Le Blackburn Buccaneer est un avion d'attaque conçu par le Royaume-Uni à la fin des années 1950. Initialement embarqué à bord de porte-avions, il est resté en service pendant une trentaine d'années et a été construit à un peu plus de 200 exemplaires. Il s'est avéré être robuste, fiable, et parfaitement adapté à sa mission d'attaque à basse altitude.
Il a été plus tard officiellement connu sous la désignation de « Hawker Siddeley Buccaneer », quand Blackburn est devenu membre du groupe Hawker Siddeley, mais cette désignation a rarement été utilisée.
Le B.103 remporte le marché en 1955, et 20 avions de présérie sont aussitôt commandés. Le premier prototype fait son vol inaugural le , et les essais depuis un porte-avions commencent début 1960. Tous les exemplaires de présérie ont pris l'air à la fin de l'année 1961, mais trois avions ont déjà été perdus lors d'accidents pendant les différents essais. Aucun problème majeur n'est cependant découvert et les livraisons des avions de série à la Royal Navy commencent en . Le premier escadron est déclaré opérationnel en .
La première version S.1 est destinée à l'attaque anti-navire à l'aide d'une bombe atomique de l'arsenal nucléaire du Royaume-Uni. Elle est équipée d'un radar Blue Parrot, construit par Ferranti, et emporte une bombe Red Beard, d'une puissance de 10 à 20 kilotonnes. La soute peut également recevoir un réservoir de carburant, ou un conteneur de reconnaissance avec six caméras. Le Buccanner peut ravitailler un autre avion en vol, si on lui installe un système de ravitaillement sous l'aile. Son autonomie est remarquable : en 1965, un avion parti de Goose Bay, au Canada, a traversé l'océan Atlantique et rejoint Lossiemouth (Écosse) sans aucun ravitaillement en vol, après un vol de 3 137 km effectué en 4 h 16 min.
Dès est commandée une version S.2, équipée de réacteurs Rolls-RoyceSpey nettement plus puissants que les moteurs Gyron Junior du S.1. Le premier exemplaire vole en mai 1963 et les S.2 entrent en service en . Peu après, ils reçoivent de nouveaux sièges éjectables de type zéro-zéro et la capacité de tirer le missile air-solMartel.
En 1963, l'Afrique du Sud commande 16 exemplaires d'une version S.50, basée sur le S.2 mais avec une partie de l'équipement naval supprimé et équipée de deux moteurs-fusées d'assistance au décollage escamotables Bristol Siddeley BS.605, pour améliorer les performances de décollage dans les environnements hauts et chauds du pays. Le premier vol d'un S.50 a lieu en 1965. En juillet 1968, la Royal Air Force commande à son tour une version S.2B issue du S.2, équipée d'un système d'atterrissage aux instruments ILS et capable de tirer le missile Martel. Les S2.B entrent en service fin 1969.
Lorsque la Royal Navy se sépare de ses porte-avions, 64 Buccaneers sont reversés à la Royal Air Force. Différentes améliorations sont apportées au fil du temps, comme la capacité d'employer de nouvelles armes, d'emporter un pod de contre-mesures électroniques ou un pod de désignation laser. Le , le crash d'un Buccaneer entraîne une interdiction de vol de tous les avions jusqu'au 19 août 1980, à la suite de la découverte d'une fatigue de la structure[1]. Plus d'un tiers des avions sont réformés, et les autres remis en service après réparation.
Le , plusieurs Buccaneer de la Royal Navy furent envoyés bombarder le pétrolier Torrey Canyon accidenté, afin d'enflammer sa cargaison et de limiter la pollution[3].
Six des trente Buccaneer alors en service dans la Royal Air Force a été engagée lors de la guerre du Golfe (1990-1991). Déployé en urgence à partir du 26 janvier 1991 en Arabie Saoudite, ils commencent les opérations de combat le 2 février principalement pour illuminer des cibles avec leurs pods de désignation laser au profit des Panavia Tornado[4].
Enzo Angelucci et Paolo Matricardi (trad. de l'italien), Les avions, t. 5 : L'ère des engins à réaction, Paris/Bruxelles, Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », , 316 p. (ISBN2-8003-0344-1), p. 186-187.
(en) Roy Boot, From Spitfire to Eurofighter : 45 years of combat aircraft design, Shrewsbury, Shropshire, Royaume-Uni, Airlife Publishing Ltd., , 262 p. (ISBN1-85310-093-5).
(en) Michael J. Gething, « The Buccaneer Bows Out: Valediction for the Sky Pirate », Air International, Stamford, Royaume-Uni, Key Publishing, vol. 46, no 3, , p. 137 à 144 (ISSN0306-5634).
(en) William Green, Macdonald Aircraft Handbook, Londres, DOUBLEDAY & CO INC, , 608 p.
(en) William Green, The Observer's Book of Aircraft, Londres, Frederick Warne & Co. Ltd., , 360 p.
(en) A.J. Jackson, Blackburn aircraft since 1909, Londres, Putnam, (ISBN0-370-00053-6).
(en) C.G., MBE, BA, RAF (Retd) Jefford, RAF squadrons : a comprehensive record of the movement and equipment of all RAF squadrons and their antecedents since 1912, Shrewsbury, Shropshire, Royaume-Uni, Airlife Publishing, (ISBN1-84037-141-2).
(en) Jim Winchester, Military aircraft of the Cold War (The Aviation Factfile), Londres, Grange Books, (ISBN1-84013-929-3).