En 1912, il part pour Bruxelles, pour Bergen en Norvège puis pour Leipzig, où il fait la rencontre de Rudolf Steiner. Subjugué par ce dernier, il le suit à Dornach, où il s'installe en 1914. Il fait partie de la communauté qui construit le Johannes Bau qui fut dénommé ultérieurement Goetheanum. Assia et sa sœur Nathalie participent activement à l'entreprise (Assia dirige l'équipe de sculpteurs). Biély peu habile de ses mains, n'est pas vraiment utile, aussi il sillonne l'Europe suivant Steiner dans ses tournées de conférences, Stuttgart, Munich, Vienne, Prague. Il était aussi martiniste, Supérieur Inconnu et membre de la Loge Saint Jean l'Apôtre[7].
En 1916, il répond à l'appel de mobilisation et rentre en Russie en passant par l'Angleterre, mais il est réformé. Assia refuse de quitter Dornach et son travail au Goetheanum en construction. Il vit alors dans un monde obsessionnel et grotesque qu'il décrit minutieusement dans les Carnets d'un toqué. L’année suivante, il fonde le groupe anthroposophique de Moscou avec l'anthroposophe T. Trapeznikov. Il rencontre pour la première fois celle qui sera sa seconde épouse en 1925, Klavdia Nikolaïevna Vassilieva. Il publie Glossolalie, un essai de poésie critique sur l’origine du langage, la manière dont les mots naissent dans la bouche, la conformité du son et du sens.
Comme Alexandre Blok, Biély soutient la Révolution russe. Mais après 1919, il est déçu par la révolution bolchévique, car il a constaté qu'il n'y avait pas de « révolution d'esprit ». En 1920, il fonde avec le critique Ivanov-Razoumnik la VOL-FILA (Association libre de Philosophie) dont il présida la branche moscovite. Il éprouve des doutes sur l'anthroposophie. Très vite, son indépendance à l'égard de la stricte doctrine marxiste avait été mal tolérée du pouvoir. Plusieurs membres de l'association avaient été arrêtés puis relâchés, le groupe était de plus en plus surveillé par la Tcheka, et fut finalement interdit à Moscou au début de 1921. Cependant, Lénine accepte de laisser partir Biély pour l'étranger.
En 1921, il s'installe à Berlin, où se trouvent de très nombreux intellectuels russes. Assia lui signifie leur séparation définitive. Ils se rencontreront encore à Berlin en 1922 puis à Stuttgart en 1923 pour le constat de séparation. Klavdia Nikolaïevna Vassilieva le rejoint alors à Berlin. Ils rentrent ensemble à Moscou, en URSS, où Léon Trotski condamne avec mépris l'écrivain Biély dans son ouvrage Littérature et Révolution.
En 1931, le couple s'installe près de Léningrad. Le , Andreï Biély subit une première crise cardiaque ; il meurt à Moscou le , à l'âge de 54 ans. À sa mort, son œuvre comprend 46 volumes et plus de 300 articles, récits, esquisses.
↑Valeri Brioussov utilisera le souvenir de cette relation de Biély avec la poétesse, en même temps que celle qu'il a connue aussi pour servir de trame à son roman L'Ange de feu.
↑Ils habitent la même pension. (Source : Georges Nivat in Kotik Letaiev p. 235.
↑Richard Raczynski, Un dictionnaire du Martinisme, Paris, Dualpha éd., 2009, p. 75.
↑Nicolas Weill, « Avec « La Colombe d’argent », Andreï Biely célèbre le triomphe des toqués », Le Monde, (lire en ligne)
Voir aussi
Articles d'Andreï Biély
Deux articles de Biély de 1907 sur le cinéma : « Le cinématographe » et « La ville » dans Le Cinéma : naissance d'un art. 1895-1920, Daniel Banda et José Moure (éd.), Paris, Flammarion, Champs, 2008.
Bibliographie
Georges Nivat, in: Kotik Letaiev, annexe no 6, L'Âge d'Homme, collection « Classiques slaves », Lausanne, 1973; nouv. éd. Genève, Editions des Syrtes, 2021.
Georges Nivat, Le Jeu cérébral, in Pétersbourg, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1967.
Georges Nivat, Le Piège mystique, in La Colombe d'argent, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1990.
Pierre Pascal, in Aux lecteurs, in Pétersbourg, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1967.
Léon Trotski, Littérature et Révolution, Chapitre I, Andréi Biély. - 1924.
The Cambridge companion to the classic russian novel, edited by Malcom Jones and Robin Feuer Miller, Cambridge university press.
Efim Etkind, Georges Nivat, Ilya Serman et Vittorio Strada, Histoire de la littérature russe, t. 5 : Le XXe siècle. La Révolution et les années vingt, Paris, Fayard, , 999 p. (ISBN978-2-213-01960-4)
Evgueni Zamiatine, Le Métier littéraire, suivi de Cours sur la technique de la prose littéraire, traduit du russe par Françoise Monat, préface de Georges Nivat, postface de Leonid Heller, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1990.
Claude Frioux, Andréi Biély le collecteur d'espaces, col. « Voyager avec... » éd. La Quinzaine littéraire-Louis Vuitton, Paris 2000, (ISBN9782910491116)
(en) Noah Giansiracusa et Anastasia Vasilyeva, « Mathematical Symbolism in a Russian Literary Masterpiece : Andrei Bely’s modernist novel Petersburg », arXiv:1709.02483 [math], (lire en ligne [PDF], consulté le )
Ilona Svetlikova, Symbolisme aryen versus idolâtrie sémitique : le symbolisme d'Andrei Biély, dans L'Imaginaire raciologique en France et en Russie aux XIXe – XXe siècles, Lyon, 20A8, PUL