Śūnyatā, terme sanskrit, (devanāgarī: शून्यता ; en pālisuññatā, en chinois kōng 空, en tibétain : སྟོང་པོ་ཉིད་, Wylie : stong pa nyid, THL : tongpa nyi), désigne dans le bouddhisme la « vacuité ultime des réalités intrinsèques[1] ». C'est-à-dire la vacuité des êtres et des choses, leur absence d'être en soi (anātman) et de nature propre (svabhāva), autrement dit l'inexistence de toute essence, de tout caractère fixe et inchangeant. Elle s'applique aux choses aussi bien qu'aux pensées et aux états d'esprits. Elle est beaucoup liée à l'ainsité (tathātā).
Tentative d'approche
La vacuité est un terme qui peut être mal interprété. Ainsi, Ringou Tulkou Rimpotché en parle en ces termes:
« Selon le bouddhisme, tout est en essence vacuité (śūnyatā), tant le samsâra que le nirvāṇa. Śūnyatā ne signifie pas « vide ». C'est un mot très difficile à comprendre et à définir. C'est avec réserve que je le traduis par « vacuité ». La meilleure définition est, à mon avis, « interdépendance », ce qui signifie que toute chose dépend des autres pour exister. [...] Tout est par nature interdépendant et donc vide d'existence propre. »
— Ringou Tulkou Rimpotché, "Et si vous m'expliquiez le bouddhisme ?" Éditeur J'ai Lu, août 2004
D’autres bouddhistes francophones disent que « La vacuité ne vide pas les choses de leur contenu, elle est leur véritable nature »[2]. Il ne s'agit donc pas de nihilisme. Dans la Prajñānāma mūla madhyamaka kārikā, dit Traité du Milieu, Nāgārjuna affirme quant à lui que « nous appelons vacuité ce qui apparaît en dépendance »[3], et dans le Vigrahavyāvartanī, il affirme que « śūnyatā n’est pas de l’ordre de la privation ou de l’absence », ce pourquoi Alexis Lavis préfère à la traduction par vacuité d’usage courant celle de vacance qui pointe davantage vers une forme de disponibilité, de liberté ouverte correspondant mieux au sanskrit et à la signification plus spécifique que lui confère le bouddhisme[4].
Selon la thèse de la vacuité, les phénomènes se définissent non pas par une nature propre, une chose en soi qui leur appartiendrait en propre, mais uniquement par l'ensemble des rapports qu'ils ont entre eux : ils ne tiennent pas leurs propres caractéristiques d'eux-mêmes. Dans cette perspective, parler d'un phénomène isolé n'est donc l'effet que d'une convention de langage. Bien que notre esprit ne puisse se passer d'une telle convention, cette disjonction n'a pas d'être propre, son existence dépend d'autres phénomènes qui ne peuvent être simultanément appréhendés du fait de limites cognitives. Selon Francisco Varela« il n’y a rien à saisir qui ferait des personnes et des phénomènes ce qu’ils sont »[5].
Cependant, il serait erroné de ramener exclusivement la vacuité bouddhique à l'idée d'interdépendance ou de relativité : la vacuité n'est pas un concept qui relève seulement de la pensée discursive, elle est destinée d'abord à ouvrir l'intuition métaphysique (prajñā) du pratiquant. Il s'agit de comprendre qu'il y a une différence fondamentale entre la façon dont nous percevons le monde, y compris nous-même, et la réalité de ce monde. Le réalisme naïf, qui voit le monde comme peuplé d'entités autonomes, séparées et durables, objectivement existantes, est ici déclaré comme une erreur métaphysique que la prajñā, à mesure qu'elle se développe, permet de dissiper, par la vue directe de śūnyatā ; par exemple au moyen de vipassana bhavana. C'est une perception directe, non duale et non-intellectuelle, de la nature des phénomènes :
« La vacuité n'est ni le néant ni un espace vide distinct des phénomènes ou extérieur à eux. C'est la nature même des phénomènes. Et c'est pour cela qu'un texte fondamental du bouddhisme, le Soûtra du Cœur, dit : "La vacuité est forme et la forme est vacuité". D'un point de vue absolu, le monde n'a pas d'existence réelle ou concrète. Donc, l'aspect relatif, c'est le monde phénoménal, et l'aspect absolu, c'est la vacuité. […] Les phénomènes surgissent d'un processus d'interdépendance de causes et de conditions, mais rien n'existe en soi ni par soi. La contemplation directe de la vérité absolue transcende tout concept intellectuel, toute dualité entre sujet et objet. »
L'absence de nature propre est en fait une interprétation possible de la notion de vacuité. C'est l'interprétation la plus courante, enseignée par le Madhyamaka. D’autres écoles bouddhistes proposent des interprétations différentes. Par exemple dans l'école idéaliste du Cittamātra, la vacuité correspond à l'absence de dualité entre sujet et objet, cette dualité n'étant qu'une construction conceptuelle (parikalpita), les phénomènes n'ayant ni caractéristique inhérente (lakshana-nihsvabhavata), ni production inhérente (utpatti-nihsvabhavata), ni caractère ultime inhérent (paramartha-nihsvabhavata).[réf. souhaitée]
Dans le bouddhisme
Pour le 14e dalaï-lama, śūnyatā est l'enseignement le plus important qu'ait donné le Bouddha[6].
