Le site est, à l'origine, un entrepôt frigorifique ferroviaire de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO), auquel on accède par le 91, quai de la Gare. Le chantier de construction du bâtiment principal débute en 1919 et sa mise en service a lieu en 1921. C'est un élément important de l'approvisionnement du marché des Halles en viande et autre nourriture périssable[3],[4].
Le bâtiment a ensuite été occupé dans les années 1980 par de nouveaux arrivants, artistes et artisans, attirés par ses volumes et la qualité de son isolation thermique et phonique.
Les premiers occupants furent des artistes et non artistes mêlés (dont, notamment, Ben, Patrick Lanneau, Jérôme Mesnager, Dominique Fury, Jean-Paul Réti, le Théatre des Farfadets, le studio d'enregistrement WW[5],[6]). Les occupants successifs ont contracté des conventions d'occupation et payé des loyers avec le propriétaire : la Société nationale des chemins de fer français, puis le Réseau ferré de France, et la Mairie de Paris, qui est devenue propriétaire de plein droit des lieux le . Les étages ont été transformés en ateliers d'artistes, studios de musique, etc. Depuis, malgré les aléas, changements de propriétaires, restructuration du quartier, le lieu est resté une référence parmi les nouveaux « territoires » de l'art contemporain.
Plus de cent locataires travaillent sur le site, qui comprend quatre-vingt-dix ateliers[7]. Les loyers pour des locaux aménagés par les locataires vont de 500 à 2 700 euros en 2010 ; ils ont été ensuite doublés entre 2018 et 2023.
Quinze professions différentes y exercent des activités qui vont de la petite industrie à l'édition, aux métiers d'art, avec des artistes, des micro-sociétés et des associations assurant le fonctionnement de salles de répétition pour les gens de théâtre ou pour des musiciens. C'est le premier lieu en France qui a réalisé, par le plus grand des hasards, un site professionnel à « mixité verticale », réunissant les professions mentionnées.
Le vœu d'une bonne partie des locataires est de voir le positionnement du site, sur le plan juridique, dans les lieux d'« activités de production » inséré officiellement dans le programme d'aménagement de Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement[8].
↑ a et bJean-Luc Flohic (dir.), « Entrepôts frigorifiques 1919-1921 », dans Le Patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, t. 1, Paris, Flohic Éditions, (ISBN2-84234-069-8), p. 396.
Jean Paul Reti, « Paris Île de France : Les Frigos », dans Fabrice Lextrait (rapporteur), une nouvelle époque de l‘action culturelle, vol. 1 : Introduction, monographies et fiches d'expériences (Rapport à Michel Duffour secrétariat d'État au patrimoine et à la décentralisation culturelle), Paris, (lire en ligne), p. 193-194.
Elsa Vivant et François Ascher (directeur de Thèse), Le rôle des pratiques culturelles off dans les dynamiques urbaines (Thèse pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Paris 8 - discipline : urbanisme, aménagement et études urbaines), Paris, Université Paris 8 - Vincennes Saint-Denis, , 421 p. (lire en ligne [PDF]), chap. 2 (« Vers l'instrumentalisation de la culture off dans les politiques urbaines ? »), p. 105-144 (II Les Frigos : de la résistance à la négociation).
Elsa Vivant, « Les événements off : de la résistance à la mise en scène de la ville créative », Géocarrefour, vol. 82/3, , p. 131-140 (lire en ligne, consulté le ).
Dominique Billier et Jean-Marc Stébé (directeur de Thèse), L'artiste au cœur des politiques urbaines pour une sociologie des ateliers-logements à Paris et en Île-de-France (Thèse présentée pour obtenir le grade de docteur de l'université Nancy 2 - discipline : Sociologie-Démographie), Nancy, Université Nancy 2, , 337 p. (lire en ligne), « Les Frigos ou l'aventure d'un territoire singulier », p. 256-262.