Le nom de la localité est attesté sous les formes Ploagat en 1148, Ploeadgat en 1198, Plouagat en 1202, Ploiagat en 1207, Ploadgat en 1218, parochia de Ploagat en 1232, Ploadgat et Plagat en 1258, Ploagat en 1269, Ploeasgat Castri Audreni en 1369, Ploegat Castri Audreni à la fin XIVe siècle, Ploegat Chastel Audren en 1461, Ploagat Chatelaudren en 1464[1].
Le nom de Plouagat (Plagad en breton) vient du vieux breton ploe, paroisse, et du nom du saint bretonAgat ou Egat. Celui-ci, remplacé (car il n'était pas reconnu officiellement par l'église catholique) par la suite par saint Agapit (ou Agapet), était invoqué pour les accouchements et les indigestions[1].
Histoire
Néolithique
L'occupation humaine du terroir de Plouagat semble très ancienne, ainsi qu'en atteste un polissoir en dolérite datant du Néolithique découvert au Petit-Runio et classé en 1971.
Moyen Âge
Sous l’Ancien Régime, Plouagat était une paroisse appartenant à l’évêché de Tréguier et au comté du Goëlo.
Au Moyen Âge, le Pays du Leff, entre terre et mer, sut tirer parti de sa situation géographique. Sur ces terres naturellement riches, on développa de nombreuses cultures céréalières et maraîchères. Par ailleurs, la proximité de la mer fut symbole de richesses en échanges culturels et économiques aux grandes heures du trafic maritime entre les maisons de France et d'Angleterre. Au cœur de ce Pays du Leff, Plouagat alors nommée Ploagat Castri Audreni, paroisse de ce diocèse, sut si bien profiter de ces atouts, qu'elle fut donnée à l'abbaye de Beauport en Paimpol au XIIIe siècle et devint un prieuré-cure. Au fil des temps, on le scinda en deux communes, chacune chef-lieu de canton, Plouagat et Châtelaudren.
« Le le duc Jean V donna la seigneurie de Plouagat, qui venait d'être confisquée sur les comtes de Penthièvre à Pierre Eder, son chambellan et son maître d'hôtel. Par contrat passé à Vannes le Jean Eder[Note 1], sieur de la Haye-Eder, de Broustai et de Plouagat-Chatel-Audren, vendit à Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, les héritages qu'il possédait dans cette paroisse. La duchesse acheta ces biens pour les donner à l'abbaye de Nazareth qu'elle fonda à Vannes le ; elle acquit auprès de Guillaume, chevalier, seigneur de Rosmar, les dîmes de Saint-Guenin, en la même paroisse. (...) L'an 1480 le duc François II fit revivre les titres de la Baronnie d'Avaugour, et la donna en apanage à son fils François de Bretagne (François Ier d'Avaugour). Le prince, qui voulait réunir la paroisse de Plouagat à sa baronnie, proposa à Gilles Eder, petit-fils de Pierre Eder, de lui vendre cette terre. (...) Celui-ci la vendit par acte passé en 1481 »[2].
Temps modernes
Carte de Cassini de la région de Plouagat et Châtelaudren (1787).
La première municipalité fut élue au début de 1790 et la commune devint chef-lieu de canton le .
XIXe siècle
Lors de la Restauration et jusqu'en 1830, la famille de Quélen[3], propriétaire du château de la Ville-Chevalier, régna sur tout le département et même jusqu'à Paris. L'un de ses membres, Hyacinthe de Quélen fut archevêque et pair de France. Cette famille donna plusieurs maires dont Amédée de Quélen (1804-1869), maire pendant 40 ans.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Plouagat en 1853 :
« Plouagat : commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, moins ses trèves Lanrodec et Saint-Jean-Kerdaniel, devenues communes ; aujourd'hui cure de 2e classe ; chef-lieu de perception. (...) Principaux villages : Kerhervé, Forunebelo, Kerbisien, le Lagadeuc, Kerouzo, Kerny, la Villeneuve, Peret, Bodandiec, le Mogoero, Mississipi, Beaupré, Kervaux, Kerjagu, Kerbouillen, Poneden, Kernabat, Kerauter, Lecluse, Kerdanet, Keroger, Guergonet, Guergonio, Kerantout, Kermerien, la Rue-Louis, Rudoré, le Petit-Kerousien, Kerusano, Rumbron, le Quinquis, Rue-Bourgeois, la Villeneuve-Maros. Château de la Ville-Chevalier. Superficie totale : 3 197 hectares 22 ares, dont (...) terres labourables 2 155 ha, prés et pâturages 229 ha, bois 59 ha, vergers et jardins 2 ha, landes et incultes 521 ha (...). Moulins : 3 (de la Ville-Chevalier, Neuf, du Maris ; à eau). (...) Ce bourg est situé sur la route royale de Paris à Brest, qui le traverse dans la direction de l'est à l'ouest. La route de Quintin à Châtelaudren traverse également cette localité. Géologie : roches amphiboliques. On parle le breton[4] »
XXe siècle
Évolution de la vie politique locale
Coiffe de Plouagat appelée "cocotte" (coiffe portée vers 1910 dans quelques communes seulement autour de Plouagat, à cheval sur le Trégor et le Goëlo).
Entre 1902 et 1905, un litige a opposé la commune de Plouagat à celle de Châtelaudren au sujet du quartier de la gare.
