Le festival Les Rendez-vous de l'histoire est une manifestation fondée en 1998 par Jack Lang, alors maire de Blois, sur une proposition et une idée de Francis Chevrier[1].
S’inspirant du festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, dont Francis Chevrier était le directeur, il se présente comme une manifestation scientifique consacrée à l’Histoire. Ouvert à tous, ce festival accueille en moyenne 45 000 festivaliers par an[2]. Son organisation est assurée par le Centre européen de promotion de l’histoire (CEPH), une association loi de 1901 fondée dans ce but et présidée par Éric Alary.
Les Rendez-vous de l’histoire se déroulent chaque année à Blois au mois d'octobre. Durant cinq jours, chercheurs, enseignants et grand public s’y retrouvent pour débattre autour d’un thème donné. Un autre objectif pour ces différents acteurs est de réfléchir à la place et la transmission de l'histoire.
Les Rendez-vous de l’histoire accueillent également un grand salon du livre, une programmation cinéma, un cycle économie, des rencontres pédagogiques et bien d’autres formes de manifestation[3].
Ce sont plus de 1 000 intervenants qui prennent part chaque année aux quelque 600 rencontres organisées[4], dont des historiens, des sociologues, des philosophes, des économistes, des cinéastes ou encore des représentants politiques.
Les Rendez-vous de l'histoire ont fait quelques petits un peu partout dans le monde, notamment au Québec avec les Rendez-vous d'histoire de Québec[5].
L'Histoire en débat
Le conseil scientifique et les cartes blanches
Le conseil scientifique des Rendez-vous de l’histoire « veille à la cohérence et à la rigueur du festival ». Ce dernier est présidé par Jean-Noël Jeanneney[6] depuis 2003 et compte des personnalités scientifiques dont la composition varie chaque année en fonction du thème choisi[7].
À chaque édition, le conseil décide de la thématique et conçoit un programme d’une vingtaine de conférences et tables rondes, en adéquation avec ce dernier. Le thème retenu vise notamment à intéresser le grand public. Il peut de surcroît concerner l’ensemble des périodes historiques ou faire écho à l’actualité[8]. Le conseil scientifique valide également les « cartes blanches », qui sont des propositions de débats présentées par des tiers tels que les partenaires des Rendez-vous de l'histoire ou des intervenants extérieurs. Le but est d'aborder des sujets en lien avec le thème de l'année et n'étant pas directement traités par le conseil scientifique.
Le Salon du livre
Le Salon du livre, qui se tient dans l'espace de la Halle aux grains, s'inscrit au cœur du festival[9]. Il est présidé chaque année par une personnalité du monde des lettres, comme Alain Mabanckou, Chantal Thomas, Alaa al-Aswany, Françoise Chandernagor, Wole Soyinka, Amin Maalouf, Hélène Carrère d'Encausse, entre autres. Les éditeurs y mettent à l'honneur l'actualité de la rentrée, ainsi que la richesse de leurs fonds et de leurs collections. Ce salon accueille quelque 300 auteurs en signature et plus de 200 exposants, librairies, sociétés savantes et éditeurs venus présenter la diversité des parutions ayant trait à l'Histoire : romans, biographies, ouvrages et revues scientifiques, livres, bandes dessinées, livres anciens, etc. Son programme offre au public la possibilité d'entendre et d'échanger avec les auteurs à l'occasion de cafés littéraires, d'entretiens, de tables rondes[10],[11]… Il est le plus grand salon européen du livre d'Histoire[12].
Le cinéma
Le cycle cinéma propose de multiples lectures et visions de l’histoire[13]. Il peut être lui-même un objet historique. Se déroulant sous la présidence d’un grand nom du septième art, il confronte le thème général des Rendez-vous de l’histoire aux regards des caméras au travers de films récents, de fictions, de documentaires ou d’objets rares du patrimoine cinématographique[14]. C’est en tout une cinquantaine d’œuvres audiovisuelles qui sont projetées et débattues par des réalisateurs, des critiques et des historiens. Parmi les grands noms qui ont été présents au festival, on compte : Constantin Costa-Gavras, Claude Chabrol, Bertrand Tavernier, Catherine Breillat, Pascale Ferran, Rithy Panh, Claude Lanzmann[15].
L’économie aux Rendez-vous de l’histoire
Le volet économique des Rendez-vous de l'histoire est lancé en 2014 comme une extension du festival d'Histoire, avec le soutien de la Chambre de commerce et d'industrie du Loir-et-Cher et d'entreprises partenaires[16]. Il rassemble de grands témoins et acteurs de l’économie au côté de ceux qui la pensent, qu’ils soient historiens, économistes[17], géographes, sociologues ou philosophes.
