Philippe-Auguste de Sainte-Foy, chevalier d'Arcq (ou d'Arc), dit le « comte de Sainte-Foy », né à Paris le , mort à Paris le , est un militaire et homme de lettresfrançais du XVIIIe siècle.
Après une courte mais brillante carrière militaire dans la cavalerie, ce petit-fils de Louis XIV a mené une vie brillante de littérateur, notamment pour ses essais abordant plusieurs aspects de la société de la fin du XVIIIe siècle. Exilé par Louis XVI à Montauban, il rejoint Paris durant la Révolution et correspond avec plusieurs protagonistes de la Convention. Sa correspondance et le témoignage des Conventionnels le sauvent du tribunal révolutionnaire.
Biographie
Naissance et jeunesse
Philippe-Auguste de Sainte-Foy est le fils naturel de Louis-Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouse et Amiral de France, lui-même fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Sa mère est Madeleine Aumont, une femme d'origine modeste. Philippe-Auguste de Sainte-Foy est donc un petit-fils du Roi-Soleil. Son acte de baptême (du en la paroisse Saint-Eustache, à Paris) le donne pour fils de Louis-Alexandre de Sainte-Foy, officier de marine (nom et fonction d'emprunt du père)[1]. Il est élevé dans l'entourage paternel et reçoit une éducation très soignée. Par testament, il reçoit une rente annuelle de 12 000 livres[2],[3].
Carrière militaire du chevalier d'Arcq
Il entre dans la première compagnie de mousquetaires du roi, sous le nom de chevalier d'Arcq (une terre relevant du Duché-Pairie de Château-Villain, en Champagne). Puis, il reçoit le brevet de capitaine d'une compagnie de cavalerie.
Dans les années suivantes, le chevalier d'Arcq se consacre à l'écriture (romans et essais). Son travail le plus important est intitulé La Noblesse militaire ou le Patriote français de 1756, écrit en réplique au livre La Noblesse commerçante, de l’abbé Coyer. Le chevalier d'Arcq est partisan d'instaurer l'exclusivité de la vocation militaire de la noblesse, contrairement aux suggestions de l'abbé. Il est également favorable à l'établissement d'une concordance entre le titre nobiliaire et le mérite militaire. Il propose enfin que les citoyens roturiers accèdent à la noblesse personnelle selon leurs états de service. Cet essai fait grand bruit à sa publication. De 1756 à 1758, il participe au Journal étranger[6].
En parallèle à ses activités littéraires, il mène une vie luxueuse et galante très dispendieuse. Il est également l'amant et le protégé de Marie-Madeleine de Cusacque, comtesse de Langeac, à l'époque où celle-ci est également la maîtresse officielle du comte Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, ministre d'État de Louis XV. Le chevalier d'Arcq organise des fêtes très coûteuses. Celle du est restée célèbre pour le récit attribué à Bachaumont dans les Mémoires secrets[7].
À la fin de son règne, le roi Louis XV attribue au comte de Sainte-Foy une nouvelle pension de 12 000 livres[8]. Le comte de Provence (le futur Louis XVIII) le nomme "Premier Fauconnier" de sa Maison[8].
Chicanes, procès et vieillesse
En 1772, il épouse une roturière, ancienne comédienne, Anne-Marie Richard, qui est déjà la mère de sa fille, Marie-Louise-Sophie de Sainte-Foy (née le et décédée le )[9]. Dès lors, il est abandonné par son demi-frère, Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, ainsi que par la Cour. En , il est contraint d'engager la pension qu'il tenait de son père pour apaiser les créanciers[10]. Dans les années qui suivent, le chevalier d'Arcq produit onze mémoires de réclamations contre son frère. En , celui-ci obtient du roi Louis XVI une mesure d'exil contre le remuant comte de Sainte-Foy, d'abord à Tulle, puis, pour des raisons de santé, à Montauban[11].
De 1787 à 1790, le comte de Sainte-Foy publie de nombreux essais sur les maux de la société du XVIIIe siècle, les solutions qu'il propose, les avertissements qu'il prodigue sur l'évolution des événements. Nous connaissons ses tristes conditions de vie grâce à ses démêlés avec l'administration fiscale et à des reconnaissances de dette[10].
Fin 1792, il est de nouveau à Paris, où il doit comparaître devant le Tribunal criminel, accusé « d'avoir trempé dans les conspirations de la cour »[12]. Sa correspondance avec le général Dumouriez, citée de mémoire par Bertrand Barère, Président en fonction de la Convention, l'innocente complètement[13]. Sur les deux années qui suivent, nous ignorons tout, sauf qu'il habite avec sa fille à Paris, 181, faubourg du Roule[14].
↑Jean Duma, Les Bourbon-Penthièvre (1678-179 - Une nébuleuse aristocratique au XVIIIe siècle, Publications de la Sorbonne, Paris, 1995, p. 199.
↑Jean-Pierre Brancourt, article "Un théoricien de la société au XVIII e siècle : le chevalier d'Arcq", Revue historique, T. 250, Fasc. 2 (508) (OCTOBRE-DÉCEMBRE 1973), p. 337-362
↑Dans son article de 1878, Forestié contredit formellement la légende d'un exil à Tulle des 1779, comme sa mort à cette date et dans cette ville, rapportée par Louis-Mayeul ChaudonDictionnaire universel… 1779. Cette invention aura encore cours au XIXe siècle (voir l'édition de Chaudon de 1810).
↑Leur adresse figure sur leurs actes de décès : Acte no 1025100172788-11088 et 1025100172789-11088, répertoriés par La France généalogique CEGF.
↑Voir les actes référencés ci-dessus et consultables sur le site Généanet.
↑La trame de cet article est principalement extraite de deux textes : l'article de wikipedia en allemand et la notice bibliographique d'Edouard Forestié de 1878.
Références sur le chevalier d'Arcq
Article Arc inLouis-Mayeul ChaudonDictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, 1779 et 1810
J.P. Brancourt, Un théoricien de la société au XVIIIe siècle : le chevalier d'Arcq, 1973
Édouard Forestié, Le comte de Sainte Foy Chevalier d'Arcq. Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Tarn-et-Garonne VI 1878, pages 9 à 28, [lire en ligne]
Édouard Forestié, Histoire de l'Imprimerie… à Montauban 1894 et 2008, notes no 504 p. 302 et no 528 p. 305.
Maurice Souleil, Le comte de Sainte-Foy à Montauban, Recueil de l'Académie de Montauban, tome 33, années 1926-1927-1928, p. 161 à 177.
Michelle Nahon, Maurice Friot, Philippe-Auguste de Sainte Foy, chevalier d'Arc, oncle du roi à la mode de Bretagne, Bulletin de la Société Martinès de Pasqually no 13 2003.
Marie-Rose Labriolle, Philippe de Sainte-Foy d'Arcq - Dictionnaire des journalistes [lire en ligne]
Liens externes
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