Dès l'obtention de son doctorat en économie, Philippe Aghion est recruté comme professeur assistant au MIT (1987-1989). En 1989, il retourne en France pour être nommé chargé de recherche au CNRS. En 1990, il quitte cette fonction pour devenir économiste à la BERD, poste qu'il conserve jusqu'en 1992.
En 2002, il est nommé Robert C. Waggoner Professor of Economics à l'université d'Harvard. Il quitte ce poste en 2015, lorsqu'il est nommé à la chaire « Économie des institutions, de l'innovation et de la croissance » au Collège de France. Il est parallèlement Centennial Professor à la London School of Economics[7],[8].
Ses travaux en macroéconomie ont principalement porté sur les concepts d'innovation et de croissance dont il expose les traits dans l'ouvrage, dont il est le coauteur, Changer de modèle. Il développe une nouvelle théorie de la croissance en lien avec l'approche schumpeterienne. Pour lui l'innovation est à la base de la croissance, les politiques économiques doivent alors inciter à cette innovation. Il montre d'ailleurs que la croissance et l'inflation seraient largement sous-estimés en raison des facteurs technologiques[10].
Il est favorable à une économie résiliente qui associe réformes structurelles - concernant notamment le marché du travail (flexisécurité) et le système d'éducation (mobilité sociale), - et politiques macroéconomiques contracycliques.
Prises de position
Lors de l'élection présidentielle française de 2012, il signe l'appel des économistes en soutien du candidat François Hollande en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[11]. Lors de celle de 2017, il apporte son soutien à Emmanuel Macron[12].
Philippe Aghion est l'un des rédacteurs (avec Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry) du rapport Politique économique et croissance en Europe[13] publié par le Conseil d'analyse économique en 2006. Dans ce rapport, Philippe Aghion indique qu'il est favorable à la déréglementation du marché des biens et à la libéralisation du marché des services, deux domaines « cruciaux » pour la relance de l'intégration économique européenne[14] :
S'agissant plus particulièrement des marchés financiers, Philippe Aghion soutient dans ce même rapport qu'il est nécessaire de poursuivre la financiarisation de l'économie pour assurer la croissance de l'Europe à long terme (cette financiarisation n'aurait par ailleurs et selon ses analyses pas d'impact sur le chômage[15]).
« Il est connu de longue date que les marchés financiers sont l’un des domaines où la contribution de l’intégration européenne à l’efficacité économique peut être la plus forte. Celle-ci apporte en effet à la fois liquidité et diversification des risques. Elle permet donc simultanément de réduire les coûts, de réduire les primes de risque, et d’assurer la stabilité macroéconomique en présence de chocs sectoriels ou idiosyncrasiques, contribuant ainsi à la croissance à long terme. Cette dimension nous semble régulièrement sous-estimée dans l’évaluation des obstacles à la croissance européenne. (page 140) »
Rapport Aghion (2010)
Philippe Aghion a animé un groupe de réflexion d'une dizaine d’experts internationaux[16] dont le travail a porté initialement sur une comparaison internationale de l’autonomie des universités, puis sur la mise en œuvre des campus d'excellence universitaire[16]. Un rapport en 2 parties est rendu en et juillet 2010 à la ministre de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse.
Ce rapport recommande de mettre en place une « gouvernance équilibrée » dans les établissements universitaires. S’appuyant sur les exemples de Harvard, du MIT, d’Oxford ou de Cambridge, il admet qu’il n’y a pas de modèle unique de gouvernance.
Il préconise la mise en place de deux conseils à la tête des universités. Le premier, le conseil d’administration, serait composé de personnalités pour la plupart extérieures à l’université, qui désigneraient un président doté de pouvoirs étendus. Le second s’incarnerait dans un « sénat académique », véritable force de proposition en matière scientifique et pédagogique[17],[18],[19].