Le Comité départemental de libération de la Mayenne (ou CDL) est une structure de la résistance intérieure française, attachée au département de la Mayenne.
Dans chaque département français, la résistance a été unifiée en 1944 autour de deux structures :
Dès le milieu de l’année 1943, les MUR (Mouvements unis de la Résistance) et les Forces françaises libres (FFL) sous l’autorité du général de Gaulle, souhaitent donner une représentation politique aux forces combattantes en France. Ainsi se développent des CDL. Le gouvernement d'Alger (CFLN) appuie la constitution des CDL et les légalise par l'ordonnance d'Alger du portant organisation des pouvoirs publics en France. Ils doivent regrouper toutes les forces politiques et sociales locales. Leur mise en place sera souvent difficile du fait des rivalités politiques. En Mayenne, il est toutefois initié de façon clandestine dès 1943, et actif à la Libération, malgré la déportation de plusieurs de ses premiers membres clandestins.
Historique
Origine
Quatre Lavallois participent début 1942 à la naissance du groupe de résistance Indépendants de la Mayenne: Pierre Coste, René Hardy, Guérin, le docteur Bernard Queinnec. Il s'agit des premières bases du CDL. Ils veulent affermir et développer autour d'eux l'esprit d'opposition, préparer les cadres et les troupes qui au jour J, prendront une part à la Libération[1].
Pierre Costes est le premier président. Ce groupe fusionne au printemps 1943 avec Libération-Nord[2]. Le but du groupe initial est de renforcer leur équipe. Il s'agit pour eux de toucher des milieux plus nombreux et plus divers[3].
En janvier 1944, deux personnalités viennent compléter le noyau actif du CDL clandestin : Francis Le Basser, et Jean Taslé, membre du Noyautage des Administrations Publiques. Autour de ces 10 personnes se sont groupés 15 à 20 autres personnalités à qui certaines charges avait été confiées.
Chute du 1er CDL clandestin
Dans une période allant de février au , et notamment lors du coup de filet de la journée du 1er mai[1], la majorité des membres du CDL noyau actif et autres sont arrêtés par la Gestapo. De ce fait, le CDL se trouve complètement détruit, les quatre ou cinq personnes qui ont pu échapper à la police allemande ayant pris le maquis[3]. Ainsi, en mai 1944, le CDL clandestin était décapité ; ceux qui en étaient les principaux membres étaient emprisonnés ou neutralisés. La plupart des responsables sont déportés, leurs parents internés.
Pierre Coste, premier président du CDL clandestin est arrêté début [6] et libéré le mois suivant. À la fin de mars, les arrestations du docteur Bernard Queinnec et de René Hardy désorganisent le CDL dont il abandonne la direction. Pierre Coste reviendra, en 1945, du camp de Dachau, que dans le plus lamentable état physique[7]…
À la suite du coup de filet allemand du , auquel il avait pu échapper Elisée Mautaint avait dû s'éloigner précipitamment, et prendre le maquis. Mais sa femme, et sa belle-sœur furent à sa place incarcérées à Angers par la police allemande[7].
Pourvu d'un certificat médical de complaisance, il circule librement sous son vrai nom, comme réfugié parisien en convalescence. D'abord accueilli à Château-Gontier dans des familles amies du Groupe de résistance de Château-Gontier, il s'installe en à la suite des bombardements à la limite entre Loigné-sur-Mayenne et Saint-Sulpice. Marc Valée indique aussi dans son ouvrage[9], qu'il est en alors en compagnie de Pierre Boursicot. Il vit en Parisien venu prendre un peu de repos, il dirige les opérations parcourant le pays à bicyclette[1].
Il confie au Docteur Paul Mer, condamné à 8 mois de prison par la justice allemande et donc des plus suspects à la Gestapo, la mission de grouper les hommes qui composeront le deuxième CDL. Cette tâche délicate va s'effectuer au cours des mois de juin et de juillet 1944. Dupérier et Mer se tenant en étroit contact avec Elisée Mautaint, membre actif de la Résistance dans le sud de la Mayenne, et André Counord, à Villiers-Charlemagne[1]. Mautaint et Mer étaient politiquement, socialement, de milieux différents de façon à former un CDL quasi unanime concernant sa création et sa composition initiale.
