La première mission de la ligne Maginot étant d'empêcher une attaque brusquée pendant la mobilisation générale de l'armée française (le rappel des réservistes dure quinze jours), les fortifications doivent donc être opérationnelles avec la totalité de leurs effectifs avant la déclaration de guerre.
À cet effet sont créées des troupes spécialisées dans la défense des fortifications, par définition peu mobiles, principalement d'infanterie (bataillons alpins de forteresse dans le Sud-Est et régiments d'infanterie de forteresse dans le Nord-Est) et d'artillerie (régiments d'artillerie de position).
Ces troupes sont déployées le long des frontières du Nord-Est (Nord, Ardennes, Lorraine, Alsace et Jura) et du Sud-Est (Savoie, Dauphiné et Alpes-Maritimes) de la France dès le temps de paix, au plus près des ouvrages et des avant-postes, dans des casernes. Dans les Alpes, il s'agit de casernements dans les villes des vallées (Bourg-Saint-Maurice, Modane, Briançon, Barcelonnette, Sospel et Nice), de casernements alpins d'altitude (des Chapieux, de Séloges, du Fréjus, des Rochilles, du Granon, du Restefond, des Fourches, des Granges de la Brasque, de Peïra-Cava, de Cabanes-Vieilles, de Plan-Caval et de l'Authion)[1] et des casernements légers en bois à proximité des entrées des ouvrages (les casernes souterraines n'étant pas utilisées en temps de paix, hormis pour les alertes et les exercices).
Armement et équipement
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La construction de nouvelles fortifications par les Français le long des Alpes (dans les 14e et 15e régions militaires) commence dès 1928, en réaction aux revendications de Mussolini sur la Savoie et les Alpes-Maritimes.
Les premières unités de forteresse des Alpes sont créées les 14 et au sein des régiments d'infanterie alpine : le 4e bataillon du 99e RIA à Modane (bataillon de forteresse) et une compagnie du 159e RIA à Briançon (compagnie autonome de forteresse).
En , quatre autres bataillons sont créés : 4e du 159e RIA (à Jausiers), 4e du 3e RIA (à Sospel), le 5e du 3e RIA (à Nice) et 4e du 141e RIA (à Nice). Le se rajoute un sixième bataillon, le 5e du 159e RIA (à Briançon) et deux compagnies autonomes.
Le , les troupes de forteresse du Sud-Est sont réorganisées au sein de sept bataillons alpins de forteresse (BAF) :
76e BAF, à partir du 5e bataillon du 3e RIA (littoral des Alpes-Maritimes).
Ces sept bataillons sont regroupés en trois « demi-brigades alpines de forteresse » (DBAF) qui équivalent à des régiments, chacune recevant une appellation et une affectation à un secteur :
Les secteurs fortifiés du Sud-Est dépendent en temps de paix des 14e et 15erégion militaire (QG respectifs à Lyon et Marseille).
Ils sont mis en alerte à la suite des tensions avec l'Allemagne en même temps que ceux du Nord-Est le , puis dès le lendemain les réservistes des unités de forteresse sont appelés, triplant les effectifs : chaque compagnie d'active (du temps de paix) forme le noyau d'un BAF de formation (temps de guerre), chaque BAF d'active forme une DBAF, d'où la mise sur pied de dix-sept nouveaux bataillons et de cinq nouvelles DBAF.
La mobilisation générale commence le 2 septembre, portant en quinze jours la 6e armée (appelé aussi l'armée des Alpes), à qui est confiée la défense de la frontière du Sud-Est, a son effectif maximal. Les troupes occupent alors leurs positions face au royaume d'Italie avec laquelle la République française n'est pas en guerre. Cette situation se poursuit jusqu'à la déclaration de guerre de l'Italie à la France et au Royaume-Uni le . Dès le premier jour des hostilités, tous les ponts et tunnels des cols sont détruits par le génie. Étant donné l'enneigement tardif pour la saison, les Italiens retardent leur attaque. L'offensive ne commence qu'à partir du , malgré le mauvais temps (interdisant les bombardements aériens).
Dans la partie montagneuse des Alpes-Maritimes, les avant-postes ne sont presque pas inquiétés, rapidement dégagés par les tirs des ouvrages (de Rimplas et de Flaut). Les attaques sont plus importantes le long de la côte, dès le , en raison de l'absence de neige (opération Riviera menée par le 15° Corpo d'Armata) : les points d'appui le long de la frontière doivent être évacués le 22, une partie de Menton est prise par les Italiens, mais là aussi les avant-postes français résistent grâce aux tirs de soutien des ouvrages (notamment ceux du Mont-Agel et de Cap-Martin) et des batteries d'intervalle.
Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2), , 182 p. (ISBN978-2-915239-46-1).
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquête, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN978-2-35250-127-5).
Liens externes
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