Son nom vient de la présence d'une ancienne plantation d'acacias dans la rue, elle figure sous ce nom dès 1825 sur le plan cadastral correspondant[1].
Historique
Ouverte en 1814, la « rue des Acacias » est une des plus anciennes rues du quartier alors sur le territoire de Neuilly-sur-Seine[2]. À l'époque, c'était la pleine campagne et la rue n'était qu'un chemin qui permettait de rejoindre la rue des Dames-de-Montmartre (aujourd'hui rue Poncelet) à la route de Saint-Germain (aujourd'hui avenue de la Grande-Armée). Rattachée à Paris en 1860, la voie garde son nom d'origine[2].
Les acacias formaient deux rangées d’arbustes qui couraient sur toute la longueur de cette rue et ce jusqu'aux environs de 1880, date à laquelle ils ont disparu (peut-être par la faute de Haussmann, ou peut-être à la suite des grands froids de 1879)[3]. Ils n’ont jamais été replantés (il faut noter qu'à de rares exceptions près, les avenues de Paris sont arborées mais pas les rues).
No 1 : cet immeuble aurait hébergé dans les années 1980 l'énigmatique Baron noir, pilote d'un mystérieux avion fantôme survolant Paris à très basse altitude, tous feux éteints, une fois la nuit tombée[5].
No 3 : immeuble où est né Jean Dutourd et où son père avait son domicile et son cabinet de chirurgien-dentiste[6].
Nos 16 et 31 : deux petits bâtiments à un seul étage, des survivants du début des constructions dans la rue. Ils figurent à l’identique, sur des cartes postales de 1900.
Entre les nos 13 et 15, c’est-à-dire exactement à l'emplacement actuel de la rue du Colonel-Moll se trouvaient jusqu’en 1910 les remises et les écuries de L'Urbaine et la Seine. Ce dépôt dit de l’Étoile était l’un des plus importants dépôts de la compagnie avec ses nombreux chevaux (en 1884, on y comptait plus de 180 voitures)[8].
No 27 : cet immeuble de six étages est censé, selon la chanson de Mireille et Jean Nohain (27 rue des Acacias), abriter au septième étage la chambre d'une certaine Ida.
No 32 : Béatrix Excoffon, résidente à cette adresse, réquisitionne pour les besoins du club de la Boule Noire, une association féministe pendant la Commune de Paris, un appartement dans cet immeuble[9],[10].
No 45 : l’archiduc autrichien en exil Guillaume de Habsbourg-Lorraine (1895-1948) y loua un appartement en [11], avant de fuir la France en 1935.
No 45 bis : ancien cinéma Studio des Acacias ouvert en 1933 avec 310 places. Il ferme en 1936 pour devenir le Cinérire des Ternes qui fermera de nouveau en 1941. Il se transformera en Ciné-Acacias, et enfin il redeviendra Studio des Acacias en 1982 pour fermer définitivement en 1984[12]. Le rez-de-chaussée est aujourd'hui une supérette et les étages abritent l'ambassade du Népal.
No 54 : au fond de la cour, à gauche, une ancienne écurie a été transformée en salle de boxe dans les années 1930. Elle a reçu les plus grands noms du noble art : Carpentier et Cerdan, notamment, qui avaient conquis leurs titres salle Wagram, de l’autre côté de l’avenue Mac-Mahon (sur laquelle s'ouvrait un passage muré depuis). Un studio de photo nommé le Studio Mac Mahon y est fondé en 1954, il était célèbre dans la grande couture, de Marc Bohan et de Louis Féraud à Pierre Cardin. C’est là, aussi qu’une nouvelle presse est née : Salut les copains, Lui, Mademoiselle Âge Tendre … Toutes les grandes stars de l’époque yé-yé — Johnny, Sylvie, Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Claude François, Sheila — y ont trouvé leur première image publique. C’est dans ce studio que Daniel Filipacchi, grand reporter pour Match, et Jean-Marie Périer ont enfanté des mythes[14] (la « Photo du siècle » y fut prise). Aujourd'hui modernisé et hyper équipé, le studio travaille pour la mode, la communication, la presse, la publicité, la vidéo, le web…
No 54 : au fond de la cour, à droite, juste en face, une ancienne salle de bal devenue un atelier qui créée et restaure des objets en laque depuis près d'un siècle[15]. Cet atelier fut créé en 1919 par Louis Midavaine après la Grande Guerre pendant laquelle il est grièvement blessé aux jambes et au bassin. Il est soigné dans un hôpital en Allemagne, où il découvre le travail de la laque auprès d'ouvriers chinois, venus protéger les hélices des avions allemands. Après l'armistice, Louis rentre en France. Malgré son état, il décide de fonder un atelier de laque et engage des artisans qui, comme lui, sont des mutilés de guerre. Ensemble, ils font prospérer leur entreprise[16]. Son fils puis sa petite-fille lui succèdent. L'atelier est encore aujourd'hui incontournable dans le monde de la laque et il a reçu le label EPV (Entreprise du patrimoine vivant). Il reste l'un des derniers laqueurs de Paris.
