En 1866 il rejoint l'université de Heidelberg où il devient l'assistant de Robert Wilhelm Bunsen (1811-1899) en chimie. A l'âge de 19 ans il passe ses examens en minéralogie, chimie, paléontologie et zoologie. Il obtient son doctorat à Heidelberg. Puis il sert dans l'armée pendant un an.
En 1869, il devient l'assistant du zoologue et parasitologue Rudolf Leuckart (1822-1898) à l'université de Leipzig ; il commence à s'intéresser notamment à l'ontogénèse des nématodes. Survient la guerre franco-prussienne (1870–1871), pendant laquelle il sert comme officier[2].
A la fin de la guerre il s'installe à Francfort et y continue ses études en privé[2],[3],[4],[5].
En 1873-1874 il est l'assistant de Karl August Möbius, fondateur de l'écologie marine, à l'université de Kiel[2],[6] où il étudie les infusoires. Parmi ses travaux de cette période se trouve une monographie sur les nématodes libres[n 1] ; sur la base de cette publication il découvre et décrit plus tard, en 1875 et 1876, les principales caractéristiques de la division cellulaire (mitose). Puis il retourne à son laboratoire privé de Francfort jusqu'en 1876[2].
En octobre 1876, il est habilité au Polytechnikum de Karlsruhe et y travaille en tant que privatdozent[2].
En 1878, sur la recommandation du zoologue Karl Gegenbaur, il est nommé professeur titulaire[2]en zoologie et en paléontologie[réf. nécessaire] à l'université de Heidelberg, où il enseigne pendant 40 ans[2].
De 1878 à 1914 il y enseigne à plus de 40 étudiants russes[7], qui forment subséquemment la base du savoir scientifique russe au début du XXe siècle dans le domaine des protozoaires et de la zoologie des invertébrés[6]. Ils incluent Vladimir Shevyakov (1859–1930, zoologue-protistologue), Nikolai Adelung(de) (zoologue), Wladimir W. Redikortzeff (1873–1942, zoologue), Mikhail M. Novikoff (1876–1965, zoologue et histologue), Prof. Alexander S. Schepot’eff (1879–1937, zoologue des invertébrés), Wladimir W. Stanchinsky (1882–1942, zoologue des invertébrés et écologiste), Sergei S. Tchakhotin (1883–1973, biophysicien), Ivan P. Pavlov[n 2], Aleksei Zavarzin(en)[n 3],[7], et en a inspiré d'autres comme Nikolai Konstantinovich Kol'tsov[8]. Parmi ses étudiants allemands on compte Friedrich Blochmann(en) (1858-1931, zoologue), August Schuberg(de) (1865-1939, zoologue), Richard Goldschmidt (1878-1958, généticien), Max Hartmann(en) (1876-1962, biologiste), Robert Lauterborn(en) (1869-1952, botaniste, limnologue et protozoologue), Clara Hamberger (1873-1945, botaniste).
Il épouse Hedwig Hoffmann (1856–1879) avec qui il a une fille, Hedwig (1879–1914), qui devient par mariage Hedwig Linz[9]. Après la mort de sa femme il épouse en secondes noces Mathilde Lange (1856–1930), avec qui il a deux autres filles : Luise et Margarethe[10].
Mort le 3 février 1920 à Heidelberg, il est enterré à Karlsruhe[11] où sa tombe porte une sculpture par Otto Feist(de)[9] (1872–1939) ; cette œuvre est installée en 1923 ou 1924 sur l'initiative de Mikhail M. Novikoff et Mikhail N. Rymsky-Korsakoff(en)[12].
Travaux remarquables
Il publie le premier traité scientifique compréhensif sur les protozoaires ; il est notamment l'auteur de la partie sur les protozoaires dans le Klassen und Ordnungen des Thier-Reichs de Heinrich Georg Bronn (1880–1889)[13] : republié en trois volumes à Leipzig, cet ouvrage monumental (plus de deux mille pages et soixante-dix-neuf planches) est une étape majeure dans l'histoire de l'étude des protozoaires[6].