La vacuité, traduction de suññatā, enseigne que toutes les sensations, perceptions, la conscience sont dépourvues d'une personnalité (anātman) et dépourvues de permanence (anitya). Le terme de vacuité est traité dans plusieurs suttas, en tant que
De même, dans le Visuddhimagga, la vacuité correspond à l'absence de moi, ou anatta. La vacuité, dans le Theravāda, renvoie donc aux trois caractéristiques de l'existence :
« La simple expression « vide de soi » résume les mots « impermanent » (anicca), insatisfaisant (dukkha) et sans soi (anattā). Quand quelque chose est en perpétuelle évolution, dénué de tout élément permanent et stable, on peut aussi dire de lui qu’il est « vide ». »
— Buddhadasa Bhikkhu, Manuel pour l’Humanité, 1964
La vacuité correspond aussi à la voie moyenne bouddhique qui se place à distance des deux extrêmes que sont l'éternalisme et le nihilisme. Ajahn Brahm donne la comparaison du point mathématique :
« Un point n'a pas de taille : il est plus petit que tout ce qui est mesurable, et pourtant il est plus grand que rien du tout. Dans un sens, on ne peut dire qu'il existe, car il ne persiste pas, il n'est pas continu dans l'espace. Mais on ne peut dire qu'il n'existe pas, puisqu'il diffère clairement du "rien". Il est semblable à la nature instantanée de l'expérience consciente. Rien n'est permanent, donc ce n'est pas quelque chose, mais quelque chose se produit, donc ce n'est pas rien[7]. »
Le thème de la vacuité apparaît dans le Suñña Sutta du Canon pâli : « Étant donné qu'il est dépourvu d'un soi ou de quoi que ce soit appartenant à un soi, on dit dans ce sens que le monde est vide ».
Le Cula-suññata Sutta y voit un objet de méditation : « Vous devez vous entraîner en disant : Entrant dans cette vacuité qui est complètement pure, incomparable et suprême, j'y demeure ». De même, Edward Conze souligne son aspect sotériologique :
« La vacuité n'est pas une théorie, mais une échelle qui mène vers l'infini. Une échelle est faite non pas pour qu'on en discute, mais pour qu'on y grimpe. C'est un concept pratique, qui incarne une aspiration, et non un point de vue. Elle ne sert qu'à nous aider à nous débarrasser de ce monde et de l'ignorance qui nous y attache. Elle n'a pas un sens unique, mais plusieurs sens, qui se dévoilent successivement par étapes au cours du processus par lequel on transcende le monde par la sagesse. »
— Selected Sayings from the Perfection of Wisdom, 1978
La vacuité fait également partie des trois samadhis, ou portes du nirvāṇa : vacuité, sans-signe (animitta), sans préhension (apranihita).
Dans le bouddhisme mahâyâna
Dans le bouddhisme mahâyâna, la vacuité est l'objet de la Prajñaparamita, la Perfection de la Sagesse, groupe de sûtras du Mahâyâna portant sur la sagesse transcendante, centrée autour de la vacuité. Elle est notamment étudiée par Nagarjuna, qui a fondé ainsi l'école Madhyamaka qui repose entièrement sur la notion de vacuité. Entre autres, Nagarjuna énonce dix-huit formes particulières de vacuité, la principale, qui résume toutes les autres, étant la vacuité de tous les dharma (sarvadharmaśūnyatā).
En effet, dans sa Rātnavalī, Ārya Nāgārjuna dit que tant qu'on a l'appréhension des agrégats (ou phénomènes = dharmas), on aura une appréhension du soi personnel (skt. skandhagrāho yāvad asti, tāvad evāham ity api). C'est pourquoi ses ouvrages dialectiques s'emploient à déconstruire toute forme de réification.
Qu'est-ce qui est vide ? Et vide de quoi ? Ce sont des questions essentielles pour le Bouddhisme car les réponses sont d'un intérêt sotériologique incontournable.
Tout est vide, depuis le moindre grain de poussière jusqu'à tout l'univers et ce qui le caractérise.
Mais vide de quoi ?
