Le photographe Walter Carone l'initie à la photographie[4]. Sa carrière de photographe démarre en 1978. Elle réalise cette année-là une série sur un groupe de strip-teaseuses et d'acrobates qui donnera lieu à ses premières expositions. Ce travail révèle le sujet de prédilection de Bettina Rheims, le modèle féminin, auquel elle reviendra fréquemment durant sa carrière.
La décennie 1980 est l'occasion pour Bettina Rheims de réaliser plusieurs portraits de femme connues ou pas qui feront l'objet d'un ouvrage : Female Trouble (1989)[5].
En 1982, la série Animal lui permet de poser son objectif sur une autre forme de nudité : celle d'animaux naturalisés au regard fixe, « qui semblent vouloir nous exprimer quelque chose au-delà de la mort[6]. »« Il fallait que j'arrive à capter leur regard », déclare la photographe.
Avec Modern Lovers (1989-1990)[8], la photographe questionne le genre, l'androgynie et la transsexualité. Suivront deux autres ouvrages sur le même sujet : Les Espionnes (1992) et Kim (1994).
Les années 1990
Au début des années 1990, Bettina Rheims travaille sur une de ses séries majeures intitulée Chambre close (1990-1992), la première en couleur, qui marque le début de sa collaboration avec le romancierSerge Bramly[9], dans un ouvrage où les clichés de la photographe sont accompagnés d'un récit de l'écrivain. Chambre close, dans sa forme, parodie les premières photos pornographiques — pièces aux murs défraîchis, papiers peints passés — mais dans son fond s'attache à mettre en scène des modèles non professionnelles pour jouer de l'érotisme et de la confusion entre celui qui regarde et celle qui se montre.
« Par l'utilisation de la couleur et la qualité extrême des tirages, la chair apparaît vivante et donne à l'œuvre un réalisme déconcertant. Bettina Rheims transcende ainsi le corps pour atteindre la féminité primitive dans son ça psychanalytique, celui de ses pulsions plus ou moins refoulées, pulsions sexuelles en particulier. En même temps que ces pulsions peuvent affleurer à la conscience du modèle, à sa peau, l'artiste les capte sur sa pellicule »[10].
En 1995, Bettina Rheims est invitée par Jacques Chirac à la fin de la campagne présidentielle à travailler en coulisses sur une série de clichés retraçant la dernière ligne droite de l'élection. Après l'élection, la présidence de la République mandate Bettina Rheims pour réaliser le portrait officiel de Jacques Chirac. Elle dira au journal Libération qu'elle a voulu donner au président l'allure détendue des grands héros de western[11].
La décennie se clôt par la parution en 1999 de l'ouvrage et de l'exposition INRI. Liant une nouvelle fois le regard de Bettina Rheims et la prose de Serge Bramly, INRI construit un dialogue philosophique sur l'histoire de la crucifixion au travers de photographies de scènes de la vie du Christ, de l'Annonciation à l'Ascension. Bettina Rheims propose des « illustrations en correspondance avec notre temps, après l'apparition de la photographie, du cinéma et de l'imagerie publicitaire, comme si Jésus revenait aujourd'hui ». La parution de l'ouvrage déclenchera, en France, une vive polémique[12].
Les années 2000
En 2002 Bettina Rheims réalise une série sur Shanghai au cours de deux longs séjours sur place.
« Les premières impressions du voyageur arrivant à Shanghai sont celles d'une population toujours ancrée dans ses rites et traditions historiques, qui se lance aujourd'hui dans une course effrénée à la modernité. Cherchant à se fondre dans cet "autre mode de pensée" en faisant fi de tout préjugé, c'est un regard vierge et émerveillé sur cette cohabitation paradoxale d'une Chine millénaire et très avant-gardiste, d'une Chine officielle et underground, que nous livre […] Bettina Rheims[13]. »
En 2005, Bettina Rheims expose, à la galerie De Noirmont, Héroïnes, un travail qui se veut avant tout comme un hommage à la sculpture. La photographe collabore pour l'occasion avec le créateur Jean Colonna pour habiller les femmes de vêtements originaux. « Des robes anciennes de haute couture ont ainsi été remodelées sur chacune de ces icônes contemporaines. Ces dernières à la beauté décalée ont alors joué avec un rocher, devenu pour un instant leur piédestal[14]. »
À la fin des années 2000, Bettina Rheims s'associe à nouveau avec Serge Bramly et expose Rose, c'est Paris en 2010 à la Bibliothèque nationale de France[15]. Le récit photographique est une nouvelle fois construit sur une trame de fiction imaginée par Bettina Rheims et Serge Bramly sur la base d'éléments autobiographiques. Dans ce travail, Paris tient « le rôle de la muse plus que du sujet, et [apparaît], par le biais de personnages portés par une histoire, sous une forme quasi allégorique. Une jeune femme que l'on connaît par son initiale, B., cherche Rose, sa sœur jumelle, qu'elle prétend disparue. Présenté comme un « grand sérial mystérieux », genre cher aux surréalistes, Rose, c'est Paris se divise en treize épisodes où l'on découvre entre autres décors un Paris insolite ou méconnu, volontairement atemporel ».
Les années 2010 et 2020
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Exposée en 2012 à Düsseldorf, la série Gender Studies poursuit le questionnement sur les représentations du genre. Le dispositif liant image et son (par Frédéric Sanchez) présente 27 portraits sonores de jeunes hommes et femmes ayant répondu à un appel lancé par la photographe sur Facebook. Les clichés s'accompagnent d'extraits d'interviews et font l'objet de plusieurs expositions et d'un livre[16].
Travail de commande et portraits de femmes célèbres
Bettina Rheims a travaillé également pour la mode et les grandes marques avec des travaux de nature publicitaire comme pour Chanel ou Lancôme ainsi que pour des magazines internationaux en réalisant des portraits de femmes célèbres. Elle a collaboré à plusieurs reprises avec l'agence Publicis Et Nous et son directeur artistique Philippe Chanet[18], en réalisant les visuels des marques tels que Well.
↑« Bettina Rheims, Agnès Varda... L'Institut pour la photographie de Lille accueille trois fonds de photographes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )