Elle relie la rue Bonaparte à la rue de Seine, avec la rue des Beaux-Arts au nord et la rue Jacob au sud. C'est la plus longue des rues étroites de Paris. La modification de cette rue a été envisagée par plusieurs projets urbains[1].
Cette voie porte depuis 1864 le nom de l'architecte français d'origine italienne Louis Visconti (1791-1853).
Historique
Elle a été ouverte en 1540 sous le nom de « rue Marais-Saint-Germain[2] » à travers le petit Pré-aux-Clercs et fut pendant le XVIe siècle le refuge des protestants, dont Bernard Palissy[3]. Ils y étaient si nombreux qu'elle fut surnommée « la petite Genève », expression reprise par Agrippa d'Aubigné. Le refuge était assez sûr pour que les habitants de la rue soient épargnés lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle a été renommée le en l'honneur de Louis Visconti, architecte de l'empereur Napoléon III et auteur du tombeau de Napoléon Ier.
Les maisons sont en majorité du XVIIe siècle ; beaucoup d'entre elles ont conservé de beaux portails sculptés et de belles cours. Un des immeubles les plus remarquables aujourd'hui est l'hôtel de Ranes construit en 1660, au no 21. La rue avait été déclarée insalubre vers 1940[4].
No 13 : en 1830, ce numéro appartenant alors à l'ancienne « rue des Marais » [..] « du faubourg Saint-Germain » était attribué à la maison qu'occupait le lithographe et imprimeur Charles Motte, beau-père d'Achille Devéria[7].
No 14 : logement de l'artiste peintre Louis Joseph César Ducornet (1806-1856) de 1845 à 1856[réf. nécessaire]. Né sans bras, il se servait de ses pieds pour peindre. Également né sans fémurs, il n'avait que quatre orteils par pied et était atteint de phocomélie.
No 17 : Honoré de Balzac y avait installé une imprimerie le et avait aménagé une garçonnière à l'étage au-dessus[8].
No 19 : un atelier d'artiste abrita plusieurs hommes illustres. D'abord le peintre Eugène Delacroix qui y logea de 1836 à 1844. Il y peint le portrait de Frédéric Chopin en 1838. L'affichiste Cassandre y avait son atelier, qu'il céda en 1937 au peintre et graveur Constant Le Breton[9].
Des nos 16 à 26 : un hôtel particulier appartint à Nicolas Vauquelin, puis à Nicolas Fontaine. L'un des sept hôtels qui ont été construits sur son emplacement (le no 24 ou 26) accueillit Racine qui y vécut de 1690 à sa mort en 1699[10].
En 1962, Christo y dressa son Rideau de fer composé de 89 barils de pétrole qui barraient toute la rue en référence au mur de Berlin, à l'occasion d'une exposition à la galerie Drouin[12],[13].
Edgard Varèse aimait à s'y promener et à dialoguer avec les nombreux chats de la rue : « Je sais combien Varèse aimait Paris, les pierres anciennes, le quartier Saint-Germain-des-Prés, la rue Visconti… Il se promenait en conteur, en poète, faisant surgir Villon, le chevalier des Grieux, Landru, ou prenant dans ses bras le minuscule chaton d'une concierge[14]. »
Patrick Süskind y situe, « rue des Marais » (sic), le meurtre fondateur perpétré par Jean-Baptiste Grenouille, son anti-héros du Parfum, au XVIIIe siècle, sur une innocente jeune fille qui triait chez elle (dans un intérieur) des mirabelles dans des récipients, mais dont le malheur est de fasciner le jeune criminel par son parfum corporel propre, à son nez inédit et « merveilleux ».
Aujourd'hui, la rue se distingue par son grand nombre de galeries d'art et en particulier d'art primitif.
↑Cette adresse figure sur de nombreuses œuvres, par exemple sur la couverture d'un Album de sept sujets lithograhiés par A. Devéria et publiés par Charles Motte.
↑Stéphanie Griou et Jean-Christophe Sarrot, Ballades littéraires dans Paris du XVIIe au XIXe siècle, Éditions Nouveau Monde, coll. « Terre d'écrivains », 2004, p. 81 (ISBN2-84736-054-9).