Bütschli découvre le processus de la mitose[6],[14]. Il est le premier à reconnaître les chromosomes. Il est également le premier à comprendre et interpréter correctement la conjugaison des protistes ciliés (Ciliophora) (1876) et est considéré comme l'architecte de la protistologie moderne[6].
Son travail sur la structure du protoplasme (cytoplasme) fait preuve de ses connaissances en chimie colloïdale et physique. Il publie en 1892 un classique dans ce domaine[15], où il décrit sa théorie de la structure du cytoplasme alvéolaire, qui sur certains points correspond au concept actuel de la matrice cellulaire[16].
Plus tard, ses recherches sont principalement orientées vers la microphysique et la microchimie de la « matière vivante[n 4] » et d'autres structures ; elles mènent à des découvertes fondamentales dans le domaine de la chimie colloïdale et de la physique. Il travaille aussi à la publication de son cours d'anatomie comparée, publié en quatre parties en 1910, 1912, 1921[17] et 1924 ; son assistante Clara Hamberger publie les parties 5 et 6 en 1931 et 1934. Son étudiant Sergei S. Tchakhotin traduit la première partie en russe[16].
Il est aussi reconnu comme bon professeur. Ayant enseigné pendant de si nombreuses années à Heidelberg, il a pendant longtemps fait de cette université la Mecque des protozoologues[18].
Charles Milton et Joseph M. Axelrod décrivent en 1947 le minéral de formule K2Ca(CO3)2[19] et le nomment bütschliite(de)[20]
Publications
Il fait paraître 124 publications dont la liste est compilée par son élève et assistante Clara Humburger.[réf. nécessaire] Quelques-uns d'entre ces écrits :
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[1876] (de) Studien über die ersten Entwicklungsvorgänge der Eizelle, die Zelltheilung und die Conjugation der Infusorien [« Études sur les premiers processus de développement de l'ovule, la réparation cellulaire et la conjugaison des infusoires »] (monographie), Frankfurt, éd. Christian Winter, , 15 pl. + 250, sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne).
[1880-1882] (de) Protozoa (1er vol. de Klassen und Ordnungen des Thier-Reichs de H.G. Bronn. 1re section: Sarkodina und Sporozoa), Leipzig et Heidelberg, éd. C.F. WInter, 1880-1882, 87 p., sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne)[n 5].
[1890] (de) Über den Bau der Bacterien und verwandter Organismen [« Sur la construction des bactéries et des organismes apparentés »] (conférence donnée le 6 décembre 1889 à l'Association d'histoire naturelle et de médecine de Heidelberg), Leipzig, éd. C. . Winter, , 37 p., sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne).
[1896] (de) Weitere Ausführungen über den Bau der Cyanophyceen und Bacterien : im Anschlusse an meine Abhandlung aus dem Jahre 1890 [« Informations complémentaires sur la construction des cyanophycées et des bactéries : suite à mon traité de 1890 »], éd. Wilhelm Engelmann, , 87 p., sur books.google.fr (lire en ligne).
[1900] (de) Untersuchungen über Mikrostrukturen des erstarrten Schwefels nebst Bemerkungen über Sublimation [« Études sur les microstructures du soufre solidifié et observations sur la sublimation »] (monographie), Leipzig, éd. Wilhelm Engelmann, , 4 pl., iv + 96 (présentation en ligne).
[1901] (de) Mechanismus und Vitalismus [« Mécanisme et vitalisme »] (monographie), Leipzig, éd. Wilhelm Engelmann, , 107 p., sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne).
[1921] (de) Vorlesungen über vergleichende Anatomie [« Conférences sur l'anatomie comparée »] (monographie), Berlin, éd. Julius Springer, , XIV (table des matières) + 931, sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne).
Notes et références
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Otto Bütschli » (voir la liste des auteurs) (version du ).
