La quatrième réforme de l'État belge est le quatrième volet d'une série de réformes de l’État lancées en Belgique à la fin des années 1960, avec, pour toile de fond, la naissance du fédéralisme belge pour tenter d’apporter une solution aux tensions communautaires dans le Royaume, entrainant la fin de l'état-nation unitaire et la transition vers un état fédéral.
Ce quatrième opus entre en vigueur entre l'année 1992 et 1994 lors du mandat du Gouvernement Dehaene I. Il proclame officiellement et décrit le caractère fédéral de la Belgique[1] dans la constitution belge en révisant celle-ci.
Il opère également la scission de la province de Brabant, qui entre en vigueur lieu le 1er janvier 1995 et qui fait passer le nombre de provinces de neuf à dix, avec la création, de part et d'autre de la frontière linguistique, de la province du Brabant flamand au nord et de la province du Brabant wallon au sud.
La troisième réforme de l'État belge avait conduit la Belgique sur la voie du fédéralisme, sans toutefois pousser ce processus jusqu'à sa proclamation.
L'accord de la Saint-Michel est conclu en ce sens le 28 septembre 1992 et organise une nouvelle révision constitutionnelle qui débute par l'article premier de la Constitution belge, disposant que : « La Belgique est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions ». En outre, la révision constitutionnelle s'accompagne d'une renumérotation de tous les articles du texte. Cette nouvelle version est promulguée le 17 février 1994.
Lors de la quatrième réforme de l'État, les entités fédérées (communautés sont dotées de compétences supplémentaires, notamment en matière de relations internationales. La région wallonne peut transférer l'exercice de certaines de ses compétences à la communauté germanophone, afin que celle-ci les exerce dans la région de langue allemande de Belgique.
Les communautés française et flamande ainsi que la région wallonne se voient doter de l'autonomie constitutive. Les règles organisant la composition de leurs organes sont revues. Dorénavant, les membres de toutes les assemblées parlementaires des communautés et des régions seront élus directement, à l'exception de ceux du conseil (assemblée parlementaire) de la communauté française, qui réunira les 75 députés régionaux wallons et 19 députés régionaux bruxellois francophones. Quant au conseil flamand, il réunira 118 membres élus directement en région flamande et les 6 premiers élus du groupe linguistique néerlandais du conseil de la région de Bruxelles-Capitale. La composition de l'assemblée régionale bruxelloise et celle du conseil de la communauté germanophone demeurent inchangées : les 75 membres de la première et les 25 membres du second sont élus au suffrage direct depuis, respectivement, 1989 et 1974.
La durée du mandat des parlementaires des entités fédérées est fixée à cinq ans, sans possibilité de dissolution anticipée (laquelle subsiste au niveau fédéral).
Au niveau francophone, la Communauté française transfère l'exercice de certaines compétences à la région wallonne et à la commission communautaire française (COCOF) afin de soulager quelque peu ses finances, qui sont en grande difficulté depuis que la troisième réforme de l'État belge a opéré la communautarisation de l'enseignement mais a doté la Communauté française de moyens budgétaires insuffisants. Ces compétences concernent essentiellement des matières personnalisables (une partie de la politique de santé, une partie de la politique familiale, la politique d'aide sociale, la politique d'accueil et d'intégration des immigrés, la politique des handicapés et la politique du troisième âge), quelques matières culturelles (les infrastructures sportives, le tourisme et la promotion sociale) et quelques éléments secondaires de la politique d'enseignement (le transport scolaire et la gestion, avec la Communauté française, de six sociétés d'administration des bâtiments scolaires).
Les régions reçoivent de nouvelles compétences dont l'agriculture, le commerce extérieur, la gestion des intercommunales, le pouvoir de signer des traités internationaux. Les communautés peuvent désormais transférer l'exercice de leurs compétences aux régions.
La quatrième réforme de l'État est opérée au moyen de trois révisions de la Constitution (30 décembre 1992, 5 mai 1993 et 9 décembre 1993), complétées par quatre lois (deux spéciales et deux ordinaires) des 5 mai et 16 juillet 1993.
Le premier gouvernement de Jean-Luc Dehaene, une coalition quadripartite entre sociaux-chrétiens et socialistes, met en œuvre la sixième série de révisions de la Constitution de la Belgique, s'occupant presque exclusivement des tensions entre communautés[4]. Parmi les articles révisés, l'on trouve :
À la suite de la série de réformes de l'État, les ajouts d'articles, nombreuses révisions, etc., la lisibilité du texte constitutionnel s'est gravement détériorée. Afin de rendre la lecture de la Constitution plus aisée, une renumérotation des articles, une nouvelle subdivision et une adaptation du langage utilisé sont opérées le 17 février 1994.
La quatrième réforme de l'État opère la scission de la province de Brabant (qui entre en vigueur le 1er janvier 1995) en une province du Brabant wallon (dont le chef-lieu est Wavre) et une province du Brabant flamand (dont le chef-lieu est Louvain). La région de Bruxelles-Capitale n'appartient désormais plus à aucune province et, sur le territoire des 19 communes concernées, les compétences de la province de Brabant sont désormais exercées par les institutions régionales bruxelloises et les Commissions communautaires.