Vide d'une existence intrinsèque, inhérente ou indépendante; vide d'une nature propre, résistant à l'analyse; vide de toute essence objective. De ce fait, cette vacuité et la Voie du Milieu qui l'enseigne, transcendent les extrêmes que sont l'éternalisme et le nihilisme :
« Assimiler l'absence d'être en soi à l'inexistence est une vue d'annihilation qui mène aux existences infortunées. D'autre part, surimposer un être en soi à la vacuité est une vue d'éternalisme qui perpétue le cycle[8]. »
En effet, les choses existent mais pas de la manière dont elles nous apparaissent, pas en soi. C'est pourquoi cette ontologie typiquement bouddhiste est qualifiée de vacuité de soi (skt. svabhāva-śūnyatā, tib. rangtong).
Selon la branche très subtile Prāsaṅgika de la Voie médiane, l'existence de toutes choses est purement nominale (tib. ming tsam) car dépend d'un nom ou d'un concept (tokpai tak tsam) qui les désigne sur la base de leurs caractéristiques ou "base d'imputation" (tak shi).
Les enseignements très précis du Mahâyâna sur la vacuité ne sont que des développements du non-soi enseigné dans le Véhicule Fondamental car tout y est déjà inscrit explicitement ou implicitement. Le Prāsaṅgika Mādhyamika considère que les Arhats ont réalisé exactement la même vacuité profonde que les Bouddhas. La seule différence réside dans l'aspect vaste de la Voie.
Voir les nombreux enseignements du dalaï-lama, comme Se voir tel qu'on est, ou Cent Éléphants sur un brin d'herbe, entre autres.
Quatre vacuités
Bhāva-śūnyatā : vacuité des choses substantielles
Abhāva-śūnyatā : vacuité des non-choses : l'espace, le nirvāṇa
Prakṛti-śūnyatā : vacuité de la nature inhérente
Parabhāva-śūnyatā : vacuité autre, soit le caractère transcendant des phénomènes.
Dix-huit vacuités
Le Prajñaparamita sûtra expose seize vacuités que Candrakîrti commenta. D'autres textes en donnent 18 ou 20. Nagarjuna en distingue 18 :
Adhyātma-śūnyatā : vacuité des phénomènes internes (œil, oreille, nez et autres facultés des sens), vacuité du sujet
Bahirdha-śūnyatā : vacuité des phénomènes externes, perçus, vacuité de l'objet
Adhyātma-bahirdha-śūnyatā : vacuité interne et externe à la fois (la distinction entre interne et externe, entre sujet et objet, est illusoire)
Śūnyatā-śūnyatā : vacuité de la vacuité (la vacuité elle-même n'est pas une essence)
Mahā-śūnyatā : vacuité de l'immensité (vide et irréalité de l'espace) ou vide de la distinction entre conditionné et inconditionné (selon les interprétations)
Paramārtha-śūnyatā : vacuité de l'ultime (de la Vérité ultime, de la chose en soi : "le nirvana est vide de nirvana")
Samskṛta-śūnyatā : vacuité des phénomènes composés, qui existent de par la loi de causalité, voir coproduction conditionnée
Asamskṛta-śūnyatā : vacuité des phénomènes incomposés, incréés (l'espace, le nirvana)
Atyanta-śūnyatā : vacuité de ce qui est au-delà des extrêmes (du néant et de la permanence), vacuité de l'infini
Anavaragra-śūnyatā : vacuité de ce qui n'a ni commencement ni fin, le samsara, le temps, ou l'éternité
Anavakara-śūnyatā : vacuité de l'indestructible, ou de la dispersion, ou de la non-répudiation
Prakṛti-śūnyatā : vacuité de nature des phénomènes
Sarvadharma-śūnyatā : vacuité de tous les "dharmas" (phénomènes conditionnés ou inconditionnés)
Svalakṣana-śūnyatā : vacuité des caractères propres, de l'individuation
Anupalambha-śūnyatā : vacuité de l'inappréhendable, de l'imperceptible (aucune réalité ne peut être perçue dans les phénomènes)
Abhāva-śūnyatā : vacuité du non-être, des "non-choses"
Svabhāva-śūnyatā : vacuité de nature propre, de l'être
Abhāvasvabhāva-śūnyatā : vacuité de la nature propre et du non-être, l'opposition entre être et non-être est elle-même niée.
