Orphelin à deux ans, il fait ses études chez les jésuites, participe à des organisations catholiques et effectue des études de droit et de sociologie à l'université centrale du Venezuela (1931-38). Secrétaire des Jeunesses catholiques, il participe à la fondation de l'Unión Nacional Estudiantil (UNE) en 1936, qui se transforme deux ans plus tard en parti, l'Acción Electoral (AE). À cette époque, l'UNE est à droite, soutenant clairement le franquisme[3]. L'AE s'intégra au Movimiento de Acción Nacional qui fournira l'une des bases du Comité d'organisation politique électorale indépendante (COPEI, démocrate-chrétien) en 1946. Jeune député, Caldera se rend à Washington en 1942, rencontrant Jacques Maritain, dont il contribue à introduire la pensée au Venezuela[3].
Créateur en 1946 du COPEI, destiné à diffuser les idées du catholicisme social, celui-ci obtient 19 députés aux élections d', devenant la deuxième force du pays, loin derrière, toutefois, l'Action démocratique (AD, social-démocrate) qui a 137 sièges. Celui-ci met en œuvre un programme anti-clérical (fermeture écoles religieuses, etc.), qui voit l'Église entrer dans l'arène politique aux côtés du COPEI.
Lors du retour de la démocratie, le COPEI est l'un des deux grands partis vénézuélien, avec l'Action démocratique (sociale-démocrate). Caldera préside l'Organisation démocrate-chrétienne d'Amérique latine de 1964 à 1968, ainsi que l'Union mondiale démocrate-chrétienne (devenue Internationale démocrate centriste) de 1967 à 1968.
Président (1969-1974)
Il est élu président président d'une courte tête face à son adversaire Gonzalo Barrios de l'Action démocratique, disposant de seulement trente-deux mille voix d’avance[5].
Il ne dispose pas de majorité parlementaire, mais accélère la pacification du pays (trêve avec la guérilla et levée de l'interdiction du Parti communiste et du Mouvement de la Gauche révolutionnaire). Caldera n'hésite cependant pas à réprimer la gauche, raison pour laquelle il ferme définitivement l'Escuela Técnica Industrial, et, pendant deux ans, l'Université centrale.
Plusieurs grands chantiers ont lieu sous sa présidence (inauguration du Poliedro de Caracas(es) en 1974, début des travaux du complexe pétro-chimique d'El Tablazo dans l'État de Zulia, etc.). En , il passe la main à Carlos Andrés Pérez (AD).
Des années 1980 à 1999
Après avoir laissé passer la période de 10 ans, pendant laquelle la Constitution lui interdisait de se présenter à nouveau à la présidentielle, il est à nouveau candidat de COPEI à l'élection de 1983(es), mais perd face au candidat de l'AD, Jaime Lusinchi. Battu aux primaires de 1987 par Eduardo Fernández Jiménez(es), il quitte le COPEI et fonde Convergencia(es).
Après les émeutes du Caracazo en , il déclare, le jour de la tentative de putsch militaire, à laquelle participe le futur président Hugo Chávez (), « il est difficile de demander au peuple de s'immoler pour la liberté et la démocratie, quand il pense que la liberté et la démocratie ne sont pas capable de lui donner à manger »[6].
En , lors d’une visite de Bill Clinton à Caracas, un accord de coopération pour la lutte contre le narcotrafic (11 millions de dollars) est signé. Le Venezuela est alors décrit par les autorités américaines comme « la plus importante route de contrebande du narcotrafic depuis la Colombie jusqu’aux marchés illicites. Le pays sert de zone de transit pour environ 100 tonnes de cocaïne et 10 tonnes d’héroïne par an »[7].
Pour lutter contre la crise qui sévit, Caldera décide cependant de suspendre certaines garanties constitutionnelles, en particulier celles concernant la libre-entreprise, ce qui est, au vu de la situation, toléré par la communauté internationale, mais moins par les milieux d'affaires vénézuéliens. Décidant finalement d'appeler à l'aide le Fonds monétaire international (FMI), il dévalue le bolívar de 70 % et opère un tournant politique en mettant en place une politique de rigueur : il lève le contrôle des changes, privatise le secteur public et met en œuvre un programme de réduction du déficit budgétaire, organisant aussi une réforme des assurances sociales (chômage, etc.). Ces mesures provoquent le mécontentement populaire (manifestations, etc.), tandis qu'elles le contraignent à chercher l'appui de l'Action démocratique, les partis de gauche s'y opposant. Plusieurs figures de l'AD entrent ainsi au gouvernement.
Fin de vie
Atteint de la maladie de Parkinson, il meurt le à l'âge de 93 ans[2]. Son épouse Alicia est morte en 2011 à 87 ans.
↑ a et b Olivier Compagnon, Jean-Marie Mayeur (2003), Jacques Maritain et l'Amérique du Sud: le modèle malgré lui, Presses universitaires du Septentrion, 2003, p. 246 sq.
↑ a et bLe Monde « Ancien président du Venezuela, Rafael Caldera », par Paulo A.Paranagua,
↑Es difícil pedirle al pueblo que se inmole por la libertad y por la democracia, cuando piensa que la libertad y la democracia no son capaces de darle de comer