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L'église Saint-Pierre de Saint-Pé-d'Ardet est une église catholique située à Saint-Pé-d'Ardet, dans le département français de la Haute-Garonne en France.
L'église est de style roman du XIe siècle et elle est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis 1956[1].
Elle a été érigée sur l'emplacement d'un temple païen de l'époque gallo-romaine et incorporée à une enceinte fortifiée (une tour sert de clocher).
C'est le point le plus haut du centre du village. L'église se trouve à 614 mètres.
Elle est entourée de remparts dont quelques vestiges subsistent.
L'emplacement actuel fut toujours un lieu de culte.
Cette église est un amoncellement d'architecture : à l'intérieur, il y a des monuments gallo-romains aussi bien que mérovingiens ou encore de l'époque contemporaine. Il y a notamment le couvercle d'un sarcophage mérovingien appartenant à Saint-Seurin de Bordeaux. En réalité, ce que beaucoup ont pris pour un couvercle de sarcophage n'est en fait qu'un côté (la décoration végétale - vignes notamment - ainsi que le chrisme - symbole des premières communautés chrétiennes - laisse penser que c'est la face latérale d'un sarcophage paléochrétien, Ve-VIe siècles, période à laquelle sont attestés les premiers chrétiens dans les Pyrénées Centrales, à la suite de l'évangélisation de saint Saturnin).
On retrouve gravé sur un marbre assez foncé (gris) en bas-relief : un chrisme (symbole du Christ dans la religion primitive), ainsi que des motifs floraux et végétaux (grappe de raisins notamment), mais aucune représentation du défunt, ou du Christ ou d'un saint. Mais on retrouve aussi des modillons de l'époque mérovingienne au-dessus de la fenêtre de la tribune, ou encore en bas des arches de la voûte de la nef. Deux corbeaux soutiennent aussi la grande arche cachait par la tribune, et un autre corbeau plus abîmé soutient une partie de la tribune.
À l'intérieur, des fresques ornent le chœur, elles sont datées du XVe siècle. Voir Section Fresques de cet article.
Le trésor du village était composé de nombreux objets dont seulement quelques-uns sont encore dans l'enceinte du village : le reliquaire, la croix processionnelle, les différentes statues et certains autels votifs gallo-romains…
Personne n’est capable de donner une date précise quant à leur création, ni de donner des preuves d’une possible datation, mais la mode vestimentaire représentée est celle de la fin du Moyen Âge (après 1480). Recouvertes probablement au moment de la Révolution française, elles ne furent découvertes qu’en 1948…
On peut décomposer l’ensemble des fresques en quatre cycles :
Le cycle de l’Enfance est probablement le plus abîmé car c’est le plus bas – donc le plus proche des mains des curieux désirant toucher la texture de la peinture – et surtout parce qu’au XIXe siècle, des ouvertures ont été percées endommageant grandement les scènes (qui étaient alors recouvertes)… Il reste actuellement quatre scènes - mais il est probable en les comparant au récit biblique qu’il en manque (par exemple on pourrait imaginer qu’il manque l’adoration des bergers) – qui n’ont été que partiellement conservées : L’Annonciation, La Visitation, La Nativité et L’Adoration des Mages.
Le cycle de la Passion est peut-être un des mieux conservés – même s'il manque une « bande » en bas de chaque scène (la partie qui se rapproche le plus du cycle de l’Enfance et des vitraux n’a pu être récupérée) Le cycle est entier, il ne manque aucune scène. Il est composé des six scènes « classiques » de la Passion du Christ, c’est-à-dire : L’Agonie au jardin des Oliviers ; L’Arrestation du Christ ; Le Jugement par Ponce Pilate ; La Flagellation du Christ ; La Crucifixion et La Mise au Tombeau.
