Elle est surnommée la « Dixième Muse » par ses contemporains. Non éligible à l'époque à l'Académie française (en tant que femme), une de ses œuvres y est lue en séance.
Biographie
Lignée
Antoinette du Ligier de la Garde naquit à Paris en 1633 ou en 1638, fille de Melchior du Ligier, seigneur de la Garde, Chevalier de l'ordre du roi et de Claude ou Claudine Gaultier.
Quoi qu'il en soit sur l'exactitude de son année de naissance, elle a bien été baptisée le en l'église saint Germain l'Auxerrois de Paris comme le prouvent les recherches effectuées en ce sens par Antonin Fabre dans son ouvrage paru en 1871 consacré entièrement à la correspondance de Madame Deshoulières et de sa fille Antoinette Thérèse avec Fléchier. Lors de son baptême en 1638, elle eut pour parrain Maistre Pierre Poncet, conseiller à la cour des aides et pour marraine Anthoinette Ribier, femme de Messire Benigne Blondeau Bourdin conseiller du Roy.
Belle et instruite, Antoinette du Ligier de la Garde sait le latin, l'espagnol et l'italien. Elle épouse en 1651 Guillaume de Lafon de Boisguérin, seigneur des Houlières[1], officier distingué, ancien maître d'hôtel du roi, devenu lieutenant-colonel. Ayant suivi la fortune du Grand Condé et mourant en 1693, il la laisse ruinée. Tous les biens de son mari avaient été saisis lors de leur long séjour en Belgique.
Madame Deshoulières et son mari venaient d'accepter d'abandonner le parti du prince de Condé et de profiter de l'amnistie que le roi accordait à ceux qui voulaient revenir d'exil. Monsieur Deshoulières fut ensuite nommé maréchal de bataille et gouverneur de la ville de Sète dans le Languedoc.
Elle était liée à Pierre et Thomas Corneille, à Esprit Fléchier, Jules Mascaron, Paul Pellisson, etc. Ses contemporains la surnommèrent la « Dixième Muse »[2], la Calliope française. Antoinette Deshoulières s'essaya dans presque tous les genres, depuis la chanson jusqu'à la tragédie ; mais elle réussit surtout dans l'idylle et l'églogue.
On a surtout admiré son Idylle des moutons, touchante allégorie où elle déplore en beaux vers le sort de ses enfants qui avaient perdu leur père. Elle l'avait écrite afin d'obtenir une rente du roi.
Fin de vie
Elle meurt d'un cancer du sein en 1694. Sa fille disparaitra en 1718 de la même maladie.
Antoinette Deshoulières est inhumée le en l'église Saint-Roch à Paris. Sa fille Antoinette-Thérèse, morte le , plus connue sous le nom de Mademoiselle Deshoulières, également femme de lettres, sera inhumée aux côtés de sa mère, dans cette même église.
Hommages
Le Grand Chalet de Rossinière où vécut le peintre Balthus, est décoré de textes sur la façade, composés en partie d'extraits de ses poèmes (1756).
En 2001, Jean-Louis Murat, sur des arrangements de Daniel Meier et avec la voix d'Isabelle Huppert lui rend hommage en faisant revivre, sur un CD, son esprit à travers quelques textes et une musique d'inspiration baroque.
Poésies, Éd. critique par Sophie Tonolo, Paris, Classiques Garnier, 2010 (ISBN978-2-8124-0197-8)
L'Enchantement des chagrins : poésies complètes, Éd. établie et annotée par Catherine Hémon-Fabre et Pierre-Eugène Leroy, Paris, Bartillat, 2005 (ISBN2-84100-354-X)
Les Amours de Grisette. Suivis de La Mort de cochon par Mlle. Deshoulières, Paris, Sansot, 1906
Genséric, tragédie représentée à l'Hôtel de Bourgogne, Paris, C. Barbin, 1680. Édition moderne par Perry Gethner, dans Théâtre de femmes, XVIIe siècle, dir. A. Evain, P. Gethner & H. Goldwyn, vol. 2, Saint-Étienne, Publications de l'université de Saint-Étienne, 2008.
De rose alors ne reste que l’épine, Poésies 1659-1694, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 2023.
(en) John J Conley, « Madame Deshoulières: a naturalist creed », The Suspicion of virtue : women philosophers in neoclassical France, Ithaca, Cornell University Press, 2002 (ISBN978-0-8014-4020-5)