Une première version de L’Époque a été fondée en 1845[1], sous le patronage de François Guizot, le directeur de la publication Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac[2] et dirigée par Félix Solar jusqu’à sa disparition en février 1847[3]. Cette feuille dynastique et ultra-conservatrice rivalisait avec La Presse opposée aux journaux de parti et souhaitant se placer en dehors de la politique « sans être dans la dépendance d'aucun cabinet[4]. » De grand format (75 x 50 cm)[5], ce journal traitait de politique, mais aussi de sciences, droit, commerce et littérature.
Lorsqu’à la fin de l'année 1864, l'écrivain Ernest Feydeau décide de fonder un journal politique, modéré et indépendant[6], dont il voit un modèle dans le Times britannique[7], il envisage de l'intituler Le Bon Sens avant d'opter in fine pour L’Époque[6]. Le nouveau journal est financé et administré par une société au capital de 400 000 francs, installée au no 5 de la rue Coq-Héron[a], créée par Feydeau et un associé, le rentier Jules Giraudeau. Ce dernier devient cogérant du journal, tandis que Feydeau se réserve les fonctions de rédacteur en chef et de directeur politique[8].
Le , Feydeau revend L’Époque à Frédérick Terme, qui devient ainsi le nouveau rédacteur en chef et gérant du journal[11].
Le , alors que le journal est en grande difficulté financière[6], Terme le revend pour 100 000 francs à Auguste Dusautoy, ancien tailleur de Napoléon III[13]. L'arrivée de ce partisan inconditionnel de l'empereur inquiète le chroniqueur Jules Richard, qui y voit une menace à l'encontre de l'indépendance et du libéralisme de L’Époque, et qui préfère par conséquent partir à La Situation d'Antoine Grenier[14].
Napoléon III, secondé par le général Fleury, semble bien avoir été non seulement l'inspirateur de L’Époque de Dusautoy mais également son financeur, si l'on en croit les documents comptables retrouvés aux Tuileries après la chute du régime impérial[15]. Sous cette influence, L’Époque devient le journal officieux de l'Empire libéral[16] grâce à Clément Duvernois, directeur politique à partir du [17], Terme ayant quant à lui conservé le poste de rédacteur en chef[18].
Terme ayant publié le un article d'Arthur Arnould critiquant la brutalité des sergents de ville parisiens[20], les deux hommes sont condamnés à une amende[21]. Terme et un autre journaliste, Xavier Eyma, écopent d'une nouvelle amende quelques semaines plus tard en raison d'un article du qui annonçait la signature d'un traité militaire franco-italien à Biarritz. Cette information ayant été démentie, Terme et Eyma avaient par conséquent été accusés de publier de fausses nouvelles « de nature à troubler la paix publique »[22].
Au début de l'année 1868, L’Époque connaît quelques mutations, en devenant un journal du matin. Duvernois, tout d'abord démissionnaire, garde son poste[23] et devient propriétaire du journal le 1er avril après avoir racheté les parts de Dusautoy[24]. Cependant, déçu par l'échec de sa campagne pour la suppression des candidatures officielles[25], il démissionne définitivement le [26]. Terme doit par conséquent réorganiser le journal, dont le tirage est alors de 2 900 exemplaires[27].
Le , le journal cesse de paraître quotidiennement[28] et devient un hebdomadaire avant de disparaître. Terme et Duvernois fondent alors Le Peuple[29], ré-intitulé Le Peuple français en juillet suivant afin de se différencier d'un journal homonyme[30]. Une nouvelle mouture de L'Époque formée d’anciens journalistes de L’Écho de Paris reparaitra le avant de disparaitre définitivement fin 1946.
↑Henri Thévenin, Les Créateurs de la grande presse en France : Émile de Girardin, H. de Villemessant, Moïse Millaud, Paris, Spes, , vii-245 p., in-16 (OCLC9750312, lire en ligne), p. 84.