La Grande Colombie (en espagnol : Gran Colombia), officiellement République de Colombie (espagnol : República de Colombia) était un ancien pays du nord de l'Amérique du Sud et du sud de l'Amérique centrale qui exista dans le premier tiers du XIXe siècle. Le nom de Grande Colombie est utilisé pour la différencier de l'actuelle Colombie. Outre cette dernière, le pays regroupait les actuels Équateur, Venezuela, Panama, une partie du nord du Pérou, du nord-ouest du Brésil et de l’ouest du Guyana. Il est né de l'indépendance d'une partie de l'Amérique du Sud vis-à-vis de l'Espagne.
Le , les habitants de Bogota instaurèrent la première assemblée représentative à défier l'autorité espagnole. L'indépendance ne fut proclamée qu'en 1813 et la République fut proclamée le [2].
« Cette nation s’appellera Colombie, afin de rendre justice et gratitude au créateur de notre hémisphère. »
Ce n'est qu'après sa dissolution que le pays recevra le nom de « Grande Colombie », afin de le distinguer de l'actuelle Colombie.
Histoire
Fondation de la Grande Colombie
Vision prophétique de « la lettre de Jamaïque »
Après la chute de la Première République du Venezuela, Simón Bolívar s'exile en Jamaïque, où il rédige la « Lettre de Jamaïque », dans laquelle en 1815 il a une vision prophétique de l'avenir de l'Amérique du Sud espagnole et où il projette la création de la Grande Colombie.
Angostura (aujourd'hui Ciudad Bolívar), la capitale de la Guyane vénézuélienne sur l'Orénoque, est prise en . Simón Bolívar mène une campagne en Nouvelle-Grenade (Colombie actuelle), et par la victoire de Boyacá () il libère le territoire, Bogota est prise le . Le gouvernement de la Nouvelle-Grenade est confié au général Santander. Un congrès est donc réuni à Angostura, qui vise à rassembler la Nouvelle-Grenade (qui a été conquise), et le Venezuela (en cours de conquête) en un seul État sous le nom de Colombie.
Le congrès consultatif de 1821 se réunit à Cúcuta pour rédiger la Loi fondamentale de la République de Colombie (Constitution de la Grande Colombie).
Les élites dirigeantes entendent alors tenir éloignées les masses populaires de l'exercice du pouvoir. Environ 90 % de la population colombienne est exclue du droit de vote[3].
Dissolution de la Grande Colombie
La Grande Colombie, créée en 1819, commence sa dissolution en 1826 ; plusieurs facteurs sont à l'origine de cette crise.
Séparatisme vénézuélien prôné par le général Páez
La révolution séparatiste appelée La Cosiata, dirigée par le général José Antonio Páez en 1826, où les municipalités de Caracas et Valencia ignorent l'autorité du gouvernement de la Colombie et depuis 1821 demandent une réforme de la Constitution de Cúcuta.
Critique de la Constitution de Cúcuta et ouverture de la Convention
La Constitution de Cúcuta était critiquée à cause de sa tendance au centralisme à une époque où certains considéraient qu'il était difficile d’intégrer politiquement et administrativement trois pays avec des caractéristiques et des situations très différentes.
La divergence de points de vue entre Bolivar et Santander provoque en 1827 la consolidation des partisans bolivariens et santanderiens. Des assemblées populaires et militaires se joignent à l'un ou l’autre groupe.
Le Congrès de la Grande-Colombie décide de convoquer en 1827 la Grande Convention nationale pour le mois de mars 1828, afin de réformer la constitution de 1821 pour tenter de résoudre les problèmes issus de l'intégration. La convention s'installera officiellement le dans la ville d'Ocaña, lieu qui était le plus central pour l'arrivée des Vénézuéliens, Néogranadiens, Quiteños et des régions de la côte atlantique. La convention se développe dans une ambiance d’intérêts de partis en présentant deux projets de réforme constitutionnelle.
des pouvoirs extraordinaires pour le président de la République en temps de guerre ;
un mandat présidentiel de huit ans ;
des droits de co-législateur accordés au président ;
une réunion annuelle avec les assemblées départementales ;
une magistrature à vie pour les magistrats de la haute Cour de Justice.
Santanderistes
Les santanderistes sont des libéraux (menés par le général Francisco de Paula Santander), favorables à un État décentralisé, à la prééminence de l'État dans l'enseignement et les affaires civiles, et un suffrage plus élargi.
Les idées santandéristes principales sur les plans socio-politiques et politico-économiques sont :
le fédéralisme comme moyen de défense de la liberté du peuple de Nouvelle-Grenade ;
la défense de la liberté de culte par la séparation de l'Église et de l'État ;
la défense du libre commerce et de la propriété privée ;
la défense de l'égalité des droits et devoirs de tous les citoyens sans prise en compte du statut social, de la religion, de l'origine ethnique ;
la promotion de l'éducation publique comme moyen d'élévation dans la société des classes les plus défavorisées ;
l'abolition de l'esclavage ;
la défense du gouvernement civil ;
l'abolition de l'impôt sur le travail ;
la défense de la social-démocratie.
Finalement, sans arriver à un accord, le la convention se dissout et un peu plus tard, au mois d'août, la dictature de Bolivar s'imposera avec un grand appui populaire.
Le Pérou envahit la Grande Colombie dans la région de l'Équateur en 1828. Simón Bolívar intervient contre le Pérou, et celui-ci est défait en 1829.