L'histoire politique de la commune est intéressante : républicaine et conservatrice dans les débuts de la Troisième République, la commune conserve au sein de son conseil une minorité monarchiste et réactionnaire qui emporte la mairie en 1892 : l'électorat de Plouagat va donc a contrario de l'électorat national voir départemental qui dans les années 1890 confie plutôt la gestion des communes à des Républicains conservateurs ou modérés. Il faut attendre 1919 pour le conseil municipal redevienne majoritairement républicain. De 1919 à 2019, sauf dans l'intervalle 2001-2008, la commune de Plouagat était située à Gauche, radicale d'abord puis socialiste et enfin divers-gauches.
Étudiant né à Plouagat en 1922, Paul Riou rejoint un groupe d'une vingtaine de jeunes résistants , des étudiants rennais pour la plupart. Basés à Senven-Léhart, peu armés, ils furent rapidement repérés par les autorités d'Occupation. Le 12 juin 1944, Paul Riou fut arrêté avec onze autres maquisards et transféré à la prison de Guingamp où il subit d'horribles tortures[6]. Il fut fusillé quatre jours plus tard. Il avait 22 ans.
Le , un engin explosif posé sur la voie ferrée à Roscorgnard fait dérailler un train allemand et le puis le , des éléments du maquis de Plésidy, en embuscade à Plouagat, détruisent plusieurs camions. En représailles, les Allemands mettent le feu au bureau de tabac de Plouagat. Le , un convoi ennemi est mitraillé par quatre avions alliés et certains des camions sont récupérés par le groupe FFI de Plouagat.
Après la Seconde Guerre mondiale
Deux soldats originaires de Plouagat sont morts pour la France pendant la Guerre d'Indochine[5].
XXIe siècle
Le , la commune fusionne avec Châtelaudren pour former la commune nouvelle de Châtelaudren-Plouagat dont la création est actée par un arrêté préfectoral du [7].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[12]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[13].
En 2016, la commune comptait 2 844 habitants[Note 12], en augmentation de 12,77 % par rapport à 2010 (Côtes-d'Armor : +1,26 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Le manoir de Fournebello : datant du XVIe siècle, il a été construit par la famille de La Messelière, avant d'être la propriété successive des familles de Rosmar, Boidilly, Budes de Guébriant et de Kerpezdron. C'est désormais un manoir qui abrite des chambres d'hôtes[16]. Le corps de logis principal est muni d'une tour d'escalier percée d'une porte surmontée d'un arc à accolade ; il donne sur une cour entourée de part et d'autre des communs[17].
Le château de la Ville-Chevalier et sa chapelle : le château actuel (un château antérieur existait déjà en 1428, propriété de la famille de Quelen depuis 1638[Note 13]), qui comprend un grand corps de logis typique de l'architecture du XVIIIe siècle avec un pavillon à la façade rectiligne et aux grandes fenêtres, de style néo-classique, et des communs, est propriété de la famille de Quelen, puis de Lorgeril (à la suite du mariage en février 1901 de Louise de Quelen avec Simon de Lorgeril) ; il a été inhabité entre 1925 et 1947 ; la chapelle actuelle, de style "bord de Loire" (un style à la mode à l'époque) date de 1889, remplaçant une chapelle antérieure[20].
Château de la Ville-Chevalier : vue extérieure d'ensemble.
Château de la Ville-Chevalier (partie centrale).
Château de la Ville-Chevalier : les armes de la famille de Quélen.
Château de la Ville-Chevalier : le bâtiment des écuries.
Chapelle de Ville-Chevalier : vue extérieure d'ensemble.
Chapelle de Ville-Chevalier : vue intérieure d'ensemble.
Chapelle de Ville-Chevalier : le chœur et ses vitraux.
Jean-Pierre Corbel, artiste photographe, inscrit au Bénézit, sociétaire des Artistes Français, médaille d'or lors du 219e Salon des Artistes Français dans le cadre d'Art en Capital en 2008 au Grand Palais à Paris
↑Jean Eder, décédé en novembre 1486 à Plédéliac, assassiné par des gens commandités par ses beaux-fils Georges et Jean de Tournemine lors d'une chasse au sanglier dans la forêt de la Hunaudaye.
↑Jacques Le Yaouanc, né le à Lanrodec, décédé le à Plouagat.
↑Amable de Quelen, né le , paroisse Saint-Roch à Paris, décédé le au château de la Ville-Chevalier en Plouagat.
↑Pierre-Saint Le Bihan, né le à Lanrodec, décédé le à Plouagat.
↑Louis François Le Corvaisier, né le à Plouagat, décédé le à Plouagat.
↑Julien Rault, né en 1828 à Saint-Thélo, décédé le à Plouagat.
↑Jean-Louis Hidrio, né le à Plouagat, décédé le à Plouagat.
↑Alphonse de Quelen, né le à Plouagat, décédé le à Plouagat.
↑Jean-Thomas Corbel, né le à Plélo, décédé le à Plouagat.
↑François Blouin, né le à Plélo, décédé le à Plouagat.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2019, millésimée 2016, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2018, date de référence statistique : 1er janvier 2016.
↑À la suite du mariage de Jeanne de Beauchamp avec Claude de Quelen.
↑Prigent Alain et Tilly Serge, "Les fusillés et décapités après jugement d'un tribunal militaire allemand (Côtes-du-Nord, 1940-1944)", Les cahiers de la Résistance populaire, mai 2011, page 139.