« D'une part, la qualité phénoménale dénotant la non-essence des phénomènes ; mieux que par vacuité, elle pourrait se traduire par bulléité. Les phénomènes sont comparables à des bulles qui naissent, gonflent, se dégonflent ou crèvent. Cette notion de vacuité-bulléité est toujours à accoler à tathatā, la telléité, la quiddité. Chaque bulle est vide mais telle. La deuxième signification est ce que l'on pourrait appeler vacuité absolue, par exemple : « śūnyatāyam na rūpam, na vedanā, na samjñā, na samskāra, na vijñānam » (« dans la vacuité, il n’y a ni forme, ni sensation, ni notion, ni facteur d’existence ni connaissance discriminative »). La négation est totale. (Bouddhisme gnostique, 1981) »
Par négation totale, la Voie médiane ne nie pas l'existence des phénomènes ou leur existence relative, illusoire, mais par contre cette négation totale nie complètement toute nature propre ou intrinsèque des phénomènes. On pourrait dire qu'il y a de l'existence, mais pas d'essence. Les phénomènes ne sont pas niés, ce qui est nié est leur essence que nous concevons à tort et de manière innée comme intrinsèque ou indépendante. Et comme c'est l'existence indépendante des phénomènes qui est niée, leur existence dépendante ou purement nominale (tib. tokpai tak tsam) est affirmée. C'est pourquoi les deux types de vacuités exprimés par l'anagārika Prajñānanda sont unis en un seul par les tenants du Prāsaṅgika exégètes des Prajñāpāramitā Sūtras.
La distinction entre vacuité relative et vacuité absolue rejoint la distinction établie par Nagarjuna entre vérité conventionnelle et vérité absolue, distinction qui est elle-même conventionnelle. Plutôt que de parler de deux types de vacuités, on parlera de deux types de vérités :
« La première est la vérité absolue, la seconde celle de l'apparence. Destituées de la première, les choses vides d'être propre possèdent pleinement la seconde. Elles existent comme voile derrière lequel il n'y a rien, mais elles existent en tant que voile. La doctrine professée en deçà du voile affirme qu'il n'y a rien au-delà, en vérité absolue, mais professe aussi la vérité du voile en tant que tel. Selon le point de vue d'où elle envisage les choses, elle nie l'existence ou elle l'affirme. Elle se tient donc entre l'affirmation et la négation, dans une proposition moyenne d'où le nom qui le désigne couramment à côté de celui de śūnyavāda et qui vise précisément cette proposition : Madhyamaka, la Moyenne. (Jean Filliozat, Les philosophies de l'Inde, PUF, 1987) »
La vacuité relative des phénomènes ne constitue pas de façon ultime une nature propre, vacuité de la vacuité, et le conditionnement ne peut être inconditionné : la non-dualité ne débouche pas sur un quelconque monisme, car s'il est vrai que les êtres sont vides, le non-être est vide, et l'Absolu lui-même est vide, et la distinction entre relatif et absolu n'a pas lieu d'être ultimement. Nous ne sommes donc pas différents de l'Absolu, et c'est pour cela qu'une libération (nirvāṇa) est possible :
« Tous les phénomènes sont semblables à un arc-en-ciel : exempts de toute réalité tangible. Une fois réalisée la vraie nature du réel, qui est d'être vide et pourtant de se manifester sous la forme du monde des phénomènes, l'esprit se libère de l'emprise de l'illusion. Quand vous saurez laisser vos pensées se dissoudre par elles-mêmes à mesure qu'elles surgissent, elles traverseront votre esprit de la même façon qu'un oiseau parcourt le ciel : sans laisser de trace. »
Cet Absolu n'a pas d'existence absolue car rien n'en possède ; c'est une réalité omniprésente et c'est en cela qu'on peut dire que nous ne sommes pas différents de cette réalité vide. Et en définitive, ni Nāgārjuna ni ses suivants prāsaṅgikas ne font de différence entre les deux types de vacuité car le fait de nier l'existence inhérente de la forme, par exemple revient à affirmer qu'elle existe bien mais seulement de manière dépendante.
Voir la fameuse stance bouddhique :
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant, Il n'est rien qui ne soit vide.
Le bouddhisme n'est pas la seule doctrine à avoir développé la notion de vacuité. Certaines écoles hindoues y font aussi référence. Le shivaïsme du Cachemire a particulièrement développé cette notion. Par exemple, le Vijñāna Bhairava Tantra affirme :
« Tout cet univers est privé de réalité à l’image d’un spectacle fictif. Quelle est la réalité d’un tel spectacle ? Si l’on est fermement convaincu de cette vérité, on acquiert la paix. Comment y aurait-il connaissance ou activité pour un Soi affranchi de toute modalité ? Les objets externes dépendent de la connaissance et partant de là, ce monde est vide. (traduction Lilian Silburn) »
Pour eux, la vacuité est une étape nécessaire, mais non suffisante. Elle est destinée à être dépassée. Il y a donc plusieurs stades de vacuité allant de l'inférieur (à commencer par le sommeil profond), aux stades supérieurs. Il y aurait sept sortes de vide, exposés dans un écrit tel que le Svacchandatantra[9] :
le vide inférieur : il "met fin aux impressions de dualité à l'égard de sa personne limitée et de son corps" ;
le vide intermédiaire : pure conscience de soi, "samâdhi actif de pure intériorité", "intuition du quatrième état (nirvikalpasamâdhi)" ;
le vide supérieur : le Je purifié met fin aux limites individuelles, le Soi se révèle ;
le vide universel de l'énergie omnipénétrante : "harmonie spontanée entre vie intérieure et vie extérieure", vyoman ou immensité cosmique ;
le vide de l'égalité (samanâ) : "fondement apaisé de la manifestation universelle", "énergie impassible et égale" ;
le vide supramental (unmanâ) : "non-vide absolu qui élimine le vide et son opposé" ;
le septième vide : "le Vide parfait, l'absolu, la plénitude, la félicité cosmique, Paix suprême ou Paramaçiva non-différent de sa libre énergie".