Au dehors, la Gestapo demeure aux aguets et il faut échapper à ses limiers et à ses indicateurs[10]. Le CDL est constitué comme un Groupe de Résistance : les personnalités qui ont promis leur concours ne se connaissent pas entre elles, et ne sont connues que du préfet Robert Dupérier et du docteur Paul Mer. C'est la meilleure façon d'éviter toute fuite dangereuse[1]. Fin juillet 1944, le Groupe de résistance de Château-Gontier est touché par des premières arrestations de la part des Allemands.
Dans la même période, Étienne de Raulin (Laboureur) se prétend investi de l'autorité civile et militaire par le général Dwight D. Eisenhower pour le département de la Mayenne (Gouvernement militaire de l'armée des États-Unis en France..?). Il entre aussi en contact avec plusieurs résistants : Mautain, Paul Janvier, Jean Séailles. Paul Mer indiquera à Paul Janvier de se méfier de Raulin. Ce dernier tentera après la Libération, avec un groupe armé de destituer le préfet, qui ne se laissera pas impressionner. Ce conflit, provoqué plus par des ambitions personnelles que pour des raisons politiques, est vite aplani par l’État-major FFI et le colonel Claude Jaeger[11] (Michelin) de la Région M (Rennes) qui font nommer de Raulin à l'Assemblée consultative provisoire.
La Libération
Le , anticipant l'arrivée de la Libération dans la région, Dupérier quitte Loigné-sur-Mayenne pour se rendre, à bicyclette, à Laval pour prendre des nouvelles, et prêt à prendre son poste à l'heure nécessaire. Il est reçu par le docteur Paul Mer qui d'autorité l'hospitalise à la clinique Saint-François[12].
Le , lors de la Libération de Laval, le second CDL sort de la clandestinité[10]. Les trois membres dirigeants résidant à Laval[1], MM. Ameline, Duhot et Gougeon rejoignent à la clinique Saint-François le docteur Mer qui les présente à Dupérier. Ensemble, ils se rendent à l'hospice Saint-Louis, puis à l'hôtel de ville de Laval où ils prennent contact avec Adolphe Beck, maire de Laval, et Paul Richaud[13], évêque du Diocèse de Laval. Quelques instants plus tard, ils sont rejoints par le capitaine Henri de Mollans. Dans la journée, une voiture amena depuis Craon le docteur Simon Faligant, Élisée Mautaint et Jean Niobé[14] jusqu’à l’hôtel de ville de Laval où ils retrouvèrent le préfet Duperier et le docteur Paul Mer[15]. C'est le point de rendez-vous du futur CDL officiel.
À 19h, Dupérier prend en compagnie du docteur Mer et M. Duhot place à la Préfecture à 19h où il n'y a aucune opposition de l’ancien préfet, M. Vabre, nommé par le gouvernement de Vichy. Le CDL et le nouveau préfet reçoivent aussi l'agrément du Counter Intelligence Corps américain, chargé de prendre possession des prises de guerre et de régler les dossiers des Vichystes notoires.
Le lendemain, Dupérier et le nouveau CDL tiennent leur première réunion officielle. Yves Jullien reprend ses fonctions comme secrétaire général de la préfecture. Louis Verger, membre du 1er CDL clandestin est tout d'abord chef de cabinet du nouveau préfet, avant d'être nommé le 20 septembre sous-préfet de Château-Gontier à l'âge de 23 ans. En octobre, le directeur de l'école des garçons d'Entrammes Yves Le Carbont devient sous-préfet de Dinan[16].
Composition du CDL
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Le CDL qui se réunit le est d'abord restreint : 18 membres tous choisis par le président Paul Mer, et exclusivement du Centre et du Sud du département, sans représenter le Nord alors que des maquis y sont solidement implémentés[17] en dehors de Paul Janvier et Louis Barazer.
