Son œuvre s'inscrit d'une part dans la tradition de la chanson francophone, qu'elle soit québécoise ou française, avec des chansons aux textes travaillés. Pierre Lapointe est également influencé par la musique pop qu'il entend utiliser pour renouveler la première citée[1]. Les arts graphiques contemporains, en particulier l'art numérique, sont très présents dans son univers via ses vidéoclips, et participent à la création d'un univers onirique et paradoxal, entre chansons mélancoliques et obscures, et scénographies colorées voire provocatrices.
Se définissant lui-même comme « chanteur populaire »[2],[3], il s'est construit un personnage de dandy excentrique de l'élite artistique montréalaise[4], lui permettant d'imprimer un décalage volontaire entre l'artiste sur scène et sa production largement biographique.
Ses disques enregistrent un succès critique et commercial au Québec et au Canada[4]. Ses tournées régulières en France lui assurent une notoriété grandissante ainsi que la reconnaissance critique[5].
En 1999, il commence des études d'arts plastiques, mais, changeant de programme, pour suivre des cours d'interprétation théâtrale au Cégep de Saint-Hyacinthe qu'il quitte après quelques mois, pour se consacrer à la chanson[7]. Il retourne ensuite en Outaouais pour y compléter son diplôme d'arts plastiques, tout en s'inscrivant au concours Tout nouveau, tout show. Il y remporte le Prix de l'auteur-compositeur-interprète de l'année et le Prix du public[8]. Il s'installe à Montréal et poursuit ses études d'art à l'Université du Québec à Montréal.
En , il remporte le Premier Prix de la catégorie auteur compositeur interprète au Festival international de la chanson de Granby[9]. Deux mois après, une fondation de soutien aux artistes lui décerne le Prix de la relève, il consacre le reste de l'année 2001 à l'écriture de chansons en vue d'un spectacle original.
En novembre 2002, il présente deux spectacles à Montréal acclamés par la critique. En décembre, une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec lui permet de préparer son premier album commercial.
Les premiers succès
En 2002, 2003 et 2004, il se produit en Europe. En été 2003, il signe avec Audiogram. En mai 2004, il sort son premier album "Pierre Lapointe"[10]. En juin de la même année, invité au Festival Pully Lavaux en Suisse, il reçoit le prix du jury, en juillet, aux FrancoFolies de Montréal, il fait salle comble pendant quatre soirs et reçoit le prix Félix-Leclerc. Ce prix lui assure une nouvelle présence en France en 2005.
En mars 2005, il participe à l'émission Couleurs francophones, diffusée sur les radios francophones européennes à l'occasion de la Journée de la francophonie. Il profite de sa popularité pour produire deux vidéoclips qui seront bien reçus par le public.
En mai 2005, il reçoit le prix de cœur de l'Académie Charles-Cros, un grand succès au festival Alors… chante de Montauban (France), et, en juin, un disque d'or pour son CD Pierre Lapointe.
En octobre 2005, il reçoit six Prix Félix[9] : trois pour « Album populaire de l'année », « Révélation de l'année » et « Metteur en scène de l'année », et trois décernés à ses collaborateurs : « Arrangeur de l’année » et « Réalisateur de disque de l'année » à Jean Massicotte, le « Sonorisateur de l'année » à Louis Simon Hétu. En novembre 2005, l'Académie Charles-Cros lui remet le Grand Prix du disque pour son album Pierre Lapointe.
En octobre 2006, il reçoit deux prix Félix, celui d'« auteur-compositeur de l'année » et celui du « meilleur album pop ». Son album reçoit également le « Prix d'arrangeur de l'année » avec Philippe Brault et Jean Massicotte.
En avril 2007, au Printemps de Bourges puis à la Cigale (Paris), Brigitte Fontaine l'invite à venir interpréter sur scène avec lui La Symphonie pastorale[11]. Il est le récipiendaire du prix Rapsat-Lelièvre 2007[12].
Le 28 octobre 2007, en tant qu'« auteur-compositeur-interprète du spectacle de l'année », il reçoit un prix Félix pour La Forêt des mal-aimés au 29e gala de l'ADISQ
Le dimanche 5 août 2007, avec l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal dirigé par Yannick Nézet-Séguin il présente le spectacle de clôture des 19eFrancoFolies de Montréal devant la plus grande foule de toute l'histoire des Francofolies (plus de 100 000 spectateurs).
