Louis Bertrand est le fils de Ferdinand-Nicolas Bertrand, greffier de la justice de paix, et d'Émilie-Delphine Guilminot.
Après ses études à Paris à l'École normale supérieure de 1885 à 1888, il est nommé au lycée d’Aix-en-Provence où il réussit l'agrégation de lettres classiques en . Il a pour élève le futur poète Joachim Gasquet. Il est ensuite nommé au lycée de Bourg-en-Bresse, où il reste deux années, puis dans divers établissements d’Alger — dont le grand lycée d'Alger — de 1891 à 1900. Il y obtient le diplôme de docteur ès Lettres en 1897.
Il s'insère difficilement dans l'institution scolaire ; on raconte qu'un jour il interdit l'accès de sa classe à son proviseur sous prétexte que celui-ci ne portait pas la tenue d'apparat exigée par un vieux règlement et qu'il traita de haut l'inspecteur général envoyé sur ces entrefaites.
Sa désinvolture lui vaut d'être déplacé en 1901 au lycée de Montpellier, mais il démissionne bientôt pour se consacrer à la littérature, vers laquelle il se tournait de plus en plus depuis 1897.
Son séjour en Algérie de 1891 à 1900 a nourri l'inspiration d'une partie de son œuvre abondante, aujourd'hui tombée dans l'oubli.
Louis Bertrand a été l'ami de Caroline Commanville[2], nièce de Gustave Flaubert, qui avait hérité de son oncle sa propriété de Croisset avec la bibliothèque de l'écrivain et son cabinet de travail. Ils se sont connus lorsque Caroline Commanville s'est installée en 1893 sur la Côte d'Azur, où résidait Louis Bertrand. Elle lui communique puis lègue ses livres et archives à sa mort en 1931. Mais cette succession est difficile, et, malgré les efforts de Bertrand pour éviter la dispersion, le fisc fait une évaluation exorbitante du legs qui lui interdit malgré tout de le conserver ; il décide alors, en 1936, de le céder à l'Institut de France.
Bertrand, admirateur de Flaubert, écrit ainsi sur l'auteur de Madame Bovary deux ouvrages[3].
À Paris, il « habitait l'immeuble qui jouxte l'hôtel Baignères au 42, rue du Général-Foy. C'était un homme de lettres et uniquement un homme de lettres, phénomène qui n'était pas rare. Cet état s'accompagnait, chez Louis Bertrand, d'une grande vanité et de convictions idéologiques furieuses. »[7]. À ce titre, son roman paru en 1907, L'Invasion, décrit une Marseille submergée par l'immigration italienne[8].
Resté célibataire, il habita aussi au 183, rue de l'Université et possédait une propriété à Antibes (« La Solle », chemin de Rostagne).
En 1936, la parution de son essai biographique Hitler suscite la polémique[9], l'écrivain dresse un portrait louangeur du maître du Troisième Reich. Reprenant à son compte la vision raciale du nazisme, ce passionné de l'Orient islamique verse dans l'antisémitisme au nom de la lutte contre le bolchevisme. Toutefois, affecté par la défaite de son pays, sous l'Occupation, Louis Bertrand vit retiré et ne participe pas au débat public. Et ce, jusqu'à son décès intervenu le .
En 1962, Pierre Marot cite sa phrase sur Jeanne d'Arc : « Elle appartient au monde des âmes, par sa soif du ciel et sa nature angélique »[10].
Le Sang des races, Éd. Ollendorff, 1899[11] - rééditions : chez le même éditeur en 1920, "édition complète revue et corrigée" ; Éditions L'Harmattan, 306 p., 2016.
Mademoiselle de Jessincourt, Éd. Fayard, 1911 (réédition éditions des Paraiges, 2015).
La concession de Madame Petitgand, Éd. Fayard, 1912.
Sanguis martyrum, Éd. Fayard, 1918, rééd. Via Romana, 2016.
L'Infante, Éd. Fayard, 1920.
Cardenio. L'homme aux rubans couleur de feu, Éd. Ollendorff, 1922.
Une destinée (1), Jean Perbal, Éd. Fayard, 1925.
Une destinée (2), Une nouvelle éducation sentimentale, Éd. Fayard, 1928.
Le Roman de la Conquête (1830), Éd. Fayard, 1930.
Une destinée (3), Hippolyte porte-couronnes, Éd. Fayard, 1932.
Une destinée (4), Sur les routes du Sud, Éd. Fayard, 1932.
Une destinée (5), Mes années d'apprentissage, Éd. Fayard, 1939.
Une destinée (6), Jérusalem, Éd. Fayard, 1939.
Essais, ouvrages historiques, biographiques et critiques
La fin du classicisme et le retour à l’antique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et les premières années du XIXe siècle en France, Hachette 1897.
Le Jardin de la mort, Éd. Ollendorff, 1905.
La Grèce du soleil et des paysages, Bibliothèque Charpentier, 1908 ; réédition définitive, illustrations de Louis Rennefer gravées par Eugène Dété, chez Georges Boutitie, 1920.
Le Mirage oriental, Librairie académique Perrin, 1910.
↑André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, 1954, p. 235.
↑Voir Aurélia Dusserre, « L'image des étrangers à Marseille dans L'Invasion de Louis Bertrand (1907) », dans Les batailles de Marseille, PUP, coll. « Le Temps de l'histoire », , 15-27 p. (ISBN9782853998642) Isabelle Felici, « Marseille et L'Invasion italienne vue par Louis Bertrand. « Ribattiamo il chiodo » », Babel [En ligne], no 1, (lire en ligne)
Sous la direction d’Éric Georgin, professeur agrégé d’histoire à l’université Paris II - Panthéon Assas, conclusions d’Olivier Dard, Un écrivain français entre Europe et Afrique : Louis Bertrand (1866-1941), Le Chesnay, Éditions Via Romana, 266 p., 2023 (ISBN978-2372712187) Actes de la journée d’études organisée à la salle des Conseils du centre Panthéon le 9 décembre 2021.
Cercle des Amis de Louis Bertrand, Regards sur la vie et l'œuvre de Louis Bertrand de l'Académie française (1866-1941), Actes de la journée d'études, Université Panthéon-Assas (Paris II), le 14 décembre 1991, Versailles, Éditions Via Romana, 140 p., 2015 (ISBN978-2372710060)
Jacques Alexandropoulos, « De Louis Bertrand à Pierre Hubac : images de l'Afrique antique », dans J. Alexandropoulos, P. Cabanel, La Tunisie mosaïque. Diasporas, cosmopolitisme, archéologies de l'identité, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail de l'Université de Toulouse, , p. 457-478.
David Clark Cabeen, The African novels of Louis Bertrand. A phase of the renascence of national energy in France, Philadelphia, Westbrook Publishing Co., 1922.