Elle est considérée par le critique d'art Gustave Geffroy, comme une des trois « grandes dames » de l'impressionnisme avec Berthe Morisot et Mary Cassatt[1]. Portraitiste avant tout, elle est également peintre de fleurs, de natures mortes, de paysages et de scènes d'intérieur. Elle a aussi exécuté des décorations murales et des dessins pour des vases en céramique.
Longtemps reléguée dans l'ombre de son mari Félix Bracquemond[2], elle commence à avoir une reconnaissance méritée grâce à de nombreuses expositions sur les femmes peintres au début du XXIe siècle[3],[4].
Biographie
Les débuts
Cette artiste, dont Philippe Burty déclare qu'elle est la plus intelligente des élèves d'Ingres[5], a donné des cours de dessin et a épousé en Félix Bracquemond qu'elle avait rencontré au musée du Louvre en 1867[6]. Elle débute au Salon de 1857 en signant ses premières œuvres du nom de « Pasquiou-Quivoron » et participe régulièrement aux Salons depuis 1864[7]. À l'Exposition universelle de 1878, Marie Bracquemond présente un grand panneau en carreaux de céramique (environ 3 × 7 m, non localisé) sur le thème des Muses des arts et des Lettres réalisé pour le manufacturier Charles Haviland. Edgar Degas en fait le compliment à Félix Bracquemond dans une lettre où il le prie de transmettre son admiration à sa femme[8]. Marie Bracquemond participe ainsi en 1879 à la quatrième exposition du groupe impressionniste où elle présente un plat de céramique et les cartons préparatoires qui ont servi à la fabrication du panneau de faïence Haviland. Elle produit également des eaux-fortes de qualité et en expose cinq lors de la deuxième exposition de la Société des peintres-graveurs français à la galerie Durand-Ruel en 1890.
Avec les impressionnistes
Initialement influencée par Ingres, notamment dans le portrait qu'elle fait de son fils en 1878[9], Marie Bracquemond s'éloigne ensuite de ce maître dont la méthode d'enseignement la rebute[6]. Son style se personnalise avec des couleurs claires et des variations dans les tons de blanc avec son Portrait de femme présenté à la cinquième exposition impressionniste. Sa demi-sœur Louise est son modèle favori mais pour plusieurs portraits, les modèles restent inconnus et leurs attributions sans fondements comme pour l'artiste peintre au chevalet qualifié parfois d'Autoportrait.
Très amie avec Édouard Manet, auquel elle tiendra compagnie dans ses derniers jours, elle reproduit son style dans certaines de ses natures mortes (Les Crevettes, 1887) ou des vues de jardin (L'Allée). Elle admire Claude Monet et est aussi très liée avec le couple Sisley[6] qui lui aurait servi de modèle pour le tableau En bateau (1880). Pour le tableau intitulé Sous la lampe[8], il s'agit en réalité d'un autoportrait de Marie et son époux[10].
En 1890, sa carrière publique est interrompue par son mari embarrassé par sa liberté créatrice[6]. Son œuvre plonge alors dans un oubli remis en cause depuis peu[11].
Une grande partie des œuvres de Marie Bracquemond étant en mains privées, elles ne sont que rarement présentées lors d'expositions de femmes peintres ou d'impressionnistes.
Les œuvres de Marie Bracquemond ont pour sujet le paysage de Sèvres ou les coteaux de Bellevue, mais aussi des portraits où les variations de couleurs montrent un savoir-faire apprécié par Gustave Geffroy. Dans la préface à l'exposition de Marie Bracquemont à la galerie Bernheim de 1919, il reprend des propos tenus en 1893 : « Il y a une parenté avec la peinture du siècle dernier, une continuation d'art sans imitation dans l'ajouté d'un sentiment très vif de la modernité d'une originalité rapide et franche[12] ».
↑« Women Impressionists. Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Marie Bracquemond », The California Palace of the Legion of Honor, San Francisco, 2008, cité in : « Expositions » de la notice Jeune femme en toilette de bal de Berthe Morisot sur musee-orsay.fr (en ligne).
↑« Les femmes impressionnistes Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Marie Bracquemond », exposition à la Kunsthalle de Francfort-sur-le-Main du au (sur prnewswire.co.uk.
Philippe Burty, Les Ateliers, Paris, la Renaissance Littéraire, .
Martine Thomas, Yannick Marec et Gérard Gosselin, Le dessin de presse à l'époque impressionniste, 1863-1908, de Daumier à Toulouse-Lautrec, éditions Jean di Sculo (Democratic Books), 2010.
Jean-Paul Bouillon, Marie Bracquemond, la « dame » de l'impressionnisme, in L'Estampille/L'Objet d'Art, no 458, , p. 60-67.