La saison 1957-1958 de la Juventus Football Club est la cinquante-cinquième de l'histoire du club, créé soixante-et-un ans plus tôt en 1897.
L'équipe de la région du Piémont prend part au cours de cette saison à la 56e édition du championnat d'Italie (26e de Serie A), ainsi qu'à la 10e édition de la Coupe d'Italie (en italien Coppa Italia).
Historique
Au sortir de trois saisons catastrophiques, les turinois, au plus profond de leur crise, se doivent absolument de réagir pour s'assurer à nouveau le premier plan du calcio.
Pour ce faire, le président Umberto Agnelli se décide d'y mettre les moyens et d'investir sérieusement.
Tout d'abord, l'entraîneur Sandro Puppo quitte ses fonctions, et c'est le yougoslave expérimenté Ljubiša Broćić, en provenance du PSV Eindhoven, qui assure désormais le banc de la Juventus. Polyglotte, Broćić ne parle pourtant pas l'italien, et se fait donc alors aider dans ses fonctions par l'ancien joueur bianconeroTeobaldo Depetrini.
Agnelli décide également de frapper cette année un grand coup sur le marché des transferts, réalisant un mercato très ciblé.
En provenance du club porteño du River Plate, la vedette internationale argentine (et oriundo) Omar Sívori est acheté pour la somme record pour l'époque de 160 000 lires[1] (Sívori s'avèrera par la suite devenir l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la Juve).
Ensuite, une autre future grande légende est achetée par la société, en la personne du gallois John Charles (premier joueur gallois de l'histoire du club, et par la même occasion l'un des plus grands joueurs gallois de tous les temps[2]), acquis pour la somme de 65 000 £[3] à l'équipe anglaise de Leeds United.
C'est donc avec de nouvelles ambitions et en comptant sur son nouveau trio offensif avec Boniperti (placé dans un nouveau rôle de milieu offensif par Broćić, lui permettant de pleinement profiter de sa vision du jeu ainsi que de ses qualités techniques), Charles et Sívori (trio qui sera plus tard appelé le « Trio Boniperti-Charles-Sivori »[4]), que la Vieille Dame, sans titres depuis cinq ans, entend bien à nouveau se réinstaller parmi l'élite du football italien.
Le dimanche , le trio d'attaquants, pour le premier match de la saison, fait déjà ses preuves lors d'une victoire 3-2 contre Vérone à domicile (un but chacun), avant que Charles ne soit ensuite l'unique buteur lors du match suivant contre l'Udinese. La Juventus FC continue ensuite sa série de succès sans grande difficulté. Lors de la 6e journée, le 13 octobre, Madama affronte son grand rival lors du derby della Mole, le Torino (lors de ce match, Charles assomme malencontreusement le défenseur central du Toro, avant de s'apercevoir qu'il resta étendu au sol alors qu'il s'apprêtait à marquer. Par fair-play, il envoya le ballon en touche pour permettre aux soigneurs d'intervenir, avant d'inscrire ensuite le seul but de la victoire du match[5]). La semaine suivante, l'équipe turinoise réalise le premier match nul de la saison, un nut partout contre le Milan à San Siro (but juventino de Sívori), avant de connaître deux semaines plus tard sa première défaite, battue 2 buts à 1 par le Lanerossi Vicence (avec encore Sívori comme buteur pour les zèbres). Les bianconeri se retrouvent ensuite avec des résultats un peu plus aléatoires, subissant quelques défaites, avant la victoire 2 à 1 sur le terrain d'Alexandrie pour le premier match de la nouvelle année 1958, le 5 janvier (buts de Sívori et de Pedroni contre son camp pour la Juve). Trois semaines plus tard, l'équipe juventina se déplace lors de la 18e journée à Vérone et remporte la partie 3-2 pour le premier match de la phase retour, grâce aux buts de Sívori, Charles[6] et Corradi. Après ce succès, les bianconeri, qui enchaînent une série de quatre victoires consécutives. Le 2 mars, la Juventus remporte à nouveau sa confrontation contre le Torino, 4 buts à 1 à domicile au Stadio Comunale (doublés de Sívori et Charles). Un mois plus tard, la Juve écrase la Lazio sur le même score à Rome, grâce à un triplé de Charles et un but de Sívori, avant de connaître, entre le 20 avril et le 11 mai, une série de quatre rencontres sans victoires. Pour les deux derniers matchs de la saison, la Vecchia Signora se rattrape avec deux succès, dont une victoire 3 buts à rien contre la Roma (buts de Sívori, Charles sur penalty et de Boniperti) lors de l'ultime journée du 24 mai.
