C'est dans cette localité que se trouve la brasserie Piedbœuf (groupe AB InBev), fabriquant la bière de marque Jupiler.
Étymologie
Iovis villa > Iovilla > Iopilla > Iupilla > Jupilla > Jupille.
Petit (diminutif roman -illa) genévrier (celtique iuppo)[2]
Formé sur le nom d'une villa romaine implantée sur le site de Jupille : Iovis villa, villa dédiée à Jupiter.
Jupille pourrait donc signifier: "Petit genévrier", "Petit-Jupiter", ou, plus vraisemblablement : "Villa Jupiter" du prénom de l'empereur Domitien[réf. nécessaire] dont on a trouvé des pièces de monnaie sur place au cours de fouilles entreprises en 1872.
Toponymie
On trouve les traces de Jupille à travers les siècles sous différentes orthographes :
Iopiliensis (687)
Jopila (714)
Jobvilla (756)
Jopilla (868)
Iopilla (888)
Juppille (1504)
Démographie
Sources : INS, Rem. : 1831 jusqu'en 1970 = recensements, 1976 = nombre d'habitants au 31 décembre.
Histoire
Topographie
Plusieurs éléments sont favorables à l'installation d'une population à Jupille.
Les Carolingiens, pour arriver rapidement à Caprimons, le château du comté de Liège (le Luihgau), vont aussi reprendre une ligne droite à partir d'Aix-la Chapelle.
Le gué de la Meuse
Devant Jupille, la vallée de la Meuse s'élargit fortement. Le débit se ralentit et les alluvions de la Meuse, grossie par l'Ourthe qui vient de la rejoindre, vont se déposer. Au fil des siècles, la vallée devient peu profonde, et à la fin du printemps jusqu'au début de l'automne, il devient possible de traverser facilement le fleuve[3].
Les relais carolingiens de Herstal et Jupille
Du mois d'octobre au mois de mai, il était impossible de passer le gué. Cette difficulté explique la nécessité d'avoir construit les deux palais carolingiens de part et d'autre de la Meuse. Si l'hypothèse de l'existence d'un pont romain n'est pas à rejeter (des pierres taillées ont été retrouvées dans les fondations des églises de Herstal et Jupille, les Carolingiens attendaient que le gué soit praticable pour rejoindre Aix-la-Chapelle ou partir en guerre en Neustrie.[réf. nécessaire].
Les difficultés du charroi
Les contreforts de la Meuse étant fort escarpés, le charroi, souvent lourd, ne permettait pas de grimper sans risquer de s'embourber ou de fatiguer l'attelage. Il fallait trouver d'autres itinéraires et aménager des voies carrossables. La vallée de Moulins-sous-Fléron présentait cette unique possibilité sur la rive est de la Meuse. L'autre rive présentait les mêmes caractéristiques. Quand le pont des Arches de Liège fut disponible au Moyen Âge, on continua à passer par cette vallée, la butte de Cornillon étant trop raide.[réf. nécessaire]
Pendant près de dix siècles, la voie des Ardennes va suivre ce chemin pour bifurquer vers Stavelot après avoir traversé le seul gué existant de la Vesdre à Fraipont[5] pour rejoindre Trèves, avec quelques variantes sur le trajet, suivant les alliances[6]. Curieusement le passage à gué de la Meuse à Jupille existait encore au début du XXe siècle[réf. nécessaire].
Époque romaine
La villa était sur un plateau dominant la Meuse au point de rencontre entre le fleuve et l'importante voie romaine Tongres - Trèves encore appelée Voie des Ardennes[7].
Les premières fouilles, en 1872[8] ont permis de retrouver les traces d'une villa gallo-romaine datant probablement du Ier et IIe siècle apr. J.-C. Les monnaies retrouvées sont de Domitien (81-96), d'Antonin le Pieux (138-161), Septime Sévère (193-211), et Maximin (235-238)[9]. Un fragment de mosaïque, un hypocauste, un calix, un vase planétaire à sept têtes représentant les divinités de chaque jour[10],[11],[12], originaire de Bavay et quelques poteries sont découverts lors de fouilles en 1872[8]. Ce vase est exposé et plusieurs objets sont conservés au musée Curtius de Liège.