Membres
Pour des raisons politiques, afin de se mettre en harmonie avec le Conseil National de la Résistance, le CDL de la Mayenne s'étoffe très vite et compte 23 membres le 10 novembre 1944.
membre du 1er CDL clandestin, retour de déportation
Après mai 1945
Membre
Jean-Marie Taslé
membre du 1er CDL clandestin, retour de déportation
Après mai 1945
Membre
René Hardy
membre du 1er CDL clandestin, retour de déportation
Après mai 1945
Membre
Jean Hunault
membre du 1er CDL clandestin, retour de déportation
Après mai 1945
Membre
Ludovic Hay
membre du 1er CDL clandestin, retour de déportation
Après mai 1945
Membre
Albert Ravé
instituteur
FTPF, démissionne le 06/04/1945 jugeant que le général de Gaulle s'écarterait trop du Conseil National de la Résistance et se compromettrait avec des éléments vichyssois, rendant les CDL impuissants vis-à-vis d'une justice indulgente, sous la pression du gouvernement.
Composition
La composition socio-professionnelle le rend fort peu représentatif de la population du département avec une forte proportion de médecins, et d'instituteurs. La composition par sexe et par âge révèle un CDL initialement exclusivement masculin, et assez âgé. La composition politique témoigne d'un savant dosage entre les exigences liées au Conseil National de la Résistance et les réalités locales. Le président du CDL désigné par le préfet est de droite : le docteur Paul Mer, personnalité non contestée, de sensibilité gaulliste, et possédant un réel talent de médiateur.
Le CDL est composé des principaux mouvements de la Résistance française ayant agi en Mayenne. Il refuse toutefois ceux des mouvements qui n'ont pas agi localement comme Vengeance[22] ou encore Forces unies de la jeunesse patriotique. L'évêque de Laval, Paul Richaud ne souhaite pas voir de prêtres, qui furent sollicités, membres du CDL. L'abbé Seigneur sera donc une exception.
À la libération, Paul Richaud figurait sur la liste des prélats à épurer, et avait été sauvé par le R.P. Michel Riquet. Le CDL montrera le souci constant d'entretenir des bonnes relations avec l'évêque et demandera plusieurs fois l'avis de celui-ci, en particulier lors de la rédaction des cahiers de doléances des Etats Généraux de la Renaissance Française.
Henri Ledru, président du Comité départemental de libération de la Sarthe est critique dans une lettre du , concernant la composition du CDL : Peu de groupements effectifs étaient représentés au sein de votre CDL, ce qui est un fait qui ne peut être contesté. Il appelle à modifier le CDL pour satisfaire l'opinion publique et ne pas blesser dans leurs sentiments patriotiques les quelques hommes de bonne volonté qui furent de véritables résistants d'avant la Libération[23].
Commissions
Le , le Comité départemental de libération de la Mayenne compose ses commissions[24].
1. Pour le commerce et l'industrie : MM. Behier et Duhot.
2. Pour l'agriculture : MM. Mille et Couillard.
3. Pour la presse et l'information, ce sont le notaire de Saint-Ouen-des-Toits Me Ameline et la capitaine Henri de Mollans. Le technicien choisi pour les accompagner est Roger Bignon, le rédacteur en chef du journal Le Courrier du Maine pendant l'Occupation.
4. Pour les finances : MM. Janvier et Barazer.
5. Pour l'épuration et la sécurité publique : MM. Mer, Gougeon et Primet.
6. Pour les transports et la communication : MM. de Seze, et de Caumont.
7. Pour le ravitaillement général et le rationnement : MM. Mautaint et Faligant.
8. Pour le travail et les questions sociales : MM. Lhuissier et Beuneux.
9. Pour l'hygiène et la santé publique : MM. Buisson et Château.
Fonctionnement du CDL
Une fois l’insurrection contre l’occupant allemand terminée, le GPRF voulait cantonner les CDL à un rôle consultatif. L’ordonnance du 21 avril précise que les CDL devaient disparaître après les élections cantonales et donc la désignation des Conseils généraux.
Le CDL de la Mayenne n'a pas été à ce titre un contre-pouvoir local mais un auxiliaire du nouveau pouvoir républicain. Il est classifié comme obéissant par Charles-Louis Foulon, et son activité se place sous le signe de l'entente, voire la soumissions aux autorités supérieures : préfet du département, commissaires de la République à Angers : Michel Debré, puis Alain Savary.
Le CDL fera par exemple son mea culpa en rétropédalant sur la création d'une commission pour créer des Milices patriotiques qui n'existaient pas dans le département, ou encore sur la création d'une commission militaire, peu appréciée de la part des autorités militaires. C'est le préfet, qui malgré l'esprit conciliant du CDL, qui fait preuve d'autorité supérieure et revendique toujours la responsabilité.