À Montmartre existait une « rue des Acacias », renommée depuis « rue d'Orsel ».
Dans le bois de Boulogne, la longue allée de Longchamp (3 km) qui va de la porte Maillot jusqu'à l’hippodrome de Longchamp s'est appelée autrefois « allée des Acacias ». C'était l'une des allées les plus fréquentées et élégantes (ce nom figure sur de nombreux plans et cartes postales anciens mais il est aujourd'hui tombé en désuétude).
Au cimetière du Père-Lachaise, il y a un « chemin des Acacias » à l'angle du chemin Masséna, où se trouve la tombe du maréchal Ney, avec sa statue en pied.
Jusqu’en 1936, au niveau du no 21 de la rue s’ouvrait l'impasse des Acacias, renommée depuis « villa Guizot ».
Au no 56, on trouve le passage des Acacias qui est long de 36 m et large de 3,5 m. Il se termine vers l'avenue Mac-Mahon par un escalier de 8 marches.
Le 2, c'est une boulangerie
Le 6, c'est un brocanteur
Le 12, c'est une charcuterie
Le 16, un marchand de couleurs
Il ne faut cependant pas prendre la description de la rue des Acacias pour autre chose que de la poésie. En effet, les amateurs d'histoires d'amour immortelles risquent fort d'être déçus : elle chante « Y'a qu'au septième qu'il y a de l'ivresse » mais au no 27 il n'y a que 6 étages ; le boulanger est au no 31, le brocanteur au no 41, le charcutier au no 27 et il y a certes un atelier de laque mais il est au no 54 et ne vend pas de couleurs[19].
↑L'hiver 1879 est le plus froid jamais recensé en France (au moins depuis l’hiver 1709). La Seine est entièrement prise par les glaces, comme également le lac Léman. Au dégel, les débâcles sur la Seine et la Loire occasionnent d’énormes dégâts : le pont des Invalides qui est emporté par des glaçons de plus d’un mètre d’épaisseur, « voir en ligne » (consulté le ).
↑Elle célèbre le comte Patrice de Mac Mahon (1808-1893), elle a donc été baptisée de son vivant, alors qu’il occupait la fonction de président la République.
↑L’académicien Jean Dutourd raconte la vie du quartier dans son deuxième roman, Le Déjeuner du lundi, publié en 1947 par Robert Laffont.
↑Jean-Pierre Lefèvre-Garros, Roland Garros. La tête dans les nuages, la vie aventureuse et passionnée d'un pionnier de l'aviation, Ananké/Lefrancq, , p. 32-33.
↑Le nom de cette dernière proviendrait de Victor, Lambert, Joseph Bertrand (1857-1931), héros de la Première Guerre mondiale. C'est aussi le nom de la rue où Marcel Proust situait l'hôtel particulier de Swann dans la Recherche.
↑Texte de la chanson 27, rue des Acacias, « voir en ligne » (consulté le ).
Timothy Snyder (trad. de l'anglais par Olivier Salvatori), Le Prince rouge : les vies secrètes d'un archiduc de Habsbourg [« The Red Prince: The Secret Lives of a Habsburg Archduke »], Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 384 p. (ISBN978-2-07-013972-9).