En effet, il est difficile d'identifier tous les personnages, et surtout la symbolique de leurs représentants. Le « mystère » plane avant tout autour de Judas… Ont été représentés au moins deux soldats (au centre), un doute plante sur le personnage à l'extrême-droite, barbu, qui semble être un soldat (par son casque), mais porte la barbe contrairement aux autres (les autres seraient peut-être les Romains et lui juif ? un représentant/garde du Grand-Prêtre du Temple ?) ; on devine la présence de nombreux autres soldats grâce aux lances, hallebardes et autres armes en arrière-plan : tous sont venus arrêter le Christ…
Mais il semble que cette fresque ait une symbolique, beaucoup plus complexe, incompréhensible si on ne se replace pas dans le contexte politico-religieux du bas Moyen Âge. On pourrait en effet sous-titrer la fresque : Les détails « ambigus » ou le Mystère des Responsables : Ici, il faut observer tous les détails et la symbolique des objets et des couleurs. Malchus, le serviteur du Grand Prêtre, est roux : or au Moyen Âge, le roux est la couleur des traîtres (dans de nombreuses représentations, Judas est roux) donc le clergé juif serait responsable de la mort du Christ ; deux autres symboliques peuvent être dégagées : il pourrait représenter les "cagots" (groupe social exclu et détesté dans les Pyrénées, fait d'un agglomérat d'étrangers : gens de l'est, juifs, musulmans, malades, lépreux... dont on disait qu'il était blond, avec les yeux clairs) ou encore peut être les Albigeois (Latran IV s'attarde en effet sur le sort de ces hérétiques). Le "soldat" (qui n'a cependant pas de casque, est-ce réellement un soldat ?) qui sonne le cor pour appeler des renforts a la tête ceinte d’un tissu blanc.
Il est représenté en « maure », donc les musulmans seraient aussi responsables de la crucifixion du Christ (pourquoi ? bien que l’Islam n’existait pas à l’époque de Jésus, au Moyen Âge il existait et représentait une menace contre le Christianisme – l’Espagne en est l’exemple le plus flagrant – par conséquent les chrétiens se devaient de le combattre (Croisades et Reconquista), d'autant plus que le concile de Latran III (1179), dans le canon 24, interdit de fournir des armes aux Sarrasins sous peine d'excommunication, exclusion des Sarrasins confirmée par le concile de Latran IV (1215). Mais le personnage le plus énigmatique reste celui qui embrasse le Christ. Pourquoi n’est-ce pas Judas ? Il a un visage extrêmement féminin (argument à demi-convaincant, on se souviendra que dans la Cène de Léonard de Vinci, saint Jean est efféminé aussi).
Il prend dans ses bras le Christ, comme si c’était un geste affectif. Il a la tête ceinte d’une auréole, ce serait donc un saint (or l’Église ne voit en lui qu’un traitre ou un corrompu ; jamais Judas n'est représenté avec une auréole, dans quelque image que ce soit) Qui est le personnage qui embrasse le Christ alors ? Un disciple ? Possible mais ça ne peut être ni Pierre (qui est représenté à côté), ni Jean ni Jacques (puisque ce personnage ne ressemble à aucun de ceux représentés dans l’Agonie au Jardin des Oliviers) ; une femme peut-être ? Marie-Madeleine ? Mais pourtant, il est peu probable que l’artiste n’ait pas représenté Judas.
En regardant de plus près, à gauche du Christ, le peintre a dissimulé un personnage qui pourrait bien être le traitre (d'autant plus qu'il porte un bonnet pointu, signe distinctif obligatoire pour les juifs, considérés comme traitres, depuis le concile de Latran IV). Cette fresque peut donc être vue comme une sorte d'application à l'art des décisions ecclésiastiques du concile de Latran IV, ce qui permet de donner un élément de datation : les fresques ne peuvent pas être antérieures au XIIIe siècle.
Les Pères de l’Église ont attribué à chacun des évangélistes un de ces quatre « êtres vivants » appelé tétramorphe en fonction de l’incipit de leur écrit.
Rien de particulier n’est à remarquer sur ce cycle, qui a été peint dans une arcade et non pas dans le cul de four comme le restes des fresques… Si on devait trouver un point commun à tous ces saints, c’est surement que ce sont des évangélisateurs : ils sont tous partis dans le bassin méditerranéen pour prêcher la parole de Dieu… On y retrouve : Paul, Pierre, André et Jacques.
Ce cycle, jusque-là considéré comme secondaire (par sa taille et sa position, en dehors du chœur), a été récemment étudié d'un peu plus prêt et les identifications remises en doute. Si les personnages de saint Paul et de saint Pierre ne font aucun doute (attributs reconnaissables et qui leur sont exclusifs : la clé pour saint Pierre ; l'épée pour saint Paul), les deux autres font l'objet de plusieurs hypothèses nouvelles :