L'édition 1939 met aux prises les treize clubs de Championnat de France de première division auxquels se sont joints deux clubs amateurs rescapés de longues éliminatoires - Courbevoie et Saint-Gaudens. Ces quinze clubs s'affrontent à partir de huitièmes de finale à l'exception de RC Roanne qui en est excepté et fait son entrée dans la compétition en quart-de-finale à la suite de la défection de Dax XIII déclarant forfait pour la saison[1].
Les huitièmes de finale, premier tour de cette édition de Coupe de France, se jouent le . Le RC Roanne, en sa qualité de tenant du titre est exempté de ce premier tour qui met aux prises quatorze équipes. Les rencontres de ces huitièmes n'ont débouché sur aucune surprise notable et ont respecté les pronostics[4]. La rencontre entre l'US Lyon-Villeurbanne et le RC Albigeois, deux équipes de niveau similaire, est la seule rencontre qui fut indécise, et le score de 8-8 oblige les deux équipes à disputer un second match pour se départager[4] que Lyon remporte 5-0. Les amateurs du RC Courbevoie emmenés par Roger Claudel obligent les professionnels de Bordeaux XIII à disputer la rencontre avec sérieux, tout comme l'AS Carcassonne face aux amateurs de Saint-Gaudens[4]. Le seul fait notable est le comportement de certains joueurs n'ayant pas su maîtriser leurs nerfs comme les expulsions de Joseph Carrère de Narbonne ou Sylvain Bès de Toulouse[4].
Quarts-de-finale
Les quarts-de-finales de la Coupe ont lieu le dimanche .
Les deux clubs se sont affrontés le week-end précédent en Championnat avec une victoire du SA Villeneuve, toutefois le savoir-faire du XIII Catalan dans des matchs couperets qu'offre la Coupe de France le place en favori[5]. Les Catalans dès le coup d'envoi s'installent dans le camp villeneuvois et dominent territorialement de manière outrageuse[6]. La première mi-temps les voit se détacher facilement 10-5 où des essais de Jean Queroli et d'Émile Bosc ont répondu à l'essai de Villeneuve d'André Lacaze[6]. La seconde mi-temps voit les Catalans inscrire deux nouveaux essais par Ferdinand Danoy et Fabre, ce dernier sur un exploit individuel de Rivière[6]. Les avants catalans emmenés par André Gau éteignent toutes les velléités offensives de Villeneuve où Étienne Cougnenc, Maurice Brunetaud et Pierre Brinsolles n'ont pu jamais prendre l'avantage et créer de différence[6].
Au stade des Minimes de Toulouse sur un temps pluvieux[7], Bordeaux XIII, emmené par Raoul Bonamy et Joseph Desclaux, part avec les faveurs des pronostics à l'égard du RC Albigeois[5]. Champion de France en titre, le RC Albigeois ne connaît pas cette saison la même réussite malgré un jeu d'avants plus complets que du côté bordelais[8]. Mais ce dernier a dressé un mur défensif en début de partie dans l'attente d'une ouverture et porter l'estocade à un moment favorable[7]. Albi entreprend, attaque, s'installe dans le camp bordelais mais ce dernier ouvre la marque sur une contre-attaque avec un essai de Labrousse transformé par Desclaux[7], c'est ainsi que Bordeaux avec forte résistance inscrit son premier essai sans donner vraiment de possibilités aux Albigeois de croire en leurs chances[8], Albi répond par un essai non transformé de Robert Barran envoyant les deux équipes au vestiaire pour la mi-temps sur le score de 5-3 pour Bordeaux[7]. Albi, à la reprise du second acte, pousse et oblige Bordeaux à être retranché dans son camp, le tout avec un excès de violence qui oblige l'arbitre à expulser deux Albigeois Gimenez et Claverie[7]. Dès lors, l'avantage numérique profite à Bordeaux qui marque un second essai par Cazaux et remporte le match 8-3 où Desclaux est considéré comme l'homme du match[7].