La vacuité y est conçue comme une sorte de vide ou de trou caractéristique d'un développement insuffisant de la conscience. Il vaut donc mieux ne pas s'y attarder, ou bien on risque de s'y perdre sans remède.
C'est ainsi qu'ils ont développé un principe critique de la vacuité bouddhiste contre laquelle ils ont adressé de sévères mises en garde. Cependant, la définition utilisée varie entre les deux mouvements : tandis que les bouddhistes considèrent la vacuité comme étant la véritable nature des choses, le shivaïsme du Cachemire la considère comme un moyen de développement spirituel. Bien que les termes soient semblables, ils ne recouvrent pas les mêmes concepts.
En effet, ce qui est nommé "vacuité" n'est pas forcément cette négation non-affirmative (prasajya-pratiseddha) ou cette vacuité de soi (skt. svabhava-shunyata) dont parle le bouddhisme avec surtout sa philosophie conséquentialiste de la Voie Médiane (Prasangika-Madhyamika)[10]. D'un point de vue hindouiste, on peut être dans un vide mais ce vide peut tout simplement être une vacuité d'altérité (parabhava-shunyata), une vacuité qui nie des phénomènes autres que l'objet vide, mais pas forcément la vacuité de nature propre de cet objet.
Dans son Brahmasutrabhasya, Shankara ne cherche même pas à réfuter la vacuité bouddhique, alors même qu'il tente longuement de réfuter deux autres conceptions bouddhiques, celles des Sarvāstivādins et celle des Vijnanavadins :
« Pour ce qui est du troisième point de vue, celui des Sunyavādins (Mādhyamakas), qui soutiennent que tout est vide (sunya), il ne mérite pas discussion, car les pramanas réfutent clairement cette thèse, et les Sunyavādins n'ont avancé aucune nouvelle raison positive pour justifier leur point de vue. »
Les maîtres védantistes (par exemple Swâmi Siddheswarânanda[11]) évoquent occasionnellement la vacuité bouddhique, en la rapprochant de l'expérience mystique de nirvikalpa samadhi :
« Le nirguna-brahman du Vedānta et le "sūnya" des Mādhyamikas se réfèrent vraisemblablement à la même expérience spirituelle que nous appelons "nirvikalpa samādhi"[12]. »
Critique
Critique par la philosophie hindoue Nyâya
La philosophie hindoueNyâya réfute la vacuité de tous les objets, vue comme un idéalisme sans lien avec la réalité :
« Si toute chose était une non-entité, en disant "vache", c'est une absence, quelque chose d'inexistant qui serait perçu, qui serait signifié par le mot "vache". Mais du fait qu'en employant le mot "vache", c'est bien une substance particulière positive et non quelque chose d'inexistant que l'on signifie, il s'ensuit que < ta thèse > n'est pas légitime. (…) < Si tu veux dire que les choses sont inexistantes >, pourquoi ne pas dire : "Un cheval est un non-cheval, une vache est une non-vache" ? Puisque tu ne peux pas le dire, le caractère positivement existant d'une substance particulière sous sa propre forme est établi. »
La philosophie Nyâya conteste la vacuité en affirmant aussi que les choses et le monde ont une existence réelle, que l'impermanence est relative, que la cause unique et originelle perdure, est la source de tout, qu'il y a une continuité unifiante et organisatrice de la multitude des parties ; pour la philosophie Nyâya, il est illogique de prôner une vacuité où « l'existant naît du non-existant parce que < rien > ne saurait apparaître sans détruire < sa cause > »[14]. S'il y a bien des séquences, celles-ci se forment à partir d'une substance qui se maintient au sein des changements visibles ou subtils et en est le fondement primordial ; Vâtsyâyana prend ainsi l'exemple de la graine et de la pousse :
« Les parties de la graine (…) perdent leur première structure, accèdent à une autre et c'est à partir de cette nouvelle < structure > que naît la pousse. On observe d'ailleurs que les parties constituantes et leur conjonction sont bien les causes de l'apparition de la pousse. (…) Par conséquent, il n'est pas vrai que quelque chose apparaît à partir de rien. De surcroît, il n'y a pas d'autre cause à l'apparition de la pousse que les éléments constitutifs de la graine et il faut admettre la règle selon laquelle < une pousse > a une graine comme cause substantielle. »
