En 1635, il part pour Rome où il rencontre Nicolas Poussin, peut-être le peintre Sassoferrato et Anna Avolara, fille d'un architecte, dont il s'éprend mais qu'il n'épousera qu'en 1660 à la suite d'obstacles divers.
Retour en France et amitié avec Molière
Devenu célèbre à Rome, il est naturellement rappelé en France par Louis XIV en 1657. Sur le chemin de Paris, il rencontre Molière à Avignon chez son frère Nicolas Mignard, dont l'épouse avait hérité d'un des principaux jeux de paume d'Avignon où jouaient les troupes de passage. Les deux hommes deviennent amis et Mignard commence par peindre un portrait de Molière intime (Molière, vers 1658, Chantilly, musée Condé[2]), d'un esprit éloigné de celui que son frère Nicolas avait peint quelque temps auparavant (Molière (1622-1673) dans le rôle de César, dans « La Mort de Pompée », tragédie de Corneille, 1656, Paris, musée Carnavalet[3]). Pour dater le tableau de Chantilly "vers 1658", les archivistes se sont fondés sur le fait que Pierre Mignard et Molière se sont l'un et l'autre définitivement installés à Paris à l'automne de 1658. Mais il est très probablement postérieur. Comme l'a écrit en 2018 G. Forestier dans son Molière (p.109-110), « On ne sait si c’est durant ce séjour avignonnais que, profitant de sa disponibilité, "Mignard le Romain" entreprit de faire à son tour un portrait de Molière. Son premier historien affirme que le tableau daterait du milieu des années 1660 ( Simon P. Mazière, abbé de Monville, La Vie de Pierre Mignard, p. 93-95), et une certaine maturité dans les traits de Molière nous inclinerait à le suivre. Quoi qu’il en soit, au contraire de son frère qui avait croqué le comédien dans un de ses personnages de théâtre, il choisit de le peindre dans son intimité, drapé d’une magnifique robe d’intérieur. »
De son côté, en 1669, Molière composera La Gloire du Val-de-Grâce, un éloge en vers du chef-d'œuvre de Mignard, La Gloire des Bienheureux, fresque ornant le dôme de l'église du Val-de-Grâce à Paris, commandée en 1663 par Anne d'Autriche pour un montant de 35 000 livres.
Les liens entre les familles de Pierre Mignard et de Molière furent si étroits que c'est Catherine Mignard, fille du peintre, qui fut choisie pour être le 1er octobre 1672 la marraine du dernier enfant de Molière, Pierre Poquelin (qui mourut 11 jours plus tard). Mignard conservera toute sa vie son amitié à Armande Béjart, veuve de Molière.
Le concurrent de Charles Le Brun
Mignard partage sa carrière entre le portrait – notamment auprès de la société aristocratique du royaume – et les grandes compositions décoratives. Il peindra notamment au château de Versailles.
Son chef-d'oeuvre, outre le Val-de-Grâce, est le plafond peint de la galerie du château de Saint-Cloud pour Monsieur, frère de Louis XIV, achevé avant la galerie des glaces de Versailles.
Mignard fut chargé du décor de la chapelle du Baptême de l'Église Saint-Eustache de Paris (1667-1670). Ces peintures étaient le pendant de celles de son rival Charles de la Fosse dans la chapelle des Mariages. Ces peintures furent détruites lors de la construction du nouveau portail.
En juin 1687, il est anobli par le roi qui, en 1690 – à la mort de Charles Le Brun – le nomme son premier peintre, en fait le directeur des manufactures royales et le fait entrer à l'Académie royale de peinture et sculpture au poste de directeur. Son blason est : d'azur, au lion d'or, au chef cousu de gueules, chargé de trois trèfles d'or[4],[5],[6],[7].