En 2008, Pierre Lapointe referme les portes de La Forêt des mal-aimés par une mini-tournée en France. Mais, avide de travail et de projets, il est de retour dès le 31 juillet sur la place des Arts à Montréal pour présenter sa nouvelle création, Mutantès, à l'occasion des 20 ans des FrancoFolies de Montréal. Ce spectacle, conçu à l'origine pour quatre représentations, raconte l'histoire d'un mutant dans sa quête du bonheur, dans une mise en scène futuriste de Claude Poissant.
Devant le succès que connaît le spectacle, Mutantès part en tournée sous le nom de Sentiments humains, et sous la forme d'un album studio. La tournée se termine en juin 2010, lors des FrancoFolies de Montréal. Pierre Lapointe signe ainsi sa neuvième année consécutive aux FrancoFolies.
Il débute ensuite une nouvelle tournée, Pierre Lapointe seul au piano, qui reprend plusieurs de ses chansons antérieures en version exclusivement piano/voix.
La consécration
En France, il se produit aux Francofolies de La Rochelle en juillet 2014 et participe quotidiennement à la grille d'été de la radio France Inter pour une chronique musicale matinale (clôturant le 7-9), Les Petites Morts[13], dans lesquelles il évoque ses coups de cœur musicaux et convie plusieurs artistes comme Christophe, Christine and the Queens ou Alexandre Tharaud. Cette présence renforce sa popularité en France[14].
Il assure en 2014 la tournée de Punkt et une nouvelle tournée en piano-voix, Un Pierre Lapointe, un piano. En novembre, il sort en France et en BelgiqueParis tristesse, un nouvel album enregistré à Paris et composé de reprises de Punkt et d'autres artistes français (C'est extra, Comme ils disent)[15]. À cette occasion, le chanteur reconnaît passer de plus en plus de temps dans la capitale française, n'excluant pas de s'y installer un jour.
Son album suivant La Science du cœur sort à l'automne 2017 au Québec et en France. Ce septième album est un succès critique[16],[17] où le chanteur québécois explore les thèmes de l'amour et du désamour. En août 2018, il publie sans aucune annonce préalable un disque uniquement disponible sur les plateformes de téléchargement intitulé Ton corps est déjà froid[18],[19].
En 2019, il sort son album Pour déjouer l'ennui, sur lequel apparait Clara Luciani sur le titre Qu'est-ce qu'on y peut[20].
Pierre Lapointe est un des coachs des 3e, 4e et 5e saisons de La Voix, l'édition québécoise de l'émission télévisée The Voice[21]. Il effectue un retour à La Voix pour la huitième saison, en 2020[22].
Le , plus de 70 célébrités se mobilisent à l'appel de l'association Urgence Homophobie. Lapointe est l'une d'elles et apparaît dans le clip de la chanson De l'amour[23],[24],[25]. En février 2022, il crée une trame sonore pour accompagner l'exposition Nicolas Party : l'heure mauve[26] présentée au Musée des Beaux-Arts de Montréal[20].
De 2019 à 2022, il anime le Premier gala de l'ADISQ[27],[28],[29],[30].
En novembre et décembre 2024, il tourne à travers le Québec avec un spectacle inspiré de son album "Chansons hivernales"[31],[32].
Analyse de l'œuvre
Thèmes
Les relations amoureuses sont un des sujets de prédilection des chansons de Pierre Lapointe. L'usage récurrent de mots crus, notamment concernant la sexualité, lui permet selon lui de bousculer les réflexes aseptisés de l'industrie musicale[33]. Ouvertement homosexuel, le chanteur explore l'esthétique et les codes de la culture LGBTIQ dans ses clips, notamment avec des chansons comme Sais-tu vraiment qui tu es ou Le monarque des Indes, sans pour autant vouloir faire de différence entre les différentes formes d'amour et de sexualité[34],[35].
La mort, sujet « le plus pop de l'humanité » selon lui, est également un thème central, que l'esthétique épurée et sombre de ses concerts cherche à évoquer[33].
