À la Révolution, la rue faisait partie de la section Lepeletier. Jusqu’en 1860, la rue Sainte-Anne était entièrement comprise dans l’ancien 2e arrondissement de Paris et était partagée entre le quartier du Palais-Royal et le quartier Feydeau. Depuis le redécoupage, elle s'étend sur les 1er et 2e nouveaux arrondissements, de l'avenue de l'Opéra au sud, où elle est prolongée par la rue de l'Échelle, à la rue Saint-Augustin au nord, où elle est prolongée par la rue de Gramont.
Origine du nom
La rue Sainte-Anne a reçu ce nom [1] en l’honneur d’Anne d'Autriche reine de France et épouse de Louis XIII. Ce n’est pas la première fois qu’une rue portait ce nom à Paris[2].
Historique
L'emplacement de la rue Sainte-Anne se trouve hors les murs jusqu'à la destruction du tronçon occidental de l'enceinte de Charles V et le renforcement des bastions de l'enceinte de Louis XIII, au début des années 1630, et à l'extension de la zone fortifiée concomitante.
La rue actuelle est la réunion de deux rues qui ont existé de façon autonome pendant quelques années lors de la naissance du quartier. La première, au sud de la rue des Petits-Champs actuelle, ne l'atteignait en réalité pas tout à fait au départ, bornée au nord par la butte des Moulins. Cette partie, comprise entre les rues de l'Anglade et du Clos-Georgeau — c'est-à-dire très exactement la partie qui disparut lors du percement de l'avenue de l'Opéra —, fut ouverte en 1633[2]. La seconde partie s'étendait de la rue des Petits-Champs à la rue Saint-Augustin. La réunion s'est faite vers 1650. La discontinuité est nette sur le plan de Gomboust de 1652[3]. Alors que la rue est déjà continue sur le plan de Boisseau de 1648[4]. L'explication de cette incohérence tient aux contingences de l'imprimerie de l'époque ; elle révèle en tout cas que c'est autour de ces dates qu'est intervenu le raccordement.
Depuis sa création, la rue a porté différents noms, dont ceux de « rue au Sang » et « rue de la Basse-Voirie[1]», du fait des activités d'équarrissage qui s'y tenaient, à proximité du marché aux chevaux de la porte Saint-Honoré[5]. La butte des Moulins, qui accidente aujourd'hui encore le tracé de la rue, était notamment composée d'immondices et constituait de fait une voirie. Elle a aussi porté le nom de « rue des Moulins » en raison de la présence des deux moulins qui étaient situés sur l'emplacement de la rue du Clos-Georgeau et qui ont donné leur nom à la butte[2],[6].
La rue a reçu le nom de sainte Anne en 1633[1] en l’honneur d’Anne d’Autriche qui était reine de France. Ce n’est pas la seule rue de Paris à avoir porté ce nom[7].
Le prolongement de cette rue, au nord de celle qui était alors « rue Neuve-des-Petits-Champs », n'a pas eu de nom dans un premier temps pour la raison qu'elle ne desservait que des potagers et vergers[8], puis s'appelait « rue de Lionne » après la construction de l'hôtel particulier du secrétaire d'état Hugues de Lionne, dit « hôtel de Lionne » (ou « de Lyonne »), puis hôtel de Pontchartrain, en 1661[9].
Dès 1672, une vingtaine d'années après l'unification de la rue, elle porte l'odonyme unique de « rue Sainte-Anne[10] ».
En 1792, elle prend le nom de « rue Helvétius » en l'honneur du philosophe français Claude-Adrien Helvétius qui y habita à l'ancien n° 18 avec son beau-frère, le Fermier général Nicolas Delay de La Garde[11]. Le Conseil général de la commune de Paris en prend officiellement la décision, ce qui n'était pas du tout systématique en cette période de renommage intempestif : « Séance du . — Le conseil général, le procureur de la commune entendu, arrête : que la rue Sainte-Anne, dans laquelle est né le philosophe Helvétius, portera dorénavant le nom d’Helvétius[12]. ». La rue faisait alors partie de la section Lepeletier.
