Léon Marcel Isidore Geoffray est né à Passy (annexé depuis à Paris) le . Son père, Pierre-Joseph Geoffray (1804-1886), propriétaire, est un ancien financier à Lyon où il dirigeait « une maison de soieries des plus importantes ». Sa mère, née Juliette (dite Julie) Joséphine Sauvage de La Martinière, est réputée pour sa piété et sa générosité[2],[3].
Le jeune Léon et son frère Marcel sont éduqués à Passy par leur mère, avec un précepteur, M. Caillet. Le programme suivi et l'horaire quotidien sont ceux du lycée Louis-le-Grand[4].
Il est d'abord attaché au service du contentieux au ministère des affaires étrangères en 1877, puis à l'ambassade de Constantinople de 1877 à 1879. Il est de nouveau au service du contentieux au ministère des affaires étrangères, à partir de 1879. Il y gravit les échelons de commis principal en 1883, rédacteur en 1886, secrétaire d'ambassade en 1891, avec effet rétroactif. En 1892-1894, il participe aux travaux de diverses commissions[3]. Il devient la « cheville ouvrière » du contentieux de la direction politique, y résout de nombreuses affaires importantes, et aurait pu en recevoir la direction[7].
Londres : l'Entente cordiale
Léon Geoffray est nommé premier conseiller à l'ambassade de Londres, à partir de 1895, avec le grade de secrétaire première classe, puis de ministre plénipotentiaire en 1896[3]. Il y constate un état d'esprit très anti-français ; il en rend compte dans ses rapports, et écrit le , au moment de l'occupation française de Fachoda :
« On se dit que le Français est l'adversaire-né de l'Angleterre (...) Si bien que, sans désirer un conflit armé avec notre pays, une certaine partie de la nation anglaise s'habitue à l'idée que ce conflit peut éclater un jour, et même qu'il ne saura manquer d'éclater[8]. »
Mais il s'attache passionnément à l'apaisement, et à la réalisation d'une alliance entre l'Angleterre et la France. Pour y parvenir, malgré la crise de Fachoda, il n'hésite pas à faire à plusieurs reprises la navette entre les deux pays pour convaincre à la fois son supérieur hiérarchique Paul Cambon, vite convaincu, son ministre Théophile Delcassé, le gouvernement britannique et le gouvernement français. Il prépare et accompagne les visites respectives d'Édouard VII à Paris, et du président Loubet à Londres. Il participe ainsi activement à la réalisation et au maintien de l'Entente cordiale, signée en 1904.
Lors de son départ de Londres en 1908, Édouard VII lui remet à titre exceptionnel les insignes de Grand Croix de l'Ordre de Victoria, qui n'avaient jamais été remis à un ministre plénipotentiaire. Léon Geoffray part alors pour Le Caire, où il est consul général de 1908 à 1910[3].
↑Cité par Adrien Thierry, L'Angleterre au temps de Paul Cambon, Paris, La Palatine, 1961, p. 25.
↑Jean-Marc Delaunay, Des palais en Espagne : l'École des hautes études hispaniques et la Casa de Velázquez au cœur des relations franco-espagnoles du XXe siècle, 1898-1979, Madrid, 1994, p. 139 [lire en ligne].