1819 la Reconnaissance 1821 le Sylphe 1822 la Vénitienne 1824 le Colibri 1827 l'Amazone 1833 le Chamois 1834 la Béarnaise 1839 la Triomphante 1843 la Charte 1843 la Didon 1845 le Neptune 1847 l'Iéna 1850 division navale de l'Ouest des côtes de l'Afrique 1855 division navale de la Baltique 1863 1re escadre de cuirassée 1864 escadre d'évolutions de la Méditerranée
Charles-Eugène Pénaud, né le à Brest, et mort le à Toulon, est un officier de marine français du XIXe siècle, promu au grade de vice-amiral.
Il effectue des missions dans les différentes mers du globe, de l'Amérique centrale et du Sud, d'Afrique, dans la Baltique, océan Indien, Océanie, pendant lesquelles il est nommé seize fois au commandement de bâtiments.
Famille
Issu d'une famille de marins, Charles Pénaud est le fils de Pierre Pénaud, lieutenant de vaisseau de la marine impériale, et d'Élisabeth de Kerdisien Trémais[1]. Il a deux frères, Édouard Pénaud, vice-amiral, et Pierre Pénaud, inspecteur en chef.
Biographie
Antilles
Afin de tester son goût pour la navigation, son père le fait embarquer sur le vaisseau le Lys comme mousse, sous le commandement de son ami le capitaine de vaisseauMilius, chef de la 1re division navale, qui fait route vers les Antilles françaises, après la signature de la paix (traité de Paris, 30 mai 1814). De retour début 1815, il poursuit ses études et passe l'examen d'entrée dans la marine en .
Le 1er juillet, il est reçu élève de la marine de 2e classe. Vers la fin de l'année 1817, il quitte la France sur la frégate-flûte la Revanche, sous le commandement du capitaine de frégate Jacques Pelleport (1775-1827), frère de Pierre de Pelleport, qui a pour mission de transporter des colons déportés, des vivres, et du matériel à Fort-Royal en Martinique[2].
Arrivé à la station locale de l'île Bourbon (La Réunion), il a successivement le commandement de quatre petits bâtiments, en mer des Indes, chargé d'effectuer des relevés topographiques des côtes de Madagascar[5].
Le , c'est celui de la goélette la Reconnaissance. Il est de retour le [3].
Du au , il commande la Vénitienne, sur laquelle il est nommé enseigne de vaisseau le . Il est de nouveau sur le Sylphe, du au . Et enfin, le Colibri, du 1er avril au [3].
Voyage d'exploration scientifique
Il quitte définitivement l'océan Indien, en embarquant sur la corvette l'Espérance, commandée par Paul de Nourquer du Camper, qui a été rejointe le par la frégate la Thétis pour un tour du monde (voyage d'exploration scientifique 1824-1826) sous les ordres de Hyacinthe de Bougainville, chef d'expédition[9], où il effectue des observations astronomiques et météorologiques. Le récit de l'expédition est publié par Edmond Bigot de La Touanne (1796-1863), lieutenant de vaisseau sur la Thétis, dans l'Album pittoresque de la frégate la Thétis et de la corvette l'Espérance. En , les bateaux quittent Rio de Janeiro et arrivent à Brest le , après huit années passées loin de la France.
Guerre d'Alger
En , il est sur la frégate la Vestale en Méditerranée, sur les côtes de la régence d'Alger[6], dans la division navale du capitaine de vaisseau Joseph Collet (1768-1828), composée de treize bâtiments partis de Toulon pour venger l'insulte faite au représentant de la France, le consul Deval[10].
En septembre, il prend le commandement de l'Amazone, avec laquelle il se dirige vers la station des Antilles. Il est promu lieutenant de vaisseau[9] le .
Il est second sur la frégate l'Armide[9], puis en 1831 et 1832, sur la Ville de Marseille, l'un des vaisseaux de la flotte de l'amiral Roussin, où il se distingue dans le combat du Tage. Il est décoré de la croix de chevalier de la Légion d'honneur[11].
Guyane et Martinique
En 1833, il commande à Toulon le chébec le Chamois, et se rend en Corse, à l'île d'Elbe, puis à Alexandrie[6].
