Fils d'un instituteur républicain, proscrit après le coup d'État du , il est élevé en Angleterre, devient parfaitement anglophone et y rencontre Martin Nadaud, ancien et futur député républicain d'extrême gauche. Rentré en France en 1870, il doit à nouveau s'exiler à Londres, l'année suivante, car considéré comme ancien communard. Il écrivit en effet de nombreux articles favorables à la révolution de 1871 dans La Sociale.
Il devient un temps secrétaire de Martin Nadaud à la préfecture de Guéret, puis journaliste. Enfin, il rejoint la diplomatie par volonté des différents gouvernements de la Troisième République d'élargir un peu la base sociale de ce corps jusque-là réservée à l'aristocratie (la dynastie des Margerie ou des Saint-Aulaire) ou la haute bourgeoisie (les frères Jules et Paul Cambon). Il est successivement consul général au Caire (1883/1885), puis ministre plénipotentiaire à Stockholm (1885/1888), avant d'être nommé à Munich. Sa parfaite connaissance de l'anglais et de la mentalité britannique le fait apprécier au Quai d'Orsay en ce temps d'Entente cordiale.
Rome (1897-1924)
Il est ambassadeur de France à Rome de 1897 à 1924. Il favorise la signature d'un traité de commerce entre la France et l'Italie, élabore un règlement amiable pour le contentieux colonial en Libye (Accord franco-italien de 1900), puis agit pour maintenir l'Italie dans la neutralité en , avant de lui faire renverser ses alliances au profit de l'Entente franco-britannique en 1915. C'est à cause de lui que Guillaume II écrit dans son journal, en : « Nos alliés se détachent de nous comme des poires pourries… »[2].
Au cours de sa présence en Italie, Barrère exprima des sympathies pour le mouvement fasciste italien : Barrère « considéraient le mouvement fasciste naissant avec une faveur et un enthousiasme presque sans réserve »[4], allant jusqu'à apporter personnellement un soutien financier à Benito Mussolini[5].
Dans sa correspondance en anglais avec Lady Violet Milner, la belle-fille de Lord Salisbury, pour la période 1931-1935, il exprime sa colère devant le manque de vision d'homme d'État de la part du personnel politique, notamment devant les menaces de l'Allemagne contre l'Autriche ; d'autre part, il y proteste vigoureusement contre l'accord naval germano-britannique de 1935, négocié sans concertation préalable avec la France, entre John Allsebrook Simon Secrétaire au Foreign Office et RibbentropReichminister sans-portefeuille. Il y écrit : « L'absence d'amis est préférable aux faux-amis ».
Il était aussi un violoniste accompli et le propriétaire de plusieurs violons historiques ; en particulier un Guarneri del Gesù, le violon "Rovelli" de 1742, et un Stradivarius de 1727, le violon « Barrère » joué par Janine Jansen, la célèbre musicienne néerlandaise.
Barrère, qui a « participé à toutes les conférences sanitaires internationales depuis celle de 1892 »[6], lui valant le titre de « Mathusalem de l'action sanitaire internationale »[7] est aussi l'un des initiateurs et fervent défenseurs de l'Office international d'hygiène publique (OIHP, fondé en 1906) et de son indépendance par rapport à la Société des Nations[8] (une bataille qu'il perdra après son décès, l'OIHP fusionnant avec l'OMS après la Seconde Guerre mondiale). Malgré « le rôle qu'il joua en santé publique internationale pendant un demi-siècle, Barrère n'était pas un "professionnel" de la santé mais un diplomate »[6]. Il continuera à assister aux réunions de l'Office international d'hygiène publique jusqu'à sa mort[6].
↑Pierre Renouvin, La crise européenne et la Première Guerre mondiale, PUF, 1969, p. 209
↑Albert Besnard, Sous le ciel de Rome, Editions de France, Paris 1925
↑Shorrock, W. I. (1975). "France and the Rise of Fascism in Italy, 1919-23" Journal of Contemporary History, 10 (4), p. 591-610
↑Renzi, W. A. (1971). "Mussolini's sources of financial support, 1914-1915." History, 56 (187), p. 189-206
↑ ab et cNorman Howard-Jones, La santé publique internationale entre les deux guerres. Les problèmes d'organisation, Genève, Organisation mondiale de la santé, coll. « Histoire de la santé publique internationale » (no 3), , 96 p. (ISBN92 4 256058 8), p. 18
↑Norman Howard-Jones, La santé publique internationale entre les deux guerres. Les problèmes d'organisation, Genève, Organisation mondiale de la santé, coll. « Histoire de la santé publique internationale » (no 3), , 96 p. (ISBN92 4 256058 8), p. 35
↑Norman Howard-Jones, La santé publique internationale entre les deux guerres. Les problèmes d'organisation, Genève, Organisation mondiale de la santé, coll. « Histoire de la santé publique internationale » (no 3), , 96 p. (ISBN92 4 256058 8), p. 29
Anne Burnel, La Société de construction des Batignolles de 1914-1939: histoire d'un déclin, 1995
Norman Howard-Jones, La santé publique internationale entre les deux guerres. Les problèmes d'organisation, Genève, Organisation mondiale de la santé, coll. « Histoire de la santé publique internationale » (no 3), 1979 (ISBN92 4 256058 8)
William A. Renzi, « Mussolini's sources of financial support, 1914-1915 »,History, Vol. 56, No. 187 (Juin 1971), p. 189-206
William I. Shorrock, « France and the Rise of Fascism in Italy, 1919-23 », Journal of Contemporary History Vol. 10, No. 4 (Octobre 1975), p. 591-610