Parallèlement au CDL ont été créés des comités locaux de libération (CLL), des comité cantonaux de libération. La plupart des CLL ne voient le jour qu'après la Libération. On va y retrouver de façon officielle le même aspect consultatif que le CLD. Par exemple, le CLL d'Ernée est annoncé dans Le Courrier du Maine le 24 septembre 1944. On y trouve par exemple René Ballayer, futur président du Conseil général de la Mayenne, ou encore René Justin, ou Joseph Hatte, ou quelques membres du Groupe de Résistance d'Ernée. Camille Hermange sera membre du CLL de Sainte-Suzanne, René Bussinger, membre du Groupe des résistants d'Evron, membre du CLL d'Evron.
CLL Ernée - septembre 1944
24/09/1944.
24/09/1944.
En Mayenne, au 17 novembre 1944, il n'existe que 22 CLL représentant 24 cantons sur 27. Ces derniers dépendent du CDL de leur département. Les localités où existent des CLL sont : Laval, Mayenne, Evron, Villaines, Ernée, Fougerolles, Ambrières, Renazé, Château-Gontier, Port-Bsrillet, Saint-Denis-d'Anjou, Congrier, Bouère, Grez-en-Bouère, Sainte-Suzanne, et Bierné. Le CDL entretient avec les CLL des relations régulières, étroites et courtoises, en particulier au cours des deux congrès des CLL organisés en janvier et mars 1945. Néanmoins, les CLL sont composés de résistants de terrain, plus politisés dès l'origine que le CDL, sous l'effet d'un certain noyautage effectué par le PCF. La plupart des CLL n'ont vu le jour que plus tard que la Libération. Un décalage certain existe entre les préoccupations des responsables du CDL et des CLL et celle de la masse des Mayennais, comme l'attestera la phase de préparations des Etats Généraux de la Renaissance Nationale. Certains CLL déploreront parfois même l'hostilité de la population. La question de la place des Résistants dans les conseils, ainsi que les problèmes de stratégie des hommes et des partis seront soulevés à l'occasion des élections de 1945.
Epuration
Le CDL possède une commission d'épuration, et prépare les dossiers en vue du passage ou pas des collaborateurs présumés devant les cours de justice. Il y a plusieurs types d'épurations : épuration financière, épuration économique, épuration politique, épuration dans les administrations, épuration de la presse.
Paul Janvier indique dans son ouvrage la prudence que le CDL de la Mayenne ne manqua jamais d'appliquer. Il cite son expérience personnelle où membre du CDL, une demande provenant du CDL du Nord (Lille), signée d'un collaborateur, demandait son arrestation comme pillard de la région de Bais. Elle montrait pour lui le danger des injustices qui pouvaient être commises et combien il fallait être prudent dans les jugements portés. Henri Ledru, président du Comité départemental de libération de la Sarthe est plus critique dans une lettre du , Je m'étonne du peu de dynamisme déployé dans votre département (et je crois que la Mayenne fait partie intégrante de la France) eu égard à l'épuration[23].
Les administrations
Dans les régions récemment libérées, comme la Mayenne, le CDL assume uniquement une représentation de la Résistance, et émet par exemple des aspects consultatifs pour la préfecture concernant les conseils municipaux. L'épuration des conseils municipaux est la tâche majeure du CDL depuis la Libération.
Le 4 septembre, par arrêté et par avis consultatif du CDL, le préfet fixe la composition du conseil municipal de Laval[25]. Il en est de même ensuite pour la ville de Mayenne qui génère une opposition, et où le préfet réaffirme son autorité[26] de décision.
Les compositions des conseils municipaux
10/09/1944
17/09/1944
24/09/1944
24/09/1944
Le bilan du CDL de la Mayenne est plutôt modéré. A la date du , 135 conseils municipaux sur 260 (pour un total de 276 communes dans le département) ont été maintenus intégralement. 65 maires sont relevés de leurs fonctions, mais 30 à 32 seulement sont éliminés, les autres étant maintenus conseillers municipaux. Dans les 3 villes importantes du département, seul le maire de Laval reste à son poste. Quatre conseillers généraux sont déchus à la suite de l'article 18 de l'Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération, et trois dont la révocation a été proposée en février 1945 au ministère de l'Intérieur. Sur les parlementaires, 2 sénateurs[27] et 3 députés sont déclarés inéligibles (article 18 de l'Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération).