De 1834 à 1837, son pavillon sur la corvette la Béarnaise, il navigue vers la Guyane[5], où il fait des relevés hydrographiques. Il quitte Cayenne, en , pour rejoindre le contre-amiral de Mackau et prendre le commandement de la station en Martinique[6].
Le , il prend le commandement de la corvette la Triomphante et fait route vers la division du Brésil, et vers La Plata, pour rejoindre son supérieur le contre-amiral Dupotet[6]. Celui-ci lui confie une division composée de six bâtiments, pour protéger le général Lavalle contre les troupes de Rosas, qu'il mène pendant huit mois dans le Rio Paraná[9]. Il est de retour à Brest le . Chargé de mission, il repart le pour le Sénégal, Cayenne, et la Guadeloupe, et rentre le .
Le , il est nommé commandant de la frégate la Didon[13].
Campagne de l'Océanie
Le , c'est comme commandant de la frégate la Charte qu'il quitte Brest pour rejoindre le contre-amiral du Petit-Thouars, avec à son bord quatre sœurs de Saint-Joseph de Cluny (elles s'installeront à Papeete à l'endroit qui deviendra l'hôpital Vaiami)[14], passe le Cap Horn, et direction la Polynésie française, où il fait un rapport descriptif de la rade de Talou (Opounohou) à Émeo (Moorea).
Le à Mangareva, il signe avec le Révérend Père Liausu, en présence du roi et des grands chefs des îles Mangareva (îles Gambier), l'acte d'Acceptation du protectorat par la France. Le , il arrive à Tahiti, alors en état de siège, avec la 26e compagnie d'infanterie embarquée aux îles Marquises pour assurer la défense du fort, sur l'isthme de Taravao[15]. Il prend part à des opérations menées par le capitaine de vaisseau Bruat, et opère dans le combat de Mahahena (Mahaena) du , dans la discipline et l'organisation[6].
La Charte retourne à Toulon, le capitaine de frégate Pénaud fait son rapport le [16].
Escadres
Le , il est nommé officier de la Légion d'honneur, le capitaine de vaisseau[17] Pénaud part avec le commandement du vaisseau le Neptune(en), chargé de rejoindre une division contre Madagascar sous les ordres de Duvivier, mais à la suite de l'annulation de la mission, il rallie l'escadre d'évolutions du prince de Joinville[9], partie de Toulon en .
En , commandant du vaisseau l'Iéna[5], il quitte Brest pour Toulon, où il dirige l'escadre d'évolutions, composée de deux vaisseaux et deux frégates à vapeur, en route pour une mission de surveillance des côtes de Tunisie[9], avec escales à Naples, les îles d'Hyères, Gênes, La Spezia. Il est de retour à Toulon le .
Pendant deux ans, il fait partie du conseil des travaux de la Marine[9].
La même année, il crée le jardin de la station de Libreville, au Gabon, qui sera continué par Eugène-Auguste Bouët[20] (1806-1858), frère cadet d'Édouard Bouët-Willaumez, et lieutenant de vaisseau sur l'aviso à vapeur de l'État du Sénégal le Serpent, avec lequel il avait effectué un voyage d'exploration des cours d'eau du Grand-Bassam, en 1849.
Le à Elinkine, au nom du gouverneur Auguste-Léopold Protet, Pénaud signe avec Marques de Diaté, chef de Samatite et de Sicobito, un traité d'amitié et de reconnaissance de la suzeraineté française du territoire. Ce jour, il signe également avec Marques de Badiocoline, roi de Cagnut, un traité de cession du territoire de l'île de carabane à la France[21].
Arrivé à Lorient en , il rapporte un jeune gorille des bords de la rivière du Gabon, espèce découverte en 1847 par Thomas Staughton Savage, missionnaire protestant de New York, et un jeune chimpanzé. Tous deux sont destinés à la Ménagerie, mais morts pendant la traversée, ils sont conservés entiers dans de l'alcool, et seront donnés au Muséum national d'histoire naturelle.
Il est promu contre-amiral le [1], et le 29, directeur de cabinet et chef d'État-major de Théodore Ducos, ministre de la Marine et des Colonies[6].