Pierre Mignard, marié à Marie Gallois[9]. D'après La vie de Pierre Mignard, premier peintre du roy publiée en 1731, la famille Mignard était d'origine anglaise et s'appelait More. Le nom de Mignard lui aurait été donné par Henri IV de passage à Troyes[10],
Nicolas Mignard (1606-1668) dit Mignard d'Avignon, marié avec Marguerite Apvril
Pierre Mignard (1640-1725), dit le chevalier Mignard, marié avec Dorothée Dupont
Paul Mignard (1641-1691), peintre, marié avec Marie-Madeleine Chenard
Pierre Mignard (1674-1734), marié avec Catherine Mauche
Pierre-François Mignard (1728-1801), peintre, marié à Marie-Rose-Esprite Naveau
Marie-Rose Mignard (1754-1824), mariée avec Monyer de Prilly
Noël-Paul Mignard (1678-1731), peintre ?, marié avec Anne-Marie Fuzet-Imbert
Pierre-Paul Mignard (1717-1739) marié avec Marie-Barbe Susterre
Pierre Mignard (1612-1695)[11], dit Mignard le Romain, marié fin 1656 avec Anna Avolara, fille de Juan Carlo Avolara, architecte romain[12], avant que le roi lui ordonne de revenir en France.
Charles Mignard, gentilhomme de Monsieur, mort sans descendance,
Pierre Mignard, entré dans l'ordre des Mathurins,
Pierre-Rodolphe Mignard, peintre, marié à Marie de Beauchâteau
Gabriel Mignard (1700- )
Anselme-Rodolphe Mignard (1704- )
Catherine Mignard (1657-1742), mariée en 1696 avec Jules de Pas (vers 1661-1741), comte de Feuquières, colonel du régiment de Feuquières, lieutenant général au gouvernement, province et évêché de Toul[13].
Au vu du caractère un peu mièvre parfois attribué à sa peinture, un rapport s'est établi entre son nom et l'adjectif « mignard » ou le mot « mignardise », dérivés péjoratifs de « mignon »[15]. Ce rapprochement n'est toutefois qu'une coïncidence et n'a aucune justification étymologique (le terme « mignard » étant attesté avant la carrière de Pierre Mignard).
Élèves
Nicolas Fouché (1653-1733), selon l'abbé de Monville, biographe de Pierre Mignard,
Iconographie
Iconographie liée à Pierre Mignard
La duchesse de Vallière.
Mademoiselle de Roq.
Louis Marie François Le Tellier.
Apollon dans les nuées, fragment de plafond peint - Musée de Dinan
Le mariage mystique de sainte Catherine (attribution), huile sur toile, musée des Beaux-Arts (inv. 2009.90.1)[b] ;
Portrait de Jean-Baptiste Coquelin, dit Molière, poète comique, toile, 50 × 38 cm, 1657-1658, collection Courtois (inv. no 5617) : « Au catalogue de la vente faite par M. Courtois, en 1876, il est attribué à Sébastien Bourdon : il n'aurait donc pas été vendu ; enfin dans l'inventaire Courtois, il est désigné comme de Ch. Lebrun »[22].
Honolulu, Museum of Art : Portrait des enfants du duc de Bouillon, 1647.
Rome, Chiesa di San Carlo alle Quattro Fontane
Retable ("pala d'altare"): San Carlo Borromeo con i fondatori del Ordine adorante la Trinità (Saint Charles Borromée avec les fondateurs de l'Ordre adorant la Trinité), 1646. Il y a également exécuté une fresque de l'Annonciation sur la contre façade au-dessus de la porte d'entrée dont il ne reste plus que quelques taches de couleur.
Saint Jean-Baptiste (1688), huile sur toile, 147 × 109 cm[33]
Philippe de Bourbon, duc d'Anjou, futur Philippe V d'Espagne, enfant (1686), huile sur toile, 100 × 81 cm[34]
Musée des Offices, Florence :
Françoise-Marguerite, comtesse de Grignan (fille de Madame de Sévigné) (1670), huile sur toile, 67 × 55 cm, Corridor de Vasari[35]
Rome : Musei Capitolini – Pinacoteca Capitolina (Musées du Capitole - Pinacothèque) : Sacra famiglia e santi – Sainte Famille avec saints ou Sacra famiglia - Sainte famille. Inv. 173. Non vu. Figure à l’inventaire sans indication d’emplacement, sans date ni dimensions.