La presse
Concernant la presse, contrairement aux autres trois journaux[28] qui avaient continués à paraître en Mayenne, Le Courrier du Maine n'est pas interdit pour collaboration, ce qui reste un cas à peu près unique[29] en France. Ce journal, dont le titre se transforme en Courrier de la Mayenne deviendra l'organe quasi officiel du CDL.
L'agriculture
Une ordonnance du 26 juillet 1944 déclare rétablis dans leur fonctionnement les organismes transformés fusionnés ou disparus en vertu de la loi du 2 décembre 1940, relative à la Corporation paysanne, mise en place par le Régime de Vichy, dans le cadre de la politique du Retour à la terre. Les syndicats agricoles et les coopératives retrouvent donc leur liberté d'action, après avoir adhéré en Mayenne à une Fédération départementale[19], ils doivent pouvoir être reconstitué, ou pouvoir continuer leur activité. Le Comité départemental de la Production Agricole, prévu par la même ordonnance est alors proposé par le CDL sur la base de trois listes : la première, présentée par le Directeur des Services agricoles qui n'est pas retenue ; l'autre par M. Mille, représentant agricole au CDL ; et la dernière par M. Drou, lui aussi représentant agricole au CDL[19]. Le Syndicat des Agriculteurs de la Mayenne reproche à l'option Drou une défense de l'esprit de la Corporation dissoute et appelle le CDL et le préfet à autoriser la parution de l' Agriculteur de la Mayenne. Le CDL et le préfet indiquent que le journal agricole autorisé dans le département soit celui du Comité de la Production Agricole.
Le 19 novembre 1944, la liquidation de la Corporation paysanne est actée. Le Comité départemental provisioire d'action agricole (CDAA) (ordonnance du 12 octobre 1944) doit proposer aux préfets et au ministre de l'agriculture de jeter les bases d'une nouvelle organisation agricole. Elle est constituée en Mayenne de 3 fermiers, 2 métayers, 2 propriétaires exploitants, et de 3 techniciens. On retrouve au CDAA, Joseph Hatte[30], qui sera premier président de la FDSEA en 1946, et Isidore Pasquier fils. Les membres du CDAA ont été désignés par le préfet, après avis consultatif du CDL[31]. Le 8 décembre 1944, le journal L'Avenir agricole de la Mayenne. Il est publié en continuation de L'Agriculteur de la Mayenne, l'organe du Syndicat départemental des agriculteurs de la Mayenne, qui avait cessé de paraître en 1941 pour laisser place au journal corporatiste Le Paysan de la Mayenne[32].
Les syndicats
La Charte du Travail institué par le régime de Vichy est abolie par une ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française datée du 27 juillet 1944. La Commission tripartite interprofessionnelle de la Mayenne qui avait été mise en place dans le but de créer des Comités Sociaux d'Entreprise et de veiller à l'application méthodique de la Charte du Travail[33] n'a plus de validité légale. Le délégué local[34] était Louis Coulange[35], secrétaire départemental de l'UD-CGT depuis 1926. En raison de son activité, il est mis à la retraite de la SNCF et exclus de la Confédération générale du travail, où il est remplacé par Auguste Beuneux, membre du CDL pour la CGT-Clandestine[36]malgré les témoignages de plusieurs personnes qu’il avait aidé à échapper au STO[37].
Les entreprises
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Le , à l’Assemblée consultative provisoire, Adrien Tixier, ministre de l’intérieur du GPRF demande le maintien des CDL après les élections cantonales, ce qui fut fait. Même si le même Adrien Tixier ne donne aucune suite à l’ordonnance du sur le statut des CDL[40].
Le CDL va subsister globalement pendant les 3 élections de 1945 :
Le programme du Conseil National de la Résistance prévoyait des réformes de caractère démocratique dans les domaines politique, économique, social, et culturel. Les CDL étaient appelés à organiser dans le pays une consultation populaire afin d'organiser ces réformes. On a donné à ces consultations le nom d' États Généraux de la Renaissance Nationale, en s'inspirant des États généraux de 1789. Des assemblées se réunirent dans les communes pour mettre au points des cahiers de doléances. Les partis politiques et organisations de la Résistance envoyèrent des délégués qui se retrouvèrent à Paris du 10 au 14 juillet 1945. Le PCF avait fait un gros effort de mobilisation dans tous les départements, y compris celui de la Mayenne, et vit adopter l'essentiel de ses propositions. En Mayenne, la réalisation du cahier départemental de doléances et revendications a été confiée aux 12 membres de la délégation, assistés d'une commission de 10 membres du CDL, sous la présidence de Paul Mer. Une notable partie de la population s'est abstenue de prendre part aux débats auxquels elle était invitée à participer, et d'autre part la composition de la délégation n'est pas le reflet exact de l'opinion prédominante du département - qui est conservatrice. Néanmoins, les suggestions et revendications contenues donnent des indications sur l'état d'esprit des habitants : unanimité sur l'amélioration de la condition sociale, discussions passionnées sur l'école et le problème de l'enseignement sans prise de position nette, en en grande majorité dans le domaine agricole pour la suppression du métayage.
Le CDL en Mayenne va fonctionner jusqu'à la fin de l'année 1945. Officiellement, la dernière séance a lieu le . Un incident éclate néanmoins le , où Francis Le Basser, président du Conseil Général de la Mayenne propose de faire voter le vœu que les CDL de France disparaissent. Le préfet en réponse indique que quel que soit le vœu émis, le CDL a le droit de se réunir. Il est possible que ce vœu soit associé à une certaine hostilité larvée entre les deux chirurgiens Paul Mer et Francis Le Basser.
Notes et références
↑ abcdefg et hMarc Valée, Cinq années de vie et de guerre en pays mayennais, Groupe Iéna, 1963, p. 254.
↑Cette clinique était en réalité celle de Francis Le Basser alors déporté en Allemagne. Mer s'y était repli à la suite du bombardement de sa propre clinique. in Marc Valée, Cinq années de vie et de guerre en pays mayennais, Groupe Iéna, 1963, p. 254.
↑Ce contact est significatif, le CDL montrera le souci constant d'entretenir de bonnes relations avec l'évêque, et demandera plusieurs fois l'avis de celui-ci, en particulier lors de la rédaction des cahiers de doléances des États généraux de la renaissance française.
↑Pour se justifier, Paul Mer indiquera au Congrès des CLL, le 19 janvier 1945 qu'il ne connaissait personne appartenant à la Résistance dans le Nord de la Mayenne parce que j'étais trop loin.
↑Joseph Hatte, Mémoires d'un authentique paysan, extraits parus dans L'Oribus, N°3.
↑Pour Georges Macé, Isidore Pasquier et Joseph Hatte seraient, après diverses entrevues avec le ministre de l'agriculture François Tanguy-Prigent, parmi les inspirateurs du statut du fermage et du métayage (loi du ). Ce statut, très protecteur des droits des paysans vis-à-vis de leurs propriétaires, est encore en vigueur aujourd'hui.
Charles-Louis Foulon (dir.) et Collectif, « La Résistance et le pouvoir de l’État dans la France libérée », dans Le Rétablissement de la légalité républicaine, 1944, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Bibliothèque complexe », , 904 p. (ISBN978-2870276105 et 2870276109) — Actes du colloque des 6, 7 et , (fondation Charles-de-Gaulle)
Grégoire Madjarian, Conflits, pouvoirs et société à la Libération, Union générale d’édition (10/18), .
Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », no 15 (1944-1952). 1980
Études locales
René Hardy, Souvenirs de déportation, 1944-1946, Laval, Imprimerie Madiot, 1959.
Marc Valée, Cinq années de vie et de guerre en pays mayennais. Groupe Iéna, Château-Gontier, 1962, 414 p.
Francis Robin, La Mayenne de 1940 à 1944, Occupation, Résistance, Libération, Laval, 1973.
Robert Buron, La Mayenne et moi, Paris, Ed. Cana, 1978, 150 p.
Georges Macé, Un département rural de l'Ouest : la Mayenne, Mayenne, J. Floch, 1982, 2 vol., 1011 p.
Laurent Robène, La naissance du Courrier de la Mayenne, L'Oribus no 19, pp. 56-71, décembre 1985.
Georges Audebert, Le fils du maître d'ecole ou l'histoire d'un Tourangeau d'une guerre à l'autre, Paris, Hérault, 1988, 317 p.