Fort de leurs 23 victoires de rang, pour seulement 5 matchs nuls et 6 défaites, la Juventus Football Club termine le championnat avec 51 points (8 de plus que son premier poursuivant, la Fiorentina[7]), remportant donc haut la main cette Serie A, 10e titre de champion de l'histoire du club[8].
Pour fêter ce 10escudetto, Umberto Agnelli a alors l'idée, avec l'approbation du CONI (Comité national olympique italien), d'ajouter sur l'écusson du club et sur le maillot une étoile jaune-dorée à cinq pointes, appelée en italien Stella d'oro al Merito Sportivo (l'idée de cette étoile sportive fut alors adoptée à partir de ce moment, à chaque fois qu'une équipe italienne remporterait 10 scudetti[9]). La Madama fut donc la première équipe au monde à arborer une étoile sur son maillot, synonyme d'un certain nombre de victoires[10].
La Juve, à nouveau au sommet du calcio avec ce « scudetto de la première étoile »[11], doit grandement son succès à ses nouveaux talents offensifs, comme John Charles, qui finit meilleur buteur du championnat avec ses 28 buts[12],[13].
C'est donc ce trio (Boniperti, Charles et Sivori) qui s'imposa rapidement dans le paysage footballistique italien (succédant au « Gre-No-Li » des suédois du Milan) et redonna ses lettres de noblesse à la Juventus, se faisant désormais appelé le « Trio magique »[14] (en italien : le Trio Magico).
Au cours de l'année 1958, Giampiero Boniperti publie également son livre, consacré au club, intitulé « La Mia Juventus »[15].
Après ce titre en championnat, le club bianconero joue durant l'été une deuxième compétition de la saison avec la Coupe d'Italie, qui fait son retour après avoir disparu depuis la saison 1942-43.
Avec une formule quelque peu différente, la Juventus débute la Coppa Italia dans un groupe éliminatoire piémontais, avec un match nul un but partout (but pour la Juve de Stivanello) contre Pro Vercelli, pour ce qui reste le match de la Vieille Dame sans victoire, les piémontais enchaînant par la suite 5 victoires d'affilée, terminant premiers du classement éliminatoire avec 11 points, et donc qualifiés pour les quarts-de-finale de la coupe (remportant notamment ses deux derbies de Turin contre le Torino). Le 7 septembre, la Juventus affronte la Sampdoria qu'elle parvient difficilement à éliminer, avec un score final de 3 à 2 après prolongations (avec des buts d'Emoli (sur penalty), de Sívori et de Bergamaschi contre son camp). En demi, ce sont finalement les romains de la Lazio qui gagnent le match 2-0, renversant les turinois à jouer un match pour la 3e place, contre Bologne. Le match, disputé le mercredi15 octobre, voit les deux formations se séparer sur un score final de 3-3 après prolongations (buts piémontais de Sívori (doublé) et Nicolè). Une séance de tirs au but doit donc se jouer qui voit à nouveau les deux clubs[16] se séparer sur un score nul, 4 buts à 4, avant que les bolonais ne soient désignés vainqueurs par tirage au sort.
Cette saison est donc une renaissance, la Juventus Football Club ayant su affronter ses problèmes pour se hisser à nouveau parmi les meilleurs clubs du pays (grâce notamment à son nouveau 5-3-2 très défensif jouant sur les contre-attaques, mis en place par Ljubiša Broćić), avec un nouveau titre, le premier depuis la saison 1951-52.
↑Ses gestes de fair-play lui vaudront ensuite le surnom d'« Il Gigante Buono », le Bon Géant en français.
↑Il termine à la 6e place au classement du Ballon d'Or 1957 et devient le premier joueur juventino à rentrer dans le classement des nommés au Ballon d'or.
↑Égalant son propre record au nombre de points d'écart sur son premier poursuivant, datant de la saison 1932-33.
↑Battant son propre record du nombre de scudetti remportés (record qui ne sera plus jamais dépassé par un autre club), détenu ex-æquo avec le Genoa. La Juventus FC est donc désormais, avec 10 titres, la seule détentrice du record.
↑125e « derby turinois » de l'histoire toutes compétitions confondues (matchs amicaux également).
↑Synonyme de la première étoile du club, correspondant à 10 titres de champions d'Italie (qui fut alors cousue sur le maillot et rajoutée à l'écusson du club). Cette distinction est appelée en italien la « Stella d'Oro al Merito Sportivo ».
↑Les deux clubs n'ayant pas réussi à se départager après la séance de tirs au but, le Bologne Football Club fut donc déclaré vainqueur après tirage au sort.