Notes
↑ Les nématodes libres (free-living nematodes) sont définis par opposition aux nématodes parasites, qui dépendent d'un hôte et dont certains vivent dans l'hôte.
↑Serait-ce Ivan Pavlov ? Fokin (Fokin 2013, p. 26) le décrit succinctement comme « assistant à l'académie impériale des sciences et membre scientifique de l'académie des sciences de l'URSS » (assistant in IAS and a senior (scientific fellow of USSR AS). Pavlov est bien allé en Allemagne à un moment de sa vie, mais est-il allé à Heidelberg et a-t-il étudié avec Bütschli ?
↑En 1905 le futur éminent histologue Aleksei Zavarzin(en) arrive à Heidelberg sur la recommandation de Vladimir Shevyakov ; il mentionne dans une lettre que les russes sont plus nombreux que les allemands dans le laboratoire de Bütschli. (Voir Fokin 2013, p. 26.)
↑En 1898 il décrit une expérience sur des gouttelettes d'eau alcaline dans de l'huile (d'olive, en l'occurrence) pour amorcer unne réaction de saponification. Cette action, simple, est réétudiée par deux auteurs en 2013. Elle produit des structures qui se meuvent et exhibent des caractéristiques ressemblant superficiellement aux amibes en s'organisant spontanément. Pendant cette phase d'organisation, les gouttelettes permettent d'introduire un ordre spatial et temporel dans le système, qui présente un potentiel de programmabilité chimique. Ces deux auteurs citent ce système comme un exemple de technologie vivante. Voir [Armstrong & Hanczyc 2013] (en) Rachel Armstrong et Martin Hanczyc, « Bütschli Dynamic Droplet System », Artificial Life, vol. 19, no 3, (résumé).
↑Sur les sarcodines (un type de protistes), voir (en) « Sarcodina », sur britannica.com. Les sarcodines et les sporozoa sont des eucaryotes. Ne pas confondre avec le genre de champignons Sarcodon.
↑[Vucinich 1989] (en) chap. 9 « Darwinian Anniversaries », dans Alexander Vucinich, Darwin in Russian Thought, University of California Press, , sur publishing.cdlib.org (lire en ligne), p. 327.
↑[Milton & Axelrod 1947] (en) Charles Milton et Joseph M. Axelrod, « Fused Wood-Ash Stones: Fairchildite (n. sp.) K2CO3·CaCO3, Buetschliite (n. sp.) 3K2CO3·2CaCO3·6H2O and Calcite, CaCO3, Their Essential Components », American Mineralogist, vol. 32, nos 11-12, , p. 607-624 (résumé).
[Dobell 1951] (en) Clifford Dobell, « In Memoriam: Otto Butschli (1848-1920). "Architect of Protozoology" », Isis, vol. 42, no 1, , p. 20-22 (ISSN0021-1753, DOI10.1086/349230).
[Fokin 2013] (de) Sergei I. Fokin, « Otto Bütschli (1848–1920): Where we will genuflect? », Protistology, vol. 8, , p. 22–35 (lire en ligne [PDF] sur zin.ru/journals, consulté en )..
[Goldschmidt 1920] (de) Richard Benedict Goldschmidt, « Otto Bütschli 1848–1920 », Naturwissenschaften, vol. 8, , p. 543–549 (lire en ligne [sur zenodo.org], consulté en )..
[Lüdicke 1965] (de) M. Lüdicke, « Das Zoologische Museum in Heidelberg », Ruperto Carola, vol. 17, no 37, , p. 175–184.
[Zacharias 2002] (de) H. Zacharias, « Sensuousness in science. The Wandtafel company of Rudolf Leuckart », dans C.A. Redi, E. Capanna et S. Garagna, Visual Zoology, Como-Pavia, éd. Ibis, , p. 47-48..
[Ziegenspeck 1957] (de) Hermann Ziegenspeck, « Bütschli, Otto, Zoologe », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 3, Berlin, éd. Duncker & Humblot, , sur daten.digitale-sammlungen.de (lire en ligne), p. 6..