Fils d'Eugène Jean-Baptiste Charles, député du Haut-Rhin, industriel, et de Adèle Herzog, né à Wintzenheim, il fait ses premières armes dans la vie politique en Algérie à Oran, où l'avait envoyé son oncle maternel l'industriel Antoine Herzog, qui avait des intérêts dans cette colonie, notamment une ferme et des plantations de coton. Il était cousin germain par alliance d’Émile Fauconneau Dufresne, magistrat et futur conseiller à la cour de cassation, marié avec Marie Herzog, cousine germaine de Léon Lefébure.
Homme politique et membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, il devient membre de l’Institut en 1898, et auditeur au conseil d’état. Il succède à son père et est élu député du Haut-Rhin en . Pendant la guerre, il sert dans les mobiles de son département, et opte ensuite pour la nationalité française. Il est élu député de la Seine le avec le soutien de l'Union parisienne de la presse. Il siége au centre droit, et vote avec la majorité monarchiste de l’assemblée, repousse l’amendement Wallon, mais accepte l’ensemble des lois constitutionnelles. Il ne se représente pas aux élections pour la chambre des députés.
Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1867 lors de l’exposition universelle. Académicien libre le , il est le fondateur de l’office central de la charité.
L'Office central de charité
Léon Lefébure est en effet un pionnier de la réinsertion des prisonniers, et plus généralement de l'assistance aux miséreux et aux déshérités. Il fonde en 1890 l'Office central des œuvres de bienfaisance, et est membre actif de la Société Générale pour le patronage des libérés créée en 1872 par Jules de Lamarque.
Le général du Barail évoque Léon Lefébure dans ses souvenirs :
« Très expert en matières financières, M. Léon Lefébure, avec ses cheveux blonds bouclés, sa moustache blonde, sa tournure élégante, son parler doux et persuasif, ressemblait à l’ange Gabriel ; Il s’est envolé de la politique en secouant ses ailes et sans y laisser une plume, et il est devenu la séduisante incarnation de la charité chrétienne, en attachant son nom aux plus belles entreprises de la bienfaisance sociale ».
Charles Grad, dans son ouvrage L'Alsace dit de lui :
« …Né à Orbey, il connaît mieux que personne les besoins des populations au milieu desquelles il a été élevé et qu’il représentées dans les assemblées politiques avant d’être député de Paris. Eprouvé cruellement dans ses affections les plus chères, il vit ici pendant plusieurs mois de l ‘année dans une retraite prématurée, partagé entre le culte de sa mère et l’éducation de son fils, loin des agitations de la politique, après un brillant début dans une carrière que nous ne voulons pas croire close. Son talent, son caractère, ses aptitudes ont valu à M. Lefébure de grandes sympathies. Aussi bien ses services rendus à la chose publique, comme écrivain et comme homme d’état, ne lui permettent pas de persister dans une retraite définitive, même laborieuse et employée à des œuvres charitables et sociales. Homme d’action autant que de doctrine, nous l’avons vu aux jours de l’invasion allemande quitter son siège de la chambre des députés pour prendre les armes et enrôler ses bons Orbeyens dans les corps francs des Vosges. Aucune des questions qui préoccupent notre temps ou le pays n’est venue à l’ordre du jour sans exciter sa participation. Avec des antécédents pareils et un cœur généreux, on peut goûter un instant le calme de la solitude, mais sans se résoudre à rester isolé ou en dehors de la vie publique pour l’avenir. ».
Léon Lefébure est fait comte héréditaire du Vatican le (Armes : « D’azur au chevron d’or à une rose et une étoile d’argent posées en chef et un vol d’argent en pointe »).
Généalogie
Marié le à Paris, avec Marie-Anne, Émilie Froment-Meurice, fille de François-Désiré Froment-Meurice, orfèvre, argentier de la ville de Paris, officier de la Légion d’honneur, né à Paris le , y est mort le , et de Louise, Henriette Mainguet, décédée à Paris en 1899. Marie-Anne Froment-Meurice mourut prématurément à Paris le .
De cette union nait un fils unique : Marie, Emmanuel, Henri, Paul-Eugène Lefébure, Comte Lefébure, né à Paris le , décédé à Paris en 1920. Il épouse en premières noces le Madeleine de Bousquet, décédée au château de Ronfeugerai (Orne) le à l’âge de 26 ans, fille de Gaston de Bousquet, lieutenant de chasseurs, né à Paris le , et de Sophie-Marie-Claire Polonceau. Il épouse en secondes noces sa belle-sœur Cécile de Bousquet. Gazé lors des combats de la Grande guerre, il en garde de graves séquelles et meurt prématurément à l’âge de 45 ans[1].
Ouvrages
Étude sur l'économie rurale de l'Alsace, 1869
Étude sur l'Allemagne nouvelle, 1872
Les Questions vitales, 1876
La Science pénitentiaire au Congrès de Stockholm, 1880
Arthur Chuquet, Discours de M. Arthur Chuquet, à l'occasion de la mort de M. Léon Lefébure, membre libre de l'Académie, Académie des sciences morales et politiques, Firmin-Didot, Paris, 1911
Alphonse Kannengieser, Un Alsacien : Léon Lefébure, membre de l'Institut, fondateur de l'Office central des œuvres de bienfaisance, P. Lethielleux, Paris, 1912
René Stourm, Notice historique sur la vie et les travaux de M. Léon Lefébure, Académie des sciences morales et politiques, Firmin-Didot, Paris, 1915
Base généalogique Roglo (illustration, extraits de textes, généalogie)« Léon Lefébure », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale