Un carré musulman est la partie d'un cimetière destinée à accueillir des défunts musulmans.
Ils existent uniquement dans les pays non musulmans car dans l'islam les âmes des croyants doivent reposer ensemble dans un même cimetière. Les tombes suivent la qibla, c'est-à-dire qu'elles sont orientées vers la ville de La Mecque en Arabie saoudite, lieu saint des musulmans.
Depuis 1925, les maires ont la possibilité de rassembler au sein du cimetière interconfessionnel les morts de même confession, d'où l'existence des « carrés »[2].
Par exception, il existe plusieurs cimetières exclusivement musulmans en France métropolitaine :
le cimetière musulman de Largentière en Ardèche, créé en 1964, en lien avec la cité Neuilly-Nemours du quartier Volpillaire, qui accueille des harkis réfugiés en métropole à la fin de la guerre d'Algérie[4].
Après la saturation du cimetière musulman de Bobigny, il est décidé sous l'impulsion du préfet de la Seine Paul Haag d'ouvrir un carré musulman au cimetière parisien de Thiais[1]. Dès 1957, sans que cela ne donne lieu à un acte administratif de l'Etat, des divisions dédiées à des sépultures musulmanes sont créées à la demande de la Grande Mosquée de Paris, répondant à une demande annuelle d'environ 250 inhumations à la fin des années 1990[1]. D'abord onze, le nombre de divisions confessionnelles musulmanes passé à quinze, faisant de Thiais le principal regroupement de sépultures musulmanes de France[1].
Les carrés musulmans sont décrits par les circulaires du ministère de l’Intérieur des et , relatives à l’inhumation des défunts de confession islamique, puis par la circulaire du sur la police des lieux de sépulture[1]. Elles consacrent l’option des regroupements, retenue dans les cimetières extra muros de la Ville de Paris en faveur des israélites à Bagneux et Pantin dès 1887 et des Musulmans à Thiais à partir de 1957[1].
En 2010, environ 70 carrés musulmans sont inclus dans les cimetières communaux dont 23 en Île-de-France[5].
Lors la pandémie de Covid-19 qui a provoqué une hausse des décès ainsi que la fermeture des frontières à compter de , les Musulmans qui avaient l'habitude pour une grande majorité de rapatrier la majorité des défunts dans leur pays d'origine, se sont heurtés au manque de carrés musulmans en France. Ainsi, sur 35 000 cimetières, Mohammed Moussaoui du CFCM a évalué à environ 600 le nombre de cimetières proposant un carré confessionnel respectant le rite religieux musulman[6]. En , la plateforme L.E.S. Musulmans en a recensé 205[7].
Les instances militaires exigent des espaces dans les cimetières parisiens durant la Première Guerre mondiale. Sur les 7 909 soldats inhumés dans les cimetières parisiens, 307 sont musulmans[1] :
Outre la partie militaire du cimetière musulman de Bobigny, ouverte en 1944, quelques nécropoles possédant des carrés musulmans regroupant les soldats tués au cours des deux guerres mondiales[8] :
Depuis 2003, plusieurs carrés musulmans ont fait l'objet de profanations, donnant lieu à des poursuites et des condamnations. Celles commises en 2004 sont attribuées à un groupe néonazi s'en étant également pris à ces sépultures juives[12].
: Environ soixante tombes sont profanées à coups de batte de baseball par un déséquilibré dans le carré musulman du cimetière de Thiais (Val-de-Marne)[13] ;
: sept stèles de soldats de confession musulmane, morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale, ont été profanées dans le carré militaire du cimetière de Tarascon (Bouches-du-Rhône)[17].
↑ abcdefgh et iJuliette Nunez, « La gestion publique des espaces confessionnels des cimetières de la Ville de Paris : L'exemple du culte musulman (1857-1957) », Le Mouvement social, no 237, , p. 13–32 (DOI10.3917/lms.237.0013, lire en ligne, consulté le ).