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Fin de règne de Bolívar et dissolution de la Grande Colombie
Entre le et mars 1830, Bolívar gouverne par décret, tel un dictateur. Cela n'empêche pas la sécession du Venezuela le . Le , Bolívar convoque le Congrès Admirable afin de trouver une solution à la crise institutionnelle. Le congrès ne peut éviter la sécession du Venezuela. La santé de Bolívar se détériore rapidement et le , il donne sa démission. Domingo Caicedo devient président par intérim.
Le , le Distrito del Sur (district du Sud) déclare à son tour son indépendance et devient l'Équateur.
Le , Antonio José de Sucre, que Bolívar considérait comme son successeur spirituel, est assassiné.
Une nouvelle Constitution est promulguée au Venezuela le sous l'impulsion du général Paez. Le territoire du nouveau pays y est défini comme celui que couvrait en 1810 (avant toutes modifications) la Capitainerie générale du Venezuela.
le département d'Apure rejoint le département de l'Orénoque, tandis que les provinces de Cumaná, Barcelona et Margarita sont regroupées au sein du département de Maturín.
au sein du département de Magdalena, la partie sud-est de la province de Carthagène des Indes devient la province de Mompox[4].
Durant les années 1820, le budget de l'armée représente les 3/4 du budget national[5].
Géographie
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La grande Colombie couvrait une grande partie du nord de l'Amérique du Sud et l'extrême sud de l'Amérique centrale. Elle reprenait plus ou moins le territoire de la Vice-royauté de Nouvelle-Grenade suivant le principe Uti possidetis juris.
La population de la Grande Colombie est multiethnique. Elle est composée d'Espagnols, d'Indiens, de Mulâtres, de Noirs, de Métis et de Zambos[6].
De manière générale, la population est répartie de façon très hétérogène.
Selon les estimations réalisées en 1822, la population de la Grande Colombie est distribuée par département de la manière suivante[7],[8] :
Numéro
Département ou province
Population
1
Orinoco
174 000
1.1
Cumaná
70 000
1.2
Barcelona
44 000
1.3
Guyana
45 000
1.4
Margarita
15 000
2
Venezuela
430 000
2.1
Caracas
350 000
2.2
Barinas
80 000
3
Zulia
162 100
3.1
Coro
30 000
3.2
Trujillo
33 400
3.3
Mérida
50 000
3.4
Maracaibo
48 700
4
Boyacá
444 000
4.1
Tunja
200 000
4.2
Socorro
150 000
4.3
Pamplona
75 000
4.4
Casanare
19 000
5
Cundinamarca
371 000
5.1
Bogotá
172 000
5.2
Antioquia
104 000
5.3
Mariquita
45 000
5.4
Neiva
50 000
6
Cauca
193 000
6.1
Popayán
171 000
6.2
Chocó
22 000
7
Magdalena
239 000
7.1
Cartagena
170 000
7.2
Santa Marta
62 000
7.3
Riohacha
7 000
8
Quito
550 000
8.1
Quito
230 000
8.2
Quixos & Macas
35 000
8.3
Cuenca
78 000
8.4
Jáen de Bracamoros
13 000
8.5
Maynas
56 000
8.6
Loja
48 000
8.7
Guayaquil
90 000
9
Panamá
80 000
9.1
Panamá
50 000
9.2
Veragua
30 000
Total
Grande Colombie
2 463 000
Le recensement de 1825 donne, par district, les résultats suivants concernant la population[9] :
District
Hommes libres
Esclaves
Indigènes indépendants
Population totale
Norte (Venezuela)
609 545
50 088
26 579
686 212
Centro (Nouvelle Grenade)
1 182 500
45 830
144 771
1 373 110
Sur (Équateur)
485 021
6 975
52 481
524 477
Totaux
Grande Colombie
2 227 066
102 902
203 831
2 583 799
Économie
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L’économie et les rapports sociaux sont fortement marqués par l'esclavage et le servage. Plusieurs modes de production différents coexistent (le servage, l'esclavage, le communisme primitif et l’économie naturelle d'autosubsistance) mais l'exploitation des populations indigènes et surtout des populations noires réduites en esclavage reste le fondement de l'économie[3]. Le communisme primitif de certaines communautés indiennes, devient la cible des libéraux, qui par idéologie (le progrès étant perçu comme incompatible avec le maintien de rapports sociaux barbares) ou cupidité (l’agrandissement des haciendas nécessitant la disparition des terres collectives) ne pouvaient que difficilement tolérer[3]. La concentration de la propriété fut ainsi plus forte que durant la colonisation espagnole[10].
Culture
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Dans la culture populaire
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La grande Colombie peut être reformée dans le jeu Heart of Iron IV grâce un système de décisions.
↑Datos publicados por el Instituto Geográfico de Weimar en 1823, en base a la subdivisión de la Gran Colombia de 1822. Por tal motivo no se incluye a la Provincia de Guayaquil.
↑Alexander von Humboldt (2011). Political Essay on the Island of Cuba: A Critical Edition. University of Chicago Press, p. 215-217. Edición de Vera M. Kutzinski & Ottmar Ette. (ISBN978-0-22646-567-8).
↑Datos publicados por Manuel María Paz y Felipe Pérez en 1890, en base a la subdivisión de la Gran Colombia de 1824.