Une décision ministérielle du 18 pluviôsean X (), signée Chaptal, fixe la largeur de cette voie publique à 8 mètres
Par arrêté du , sous la Première Restauration, cette voie reprit le nom de « rue Sainte-Anne ».
La rue a été un lieu de rencontre homosexuel et de prostitution masculine depuis, au moins, le début du XXe siècle et jusque dans les années 1980. Les Bains Sainte-Anne, ouverts dans la rue durant la Première Guerre mondiale, sont fréquentés par une clientèle homosexuelle, répertoriée comme telle par la brigade des mœurs[13]. Mais, probablement, la rue s’est insérée dans le réseau de la prostitution masculine à la fin du XVIIIe siècle, quand les galeries du Palais-Royal et les rues avoisinantes ont été investies par une culture gay plus ou moins clandestine.[réf. nécessaire]
À partir des années 1910, les hammams, les bars, les restaurants et les boîtes de nuit se multiplient dans la rue. Elle acquiert une notoriété quasi proverbiale en matière d'homosexualité à la fin des années 1960, avec le développement des mouvements de libération sexuelle et l'ouverture dans la rue de lieux de fêtes prestigieux (Le Sept, Le Bronx, Le Colony, etc.), fréquentés notamment par des écrivains, des acteurs et des couturiers célèbres. Elle devient alors l'un des centres de la vie gay parisienne[14],[15].
À la fin des années 1970, la naissance d'un nouveau quartier homosexuel au Marais entraîne peu à peu la fermeture des établissements de la rue Sainte-Anne et leur disparition dans les années 1980[16],[17].
No 32 : L'Heureuse Galère, cabaret féminin créé par Sidonie Baba[24].
No 32 bis : Hôtel Villedo au début du XXe siècle, photographié par Eugène Atget en 1907, qui précise que l'immeuble appartenait au sieur Tarade en 1780[25].
No 43 : en 1720, l'hôtel était occupé par le marquis de Cursay[1] (administrateur de la Corse de 1748 à 1752 pour le compte de la république de Gênes)[26].
No 46 : plaque mémorielle rappelant la mort, en 1704, de Bossuet.
No 47, à l'angle avec la rue des Petits-Champs : hôtel Lully, construit par l'architecte Daniel Gittard pour le compositeur Jean-Baptiste Lully en 1670. Le musicien y vécut jusqu'en 1683. Le bâtiment est orné d'instruments de musique sur la rue Sainte-Anne et de mascarons sur la rue des Petits-Champs.
↑On ne peut exclure que les frères Lazare aient confondu avec la rue des Moulins actuelle, qui portait déjà ce nom-là sur le plan de Boisseau de 1648 et qui est parallèle et très proche de la rue Sainte-Anne.
↑Autour du Sept, dans la rue Sainte-Anne, se trouvaient de nombreux bars, dont le Pim's (nommé plus tard The Bronx), le Colony [1], Frédéric Martel, The Pink and the Black: Homosexuals in France since 1968, « Le Piano'Bar », [2].
↑« Quartier de l'Opéra », Jipango, no 24, automne 2010.
↑Archives de la ville de Paris V2E/8202. Acte du 27 janvier 1809, mariage de Jean Baptiste Eugénie Dumangin, 64 ans, avec Anne De Coste De la Calprenède, 21 ans, dans la mairie du 10e.
↑Pierre Groppo, « Couture club », Vanity Fair, no 44, mars 2017, p. 134-147.
Jean-François Leiba-Dontenwill, La Rue Sainte-Anne à Paris. Histoire de la rue, histoire du parcellaire et histoire du lotissement, mémoire de maîtrise, Paris-I, dir. Daniel Rabreau, 1999, 2 volumes.