Dans le bouddhisme, personne ne va nulle part, puisque la "personne" n'existe pas, et que le monde étant un tout, on ne peut aller "nulle part", il s'agit seulement d'être pleinement au monde, un monde vide de distinctions, un monde blanc. Vivre et voyager ainsi, c'est suivre le chemin du vide (sûnyavâda). (Kenneth White, La figure du dehors, Grasset, 1982)
Vacuité de vacuité, tout n'est que vacuité et délices de l'âme immobile. (Prajñānanda)
La vérité ultime, c'est la vacuité. La vacuité n'est pas le néant, mais l'absence d'existence inhérente. Notre esprit de saisie du soi projette fallacieusement l'existence inhérente sur les phénomènes. Tous les phénomènes apparaissent naturellement à notre esprit comme existant de façon inhérente, et ne réalisant pas que cette apparence est fallacieuse, nous y croyons instinctivement et croyons que les phénomènes existent de façon inhérente, ou vraiment. C'est la raison fondamentale pour laquelle nous sommes dans le samsara. (Guéshé Kelsang Gyatso, Introduction au bouddhisme, 2003)
Ce que les bouddhistes appellent la vacuité, ce n'est pas le vide inerte, le fait qu'il n'y ait dans le monde que néant, c'est l'espace ouvert, frayé par la mise à l'écart, à la limite, de l'affirmation comme de la négation. Évidemment, de cette vérité ultime qu'est la vacuité, il n'y a rien à dire. (Roger-Pol Droit, Des idées qui viennent, O. Jacob, 1999)
L’absolu n’est ni existant ni non-existant, ni à la fois existant et non-existant, ni différent à la fois de l’existence et de la non-existence. Pour le Madhyamaka, la raison et le langage ne s’appliquent qu’au monde fini. Transférer des catégories finies au monde infini serait comme tenter de mesurer la chaleur du soleil avec un thermomètre ordinaire. De notre point de vue, l’absolu n’est rien. On l’appelle sûnyam, car aucune catégorie liée aux conditions du monde n’est adéquate pour le décrire. L’appeler être est une erreur, car seules des choses concrètes existent. L’appeler non-être est également une erreur. Il vaut mieux éviter toute description. La pensée fonctionne de manière dualiste, et ce qui est, est non-dual (advaita)[16].
Il se peut qu'il nous arrive de percevoir l'absence de l'ego d'un seul coup d'œil. Mais nous n'accepterions pas une vérité aussi simple. En d'autres termes, il nous faut apprendre à désapprendre. L'ensemble du processus consiste à défaire l'ego. On commence par apprendre à traiter les pensées névrotiques et les émotions. Puis, les concepts erronés sont balayés par la compréhension de la vacuité, de l'ouverture. C'est l'expérience de śūnyatā. (Chogyam Trungpa, Pratique de la voie tibétaine - Au-delà du matérialisme spirituel)
↑Nāgārjuna, Traité du Milieu, commentaires de Tsongkhapa Losang Drakpa et Choné Drakpa Chédrub, Seuil, 1995)
↑Les sept vacuités d'après le çivaïsme du Cachemire, Lilian Silburn, in "Le Vide, expérience spirituelle en Occident et en Orient", Éditions des Deux Océans, 1989
↑Cf. The Geluk/Kagyu Tradition of Mahamudra ou Le Monde du Bouddhisme Tibétain ou encore le Sens de la Vie, de Sa Sainteté le Dalaï Lama.
↑Comment discriminer le Spectateur du spectacle ? page LXXIV, éd. A. Maisonneuve, 1977
↑Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres, page 665 (ISBN978-2-251-72051-7)
↑Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres, page 645 (ISBN978-2-251-72051-7)
↑Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres, page 647 (ISBN978-2-251-72051-7)
Stances du Milieu par excellence, Nagarjuna, trad. et comm. Guy Bugault, éd. NRF
The Geluk/Kagyü Tradition of Mahamudra, S.S. le Dalaï Lama, éd. Snow Lion.
Analyse du Traité sur l’inépuisable Lampe du zen de Torei (1721-1792) et sa vision de l’Éveil, Jean-Marc Vivenza, Institut belge des Hautes études chinoises, d’après la traduction de Michel Mohr, Connaissance des Religions, no 60, 1999.
Nâgârjuna : la vacuité (sûnyatâvadâ) comme dialectique de la non-substance, Jean-Marc Vivenza, Connaissance des Religions, no 61-64,2000.
Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité, Jean-Marc Vivenza, Albin-Michel, 2001.
Tout est conscience, une voie d'éveil bouddhiste, l'école du Yogâcâra (Cittamātra), Jean-Marc Vivenza, Albin Michel, 2010.
Vacuité (śūnyatā) et compassion (karuṇā) dans le bouddhisme madhyamaka, Ludovic Viévard, Publications de l'Institut de civilisation indienne - fasc. 70, Collège de France, Paris, 2002.