Guerre de Crimée
Escadre française de la Baltique
La guerre est déclarée à la Russie, et une expédition dans la Baltique est constituée, commandée par le vice-amiral Alexandre Ferdinand Parseval-Deschênes sur l'Austerlitz. Le , au départ de Brest, Pénaud prend le commandement en sous-ordre de l'escadre de la Baltique, son pavillon sur le Duguesclin, et par la suite, le Trident[6]. Il prend part au siège de Bomarsund[22].
Chef de la division navale de la Baltique
Le , il quitte Brest, en tant que chef d'escadre de la division navale de la Baltique, composée des vaisseaux mixtes, Tourville, sur lequel il hisse le pavillon, Duquesne, Austerlitz, et des vapeurs D'Assas et Aigle. Il fait une escale à Cherbourg, où le contre-amiral Odet-Pellion, préfet maritime de Cherbourg, lui remet les documents de la dernière campagne laissés par Parseval, et lui confie son fils, Fortuné (1837-1863), sorti au début de l'année de l'École navale, pour parfaire sa formation au combat.
En mai, après quelques escales pour des ravitaillements en vivres et charbon, ainsi que l'embarquement de pilotes connaissant la région, la division navale arrive à Fårösund, point de rendez-vous avec la flotte britannique de Richard Saunders Dundas. Les deux bateaux Tourville et Duquesne arrivent en remorquant les deux autres, Austerlitz et D'Assas, en avarie matériel. La baie déserte, ils louvoient vers Kronstadt, et le lendemain, les chaudières rallumées, rejoignent la flotte de Dundas. Le , Pénaud embarque avec Fortuné sur la corvette à vapeur britannique Merlin pour une mission de reconnaissance, évitant tir de canon et mines sous-marines « Jacobi ». En juillet, le Merlin embarque les deux amiraux, Pénaud et Dundas, pour une nouvelle reconnaissance[23].
Pendant deux nuits, Pénaud fait installer six mortiers, protégés par des sacs de terre, de sable et gabions, sur l'îlot Abraham, lieu situé à un peu plus de deux kilomètres où aucun navire ne peut approcher. Durant les deux jours de bombardement, les russes n'y firent ni blessé ni dégât matériel, cet îlot fut une position stratégique d'attaque dans la bataille sur Sveaborg[24].
Cette action lui vaut la décoration de grand-officier de la Légion d'honneur, ainsi qu'une lettre de satisfaction de l'empereur Napoléon III, par l'intermédiaire de l'amiral Hamelin.
Il repart en mer, avec un commandement en sous-ordre, aider au rapatriement de l'armée d'Orient.
Le , il devient membre titulaire du Conseil d'Amirauté, à Paris, jusqu'en 1860. Entre-temps, le , il est promu vice-amiral.
Escadre de cuirassée
En , il commande la 1re escadre de cuirassée, dont les vaisseaux cuirassés Solferino et Magenta, les frégates cuirassées Normandie, Couronne et Invincible, les vaisseaux à vapeur Napoléon et Tourville, et l'aviso à vapeur Talisman. Il part de Cherbourg le , reste une dizaine de jours dans la rade de Brest, puis direction Madère et les îles Canaries. Il est de retour après six semaines avec son mémoire pour le ministre de la marine, les résultats des tests de navigation effectués sous voile et vapeur.
Escadre d'évolutions de la Méditerranée
Il accepte le commandement en chef de l'escadre d'évolutions de la Méditerranée le , il quitte Paris et hisse son pavillon, en , sur la Ville de Paris à Toulon.
Décès
Atteint d'une hépatite aiguë, il décède à bord de la Ville de Paris dans le port de Toulon, le .
Ses obsèques ont lieu à l'église de la Madeleine le , sans les honneurs militaires dus au grade de vice-amiral commandant en chef, selon ses souhaits, pour ne pas priver financièrement sa femme Marie-Antoinette-Charlotte Huard de La Mare (-1893)[25] et ses enfants, Alphonse et Eugène, de son modeste revenu.
Journal d'un voyage sur la côte méridionale de la Guyane française, février, mars et , no 51 dans les Annales maritimes et coloniales, 2e série, vol. 2, 1836, p. 421-467