Époque carolingienne
Des documents datés du VIIIe siècle évoquent la présence d'une résidence des souverains carolingiens. Il faut préciser qu'à ce jour, si les traces romaines sont évidentes, on n'a toujours pas découvert d'indice probant d'une présence franque, mérovingienne ou carolingienne[8].
Un palais aurait existé à Jupille au VIIIe siècle, où Pépin II, dit de Herstal, séjourna et, selon certaines sources, mourut en 714. Charles Martel, son fils et successeur, y séjourna brièvement en 724[13]. Pépin III, dit le Bref, y séjourna également en 759 ou 760. Ce palais passait au XVe siècle pour avoir été le lieu, contesté par la suite, de la naissance de Charlemagne[14]. Le grand empereur est, en tout cas, entré dans la légende jupilloise et reste très présent dans le folklore local.
Le domaine primitif
Le pagus jobvilla était un des pagus du Luihgau, Comté de Liège, il deviendra la Seigneurie de Jupille.
Certaines de ces limites sont toujours des limites communales actuellement : le Ry du Cheneau, limite d'Olne et Forêtest déjà citée au VIe siècle[Où ?][15].
Haut Moyen Âge
En 881, les Vikings détruisent les palatium de Jupille, de Herstal, de Fourons et de Meerssen, le portus de Visé, la civitas de Liège, le castrum de Maastricht et le palais impérial d'Aix-la-Chapelle. Chassés par leurs propres dévastations, ils abandonnent les lieux l'année suivante[16].
En 1200, l'église de Verdun possédant beaucoup de biens et de rentes au pays de Liége, avait fait établir à Jupille une cour à laquelle ces biens et rentes ressortissaient. Les membres de cette cour étaient nommés par l'évêque de Verdun ; leurs fonctions étaient d'enregistrer tous les actes qui concernaient ces biens et rentes et de faire la recette des rentes et peut-être aussi celle des fermages. C'est cette cour qui est désignée par curia de Jupilia. Le duc de Limbourg était l'avoué des biens des rentes que l'église de Verdun possédait à Jupille[17].
En 1274, le doyen d'Aix donne aux Prémontrés la desserviture perpétuelle de l'église de Jupille[18].
Le chapitre Notre-Dame de Verdun vend son tréfonds au chapitre de Saint-Lambert de Liège le [19],[20]. Une autre source signale que Robert II de Médidan, évêque de Verdun engage déjà la seigneurie de Jupille en 1266[21].
Le , Henri Damery le charpentier demeurant à Jupille céda à Johan fils de feu Gilles Crahea de Jupille une maison, scaillie, étable et puits qu'on dit la brassine banale de Jupille, joignant vers Liège au ruisseau qu'on dit merchant et à Johan Collard, vers le chenal du moulin à une petite voie, derrière au wérixhas du moulin et devant au réal chemin, au prix d'un cens de 10 fl suivant le rendage du ; la garantie est apportée par Lambert Crahea cousin de Johan; Henri Damery retient la chambre et chaffeur au rez-de-chaussée vers le moulin ry la chambre et chaffeur au-dessus et le grenier dessus la chambre et une petite xhaiche d'héritage vers le chenal du moulin[23].
Henri Damery était peut-être apparenté à Simon Damery, cité le , commissaire de la cité de Liège, rentier (= receveur qui tient les comptes) du bon métier des brasseurs[24].
Cette brassine avait perdu sa banalité lorsque le : la maison et brassine ci-devant banale de Jupille était habitée par Jean Houleux de Jupille[25] alors cité avec ses deux filles.
Le , Ferdinand, prince-évêque de Liège engagea les seigneuries de Jupille, Bellaire, et Queue-du-Bois à Guillaume Fayn. Il engage aussi Bois-De-Breux en 1620[27].
