Au Moyen Âge, le terme désigne ce que de nos jours on nomme un camerlingue. Par la suite, il désigne ce qu'au Moyen Âge on nommait des « chambriers » (cubiculari), c'est-à-dire des responsables de la chambre à coucher (cubiculum) du pape. Celle-ci constitue un véritable office au sein du Latran, sur le modèle byzantin. D'abord simples domestiques du pape, les camériers acquièrent de plus en plus d'importance au fil des siècles.
Une caractéristique demeure : les camériers sont attachés à la personne d'un pape. Ils prennent leur fonction après l'élection d'un nouveau pape et la quittent à la mort de celui-ci. Il y a eu cependant des exceptions : ainsi Gasbert de Valle, nommé camérier le par le papeJean XXII, conservera cette fonction jusqu'à sa mort le , sous les pontificats de Benoît XII et Clément VI. Avant lui, Giacomo de Pocapalea fut au service du Pape Nicolas III en 1277, jusqu'à celui de Boniface VIII en 1297[N 1]. Il se pouvait également que plusieurs camériers soient en fonction en parallèle, comme ce fut le cas sous Benoît XI[1].
À l'époque moderne, les camériers sont divisés en plusieurs catégories. On distingue d'abord les camériers secrets des camériers d'honneur : les camériers secrets ont la charge de l'antichambre dite secrète du pape, où attendent les personnes reçues en audience privée. Les camériers d'honneur ont quant à eux la charge de l'antichambre d'honneur menant à la salle du trône où le pape reçoit en audience publique.
Camériers secrets participants
Jouissant de la préséance sur tous les autres camériers, les camériers secrets participants, tous clercs, doivent un service d'échanson au pape, lui servant à boire lors des dîners d'apparat. Ils servent également de nonces (envoyés diplomatiques) spéciaux, chargés de porter aux souverains et à leurs familles des objets bénis par le pape, comme les rameaux du dimanche des Rameaux ou des agnus Dei (médailles contenant de la cire bénite). Ils remettent également leur chapeau aux cardinaux nouvellement créés en consistoire public.
Ils sont au nombre de huit sous Sixte Quint puis passent à vingt sous Clément X avant de retomber à onze sous Pie VII et de se stabiliser à cinq.
Camériers secrets surnuméraires
Ecclésiastiques eux aussi, on les surnomme camériers di mantellone (« au petit manteau »), du nom de la douillette caractéristique des prélats inférieurs. Leur titre n'est lié à aucune fonction effective. Néanmoins, il s'agit d'un honneur très couru, constituant souvent la première étape vers le cardinalat.
Le titre de camérier d'honneur est plus récent. On distingue les Monsignori en habit violet (paonazzi), chargés de l'antichambre d'honneur, des camériers extra Urbem, assumant la fonction de camérier lors des déplacements de la cour pontificale.
Les camériers secrets peuvent être « de cape et d'épée », locution qui désigne les laïcs. Au nombre de cinq, ils exercent des fonctions précises :
maître du Saint-Hospice ;
fourrier majeur des Sacrés Palais ;
grand écuyer ;
porteur de la Rose d'or, décoration réservée aux souverains ;
surintendant général des Postes pontificales.
Ils sont assistés par des camériers dits de numero et par des camériers laïques surnuméraires.
Époque contemporaine
Paul VI réorganise en 1968 (motu proprioPontificalis Domus) les services attachés à la personne du pape, souhaitant privilégier le service effectif aux dépens de « ce qui n'est que nominal, décoratif et extérieur ». Il supprime les camériers d'honneur en habit violet, les camériers d'honneur extra Urbem ainsi que les camériers secrets de cape et d'épée participants. En revanche, il crée les « gentilshommes de Sa Sainteté », corps accueillant les laïcs. Les camériers secrets surnuméraires prennent le nom de « chapelains de Sa Sainteté ».
↑Gallia Christiana, M. H. Fisquet, Histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France, métrople d'Avignon, Montpellier 2e partie, Paris, p.546.