - Yale University Press, , 269 p. (ISBN978-1588395955)
Postérité
Fond Diane Arbus
En 2007, le Metropolitan Museum of Art a obtenu des filles de Diane Arbus le don et la promesse de don des archives de l'artiste. La collection comprend des centaines de photographies anciennes et uniques d'Arbus, des négatifs et des tirages contact de 7 500 rouleaux de film, des pochettes cristal annotées par l'artiste, ainsi que sa collection de photographies, sa bibliothèque et ses papiers personnels, notamment des carnets de rendez-vous, des cahiers, de la correspondance, écrits, etc.[1]
La romancière française Laurence Tardieu rend hommage à Diane Arbus dans son livre Une vie à soi aux éditions Flammarion.
Fabrice Melquiot lui rend également hommage dans une pièce de théâtre, Diane (L’Arche ; 2020).
Sandrine Roudeix publie en 2015 au Mercure de France un roman dédié à Diane Arbus, intitulé Diane dans le miroir.
Notes et références
↑ abcde et fJeff L. Rosenheim, Diane Arbus - In the beginning, New York, The Metropolitan Museum of Art - Yale University Press, , 269 p. (ISBN978-1588395955).
↑(en) « New building, new faculty demonstrate ambitious growth plans for Stanford's Department of Art and Art History », Stanford Report, (lire en ligne).
↑Philip Charrier, « On Diane Arbus: Establishing a Revisionist Framework of Analysis », History of Photography, vol. 36, no 4 (novembre 2012): 422-38.