Épidémies
La peste s'étend en 1579.
La commune
Le bailliage d'Amercœur formé au XIIIe siècle, ne sera découpé en communes, dont celle de Jupille qu'au XIXe siècle[28].
Les industries
Papeterie
Deux papeteries sont recensées dans la commune de Jupille en 1811 :
La 1re appartient à Léonard Doigné ; on y fabrique du papier à envelopper la chicorée ; elle est en activité durant toute l'année, excepté dans le temps des grandes eaux, de sécheresse ou de fortes gelées ; elle produit pour une valeur de 2 470 francs.
La 2e appartient à Théodore Thonnart et à sa mère ; on n'y fabrique que du papier destiné à emballer les épiceries et autres objets ; elle produit pour une valeur de 2 722 francs.
Les matières premières sont des chiffons grossiers, du savon, de la houille et de l'huile ; ces objets sont indigènes c'est-à-dire du département de l'Ourte.
Chacune emploie 3 ouvriers qui gagnent chacun 90 centimes par jour[29].
Chaudronnerie
La société Piedbœuf a commencé par fabriquer, en 1812, du matériel de brasserie.
Brasserie
C’est en 1853, que Jean-Théodore Piedbœuf se lance dans le brassage. En 1921, la brasserie se lance dans la fermentation basse.
Jupille est desservie par la ligne de bus TEC 140, de Liège à Visé mais également les lignes 60 qui va de Bois-de-Breux à Liège, 67 qui va de Dalhem à Liège, 68 qui va de Soumagne à Liège et 69 qui va de Verviers à Liège.
Trains
Jupille disposait autrefois, rue des Anciennes Houblonnières, d'une gare sur la ligne 40, de Liège à Visé, lorsqu'elle était encore omnibus. La gare, ouverte le 24 novembre 1861, gérait un gros trafic de petits colis express et recevait des wagons de pommes en provenance des Pays-Bas, la matière première étant destinée à une distillerie locale[30],[31].
Elle est fermée au trafic voyageurs en 1956, lorsque le service omnibus de la ligne 40 est remplacé par des bus[32],[33]. Le bâtiment a depuis été démoli.
Micheline Josse, Le domaine de Jupille des origines à 1297, Bruxelles, Pro Civitate, 1966, in-−8°.
Louis Bonfond et Mathieu Thonnart, Histoire de la commune de Jupille-sur-Meuse, berceau de Charlemagne, Imp. Massoz, Liège, 1938, in-−12°.
Notes et références
↑Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 53.
↑Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, éd. Racine, 2005, p. 353
↑On suivait les crêtes pour surveiller la progression de l'ennemi qui se signalait par les incendies perpétrés au cours des pillages. Sur les crêtes, l'eau ruisselant plus vite, les chemins boueux s'asséchaient plus rapidement[réf. nécessaire]
↑Les moines de Stavelot signalent au XIe siècle un fractam pontem (pont en ruines)[réf. nécessaire]
↑Philippe Biermé et François-Xavier Nève, Chez Edgar P. Jacobs Dans l'intimité du père de Blake et Mortimer, 2004, [lire en ligne], p. 84
↑Jean-Jacques Bolly, Charles Christians, Bruno Dumont, Étienne Hélin, Paul Joiris, René Leboutte et Jean et Madeleine Moutschen-Dahmen, Visages d'Olne : Son village, ses hameaux, Olne, Édition de la Commune d'Olne, , 288 p., D/2006/11.092/1
↑Le fermage perpétuel se trouva transformé en vente et, moyennant 3.300 livres petit tournois, in Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, volumes 1-15 p. 284
↑Josse Micheline Le domaine de Jupille des origines à 1297, 1966
↑Guy Demeulder, « La gare de Jupille », sur Les gares belges d'autrefois (consulté le ).
↑(en) « Bertin Hoyoux », sur Economic and Artistic Competition in the Amsterdam Art Market, c. 1630-1690 ; History Painting in Rembrandt's Time, ECARTICO (consulté le )