Kalupahana, David J. (1994), A history of Buddhist philosophy, Delhi: Motilal Banarsidass Publishers Private Limited.
Liens externes
Bhikkhu, Thanissaro (trans.) (1997), Cula-suñña Sutta, Majjhima Nikaya 121, The Lesser Discourse on Emptiness
Bhikkhu, Thanissaro (trans.) (1997), Maha-suññata Sutta, Majjhima Nikaya 122, The Greater Discourse on Emptiness
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American proponent of Memorial Day For the Australian academic, see Mary-Anne Williams. Mary Ann Williamsfrom History of Confederated Memorial Associations of the South, 1904Born(1821-08-10)August 10, 1821Baldwin, Co., GeorgiaDied(1874-04-15)April 15, 1874Columbus, GeorgiaSpouseCharles J. Williams Mary Ann Williams (also known as Mrs. Charles J. Williams) (10 August 1821 – 15 April 1874) was an American woman who was the first proponent for Memorial Day, an annual holiday to decorate soldiers
Herrenhäuser Kirche Die Herrenhäuser Kirche in Hannover ist ein Kirchenbau im neugotischen Stil und gehört zur evangelisch-lutherischen Kirchengemeinde Herrenhausen-Leinhausen. Standort des denkmalgeschützten Gotteshauses im hannoverschen Stadtteil Herrenhausen ist das Hegebläch 19.[1] Inhaltsverzeichnis 1 Geschichte 1.1 Kirchenraum 1.2 Portal 2 Orgel und Kirchenmusik 2.1 Orgel 2.2 Kantorei Herrenhausen 3 Glocken 4 Literatur 5 Weblinks 6 Einzelnachweise Geschichte Zahlbescheinigu...
Overview of territorial progress of Ethiopia The Ethiopian Empire at its height in 1952 after federation with Eritrea Beginning with the Kingdom of Aksum, Ethiopia's territory evolved significantly through conquest of the lands surrounding it. Strong Aksumite trading partnerships with other world powers gave prominence to its territorial expansion. In 330, Aksum besieged the Nubian city of Meroë, marking the beginning of its great expansion. It finally declined after the rise of Islamic domi...
آلة افتراضية معتمدة على الكرنلالشعارمعلومات عامةنوع هايبرفايزر نظام التشغيل لينكس النموذج المصدري حقوق التأليف والنشر محفوظة المطورون Avy Kivity (en) موقع الويب linux-kvm.org (الإنجليزية) معلومات تقنيةلغة البرمجة سي الإصدار الأخير 1.2 المستودع git.kernel.org…[1] الرخصة رخصة جنو العمومي...
Protests in Russia against Vladimir Putin between December 2011 and July 2013 2011–2013 Russian protestsSnow RevolutionPart of Russian opposition protests rallies:Dissenters' Marches (2005–2008), Russian Marches, Strategy-31 (since 2009), Impact of the Arab Spring, and Colour Revolution, among othersRally at the Academician Sakharov Avenue, Moscow, 24 December 2011Date4 December 2011 – 18 July 2013Location Russia, primarily Moscow and Saint PetersburgCaused by Authoritarianism, rigged e...
Argentine TV series or program SimonaGenreTelenovela Comedy MusicCreated byAdrián SuarWritten byClaudio LacelliLily Ann MartinDirected byRodolfo AntúnezSebastián PivottoStarringÁngela TorresGastón SoffrittiJuan DarthésAna María OrozcoRomina GaetaniAgustín CasanovaRenato QuattordioTheme music composerFlorencia Bertotti Willie LorenzoOpening themeSimona Va by Ángela TorresCountry of originArgentinaOriginal languageSpanishNo. of episodes154ProductionProducerAdrián SuarProduction l...
Ship of the line of the French Navy For other ships with the same name, see French ship Saint Louis. History France NameSaint Louis OrderedJune 1692 BuilderLe Havre Laid downJune 1692 Launched10 December 1692 CommissionedFebruary 1693 FateSold to be taken to pieces in 1712 General characteristics Tonnage1,000 Length136 French feet[a] Beam37.5 French feet Draught20 French feet Depth of hold17 French feet Complement380 men (300 in peacetime), + 7/9 officers Armament64 guns Saint Louis w...
K. N. T. SastryLahir1948Andhra Pradesh, IndiaTempat tinggalKoloni Sripuri, SecunderabadPekerjaanSutradaraPenulisKritikus Film K. N. T. Sastry adalah seorang kritikus, sutradara dan penulis film India, yang dikenal karena karya-karyanya yang pada umumnya berada dalam sinema Telugu, dan beberapa film Kannada. Ia telah meraih Penghargaan Film Nasional.[1][2] Ia telah menyutradaran film-film seperti Surabhi, Thilaadanam, Kamli, Snehanveshana, The Aliens, Harvesting Baby Girls, Sne...