Ces rencontres ont pour ambition de développer la culture économique du public, dans une approche décloisonnée, interdisciplinaire et non partisane. Les principaux sujets qui occupent l'actualité économique sont analysés et décryptés, et certaines rencontres sont consacrées au thème annuel.
En 2017, « L'économie aux Rendez-vous de l’histoire » s'étend à l'ensemble du département avec la création des « Étapes en Loir-et-Cher », une série de rencontres au plus près des dynamiques économiques des territoires.
Les Rendez-vous de l'histoire sont pensés comme un lieu privilégié d'apprentissage pour un large public, dont les groupes scolaires. Cet aspect se décline sous deux formes.
Les rencontres pédagogiques
Le ministère de l’Éducation nationale a inscrit le festival dans ses actions de formation continue[18], missionnant chaque année des professeurs de collèges et lycées (dont les lycées professionnels), ainsi que des inspecteurs de toutes les académies. Tous les professeurs d’histoire de l'Académie d'Orléans-Tours sont également invités[19].
L’attention est portée sur l’articulation entre la recherche historique et son enseignement dans les classes du primaire et du secondaire. Ainsi, une programmation spécifique de conférences et d’ateliers pédagogiques aborde la didactique du thème annuel, en étroite correspondance avec les programmes scolaires[20]. Elle entend également prendre en compte le numérique dans les pratiques pédagogiques innovantes et propose un parcours destiné aux stagiaires de l’ESPE.
Les actions scolaires
Dans la continuité des rencontres pédagogiques, les Rendez-vous de l’histoire proposent aux élèves des ateliers filmiques, des expositions ou des rencontres avec des historiens afin de leur montrer que l’Histoire existe en dehors des manuels et des cours.
Les cafés historiques
En parallèle de ces conférences et rencontres, les Rendez-vous de l’histoire se déclinent sous beaucoup d’autres formes moins conventionnelles[21].
Conçus en 2002 comme le prolongement sur l’année des objectifs du festival grâce au soutien du Conseil régional[22], les Cafés historiques prennent place en région Centre-Val de Loire et proposent aux habitants de se réunir autour d’un historien de métier. Leur originalité réside dans un déroulement moins formel et en deux temps : un temps pour la conférence de l’historien et un temps pour débattre, durant lequel le public est libre d’intervenir. Ces cafés prennent place une fois par mois dans les villes de Blois, Bourges, Chartres, Châteauroux, Orléans et Tours[23].
Les prix décernés
Les prix littéraires des Rendez-vous de l’histoire
À Blois, la remise de prix littéraires met en lumière l’écriture de l’histoire et le travail des auteurs qui, par leur exigence et leur qualité littéraire, ont marqué la discipline[24]. Que ce soit en matière de recherche ou de diffusion de la connaissance, ces prix récompensent ceux qui font de l’histoire une science vivante et ouverte sur le monde.
Le festival des Rendez-vous de l'histoire décerne aujourd'hui sept prix littéraires :
Le prix Augustin-Thierry a pour objet de récompenser un livre ou l’ensemble d’une œuvre traitant d'un sujet lié à l’Histoire contemporaine. Il est choisi par l'équipe des Rendez-Vous de l'histoire[25].
Le grand prix des Rendez-vous de l'histoire[26] récompense un ouvrage ayant contribué de façon remarquable au progrès de la recherche historique et/ou à sa diffusion, toutes périodes confondues. Le jury est composé de professeurs et d’universitaires.
Le prix du roman historique[27] distingue l’auteur d’une fiction originale pour adultes. Le jury est composé d'historiens, de personnalités publiques mais aussi journalistes et éditeurs[28].
Le prix du roman historique jeunesse[29] s'adresse aux enfants et adolescents. Il distingue trois niveaux de classes (CM2/6e, 5e/4e, 3e/2de) et chacun d'eux décerne un prix à partir d'une sélection de quatre livres par niveau[28].
Le prix du roman historique Coup de cœur des lecteurs de CIC Ouest récompense une fiction, choisie par les salariés de la banque régionale[28].
Le prix château de Cheverny de la bande dessinée historique récompense le ou les auteur(s) d'une bande dessinée dont la qualité du scénario, la valeur du dessin, ainsi que le sérieux de la reconstitution historique, auront été appréciés. Le jury est composé d'historiens et d'auteurs de BD[28].
Le Prix du Noir Historique est décerné à un roman policier. Le jury est composé de blésois, d'historiens, auteurs de polars, d'éditeurs et journalistes[28].
Les prix liés au cycle cinéma
Deux prix sont décernés dans le cadre du cycle cinéma[30] :
Le prix Rendez-vous de l'histoire du Documentaire Historique récompense plusieurs documentaires jugés remarquables au vu de leur qualité formelle et du travail réalisé en matière de restitution. Ce prix est lui-même subdivisé entre le grand prix, doté de 5 000 euros grâce au soutien de la Direction des Patrimoines, de la Mémoire et des Archives (DPMA), une mention spéciale et deux autres mentions[31]. Les films primés pendant le festival sont en entrée libre.