Rome : Musei Vaticani – Pinacoteca Vaticana (Pinacothèque Vaticane, exposé à Castel Gandolfo en 2018-19) Madonna con Bambino – Madone à l’Enfant, ou Vierge à l'Enfant, vers 1650. Huile sur toile ovale, cm. 94 × 81, dans un cadre ouvragé et doré rectangulaire, cm. 125 × 112. Inv. MV 41438.
Rome :Palazzo Barberini – Gallerie Nazionali di Arte Antica di Roma. Au catalogue, Madonna col Bambino e un donatore – Madone à l’enfant avec un donateur, et aussi, mais très douteux : Ritratto di papa Pio VII – Portrait du pape Pie VII. En effet, Mignard (et même Pierre Mignard II dit le "chevalier Mignard"), était décédé depuis longtemps avant que Pie VII et même Pie VI ne soient élus. Explication demandée, restée sans réponse.
Rome. Palazzo Colonna, Appartamento Principessa Isabelle (Appartement Princesse Isabelle), Sala della Fontana. Sacra Famiglia – Sainte Famille. Inv. 61.
Collections privées
La Sainte Famille avec les symboles de la Rédemption, 126 × 102 cm, Vente Bonhams 2005[36]
« La perte de deux hommes illustres fit plus de bruit que celle de ces deux grandes dames : [de] La Fontaine si connu par ses fables et ses contes, et toutefois si pesant en conversation, et de Mignard si illustre par son pinceau. Il avait une fille unique parfaitement belle. C'était sur elle qu'il travaillait le plus volontiers, et elle est répétée en plusieurs de ces magnifiques tableaux historiques qui ornent la grande galerie de Versailles et ses deux salons, et qui n'ont pas eu peu de part à irriter toute l'Europe contre le roi, et à la liguer plus encore contre sa personne que contre son royaume. »
- Saint-Simon, Mémoires, Éditions La Pléiade, 1959, tome I, p. 232.
↑« MIGNARD Pierre », sur tombes-sepultures.com (consulté le ).
↑Adrien Marcel, « Nicolas Mignard. Peintre et graveur (1606-1668) », p. 111 (lire en ligne)
↑Abbé Simon-Philippe Mazière de Monville, La vie de Pierre Mignard, premier peintre du roy, Amsterdam, 1731, p. 1-2(lire en ligne)
↑Henri Herluison, Actes d'état-civil d'artistes français, peintres, graveurs, architectes, ..., p. 304 (lire en ligne)
↑Abbé Simon-Philippe Mazière de Monville, La vie de Pierre Mignard, premier peintre du roy, Amsterdam, 1731, p. 37 (lire en ligne)
↑Abbé Simon-Philippe Mazière de Monville, La vie de Pierre Mignard, premier peintre du roy, Amsterdam, 1731, p. 156 (lire en ligne)
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN9 788836 651320), n°17
↑Le Robert - Dictionnaire historique de la Langue Française, (ISBN2-85036-187-9)
↑Iléana Cornéa, « Agenda des expos », Muséart, no 72, , p. 54.
↑Émile Bellier de La Chavignerie, Notice des peintures, dessins, sculptures, antiquités et curiosités exposés dans le musée de Chartres. 4e édition, Chartres, impr. de Garnier, , 212 p. (BNF30080668, lire en ligne), p. 143-144.
Pierre Mignard, premier peintre du roy, dans Charles Perrault, Des hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, tome 2, 1700, p. 91-92(lire en ligne)
Abbé Simon-Philippe Mazière de Monville, La vie de Pierre Mignard, premier peintre du roy , par M. l'abbé de Monville, avec le Poëme de Molière sur les peintures du Val-de-Grâce, et Deux dialogues de M. de Fénelon archevêque de Cambray, sur la peinture, chez Jean Boudot, Paris, 1730 (lire en ligne)
Sous la direction de Jean-Claude Boyer, Pierre Mignard « le Romain », Le Louvre éditions/La documentation française, Paris, 1997, (ISBN2-11-003770-9)