À Bordeaux, le Toulouse Olympique XIII présente l'un des packs d'avants les plus redoutés de France, toutefois le RC Roanne, tenant du titre et leader du Championnat, compte sur ses animateurs offensifs pour remporter la partie[5]. Cette rencontre a été avant tout un duel d'avants émaillés d'accrochages aux séquences de jeu heurtées[9]. L'arrière roannais Gabriel Clément rate son début de rencontre, ce dont profitent les Toulousains pour marquer rapidement deux essais avant le quart d'heure de jeu[9]. Une fois devant au score, les Toulousains s'en sont remis alors à leur pack d'avant pour contrer et annihiler toutes les offensives roannaises qui jamais n'ont pu espérer ou combler l'écart de points, plombé par les premières minutes de cette rencontre[9]. Les deux joueurs à citer pour honorer cette équipe toulousaine sont l'arrière Marcel Teychenné et le demi de mêlée Sylvain Bès[9].
Côte basque XIII a prouvé par le passé son efficacité en Coupe malgré des résultats en dents de scie en Championnat, cette équipe sachant mieux que quiconque élever son niveau de jeu lors des joutes de la Coupe (vainqueur en 1936, demi-finale en 1938). Cette rencontre, disputée à Albi, semble ainsi équilibrée[5]. L'AS Carcassonne a pu compter durant toute la rencontre sur sa supériorité à la mêlée mais n'a pas su développer le jeu à la main contrairement à des Basques qui petit à petit ont su construire leur succès sur les coups de pied d'Henri Audurau et la qualité de leur jeu à la main permettant l'inscription de quatre essais au total[10]. Carcassonne n'a pu inscrire qu'un unique essai durant la partie et se voit infliger un score sévère de 22-3[10].
Demi-finales
Les demi-finales de la Coupe ont lieu le dimanche , une semaine après les demi-finales du Championnat[11].
La première demi-finale oppose deux équipes qui ont longtemps lutté pour la quatrième place du Championnat enlevée par Bordeaux XIII, toutefois, unique club à être présent en demi-finale des deux grandes compétitions françaises, ce dernier a livré une partie de haute tenue contre le RC Roanne le week-end précédant et présente un visage fatigué face au XIII Catalan[11]. La rencontre se dispute sur terrain neutre à Carcassonne. Pour arriver en demi-finale, le Bordeaux XIII a écarté les amateurs de Courbevoie[4] et le RC Albigeois[7], de son côté le XIII Catalan s'était défait des néophytes du XIII le CA Brive[4] puis du SA Villeneuve[6].
Bordeaux compte de nombreux absents dont notamment son talonneur André Saubion, l'arrière François Nouel et l'ailier Cyprien Estoueigt. Sous un temps épouvantable, ces circonstances climatiques n'ont pas permis aux équipes de pouvoir livrer une performance de qualité, si bien qu'à la mi-temps le score n'est alors que de 2-2[12]. C'est finalement la mêlée qui fait pencher la rencontre en faveur des Catalans grâce à leur pack d'avants permettant d'inscrire deux essais dont un de pénalité, accompagnée de la performance de leur arrière François Noguères en véritable animateur offensif[12]. Le jeu bordelais a souffert de la puissance du pack catalan, découragé de n'avoir pu inverser la tendance, s'inclinant seulement 12-7[12].
La seconde demi-finale oppose deux équipes n'ayant pu se qualifier pour les demi-finales du Championnat, distancées rapidement des premières places qualificatives pour les demi-finales. Elles s'appuient sur les mêmes armes misant notamment sur leurs avants et ont toutes deux misés sur la Coupe de France en cette fin de saison[11]. La rencontre se dispute sur terrain neutre à Bordeaux. Pour arriver en demi-finale, le Toulouse olympique XIII a éliminé le SU Cavaillon[4] et le grand favori RC Roanne[9], de son côté Côte basque XIII s'était défait des amateurs de Saint-Gaudens[4] puis de l'AS Carcassonne[10].