Le prix du projet de documentaire Historique est une aide au développement d’un projet de documentaire. Cette aide équivaut à un montant de 2 000 euros assorti d’une prestation technique et d’un accompagnement professionnel par l'agence régionale Ciclic[31]. Le projet bénéficiant d’une mention se voit récompensé par le choix d’une formation à l’INA.
Récapitulatif chronologique
Présidences et prix littéraires des Rendez-vous depuis leur création[32]
Année
Thème
Date
Présidence des Rendez-vous de l'histoire
Présidence du Salon du livre
Présidence du cycle cinéma
Conférence inaugurale
Conférence de clôture
Présidence de L'Économie aux Rendez-vous de l'histoire
Prix Augustin-Thierry
Grand Prix des Rendez-vous de l’histoire
Prix du Roman Historique
Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique
Sylvain Venayre, Une guerre au loin : Annam, 1883, Les Belles Lettres
Gilles Havard, Histoire des coureurs des bois : Amérique du Nord, 1600-1840, Les Indes Savantes ; Sylvain Piron, Dialectique du monstre, Zones sensibles
Amélie de Bourbon-Parme, Le Secret de l’empereur, Gallimard, 2015
Camille Fauroux, Produire la guerre, produire le genre. Des Françaises au travail dans l'Allemagne nationale-socialiste (1940-1945). Éditions de l’EHESS
Ludovic Tournès, Américanisation. Une histoire mondiale (XVIIIe – XXIe siècle). Fayard
Gisèle Pineau, Ady, soleil noir. Éditions Philippe Rey
Clément Xavier, Lisa Lugrin et Albertine Ralenti, Jujitsuffragettes. Les Amazones de Londres. Delcourt
À la suite de cette polémique, la direction des Rendez-vous de l'histoire apporte son soutien à Marcel Gauchet[60], qui réagit à cette tribune en la qualifiant de « pignolerie parisienne » et de « bêtise rétrograde d’une extrême-gauche en délire »[61]. Il répond de surcroît aux deux hommes dans un entretien accordé au journal Le Monde, via lequel il qualifie les accusations portées contre lui de « calomnies grossières sans la moindre base ». Cependant, il affirme qu'il existe un « noyau rationnel » dans la polémique, découlant selon lui de sa contestation des analyses de Michel Foucault sur le pouvoir et de Pierre Bourdieu sur la domination.
La polémique suscite de nombreuses réactions, souvent ironiques, dans la presse française[62],[63]. Ainsi, Laurent Bouvet raille la posture de Geoffroy de Lagasnerie et d'Édouard Louis par un syllogisme absurde : « si on invite le réactionnaire Gauchet à un débat, cela prouve que celui-ci est vicié, comme c'est le cas à Blois, d'où le boycott. Or, plus les débats de ce genre sont viciés, plus les réactionnaires y sont invités. CQFD. L'hydre réactionnaire est aussi un serpent qui se mord la queue ! »[64]. Selon Les Inrockuptibles, Geoffroy de Lagasnerie et Édouard Louis subissent des attaques à la violence « âpre » dans les journaux, présentés par beaucoup comme « des intellectuels sectaires »[65]. Pierre Rimbert, dans Le Monde diplomatique, se moque des partisans de Marcel Gauchet : « en somme, les auteurs d’un appel publié en plein mois d’août dans un quotidien souffreteux auraient manqué d’anéantir la vie publique en égratignant un intellectuel tout-terrain. La démocratie ne tient décidément qu’à un fil »[66].
En réponse à l'appel initial de Geoffroy de Lagasnerie et d'Édouard Louis, une pétition qui n'appelle pas au boycott, mais qui regrette la décision « polémique » du conseil scientifique des Rendez-vous de confier la conférence inaugurale à Marcel Gauchet, recueille 229 signatures[67]. Quelques jours plus tard, le journal Le Monde publie un texte de soutien à Marcel Gauchet, signé par un collectif de 13 personnes, essentiellement des universitaires[68]. Le texte recueille par la suite de nombreuses autres signatures, notamment parmi ses collègues de l'EHESS[69]. L'historien Patrice Gueniffey, directeur du Centre Raymond Aron de l’EHESS, apporte également son soutien à Gauchet dans un texte publié par Le Monde[70].
Les partenaires scientifiques
Les Rendez-vous de l'histoire, comme toute manifestation de ce type, disposent d'un soutien financier émanant de divers acteurs. Ils bénéficient de plus d'un soutien particulier de la part des partenaires scientifiques. Ces derniers ont vocation à proposer du contenu scientifique, que ce soit sous la forme de sources à analyser ou à exposer lors des Rendez-vous, ou encore via les tables rondes, débats et autres.