Jutland DivisionActive1 Jun 1952 - 31 Dec 1996CountryDenmarkRoleMechanized infantrySizeDivisionPart ofAllied Forces Baltic Approaches AFNORTHWestern Regional CommandMilitary unit The Jutland Division (Jyske Divisionskommando) was a mechanized infantry formation of the Danish Army during the Cold War. It was formed during 1951-1952 as 3rd Division from assets of the III Military Region and the division headquarters was initially located in Aabenraa. As initially formed, the division had o...
Indonesian politician and businessman You can help expand this article with text translated from the corresponding article in Indonesian. (April 2014) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the Indonesian article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, but translators must revise errors as necessary and confirm that the translation is accurate, rather than simply copy-pasting mac...
1971 studio album by Earth, Wind & FireThe Need of LoveStudio album by Earth, Wind & FireReleasedNovember 1971Recorded1971StudioSunset Sound Studios, HollywoodGenre Funk soul jazz fusion[1] Length31:41LabelWarner Bros.ProducerJoe WissertEarth, Wind & Fire chronology Earth, Wind & Fire(1971) The Need of Love(1971) Sweet Sweetback's Baadasssss Song(1971) The Need of Love is the second studio album by American band Earth, Wind & Fire, released in November 1971...
Ми минор Нотация тонического аккорда e, Em Параллельная тональность G-dur Тональность доминанты h-moll Тональность субдоминанты a-moll Натуральная минорная гамма e - fis ^ g - a - h ^ c - d - e Гармоническая минорная гамма e - fis ^ g - a - h ^ c -- dis ^ e Мелодическая минорная гамма e - fis ^ g - a - h - cis - dis ^ e М...
European Cybercrime CentreFormation11 January 2013 (commenced)Purposelaw enforcementLocationThe Hague, NetherlandsCoordinatesNL 52°05′34″N 4°16′46″E / 52.0928085°N 4.279317°E / 52.0928085; 4.279317Region EuropeHeadSteven Wilson[1]Parent organisationEuropolWebsitewww.europol.europa.eu/about-europol/european-cybercrime-centre-ec3 The European Cybercrime Centre (EC3 or EC³) is the body of the Police Office (Europol) of the European Union (EU), headqua...
Medical school in City of Edinburgh, Scotland University of Edinburgh Medical SchoolTypeMedical schoolEstablished1726; 297 years ago (1726)Head of SchoolMoira WhyteAdministrative staff1244 (2007/8; includes support staff)Students2,218 (2007/8)Undergraduates1,328 (2007/8)Postgraduates890 (2007/8)LocationEdinburgh, Scotland, United KingdomCampusThe Medical School, Teviot PlaceChancellor's Building, RIEWestern General HospitalRoyal Hospital for Children and Young PeopleColoursD...
Les fêtes du Pilar sont aussi un évènement taurin avec des corridas dans des arènes de première catégorie. Pregón Le Pregón est le discours pour le début officiel des fêtes. Chaque année c'est une personne différente qui est charge de cet honneur. 2019 - B vocal 2018 - L. Mercerón, S. Sáiz, T. García, Mª Jesús Lázaro, Mª Jesús Lorente, C. García y J. Iordachescu 2017 - Kase.O [1] 2016 - Luisa Gavasa [2] 2015 - Carmen París 2014 - Braulio Cantera 2013 - Oregón Televisió...
Questa voce sull'argomento centri abitati del Rio de Janeiro è solo un abbozzo. Contribuisci a migliorarla secondo le convenzioni di Wikipedia. Santa Maria Madalenacomune Santa Maria Madalena – Veduta LocalizzazioneStato Brasile Stato federato Rio de Janeiro MesoregioneCentro Fluminense MicroregioneSanta Maria Madalena AmministrazioneSindacoClementino da Conceição TerritorioCoordinate21°57′29″S 42°00′34″W / 21.958056°S 42.009444°W-21.958056; -42....
English film director and producer Sophie FiennesSophie Fiennes, photograph by Remko ShnooBorn (1967-02-12) 12 February 1967 (age 56)OccupationsFilm directorproducerParentsMark Fiennes (father)Jennifer Lash (mother)RelativesRalph Fiennes (brother)Martha Fiennes (sister)Magnus Fiennes (brother)Joseph Fiennes (brother)Hero Fiennes-Tiffin (nephew)Sir Ranulph Fiennes (cousin) Sophie Fiennes (born 12 February 1967) is a filmmaker best known for her films Grace Jones: Bloodlight and Bami (2017...
French actress, comedian and writer (born 1982) You can help expand this article with text translated from the corresponding article in French. (August 2022) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the French article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, but translators must revise errors as necessary and confirm that the translation is accurate, rather than simply copy-pasting ...