La rencontre, disputée le , est dans l'ensemble décousue. Toulouse dut rapidement jouer à douze à la suite de l'expulsion en début de partie de Sabatié, mais Côte basque n'a pas su profiter de cet avantage numérique se heurtant à une solide défense[13]. Toulouse mise également sur les talents individuels pour renverser le score à un moment où Côte basque compte six unités d'avance. Le meilleur élément toulousain a été l'arrière Marcel Teychenné suivi du demi de mêlée Sylvain Bès et de son coup de botte[13]. Côté basque, les avants ont été plutôt bons à l'image d'Antoine Blain mais seul David Zabaleta secondé par Henri Audurau et Laclédère animèrent les offensives[13]. Côte basque mène 10-4 à la mi-temps, à la reprise un essai d'André Duprat renverse le score pour Toulouse qui le garde jusqu'au bout avec un essai de Raphaël Saris scellant un avantage définitif pour Toulouse 20-10 avant un ultime sursaut par Puchulu en toute fin de match[13].
Côté toulousain, il y a de nombreux absents à l'image de Louis Brané, international français habituel titulaire chez les avants, qui ne peut être présent en raison de l'opposition de son nouvel employeur. Cuisinier dans la vie civile, Brané avait répondu positivement à une offre du restaurant de l'exposition universelle de Bruxelles à qui il leur avait demandé un délai pour disputer la demi-finale. Acquis pour la demi-finale, son nouvel employeur s'est opposé à une prolongation de ce délai pour la finale[15]. D'autres absents sont à relever côté toulousain avec Sabatier, sous le coup d'une sanction, et Adrien Maurel, malade[14], trois absents composant le pack toulousain. Le XIII catalan est quant à lui privé de Fabre, Maurice Porra, suspendu[14], et André Gau.
Cette rencontre marque ainsi une opposition entre deux équipes de niveau égal. La première mi-temps est à l'avantage de Toulouse et de ses avants qui mène à la mi-temps 3-2 sur un essai de Sylvain Bès à la 35e minute. Ce dernier ouvre en sortie de mêlée sur Labat qui redouble avec Frantz Sahuc pour un essai de Bès qui n'est pas transformé[16]. Côté catalan, François Noguères marque une pénalité en réplique immédiate. Toulouse domine clairement cette première période, obtenant de nombreux ballons via les mêlées et en exécutant un jeu ouvert avec l’utilisation à de nombreuses reprises de coups de pied. Toutefois, leur demi d'ouverture Jean Labat sort définitivement avant la mi-temps en raison d'une blessure au genou laissant des regrets aux toulousains pour avoir laissé échapper de nombreux points dans ce premier acte maîtrisé, en raison d'un mauvais usage du ballon par ses trois-quarts et d'une solide défense catalane pour ne mener que 3-2[14]. En effet au retour des vestiaires, Toulouse évolue désormais à douze sur le terrain, et le catalan Noguères, excellent contreur sur les coups de pied à suivre abusivement utilisés par les Toulousains, devient alors l'homme décisif de la rencontre en marquant une seconde pénalité à la 50e minute puis en débouchant par une longue relance et ses crochets pour lancer Émile Bosc à l'unique essai de la rencontre. Le XIII Catalan remporte sa première Coupe de France 7-3[16].
En lever de rideau, les juniors de Villeneuve remportent le titre 29-17 contre les juniors de Toulouse[14].
Notes et références
Notes
↑Il s'agit du score de la deuxième rencontre de ce huitième de finale car l'opposition initiale débouche sur un score nul de 8-8, il n'existe alors pas de prolongation et la rencontre fut à rejouer la semaine suivante avec une victoire 5-0 des Albigeois.
↑La Coupe n'est disputée que par quinze clubs, étant donné le forfait général de Dax XIII pendant la saison 1938-1939. De ce fait, le premier du championnat de France au moment du tirage est exempt des huitièmes de finale.
Références
↑ a et b« Un seul match à émotions et au pronostic impossible demain : Albi-Lyon-Villeurbanne », L'Auto, , p. 1 (lire en ligne).
La version du 8 juin 2023 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
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