L'Opération insecticide aurait été une opération militaire organisée en 1994 à la demande du Gouvernement intérimaire rwandais pendant le génocide au Rwanda. Certaines enquêtes y associent le capitaine de la gendarmerie française Paul Barril. Son existence a été confirmée dans l'agenda d'un ministre du gouvernement intérimaire rwandais[1].
Cette opération aurait visé essentiellement à former au tir de précision et aux techniques d'infiltration des élites choisies parmi la garde présidentielle rwandaise connue pour sa très grande activité dans les massacres dès le premier jour du génocide (assassinat également de dix casques bleus belges le premier jour dans le but de faire partir la Minuar). Elle aurait aussi comporté, selon des précisions apportées ultérieurement, une fourniture d'armes.
D'autre part le nom de cette opération semble étroitement lié à la propagande des génocidaires qui, sur la radio des mille collines, appelait sans relâche à tuer les « cafards tutsi ».
Cette opération, qui est mentionnée par quatre sources notoires, semble avoir été conduite dans le plus grand secret et son évocation éveille de très grandes résistances. En particulier, Paul Barril, bien qu'il ne soit pas avare de détails sur ses actions au Rwanda, n'a pas confirmé sa participation à cette opération dont il serait pourtant la cheville ouvrière. Seules les "allégations" d'Alison Des Forges, d'André Guichaoua et de Patrick de Saint-Exupéry donnaient du crédit à cette affaire, jusqu'en 2012. Le 24 janvier 2013 un article du quotidien Le Parisien révèle que le juge antiterroriste français, Marc Trévidic, aurait saisi des pièces qui confirmeraient le contenu de cette opération.
Pierre Péan a vivement critiqué deux de ces auteurs (Des Forges et de Saint-Exupéry) dans Noires fureurs et blancs menteurs. Les députés français, qui n'ont pas pu auditionner Paul Barril, n'ont pas parlé de cette opération dans leur rapport sur le Rwanda. Cette opération au Rwanda n'est pas la seule à ne pas être évoquée par les députés français. Une autre action se serait déroulée au début de l'opération Turquoise à partir de Goma. Il s'agit, selon le commandant Pierre Bunel, dans un de ses ouvrages Mes services secrets, d'un détachement "spécialisé" de 220 militaires français, soit 10 % de l'ensemble de Turquoise, qui a été passé sous silence par les députés français et les médias français. L'historienne Alison Des Forges en parle aussi dans son rapport aucun témoin ne doit survivre.
Dans son livre Leave None to Tell the Story: Genocide in Rwanda, traduit en français sous le titre « Aucun témoin ne doit survivre », Des Forges rapporte[2] également ceci (les mois cités se rapportant à l'année 1994) :
Dans un témoignage filmé pour la Commission d'enquête citoyenne en 2004, François-Xavier Verschave demandera à Alison Des Forges[8]:
Madame Des Forges répondra :
André Guichaoua, dans son livre Les politiques du génocide à Butare[9], cite l’agenda de Pauline Nyiramasuhuko, jugée au TPIR et ancienne ministre du gouvernement intérimaire rwandais qui a conduit le génocide[10][source insuffisante], en date du 20 juin 1994, « Opération insecticide dans les arrières ».
Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry écrit en 2004[11] :
Selon Le Parisien du 24 janvier 2013 le juge Trévidic aurait saisi des documents chez Barril qui confirmeraient le contenu de cette opération. Une lettre du ministre de la défense rwandais datée du 27 avril 1994, l'aurait chargé de recruter 1000 hommes :