Les arts visuels et la chorégraphie ont un rôle prépondérant dans l'œuvre de Pierre Lapointe, qui a suivi une formation en arts graphiques avant de s'orienter vers la chanson. Il s'entoure de danseurs et de nombreux artistes contemporains, notamment dans la réalisation des clips, et n'hésite pas à faire leur publicité en concert, comparant leur travail au sien et regrettant la faible place accordée à l'art contemporain dans les débats de société et l'éducation populaire. Il cite Jeff Koons[33], Takashi Murakami[33] ou David Altmejd parmi ses inspirateurs. En 2016, il collabore avec la grande designer Matali Crasset qui réalise la scénographie de son spectacle Amours, délices et orgues[36]. Plusieurs de ses spectacles revendiquent la notion de performance, comme Mutantès[37].
Il se réclame d'une catégorie d'artistes ayant cherché à établir des passerelles entre pop et chanson[1]. « J’ai dans la tête un mash-up entre une culture pop grand public et l’avant-garde[38]. » Il estime ne rien inventer, revendiquant une œuvre « postmoderne » participant de la rénovation de la chanson francophone – « Je marie des univers qui normalement ne seraient pas mariés, en essayant d’en faire quelque chose de cohérent. » – notamment par le biais du recours aux innovations plastiques[33].
Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé
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La Science du cœur est sorti le dans son intégralité. C'est un album qui marquera le début d'une collaboration avec Columbia. Toutefois, c'est en date du que Lapointe dévoile un premier extrait de son album en rendant disponible la chanson éponyme au titre de l'album, notamment sur iTunes, Spotify et YouTube. Le 25 août 2017, un nouvel extrait est dévoilé, Sais-tu vraiment qui tu es, chanson décrite comme « jetant un regard lucide et sans concession sur une époque où l’image n’a jamais occupé autant de place. Cru et impitoyable, Pierre Lapointe gratte sous le vernis avec une précision chirurgicale, mettant au jour les dysfonctions et les contradictions »[42].
Participations
2004 : Artistes variés, Un dimanche à Kyoto, chansons contes et comptines par Gilles Vigneault : La Petite Adèle, La Petite Annette, C'est le vieux Pipo, Comptine en mode zen (avec Ariane Moffatt, Garou, Luce Dufault, Luc De Larochellière, Martin Léon et Jessica Vigneault).
2007 : Plaza Musique, L'amour et l'Occident, voix sur La ville aux deux soleils
2007 : Artistes variées, Un cadeau pour Sophie, conte et chansons de Gilles Vigneault : Toujours avec elle, La maison du bonhomme, Valse de la vieille valise.
2007 : le 5 août participation au FrancoFolies de Montréal pour son dernier spectacle québécois de la tournée La Forêt des mal-aimés, spécialement accompagné de l'Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. La foule fut estimée à près de 100 000 personnes, soit la foule la plus importante de l'histoire des FrancoFolies de Montréal
2008 : du 31 juillet au 2 août, première des quatre représentations de Mutantès, spectacle inédit, présenté à l'occasion des 20 ans des FrancoFolies de Montréal
2009 : CD-DVD, Artistes variés, Hommage à Aznavour, Les plaisirs démodés.
2009 : Participation à l'écriture de la chanson La bourgeoisie des sensations pour l'album L'Embellie de Calogero.
2010 : Participation à la reprise de la chanson de K'NaanWavin' Flag pour l'organisation canadienne « Young Artists for Haiti ».
2010 : Participation à la chanson Quand on a que l'amour pour « Ensemble pour Haïti ».
2010 : Elle était si jolie pour l'émission télévisée Les Rescapés.
émission de télévision de l'année (chanson) pour Pierre Lapointe et l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, dirigé par Yannick Nézet-Séguin (Dans la forêt des mal-aimés, Sogestalt Télévision Québec)
pochette de disque de l'année pour En concert dans la forêt des mal-aimés
interprète masculin de l'année
album populaire de l'année pour En concert dans la Forêt des mal-aimés
arrangeur de l'année pour Philippe Brault, Marc Ouellette, Yannick Plamondon
↑Valérie Lehoux, « Avec “La Science du cœur”, Pierre Lapointe se met enfin à nu », Télérama, (ISSN0040-2699, lire en ligne)
↑Abigaïl Aïnouz, « “La Science du cœur” est un album à écouter du début à la fin (et il pourrait changer votre vie) », Les Inrockuptibles, (ISSN0298-3788, lire en ligne, consulté le ).
↑Dominic Tardif, « Entre le meilleur et le pire (des Fêtes): La mélancolie lumineuse du Noël de Pierre Lapointe », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
↑ abcde et fVictor Hache, « Pierre Lapointe : “La chanson francophone tourne en rond” », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
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